dimanche 4 octobre 2015 - par oscar fortin

La course au poste de Secrétaire général des Nations Unies

Il ne fait aucun doute que le poste de Secrétaire général des Nations Unies revêt une importance toute particulière tant pour la personne qui en sera titulaire que pour les États qui auront à traiter avec elle.

La procédure de nomination du candidat ou de la candidate passe par le Conseil de sécurité à l’intérieur duquel les détenteurs du droit de veto peuvent l’exercer pour bloquer l’une ou l’autre des candidatures. Ce ne sera qu’une fois acquise l’unanimité des principaux membres du Conseil de sécurité sur l’une ou l’autre des candidatures, que cette dernière étape ne sera finalement qu’une formalité, le choix du Conseil de sécurité étant normalement entériné par les membres de l’Assemblée générale. Pour plus de détails sur cette procédure, je vous renvoie à ce lien.

L’actuel mandat du Secrétaire général prendra fin le 31 décembre 2016. Il est normal que les diverses forces sociales, politiques, économiques et financières se mettent en campagne pour promouvoir des candidatures qui répondent le mieux à leurs intérêts. Dans cette procédure, comme plus haut mentionné, les cinq membres du Conseil de sécurité, ayant droit de veto (Chine, Angleterre, France, États-Unis et Russie), occupent une place prépondérante. Déjà, des noms commencent à sortir et il ne fait aucun doute que la course à cette haute fonction est commencée. Voyons un peu ce qui en ressort pour le moment. 

D’abord, le président du Costa Rica, Luis Guillermo Solis, lors de son intervention devant l’Assemblée générale des Nations Unies a souhaité que le poste de Secrétaire générale des Nations Unies soit assumé, pour les années à venir, par une femme. Le président de l’Équateur, Rafael Correa, a repris à son compte cette proposition y ajoutant, qu’en Amérique latine, il y avait de ces femmes tout à fait aptes pour occuper cette fonction. Il mentionna, entre autres, Dilma Rousseff, présidente du Brésil, Cristina Fernandez, présidente d’Argentine, Michelle Bachelet, présidente du Chili. Ces propositions n’ont guère retenu l’attention de nos médias. Par contre, il en va autrement avec la proposition de personnalités importantes d’Europe qui font d’Angela Merkel, chancelière de la République fédérale d’Allemagne, la candidate toute désignée pour cette fonction.

Voici en résumé le portrait de ces premières candidates.

 

Dilma Rousseff (67 ans)

Réélue présidente du Brésil pour un second mandat de 4 ans, le 26 octobre 2014, elle poursuit les politiques, amorcées par Luis Ignacio Lula dans les deux premiers mandats de ce dernier. Elle représente les intérêts du Brésil au sein des pays du BRICS dont le Brésil est l’un des membres importants. Elle partage la vision d’un monde multipolaire qui se développe, à un rythme accéléré, un peu partout dans le monde sous l’influence de ce regroupement au sein duquel la Russie et la Chine jouent un rôle majeur. Elle est fortement contestée par la droite de son pays.

 

Cristina Fernandez (61 ans)

Présidente d’Argentine depuis 2007, son second mandat prendra fin en octobre prochain alors que sa popularité n’a cessé de croitre. Elle a, comme on dit, du panache et de la détermination. Elle a su affronter de nombreux défis au cours de ses deux mandats et ses adversaires n’ont pas ménagé leurs insultes pour la discréditer et la démolir. 

Elle s’est affirmé pour réclamer les droits de l’Argentine sur les Îles Malouines et elle a su faire appel aux Nations Unies pour exiger que l’Angleterre s’assoit à une table pour résoudre ce différent par les voies diplomatiques.. Elle s’est également fait remarquer par cette bataille épique contre les rongeurs de dettes que l’on identifie avec les fonds vautours. Après de nombreux débats et interventions, elle a obtenu des Nations Unies l’adoption d’une résolution qui permet à un gouvernement de restructurer sa dette sans devoir sacrifier les besoins essentiels de sa population. Cette résolution a été votée au début septembre 2015 par le Conseil des droits de l’Homme et par l’Assemblée générale des Nations Unies. Son mandat prend fin ce mois-ci, alors que sa popularité est encore très élevée. 

