samedi 14 août 2010 - par
La Bible et le Coran, fondements du monothéisme
Près de la moitié des habitants de la planète croient en un même et unique Dieu. Il serait logique de penser que ces hommes et ces femmes vivent tous leur croyance de manière uniforme. Or la réalité est très différente. Il y a environ 2 milliards de chrétiens, dont 1,1 milliard de catholiques, 700 millions de protestants et 220 millions d’orthodoxes. Les musulmans sont 1,3 milliards dont 1,1 milliard de sunnites et 200 millions de chiites. Enfin, on dénombre environ 14 millions de juifs. Ces religions ne sont pas apparues au même moment.
Pour simplifier, on peut dire que par ordre d’ancienneté, les juifs croient en Dieu depuis 3.000 ans, les chrétiens depuis 2.000 ans, les musulmans depuis 1.500 ans et les orthodoxes depuis 1.000 ans. La croyance monothéiste est ainsi associée à des religions différentes qui ont un socle commun : les Livres Sacrés. Croire en Dieu ou avoir la foi en Dieu, c’est naturellement considérer que Dieu n’est pas imaginaire. C’est penser que Dieu est réel et son existence certaine. Les fondements de cette foi se trouvent dans les Livres Sacrés que sont la Bible hébraïque pour les juifs, la Bible chrétienne pour les chrétiens et le Coran pour les musulmans. La Bible hébraïque est divisée en trois parties : la Torah ou Loi considérée comme la parole de Dieu, les Prophètes et les Ecrits. La Bible chrétienne reprend dans sa totalité la Bible hébraïque, sous le nom de l’Ancien Testament, auquel est rajouté le Nouveau Testament consacré à Jésus Christ, le fils de Dieu. Les chrétiens considèrent aussi l’Ancien Testament comme la parole de Dieu. Le Coran comprend 114 chapitres appelés Sourates. Ces Sourates regroupent les paroles divines transmises au prophète Mahomet par l’archange Gabriel, messager de Dieu.
Elles sont aussi pour les musulmans la parole de Dieu. La Bible hébraïque et la Bible chrétienne s’appuient sur les mêmes textes pour faire découvrir Dieu. Ce n’est pas le cas du Coran dont aucun passage ne reprend intégralement ceux de la Bible. Par contre, il indique sans aucune ambiguïté que le Dieu des juifs et des chrétiens est aussi le leur. Ceci est confirmé dans la Sourate V 44-46 : « Nous avons fait descendre la Thora dans laquelle il y a guide et lumière. C’est sur sa base que les prophètes qui se sont soumis à Allah, ainsi que les rabbins et les docteurs jugent les affaires des juifs. Car on leur a confié la garde du livre d’Allah, et ils en sont les témoins…Et Nous avons envoyé après eux Jésus, fils de Marie, pour confirmer ce qu’il y avait dans la Thora avant lui. Et nous lui avons donné l’Evangile, où il y a guide et lumière, pour confirmer ce qu’il y avait dans la Thora avant lui… »
Si ces religions sont différentes dans leur pratique, elles se réclament d’un même Dieu. Le Dieu juif, le Dieu chrétien, et le Dieu musulman, sont un seul et unique Dieu. Lire les Livres Sacrés, quand on est chrétien, musulman ou juif, c’est lire la parole de Dieu. A partir de ce constat, est-il possible pour le croyant de faire un tri dans ces paroles ? Evidemment non, car ce serait émettre un jugement sur Dieu alors que Dieu n’est pas contestable. Est-il possible de ne conserver que les paroles qui seraient crédibles historiquement et de rejeter celles qui ne le sont pas ? Non, car les Livres Sacrés sont par nature l’Histoire. Aucun croyant ne doit en douter car il remettrait alors en question l’existence même de Dieu. Est-il possible de ne prendre par exemple que les paroles où il est question d’amour, de bonheur et de rejeter celles où il est question de haine, de mort et de guerre ? C’est la tentation actuelle. Il devient de plus en plus courant d’affirmer que les religions monothéistes sont des religions de paix. Les passages des Livres Sacrés où l’on trouverait de la violence seraient le fait de mœurs anciennes et devraient donc être écartés. Le problème est que Dieu a dicté ce qu’il attendait de l’homme dans les textes sacrés et ne s’est plus exprimé depuis. Pendant près de trois mille ans, les croyants n’ont jamais estimé que la parole de Dieu pouvait évoluer au rythme de l’évolution des mœurs. Jusqu’à preuve du contraire, Dieu n’a pas proposé ces derniers temps, de modifier ses directives. S’il avait estimé nécessaire de donner aux hommes de nouvelles lois, il les aurait annoncées. Il n’y a donc aucune raison, sauf à contester Dieu lui-même, de considérer que les lois et commandements de Dieu ont pu changer.
