La Biaiseuse
Les petits métiers ont souvent inspiré les auteurs. Ainsi "L'employée du téléphone", chanson écrite en 1890 à laquelle fera écho "Le poinçonneur des lilas" de Gainsbourg au siècle d'après : "J'suis employée au téléphone / De l'avenue de l'Opéra." Chez Gainsbourg, on trouve une formulation presque identique : "Je suis le poinçonneur des lilas, / Pour Invalides changer à l'Opéra". Ce genre de chansonnette nous fait découvrir des métiers disparus, comme celui de biaiseuse, un métier de couture. Le saviez-vous ? Coco Chanel a débuté comme chanteuse de cabaret...
Marie-Paule Belle a repris la Biaiseuse en 1982, après d'autres artistes comme Annie Cordy. Il faut dire que la chanson est savoureuse. En voici quelques passages :
"Je suis biaiseuse chez Paquin / Pour mon métier j'ai le béguin"(...) "Avec ardeur avec entrain / Je biaise du soir au matin / Quand mes parents m'voient pas rentrer / Y disent y'a pas à s'inquiéter / Elle est encore en train d'biaiser". Pour finir, la demoiselle de la chanson projette d'épouser un ouvrier plisseur : "Pour nous installer à l'aise / Comme n'avons pas l'sou / Je biaiserai d'abord sur une chaise / Et lui plissera tout debout / L'essentiel c'est qu'y ait pas d'retard / Qu'on dise pas que j'biaise en canard". Ecouter La Biaiseuse, versio nde Marie-Paul Belle
Nous nous intéressons ici aux chansons amusantes de la période allant de 1870 à 1914.
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L'humour post-communard (1870 - 1894)
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Qui qu'a vu coco dans l'Trocadéro ?
La chanson est créée en 1878 par Elise Faure qui se produit aux Ambassadeurs. Elle est reprise par Gabrielle Chanel devant le public de la Rotonde. Dans le public qui l'écoute, se trouvent des officiers qui la surnomment "Coco", à cause de la chanson qu'elle a pour habitude de chanter. C'est ainsi que Gabrielle Chanel deviendra Coco Chanel...
Chaque quartier de Paris va avoir plusieurs cafés-concerts ou caf' conc', ainsi que la plupart des villes de province. Les bourgeois aiment aller s’encanailler dans ces « beuglants ». Pour donner un air plus plus respectable à ces établissements, la Préfecture de Police impose que, sur la scène, assises derrière les artistes, des jeunes femmes en tenue de soirée manient l’éventail avec élégance. On l es appellent les "poseuses".
- Les suites d'un premier lit. 1880 - De Gaston Willemer et Lucien Delormel. C'est une chanson très drôle qui s'emmêle dans les filiations pour conclure "je devins mon propre grand-père". Par espièglerie, l'auteur ponctue chaque explication par ces mots "Je n'sais pas si je m'fais comprendre, / C'est très simple, mais cependant / J'vous préviens qu'vous pouvez m'reprendre / Si ça vous semble embarrassant". Il vaut mieux lire le texte (voir ici) pour bien apprécier toute la subitilité de la chose. Ecouter.
- Le Grand Métingue du Métropolitain, 1890, de Mac-Nab. Cette chanson fait de son auteur, Maurice Mac-Nab, une célébrité. Sur une musique de Camille Baron, il fait parler un ouvrier révolutionnaire ivre, conduit au poste à l'issue d'une manifestation tumultueuse. Cette chanson lui offre la célébrité. (lien vers le texte de la chanson). Du même auteur : Un bal à l'hôtel de ville. 1890. Le texte ici. Par Charlus. Ecouter.
- Le pâtre des montagnes (ma bergère). 1872 sur un air de tyrolienne. Ecouter.
- Le hareng saur. 1878 - De Charles Cros. Ce célèbre poème a été mis en chanson, ici interprétée par Chanson Plus Bifluorée. Ecouter.
- Chanson du colonel 1879 - De la comédie-vaudeville "La femme à papa". Ecouter.
- J'suis d'l'avis du gouvernement. 1879 - Aristide Bruant. Ecouter.
- Pour faire un brave mousquetaire. 1880 - De l'opérette "Les mousquetaires au couvent".Ecouter.
- Duo des dindons, 1880 (de l'opérette La Mascotte) Ecouter.
- En revenant de la revue, 1886, par Georgius. Ecouter. Cette chanson est drôle mais elle joua aussi un rôle politique. En effet, la vedette Paulus apporte son soutien populaire au général Boulanger en chantant deux vers de la chanson le soir du 14 juillet 1886 à l’Alcazar. Il propulse ainsi le Général Boulanger au premier plan de la politique.
- Le Fiacre, 1888. Yvette Guilbert (après Félicia Mallet). Léon Xanroff n’a que 21 ans lorsqu’il écrit cette chanson. Ecouter.
- L'hôtel du no 3, 1890, par Yvette Guilbert. Ecouter
- Je suis pocharde, 1890, par Yvette Guilbert. Ecouter
- Les quatre-z-étudiants, 1890, par Yvette Guilbert. Ecouter
- Elle était très bien, 1891, de Léon Xanrof. Créée par Yvette Guilbert. Ecouter.