 

Michelle Bachelet (64 ans), actuelle présidente du Chili, fait partie de ces femmes qui peuvent aspirer au poste prestigieux de Secrétaire général des Nations Unies. Après son premier mandat comme présidente du Chili (2006-2010), elle a occupé un poste important aux Nations Unies à la tête de ONU Femmes. À ce titre, elle a pu se familiariser avec tous les rouages de l’ONU et établir de solides relations avec des centres de pouvoir qui gravitent autour de cette Institution qui représente plus de 194 pays dans le monde.

Lors des dernières élections, elle a obtenu moins de 24% des suffrages de l’électorat chilien. Il faut dire que plus de 60% de cet électorat a soit annulé son vote ou s’est tout simplement abstenu d’aller voter. C’est sous l’emblème du socialisme qu’elle préside une coalition qui regroupe un peu de toutes les tendances. Son parcours politique nous la fait découvrir davantage comme une alliée fidèle de Washington et elle parvient à bien jouer ce rôle dans les divers organismes d’intégration de l’Amérique latine dont, entre autres, UNASUR et CELAC.

 

Angela Merkel (61 ans),

Chancelière de la Fédération d’Allemagne. Depuis 2005, elle est bien connue pour le rôle qu’elle joue au sein de l’Europe, mais également comme alliée indéfectible de Washington et de l’OTAN. Elle demeure un personnage quelque peuénigmatique. Dans certains milieux, on aime la relier à desinfluences nazies, mais sans jamais en faire la démonstration. D’autres laissent entendre que certains éléments secrets la rendraient dépendante des volontés de Washington.Son engagement en faveur des sanctions imposées à la Russie peut difficilement se comprendre du seul point de vue des intérêts d’Allemagne. D’ailleurs, elle perd de plus en plus l’appui de son électorat, au point qu’elle songerait démissionner avant les élections plutôt que de les perdre en se présentant de nouveau. Elle est vite devenue la candidate à mettre au premier rang pour occuper le poste de Secrétaire général des Nations Unies. On la présente comme la candidate au prix Nobel de la paix et comme la future Secrétaire générales des Nations Unies, un poste de fin de carrière fait sur mesure pour elle, selon ses admirateurs et promoteurs.

 

Commentaires

Prenant en compte que la procédure de nomination du Secrétaire général des Nations Unies ne sera pas modifiée d’ici à décembre 2016, il serait souhaitable que les réseaux d’information alternative se mettent à l’œuvre pour faire valoir le profil des personnes qui répondraient bien à ce poste.

Il serait également important de faire valoir l’idée d’un débat et d’un vote non contraignant de l’Assemblée générale sur les quatre ou cinq candidates les plus susceptibles d’être présentées aux membres du Conseil de Sécurité. Il serait alors intéressant de voir jusqu’à quel point la recommandation du Conseil de sécurité prendrait en compte le choix de l’Assemblée générale. Rien n’empêche l’Assemblée générale de discuter des candidatures avant que la recommandation du CS leur soit transmise.

J’invite tous les internautes à intervenir sur le sujet et à faire valoir des candidatures, ignorées de plusieurs, qui mériteraient d’être prises en considération.

Je pense que ce sujet a de quoi susciter beaucoup d’intérêts auprès des internautes, mais aussi auprès de personnalités politiques, sociales et même religieuses.

Il ne faudrait surtout pas que ce poste prestigieux, mais aussi très important, serve de prime ou de récompense pour des personnes auxquelles on doit beaucoup. Il faut autre chose que cela. Il faut la compétence et les qualités qui vont avec un mond multipolaire et multicentrique. 

 

Oscar Fortin

http://humaniisme.blogspont.com

 

Le 3 octobre 2015 



19 réactions


  • Le p’tit Charles 4 octobre 2015 10:47

    Qui sera la prochaine tenancière du « BORDEL » politique-mafieux... ?