L’abrégé du catéchisme de l’Eglise Catholique le confirme dans sa nouvelle édition de 2005 : « -Pourquoi la Sainte Ecriture enseigne-t-elle la vérité ? Parce que Dieu lui-même est l’auteur de la Sainte Ecriture. Elle est donc dite inspirée et elle enseigne sans erreur les vérités qui sont nécessaires à notre salut… -Quelle est l’importance de l’Ancien Testament pour les chrétiens ? Les Chrétiens vénèrent l’Ancien Testament comme vraie Parole de Dieu. Tous ses écrits sont divinement inspirés et conservent leur valeur permanente… » Vouloir un Dieu différent de celui des textes sacrés ne peut être qu’une injure envers lui, car dans ce cas, c’est l’homme qui crée son propre Dieu. Pourtant certains passages de la Bible sont en contradiction totale avec l’idée d’un Dieu pacificateur. La solution a été trouvée en affirmant comme le fait Matthieu Baumier dans son livre « L’anti-traité d’athéologie » : « En outre, il y a bien longtemps que plus un chercheur, plus un homme ou une femme de foi, plus un lecteur sérieux de la Bible ne lit sa lettre….à la lettre. » Ce type de réflexion est courant dès qu’un croyant se sent attaqué dans sa foi par une analyse des textes sacrés telle que celle proposée par Michel Onfray dans son « Traité d’athéologie ».
Par contre, il ne conteste jamais quand la Bible est présentée comme un livre d’amour. Il ne trouve rien à redire quand le cantique de Moïse est reproduit (Le Deutéronome 32, 1-4) : « Cieux, prêtez l’oreille, et je parlerai ; Terre, écoute ce que je vais dire ! Que ma doctrine ruisselle comme la pluie, Que ma parole tombe comme la rosée, Comme les ondées sur l’herbe verdoyante, Comme les averses sur le gazon ! Car je vais invoquer le nom de Yahvé ; Vous, magnifiez notre Dieu. Il est le rocher, son œuvre est parfaite, Car toutes ses voies sont le Droit. C’est un Dieu fidèle et sans iniquité, Il est Justice et Rectitude. » Il est vrai que Michel Onfray n’hésitait pas à reproduire des textes de la Bible qui s’opposaient sensiblement à l’image d’un Dieu de paix et d’amour que veulent imposer certains croyants. Pour montrer la violence que l’on peut trouver dans la Bible, il avait pris comme exemple la prise de Jéricho, une ville de Palestine, qui est décrite dans le livre de Josué (6,1-20) : « Or Jéricho s’était enfermée et barricadée (contre les Israélites) : personne n’en sortait et personne n’y entrait. Yahvé (Yahvé veut dire Dieu) dit alors à Josué : « Vois ! Je livre entre tes mains Jericho et son roi, gens d’élite. Vous tous les combattants, vous contournerez la ville pour en faire une fois le tour, et pendant six jours tu feras de même. Sept prêtres porteront en avant de l’arche sept trompes en corne de bélier. Le septième jour, vous ferez sept fois le tour de la ville et les prêtres sonneront de la trompe.
