vendredi 3 novembre 2023 - par Mohamed Belaali

La Déclaration Balfour

 

La déclaration Balfour (du nom du ministre des Affaires étrangères britannique Arthur Balfour) du 2 novembre 1917 a constitué une étape décisive de la domination anglaise sur la Palestine et de la création de l'Etat d'Israël en 1948. Elle prévoyait "de favoriser l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif".

Mais les anglais ont fait des promesses contradictoires aux juifs (minoritaires en Palestine) et aux arabes palestiniens, uniquement pour préserver leurs intérêts dans la région. Ainsi la dépouille de l'Empire ottoman est partagée entre deux puissances coloniales, l'Angleterre et la France. Le mandat sur la Syrie et le Liban a été confié à la France, l'Irak et la Palestine, dont les frontières ont été tracées d'une manière arbitraire, à l'Angleterre. Le charcutage est ratifié par la Société des Nations (SDN) en 1922.

Il faut insister sur le fait que le sionisme n'a jamais été un mouvement majoritaire chez les juifs et que la Grande Bretagne instrumentalisait la question juive uniquement pour ses propres intérêts stratégiques.

La déclaration Balfour, le mandat britannique sur la Palestine, l'antisémitisme européen et le génocide nazi ont permis aux organistions sionistes, minoritaires au début, d'étendre leur hégémonie sur les juifs du monde entier.

Leur obsession est de faire de la Palestine l'Etat exclusif du "peuple juif". C'est une "Promesse" divine faite au peuple élu. Tous les sionistes instrumentalisent ce mythe pour mieux escamoter l'histoire réelle du sionisme qui est avant tout un projet colonialiste. Mais un colonialisme qui ne ressemble à aucun autre. Il plaçait les palestiniens dans une situation bien particulière. Ils doivent faire face à la fois aux britanniques et aux sionistes. Les premiers étaient chargés de préparer la colonisation de la Palestine par les seconds. Comme disait l'écrivain Arthur Koestler, "une nation a solennellement promis à une seconde le territoire d’une troisième." (1)

Contrairement à toutes les autres colonisations, le rapport de force ici est triangulaire. Dans le régime colonial classique, le colonisé, l'opprimé affronte directement le colonisateur, l'oppresseur. En Palestine, la partie ne pouvait se jouer qu'à trois. Les palestiniens n'avaient d'autres choix que de se dresser, dans un combat très inégal, contre la Grande-Bretagne puissance mandataire et contre la colonisation sioniste qui cherche à les déposséder de leur terre et à les remplacer. Les dirigeants arabes, quant à eux, sont restés spectateurs et se sont contentés de demander aux anglais de jouer les arbitres.

Aujourd'hui, les palestiniens se battent contre Israël, mais aussi contre les Etats-Unis et l'Union européenne. Les régimes arabes, comme avant, restent spectateurs du génocide qui se déroule sous nos yeux à Gaza.

 

Mohamed Belaali

 

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(1) de https://www.monde-diplomatique.fr/publications/manuel_d_histoire_critique/a53242

 



17 réactions


  • titi titi 3 novembre 2023 09:56

    @L’auteur

    « Les dirigeants arabes, quant à eux, sont restés spectateurs et se sont contentés de demander aux anglais de jouer les arbitres »

    C’est totalement faux.

    Les dirigeants arabes ont eu leur part du gâteau. Car ce n’est pas que la Palestine qui a été partagée, mais l’ensemble du moyen orient sous domination ottomane.

    C’est c’est bien de cela dont il s’agit : les ottomans ont perdu la guerre. Les britanniques victorieux ont disposé du territoire conquis sur le vaincu : l’Irak, l’Arabie, la plus grande partie de la Palestine (la trans-Jordanie) sont allés aux « dirigeants arabes ».


  • rogal 3 novembre 2023 10:38

    « Tous les sionistes instrumentalisent ce mythe pour mieux escamoter l’histoire réelle du sionisme qui est avant tout un projet colonialiste. ».

    Le « projet colonialiste » a visé Sion en vertu de ce mythe. Sinon, pourquoi cette terre-là ?


    • tiers_inclus tiers_inclus 3 novembre 2023 12:17

      @rogal
      Raisonnement circulaire : pourquoi ce mythe là ? Parce qu’il « valide » la visée de Sion. Un mythe étant imaginaire, toute inférence en découlant est au mieux contingente et ne saurait constituer une causalité valide, sinon par falso quodlibet

      tout est démontrable. Et c’est justement l’abus qui en est fait.


  • ysengrin ysengrin 3 novembre 2023 12:21

    Bonjour,`

    « Les régimes arabes, comme avant, restent spectateurs du génocide qui se déroule sous nos yeux à Gaza »


    en prenant soin de verser des tankers d’huile sur le feu et de prendre le peuple palestinien en otage.