  • howahkan Hotah 4 octobre 2015 11:03

    quand finira donc cette débilité profonde d’avoir des chefs à tout prix ??????????????

    a ce sujet le commentaire de le p’tit Charles me semble juste..


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 4 octobre 2015 12:57

      @howahkan Hotah & P’tit Charles,
      Le « tous pourris », ça commence à bien faire...Vous préférez sans doute la loi du plus fort ? Les 193 pays du monde qui décident du Droit International, c’est fondamental pour la bonne marche du monde.


      C’est ce que Poutine a expliqué dans son discours aux Nations Unies, à propos de l’ ONU :

      « Saper la légitimité de l’ ONU est dangereux. Cela peut ruiner toutes les relations internationales et il ne resterait que la règle du plus fort . Nous verserions dans un monde d’égoïsme, de dictature au lieu d’égalité, plus de vraie démocratie, de liberté des états plus vraiment indépendants. »


      Le fait que les USA soumettent par la dette des pays qui sont priés ensuite de bien voter à l’ ONU comme on leur dit, ne change rien au fait que le Droit International soit supérieur à la barbarie et à la loi du plus fort.

      A l’ ONU le plus petit Etat a 1 voix comme le plus grand, c’est un grand progrès de civilisation.

      Exemple du vote sur la résolution condamnant l’apologie du nazisme, du racisme et de la xénophobie, présentée par 30 pays dont l’ Inde,le Brésil et la Russie :
      - 115 votes favorables
      - 55 abstentions, toute l’ UE dont la France, qui passe son temps à critiquer le racisme et la xénophobie..., mais qui s’abstient dans son vote aux Nations Unies.
      - 3 pays ont voté contre : les USA, le Canada et l’ Ukraine.


    • Le p’tit Charles 4 octobre 2015 13:02

      @Fifi Brind_acier....(Les 193 pays du monde qui décident du Droit International, c’est fondamental pour la bonne marche du monde. ..)...Fifi arrêtez de fumer la moquette de votre salon et redescendez sur terre pour voir la réalité en face..Regardez dans quel état se trouve notre planète par la faute justement de ces bras cassés qui ne pensent qu’a s’en mettre plein
       les ^poches...Vous aussi vous voulez le pognon... ?


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 4 octobre 2015 13:41

      @Le p’tit Charles
      Poutine vous le mettez dans les bras cassés ? « Tous pourris », c’est bien votre idée.
      Vous n’envisagez donc pas que cela puisse changer ?
      Dans ce cas, cessez de vous occuper de politique, faites du macramé.


    • Fergus Fergus 5 octobre 2015 09:34

      Bonjour, Fifi Brind_acier

      Entièrement d’accord avec ce commentaire que je plusse sans hésiter.

      Sans les Nations-Unies, les petites nations n’auraient aucun droit à la parole. Cela ne veut évidemment pas dire que tout est rose, bien au contraire, mais si cette organisation n’existait pas, il faudrait d’urgence l’inventer.

      La stigmatiser en des petites phrases assassines est facile, mais ne rend pas service aux pays du sud, ni à la stabilité de la planète qui, sans l’ONU, serait encore plus gravement menacée qu’elle ne l’est actuellement !


    • Fergus Fergus 5 octobre 2015 10:18

      Bonjour, Le p’tit Charles

      Fifi a raison : l’ONU loin d’être parfaite, c’est le moins que l’on puisse dire, mais sans elle et le minimum de régulation qu’elle réussit à imposer aux Etats, la planète connaîtrait des conflits encore plus nombreux, et potentiellement encore plus dévastateurs.


  • leypanou 4 octobre 2015 11:04

    Je pense que Michelle Bachelet a sa chance : elle est atlantisto-compatible -c’est la gauche Ségolène Royal quoi- et à ma connaissance n’a pris aucune décision qui a déplu à l’empire et/ou ses laquais (sinon une déstabilisation aurait été mise en place comme au Vénézuela, Bolivie ou Equateur par exemple).