Lorsque la corne de bélier retentira (quand vous entendrez le son de la trompe), tout le peuple poussera un grand cri de guerre et le rempart de la ville s’écroulera sur place ; alors le peuple montera, chacun droit devant soi. »…Quand il entendit le son de la trompe, le peuple poussa un grand cri de guerre, et le rempart s’écroula sur place. Aussitôt le peuple monta vers la ville, chacun devant soi, et ils s’emparèrent de la ville. Ils dévouèrent à l’anathème tout ce qui se trouvait dans la ville, homme et femmes, jeunes et vieux, jusqu’aux taureaux, aux moutons et aux ânes, les passant au fil de l’épée….On brûla la ville, et tout ce qu’elle contenait, sauf l’argent, l’or et les objets de bronze et de fer qu’on livra au trésor de la maison de Yahvé. » Ce passage montre Dieu aidant et cautionnant l’extermination systématique de toute une population.
Dieu, présenté par Moïse, comme juste, droit et dont l’œuvre est parfaite, se comporte ici d’une manière pour le moins cruelle. Faut-il pour autant ne pas prendre à la lettre cette histoire parce qu’elle ne serait pas convenable ? Le Cantique de Moïse peut être considéré comme un hymne à la grandeur de Dieu et la prise de Jéricho comme la description d’un génocide. Faut-il rejeter les textes qui justifient l’extermination totale d’un peuple et par contre prendre à la lettre le texte où Dieu n’est que perfection et justice ? Non, ce serait plutôt l’inverse. En effet, le premier raconte ce que Moïse dit de Dieu. Ce sont donc des commentaires émis par un homme qui lui était soumis. Alors que le deuxième décrit une intervention de Dieu : des faits. Ce massacre n’aurait pas pu exister sans l’aide de Dieu. On ne doit jamais nier l’importance prépondérante des faits face aux commentaires. Si l’on veut s’approcher de la réalité de Dieu, il est donc préférable de s’intéresser à ses actes et non aux commentaires de ses disciples. Les textes les plus importants sont ceux qui rapportent les agissements et les paroles de Dieu. Les autres ne sont que des histoires racontant la vie d’hommes et de femmes se réclamant de lui. Dieu est défini clairement dans les Livres Sacrés. Il est unique. Il s’exprime avec précision. Il a créé l’univers et l’homme. C’est le Maître du monde. Il affirme ses commandements et annonce ce qu’il attend des hommes. Si les actes et les paroles de Dieu sont contestés, la croyance en Dieu doit l’être également comme le confirme cette citation de la première Epître aux Corinthiens (15,17) : « Et si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi. » Les croyants ont la foi parce qu’ils croient à ce qui est raconté dans la Bible et le Coran. Ils ne l’auraient pas s’ils pensaient que ces textes ne relataient pas des faits réels. Ainsi, il est aussi cohérent de prétendre, comme l’a affirmé Thomas Sharp, directeur de la Creation Truth Fondation aux Etats-Unis : « Si on ne peut pas faire confiance à la Genèse comme explication historique et scientifique exacte, cela remet en cause les fondements du christianisme. » Ce n’est que du bon sens. Dieu est expliqué, démontré, analysé par ces textes fondateurs que sont la Bible et le Coran. Ils sont la révélation de Dieu et sont sa parole. Ce sont ces textes qui ont permis le développement de la croyance en Dieu.