  • njama njama 3 novembre 2023 12:25

    @ l’auteur

    Toute votre interprétation est anachronique... l’idéologie sioniste commence fin XIX° De plus Lord Balfour était antisémite

    Il est temps d’admettre que Arthur Balfour était un suprémaciste blanc – et aussi un antisémite

    https://www.france-palestine.org/Il-est-temps-d-admettre-que-Arthur-Balfour-etait-un-supremaciste-blanc-et-aussi

    et adepte de l’eugénisme

    « En 1912, se tient ainsi à Londres le Ier congrès international d’eugénisme dont il assure le discours d’ouverture. »

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_Balfour


  • njama njama 3 novembre 2023 12:28

    (ibid) « Antisémite, il soutient en 1905 la loi sur les étrangers qui visait en particulier les juifs émigrés d’Europe de l’Est »

    La loi sur les étrangers en 1905,en anglais Aliens Act 1905

    While the Act was ostensibly designed to prevent paupers or criminals from entering the country and set up a mechanism to deport those who slipped through, one of its main objectives was to control Jewish immigration from Eastern Europe.[3] Jewish immigration from Eastern Europe saw a significant increase after 1880[4] which served as some basis for the creation of the Aliens Act 1905. Although it remained in force, the 1905 Act was effectively subsumed by the Aliens Restriction Act 1914, which introduced far more restrictive provisions. It was eventually repealed by the Aliens Restriction (Amendment) Act 1919.

    In the 19th century, the Russian Empire was home to about five million Jews, at the time, the « largest Jewish community in the world ».[3] Subjected to religious persecution, they were obliged to live in the Pale of Settlement, on the Polish-Russian borders, in conditions of great poverty.[3] About half left, mostly for the United States, but many – about 150,000 – arrived in the United Kingdom mostly in England.[3] This reached its peak in the late 1890s, with « tens of thousands of Jews ... mostly poor, semi-skilled and unskilled » settling in the East End of London.[3]

    https://en.wikipedia.org/wiki/Aliens_Act_1905

    (Traduction)

    Bien que la loi ait été prétendument conçue pour empêcher les pauvres ou les criminels d’entrer dans le pays et qu’elle ait mis en place un mécanisme d’expulsion de ceux qui s’étaient échappés, l’un de ses principaux objectifs était de contrôler l’immigration juive en provenance d’Europe orientale[3], laquelle a connu une augmentation significative après 1880[4], qui a servi de base à la création de la loi de 1905 sur les étrangers. Bien qu’elle soit restée en vigueur, la loi de 1905 a été effectivement remplacée par la loi de 1914 sur la restriction des étrangers, qui a introduit des dispositions beaucoup plus restrictives. Elle a finalement été abrogée par la Aliens Restriction (Amendment) Act 1919.

    Au XIXe siècle, l’Empire russe abritait environ cinq millions de Juifs, à l’époque « la plus grande communauté juive du monde »[3] Soumis à la persécution religieuse, ils étaient obligés de vivre en Zone de Résidence aux frontières polono-russes, dans des conditions de grande pauvreté.Environ la moitié d’entre eux sont partis, surtout pour les États-Unis, mais beaucoup - environ 150 000 - sont arrivés au Royaume-Uni, surtout en Angleterre[3], ce qui a atteint son apogée à la fin des années 1890, avec « des dizaines de milliers de Juifs... principalement pauvres, semi-qualifiés et non qualifiés » installés dans l’East End of London[3].

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  • njama njama 3 novembre 2023 13:01

     Mais avant que l’idéologie sioniste ne prenne forme vers la fin du XIX° il y a l’idée anglaise de coloniser la Palestine

    La grosse mystification est que la création d’Israël n’a rien à voir avec l’antisémitisme, pas plus qu’avec l’anti-judaïsme. Bien sûr ça va en décoiffer plus d’un, mais c’est l’histoire...
     Le jour où les Juifs seront déniaisés ça ira mieux pour tout le monde, pour les Palestiniens en premier lieu

    La réalité très prosaïque était d’installer des colons en Palestine pour ses richesses, il en faut de la main d’œuvre et des fonctionnaires quand on colonise une région, un pays.
    Israël n’est qu’un condominium, une idée de Lord Shaftesbury en 1841 devenue une création anglaise de la deuxième moitié du XIX° siècle...

    « A land without a people for a people without a land » ... "and the Jews ...will probably return in yet greater numbers, and become once more the husbandmen of Judaea and Galilee." l’expression est de ce personnage

    Rien à voir avec les pogroms, Herzl et Cie... rien à voir avec l’antisémitisme, et encore moins avec ww2, qui auront servi à postériori à justifier l’idéologie sioniste au XX° siècle, de faire valoir à ce « colonialisme de peuplement » !

    plus de détails dans mes anciens commentaires, j’ai exploré le sujet depuis un bon bout de temps
    https://www.agoravox.fr/commentaire5303531
    https://www.agoravox.fr/commentaire5303699

    L’idée coloniale de Lord Shaftesbury est à replacer dans le contexte du XIX°...de la thalassocratie de l’Angleterre, de la France, de l’influence qui sera installée sur la région plus officiellement et politiquement en 1920 avec les mandats britannique et français
    Création du Canal de Suez entre 1859 et 1869... importance hautement stratégique ! nouvelle route de la soie.
    Occuper la Palestine pour garantir l’investissement de cette nouvelle route maritime...