    Angela Merkel a aussi sa chance mais je pense que l’empire la craint un peu, même s’il doit avoir des informations sur elle qui la maintient pas complètement libre (la laisse est assez longue, cf l’affaire Ukraine par exemple).

    Les Dilma Roussef ou Cristina Kirschner, aucune chance : l’empire n’acceptera jamais. Rappelons-nous que Boutros-Boutros Ghali n’a pas pu faire un deuxième mandat au poste, pour cause d’avoir déplu à l’empire car trop indépendant. Le profil idéal pour l’empire c’est des candidats venant de petits pays comme le Ghana ou la Corée du Sud, qui sont dans le bon « giron » (de toute façon, un secrétaire général de l’ONU n’a pas beaucoup de pouvoir, mais le peu qu’il a peut avoir de conséquences graves, cf l’affaire de la Yougoslavie, avec Koffi Annan).

    Cela étant, cette idée de vouloir mettre une femme un peu partout -c’est la mode en ce moment-, cela change quoi ? Christine Lagarde a été nommée directrice générale du FMI, le FMI a changé de politique ?

    C’est le profil qui est le plus important non ?


    • oscar fortin oscar fortin 4 octobre 2015 11:14

      @leypanou : Je suis bien d’accord avec vous que c’est d’abord le profil qui compte. Le fait est que des femmes et des hommes peuvent très bien répondre à ce profil. Ce qui est suggéré c’est que le prochain Secrétaire général soit plutôt une de ces femmes qui a le profil qui correspond à la fonction.


      Merci pour votre commentaire

    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 4 octobre 2015 13:04

      @oscar fortin
      Bonjour Oscar, les Nations Unies sont chargées de décider du Droit International, et de le faire appliquer, ce qui semble déjà beaucoup plus difficile.


      Le profil du poste serait plutôt de proposer uniquement des responsables hommes ou femmes, peu importe, mais attachés au Droit International, à la paix et à la souveraineté des Etats.
      Pas des vassaux de l’ Empire, comme Merkel.

    • oscar fortin oscar fortin 4 octobre 2015 13:59

      @Fifi Brind_acier : Bonjour et merci pour votre commentaire. Je préciserais toutefois que c’est plutôt le Conseil de sécurité avec ses cinq membres permanents qui contrôle à peu près tout et décident de tout. Ce n’est pas pour rien qu’année après année, des membres de l’Assemblée générale demandent qu’il y ait une réforme pour assurer une plus grande participation démocratique de l’A.G. aux décisions.


      Avec tout mon respect

    • Fergus Fergus 5 octobre 2015 10:21

      @ oscar fortin

      Il manque notamment au sein de ce conseil de sécurité un représentant de l’Afrique et un d’Amérique du Sud.


    • Fergus Fergus 5 octobre 2015 10:21

      Je parle là des membres permanents.


  • Jelena 4 octobre 2015 20:23

    >> J’invite tous les internautes à intervenir sur le sujet et à faire valoir des candidatures
     
    Alors je propose... Hassan Rohani, Viktor Orban et Alain Soral.


  • Fergus Fergus 5 octobre 2015 09:27

    Bonjour, Oscar

    En marge de cet article, je me plais à raconter cette petite anecdote :

    Bernard Kouchner s’est un temps rêvé Secrétaire général des Nations Unies, et cela alors que Boutros Boutros Ghali était en poste. C’est ainsi que ses camarades du PS, amusé par cette ambition, l’ont surnommé Bernard Bernard Kouchner ! smiley


    • oscar fortin oscar fortin 5 octobre 2015 11:40

      @Fergus : Il est effectivement question pour que l’Inde et le Brésil en fassent bientôt parties. Ce serait à court terme une bonne chose. À plus long terme, il faudrait replacer le Conseil de Sécurité comme une instance de l’Assemblée générale des Nations Unies. 


  • tinga 6 octobre 2015 01:18

    La France, petit pays arrogant entièrement soumis aux USA, 65 millions d’habitants membre permanent du conseil de sécurité, l’Inde 1 milliard 300 millions d’âmes, civilisation multi millénaire, pas de droit de veto, cherchez l’erreur.


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