lundi 10 octobre 2005 - par Michel Monette

La Banque mondiale aurait-elle trouvé la voie de sortie de la pauvreté ?

Sachant que sept bébés américains sur 1000 n’arriveront pas à l’âge d’un an, combien de bébés maliens sur 1000 n’arriveront pas au même âge ? La réponse est dans le rapport sur le développement dans le monde 2006 de la Banque mondiale, un rapport qui laisse pantois.

Dans son premier rapport mondial sur le développement sous Wolfowitz, la Banque proclame que la voie la plus efficace pour éliminer la pauvreté est l’équité. Ai-je la berlue ?

Même, qu’« une situation d’équité, où chacun a la même chance dans la vie, est essentielle à la croissance économique et à la prospérité d’un pays », écrit avec le plus grand des sérieux l’institution financière américaine, pardon onusienne.

La Banque mondiale mène même le combat contre la domination par les élites. Sus aux « systèmes institutionnels et sociaux qui favorisent systématiquement les élites ».

Haro sur les élites, vous dis-je.

Quels Saint-Thomasiens vous faites ! Allez-y donc lire par vous-mêmes.

Paul Wolfowitz, transformé en Robin des bois du développement ? Son ancien patron doit en être tombé de son siège présidentiel, lui qui a déjà dit devant un parterre où l’on pouvait voir scintiller bijoux et montres luxueuses : « What an impressive crowd : the haves, and the have-mores. Some people call you the elites, I call you my base. »

Cherchez l’erreur.

Tiens, vous commencez à croire que la vénérable institution financière s’est convertie en partisan des services publics et de la redistribution de la richesse ? Votre naïveté m’étonnera chaque fois.

L’action des pouvoirs publics doit chercher à accroître l’ensemble des opportunités offertes à ceux qui ont le moins de possibilités de se faire entendre et le moins de ressources et de capacités, en procédant pour cela d’une manière qui respecte et renforce les libertés individuelles ainsi que le rôle des marchés dans l’affectation des ressources.

Paul D.Wolfowitz. Avant-propos du rapport sur le développement dans le monde 2006. (version abrégée).

En fait, c’est dans le ravissement que Bush est tombé, en lisant les mots de l’ancien haut fonctionnaire. L’objectif de la Banque mondiale est clair : améliorer le climat de l’investissement pour chacun.

On imagine d’ici les millions de pauvres dans le monde prenant d’assaut les Bourses, brandissant frénétiquement leurs maigres gains quotidiens pour acheter des actions.

L’opium du peuple, ce n’est plus la religion. C’est l’investissement.

Bourdieu avait bien raison de parler d’équilibre mondial déséquilibré.

Tellement déséquilibré, en fait, que les médias font le jeu de la Banque mondiale, qui parle d’équité alors même qu’elle soutient de ses deniers et de ses conseils le développement inéquitable. Indécrottables, ces médias.

Oui vraiment, cherchez l’erreur.

Grande trouvaille à la Banque mondiale, si l’on se fie à la lecture du rapport : les statistiques démontrent, selon elle, qu’une noire et un blanc nés le même jour en Afrique du sud n’auront pas les mêmes opportunités dans la vie.

Non ! Ce n’est pas croyable ! Il leur faut des statistiques pour s’en apercevoir. Y font quoi, depuis un demi-siècle, dans les pays en voie de développement, les fonctionnaires de la World Bank ?

Et puis, elle nous coûte combien, déjà, par année ?

Vous voulez connaître le nombre de bébés maliens qui n’arrivent pas jusqu’à l’âge d’un an ? Lisez le rapport, mais, méfiez-vous du sens réel des mots.



1 réactions


  • réfléchissons (---.---.41.103) 13 octobre 2005 10:01

    Le Mali n’est pas le plus à plaindre : en France, grâce à Mme Veil, 250 bébés sur 1000 n’arrivent pas à l’âge de 1 an !!! A quand la prise de conscience ?


Réagir