    La haute finance à la manœuvre... dans le démantèlement de l’empire ottoman
    La dette comme instrument de la conquête coloniale de l’Égypte
    https://www.cadtm.org/La-dette-comme-instrument-de-la


    La Banque ottomane (en turc Osmanlı Bankası) est une banque fondée en 1856 à Constantinople grâce à un accord actionnarial entre des investisseurs britanniques, français et le gouvernement ottoman.


    L’Empire Ottoman face à une « troïka » franco-anglo-allemande : retour sur une relation de dépendance par l’endettement
    par Louise Abellard, étudiante chercheuse en économie et sciences politiques, membre du CADTM France
    https://www.cadtm.org/L-Empire-Ottoman-face-a-une-troika

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  • njama njama 3 novembre 2023 14:58

    Depuis cette fin du XIX° une confusion s’est installée entre anti-judaïsme (un peu consubstantiel à l’histoire du catholicisme), et un antisémitisme qui était purement politique.

    « L’antisémitisme » est un néologisme très récent à l’époque, un mot « inventé » en 1879 par un journaliste politique allemand Wilhem Marr.(1819-1904) :
    En 1879, Marr publie à Berlin son essai polémique antisémite Der Sieg des Judenthums über das Germanenthum (« La victoire de la judéité sur la germanité ») qui le place à la pointe de la défense de l’antisémitisme. La même année, il fonde la « Ligue antisémite » [L’Antisemitenliga] dont la durée de vie sera courte et publie également jusqu’en 1880, son organe officiel Die neue deutsche Wacht (« La nouvelle garde allemande »). Il introduit ainsi le terme antisémitisme dans le discours politique de la société de son temps. Il plaide pour une expulsion de tous les juifs vers la Palestine. Les derniers mots sont « Finis Germaniae ! » (« La fin de la Germanie »).
    [...] Vers la fin de sa vie, Marr renonce à son radicalisme, arguant du fait que le conflit social avait été le résultat de la Révolution Industrielle et de conflits politiques. Selon Moshe Zimmermann, il demanda ouvertement le pardon des Juifs pour avoir manqué à isoler le problème. Marr publia à Hamburg un essai final intitulé Testament d’un antisémite, où il expliquait avoir rejeté la « misérable folie romantique du Germanisme ». Il se plaignait du fait que l’antisémitisme moderne s’amalgamait au mysticisme et au nationalisme Allemand, condamnant les « chefs buveurs de bière », les crieurs de « Heil » de l’antisémitisme moderne ainsi que le cruel préjudice contre les écrivains et penseurs juifs1.
    En 1904, le 17 juillet, Wilhelm Marr meurt à Hambourg. https://fr.wikipedia.org/wiki/Wilhelm_Marr

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  • njama njama 3 novembre 2023 15:02

    Le terme « sionisme » est de la même époque
    Dans le livre de Schlomo Sand « Comment le peuple juif fut inventé » il écrit : Page 357 :
    Nathan Birnbaum, que l’on peut, dans une large mesure, définir comme le premier intellectuel sioniste (il fut l’inventeur du concept de « sionisme » dès 1891), prolongea la pensée de Moses Hess : « Seules les sciences naturelles peuvent expliquer la spécificité intellectuelle et affective d’un peuple particulier. « La race est tout » , a dit l’un de nos grands coreligionnaires, Lord Beaconsfield [Benjamin Disraeli], la spécificité du peuple se trouve dans celle de la race. Les différences de races sont à l’origine des variétés nationales. C’est en raison de l’opposition entre les races que l’Allemand ou le Slave pensent et sentent différemment du Juif. Ainsi s’explique également le fait que l’Allemagne ait créé la Chanson de Nibelungen, alors que le Juif a engendré la Bible (1). »
    1. Cité in « Nationalisme et langage », un article datant de 1886 publié dans le livre de Joachim Doron, La Pensée sioniste de Nathan Birnbaum (en hébreu), Jérusalem, La Bibliothèque sioniste, 1988, p. 177.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Nathan_Birnbaum

    Moses Hess (1812-1875) était un philosophe allemand, proche de Karl Marx et de Friedrich Engels. « Il est aussi considéré comme l’un des fondateurs du sionisme avec son livre Rome et Jérusalem, qui « est tout simplement, trente-trois ans avant le Judenstaat de Theodor Herzl, la première expression articulée du sionisme politique » » https://fr.wikipedia.org/wiki/Moses_Hess

    La Chanson de Nibelungen est une épopée médiévale allemande, composée au XIIIᵉ siècle et rédigée dans la langue vulgaire de l’époque : le moyen haut-allemand

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  • Vivre est un village Vivre est un village 6 novembre 2023 08:28

    Le 2 novembre 1917, les anglais ont fait des promesses contradictoires aux juifs (minoritaires en Palestine) et aux arabes palestiniens, uniquement pour préserver leurs intérêts dans la région (https://fr.wikipedia.org/wiki/Déclaration_Balfour_de_1917)... 


    Ni rire, ni pleurer, ni haïr mais comprendre...puis agir en compagnie de Mediapart/Agoravox à partir de cette partition https://presite.mediapart.fr/contenu/le-projet.html !!!


    A bientôt. Amiité.


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