On en trouve la confirmation permanente dans les trois religions, dans leurs écrits, leurs discours et leurs actes. Pour les juifs, la Torah est d’origine divine. Si Dieu l’a révélée à Moïse, son message est infini et ne s’arrête pas aux mots. La moindre lettre, la plus petite préposition est considérée comme ayant été placée par Dieu pour servir d’enseignement. La Torah est un commandement divin auquel sont soumis tous les juifs depuis sa création. L’illustration la plus symbolique se trouve dans la Genèse (12/1-9) dont le texte intégral est le suivant : « Dieu dit à Abraham : « Et toi, tu observeras mon alliance, toi et ta race après toi, de génération en génération. Et voici mon alliance qui sera observée entre moi et vous, c’est-à-dire ta race après toi : que tous vos mâles soient circoncis. Vous ferez circoncire la chaire de votre prépuce, et ce sera le signe de l’alliance entre moi et vous. Quand ils auront huit jours, tous vos mâles seront circoncis, de génération en génération. Qu’il soit né dans la maison ou acheté à prix d’argent à quelque étranger qui n’est pas de ta race, on devra circoncire celui qui est né dans la maison et celui qui est acheté à prix d’argent. Mon alliance sera marquée dans votre chair comme une alliance perpétuelle. L’incirconcis, le mâle dont on n’aura pas coupé la chair du prépuce, cette vie-là sera retranchée de sa parenté : il a violé mon alliance. » Ces quelques lignes écrites dans la Bible ont eu pour conséquence que, depuis près de 3.000 ans, tous les garçons juifs sont circoncis huit jours après leur naissance, pendant que le père de l’enfant récite une « berakha » (bénédiction) célébrant l’ordre de Dieu de « le faire entrer dans l’Alliance de notre père Abraham ». Dans leurs pratiques quotidiennes, les juifs croyant en Dieu, appliquent à la lettre ce qui est écrit dans la Thora. Elle est donc bien le fondement de leur foi. Pour les catholiques, on peut lire sur le site internet officiel de l’Eglise catholique de France, à propos de la Bible : « La Bible est le livre le plus lu dans le monde. Elle imprègne notre culture et notre civilisation. Elle appartient au patrimoine de toute l’humanité. Elle est porteuse des valeurs de justice, de liberté et de fraternité. La Bible raconte l’histoire de l’alliance que Dieu a faite avec les hommes. Pour les chrétiens la Bible c’est la parole de Dieu : ils croient que Dieu est quelqu’un qui peut communiquer avec eux. Dieu s’est révélé à Israël par Moïse et les prophètes et pour les chrétiens, par Jésus le Christ. Elle témoigne des relations entre les hommes et Dieu : relation faite de fidélité et de reniement. C’est un long cheminement vers la liberté et l’amour. C’est un livre porteur de sens pour ceux qui cherchent tout au long de leur vie, la vérité et la volonté de Dieu… » De même, dans le fascicule que l’Eglise catholique remet aux futurs époux, il est répondu à la question : « Qu’est-ce que la parole de Dieu ? » de la façon suivante : « Au cours de la célébration de votre mariage, comme dans toute cérémonie chrétienne, on écoute des passages de la Bible. Ce moment est important car Dieu lui-même parle lorsque sa Parole est proclamée dans l’assemblée. Il est donc vécu dans l’écoute attentive et le désir de rencontrer le Seigneur. Pour cette raison, pendant la lecture de l’Evangile, toute l’assemblée se lève comme pour saluer la présence (ou la venue) de quelqu’un. Des textes non bibliques, si beaux soient-ils, ne sauraient remplacer la parole de Dieu. Cependant, ils pourront prendre place à d’autres moments de la célébration. » La Bible est la source de légitimité des chrétiens.
Toute explication de la foi est systématiquement confirmée par des citations de la Bible. Les musulmans définissent leur religion, l’Islam, comme « la religion du Livre » et ce livre est le Coran qui est considéré comme la dernière révélation de Dieu, source fondamentale de l’enseignement et des principes islamiques. Sur le site internet officiel de la mosquée de Paris, on peut lire à propos du Coran : « C’est une révélation faite indirectement par Dieu dans Son unicité et Sa transcendance absolue…et cette révélation s’inscrit dans l’ordre des écritures transmises par Abraham, Moïse et Jésus pour confirmer leur enseignement et leur restituer leur authenticité originelle. » La vie quotidienne des croyants musulmans est rythmée par les commandements contenus dans le Coran. Ils n’ont pas théoriquement pas le droit de s’en écarter. En résumé, juifs, chrétiens et musulmans croient en un Dieu unique. Ils pensent que ce Dieu a dévoilé aux hommes les textes sacrés que sont la Bible hébraïque, la Bible chrétienne et le Coran. Avoir la foi, c’est croire en ces textes qu’ils aient été lus ou non, et le doute ne s’installe chez le croyant que quand il commence à se poser des questions sur leur crédibilité. Si la Bible n’avait pas existé et n’avait pas été considérée comme relatant des faits historiques incontestables, personne sur la terre ne se prétendrait aujourd’hui, juif, chrétien ou musulman.