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L'humour de la Belle Epoque (1895 - 1914)
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- Sur la mode :
- Le Vrai Jiu-Jitsu 1905, Dranem. Le 14 janvier 1906, ce sport importé du Japon est tellement en vogue que le « Sport universel illustré » annonce : « Tout est au jiu-jitsu ! Les rues, les journaux, les théâtres, les music-halls retentissent de ce mot magique qui sonne comme un clairon de victoire ». Aristide Bruant chante le Jiu-Jitsu en 1906. Ecouter. La version de Dranem est humoristique. Ecouter. Pour preuve, le premier couplet :
Pour remplacer la boxe japonaise,
On a pris la mode japonaise.
Chez nous maintenant, c'est très connu,
ça s'appelle le Jiu-Jitsu.
L'autre' soir, j'chahute la p'tite Hortense,
Elle s'met en position d'défense
Et m'dit tu voudrais m'faire tomber,
Mais c'est ta gueule qui va trinquer.
- Y'avait un thé tango, 1913. Par Fragson , par Alibert en 1927. Le personange de la chanson ne trouve pas le repos, partout il y a des thés tangos même aux fins fonds de la Bretagne où il se réfugie. Ecouter.
- La kraquette, 1906, par Marechal. Ecouter.
- La mattchiche, 1905, par Mayol, . Parfois appelée tango brésilien, la mattchiche est une danse née à Rio de Janeiro en 1868, à peu près au moment où le tango se développait en Argentine et en Uruguay. Ecouter.
- La Machtagouine, 1895. Cette chansonnette auvergnate ou berrichonne fut chantée par Eloi Ouvrard puis par son fils Gaston Ouvrard. Lien audio.
- Le grivois :
Outre "La biaiseuse" dont nous avons parlé d'entrée, Marie-Paule Belle a aussi repris "Nous nous plûmes" de 1902. La musique est de Fragson, l'interprétation d'époque de Dranem.
Refrain :
Je lui plus, elle me plut
On se plut, nous nous plûmes
Avec rage, sans partage
Nous nous p´lures d´oignons
Je lui plus, elle me plut
On se plut, nous nous plûmes
Un nid d´ plumes sans costume
Et aïe donc, Cupidon !
- Ah ! Les pt'its pois, 1901, par Dranem. Ecouter.
- Ca ne vaut pas la Tour Eiffel, 1900, chantée par Marguerite Deval en 1954. Ecouter.
- Ne m'chatouillez pas ! 1871 - Ecouter.
- Viens Poupoule 1903, Charlus. Adaptation de "Komm Karlineken". Ecouter.
- Si tu veux...Marguerite, par Fragson (1912)
- Autour de la santé :
- L'anatomie du conscrit, 1896 par Polin. Ecouter. Le conscrit apprend avec effroi qu'il ne peut être pris dans l'amrée "rapport à son anatomie". Il se figure alors que c'est une maladie.
- La jambe de bois, créée par Dranem. Par les Charlots. Ecouter.
- La chanson idiote :
- J'suis bête, 1900. Par Marie Dubas (1932). Ecouter.
- Le cucurbitacée, 1904.Créé par Dranem. Par Annie cordy (1964). Ecouter.
- Paul Lack dans Il a tout du ballot (1912)
- Sur le progrès :
- L'automobile du colon. 1901 - Par Croidel. Ecouter.
- Le trottoir de l'exposition. 1900 - Par Polin. Ecouter.
- Sur la femme :
- Tu sens la menthe ("Pétronille"), créé par Dranem en 1906. Musique de Charles-Borel Clerc. Les Charlots. Ecouter.
- Vas-y, Mélina, 1906. Créé par Polin. Par Urban en 1936. Ecouter.
- Elle était souriante 1908 - Montel. Ecouter. Personnellement, j'ai une préférence pour cette chanson assez surréaliste et tendre à la fois.
- Elle est épatante, cette petite femme là, 1898. de l'opérette "Le bonheur, mesdames". De Willemetz et Christiné. Ecouter.
- Je connais une blonde, 1912 par Christiné. Valse créée par Fragson d'après "There's a girl in Havana". Ecouter.
- Autres :
- Romance subjonctive (1906) par Dranem. Ecouter.
Avant qu'un grand constructeur automobile français ne nous fasse sourire avec son spot publicitaire qui se moque de NOTRE subjonctif national et de ce "ressassassâtes" avec six "s" comme dit le monsieur de la pub et qui serait notre "french touch". Et bien avant cela, dis-je, Dranem en son temps s'amusait déjà de notre langage dans cette chanson qui est, en fait, une complainte "la plus triste de toutes celles que vous ouîtes", avertit-il. Morceaux choisis :
"Pourquoi faut-il que d´notr´ passion / À présent nous ricanassions ?" Et, sur la fin : "Combien de cruautés vous eûtes / Que de noirs projets vous conçûtes / Pour que vous m´ensorcelassiez / Et que vous me poignardassiez". En guise de conclusion, un verbe conjugué fait retentir un mot peu fair play pour la dame de la chanson...
- A la Cabane Bambou Bambou, 1899. De Paul Marinier. Par Mayol. Ecouter.
- La vigne aux moineaux, chanson bourguignonne, 1912. Musique Joseph Sieulle. Par Dranem en 1931. Ecouter.
- La rigolomanie, 1909, par Constantin. Par Chanson Plus Bifluorée. Ecouter.
- Frou frou, 1897. De la revue "Paris qui marche". Par Lucile Panis en 1908. Berthe Sylva : Ecouter.
- Un bal chez le ministre. 1895 - De Jules Jouy. Par Stello en 1932. Ecouter.