jeudi 28 mars 2019 - par Dr. salem alketbi

La défaite militaire de Daech : La prochaine étape ?

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Une page du terrorisme a été tournée après que les Forces démocratiques syriennes, soutenues par les États-Unis, ont annoncé la restauration de la ville d’Al-Baghouz, la dernière enclave contrôlée par Daech en Syrie orientale.

Ainsi a été annoncée la chute officielle du soi-disant califat proclamé par Abou Bakr al-Baghdadi en 2014.

Mais, sur le plan idéologique, l’organisme demeure actif. Les cellules dormantes disséminées dans de nombreux pays et régions évoluent toujours, ainsi qu’un nombre indéterminé de sympathisants et de fanatiques.

Il est vrai que la défaite de Daech en Syrie est une défaite militaire absolue. Cette organisation a dominée une zone d’environ 90 000 kilomètres carrés, d’une population de près de 8 millions d’habitants, qui contient d’importantes ressources pétrolières et des points de passage lucratifs.

La défaite du symbole du leadership peut avoir l’effet d’une défaite militaire et que la survie du leadership ne signifie pas nécessairement le maintien de la force de l’organisation.

Le leadership a perdu une grande partie de son influence aux yeux de ses partisans après des défaites successives. Les partisans de ces organisations idéologiques pourront lier les défaites à la mauvaise gérance par l’autorité centrale.

Il est possible que la difference des visions et des projets de réunification de l’organisation et la concurrence entre les dirigeants, due à la faiblesse au sommet de la hiérarchie, entraînent le son démembrement. Daech pourrait se diviser en groupes moins puissants, plus dispersés géographiquement, mais plus radicaux et plus brutaux.

L’une des conséquences possibles de la défaite idéologique est aussi l’intensification des discussions et des différends entre les idélogues du terrorisme sur les priorités opérationnelles, comme la définition de l’ennemi et s’il faut attaquer la cible proche ou lointaine.

Le conflit idéologique entre Daech et al-Qaïda va s’intensifier, surtout après l’échec de l’idée d’établir un califat plutôt que de créer les conditions favorables à la création d’un État islamique comme le croit al-Qaïda.

La littérature et l’expérience modernes en matière de terrorisme confirment que les racines de l’extrémisme et du terrorisme, si elles sont plantées dans un pays, y resteront ancrées à moins qu’elles ne soient déracinées. Il faut des efforts prolongés pour s’en débarrasser et pour diffuser la tolérance et la coexistence.

Ce qui s’est passé en Syrie, c’est la défaite de l’idée, pas son éradication. Son retour et sa croissance dépendent des pratiques de la phase post-Daech et s’il existe ou non un atmosphère propice à son retour.

Il ne s’agit pas, comme le pensent les responsables américains, seulement d’exercer des pressions militaires constantes. Il faut plutôt résoudre les problèmes que Daech a exacerbés, tels que la pauvreté, le chômage et la faim.

Il faut mettre fin aux injustices sociales et à la discrimination au niveau de la population des zones qui ont été contrôlées par l’organisation, car ces problèmes peuvent servir de prétexte aux organisations terroristes pour recruter et mobiliser des nouveaux éléments.

Un autre point d’interrogation concerne le sort des membres restants de l’organisation en Syrie et en Irak.

Le passage au travail clandestin est la caractéristique principale de cette phase. L’organisation devient une bande décentralisée et parfois individuelle (« loups solitaires »), en raison de la difficulté de communiquer et de transmettre les ordres selon la hiérarchie organisationnelle qui a prévalu sur les cinq dernières années.

Le terrorisme clandestin et dispersé n’est pas moins dangereux que le terrorisme organisationnel. Le fait de s’installer dans des zones montagneuses, plutôt que dans des basses terres et des zones résidentielles a ses avantages. Il permettra aux terroristes de se mobiliser et de réorganiser les rangs, puis de lancer des attaques occasionnelles dont le but sera de déstabiliser la population et de détourner les autorités des autres activités, comme la reconstruction.

Cette situation prolongera le chaos et fera de l’instabilité une caractéristique essentielle de ces régions. Le Pentagone estime que Daech reçoit encore des dons en espèces de l’étranger allant de 50 millions à 300 millions de dollars. Le financement assure la continuation du fonctionnement des éléments de l’organisation et de ses activités.

Il est donc trop tôt pour parler de la défaite du terrorisme. Entre 14 000 et 18 000 combattants en Irak et en Syrie, dont environ 3 000 combattants étrangers, prêtent encore allégeance à Daech, selon des estimations internationales.

James Jeffrey, le représentant spécial des États-Unis pour l’engagement en Syrie, estime qu’il y a entre 15 000 et 20 000 combattants d’Al-Qaïda actifs dans la région. Un si grand nombre de personnes, si elles continuent leurs activités terroristes sous le manteau, peuvent troubler n’importe quel pays.

Une stratégie doit être élaborée à ce sujet dans la phase suivante, car même après la défaite du terrorisme sur le plan militaire, le terrorisme est loin de compter ses derniers jours.

 



8 réactions


  • troletbuse troletbuse 28 mars 2019 11:58

    Prochaine étape : changer le nom de la même organisation terroriste


    • generation désenchantée 28 mars 2019 13:45

      @troletbuse
      le problème c’est que les terroristes trouvent toujours des gens a recruter après les avoir endoctrinés comme la secte japonaise qui a commit l’attentat du metro de tokyo

      il y a toujours des donateurs pour les terroristes , qui les financent par idéologie ou pour d’autres motifs , ou sous la menace

      ils trouvent toujours des moyens pour perpétrer des attentats


    • troletbuse troletbuse 28 mars 2019 14:50

      @generation désenchantée
      Ben oui. Les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite quand ce n’est pas l’europe.


  • Christian Labrune Christian Labrune 28 mars 2019 14:51

    Il est donc trop tôt pour parler de la défaite du terrorisme. Entre 14 000 et 18 000 combattants en Irak et en Syrie, dont environ 3 000 combattants étrangers, prêtent encore allégeance à Daech, selon des estimations internationales.

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    Après la fin des affrontements sur le réduit de Baghouz, le pauvre Macron n’a pas hésité à déclarer que c’était la fin d’une grave menace pour la France. J’ai failli en avaler mon cigare tout allumé.

    On laisse entendre en général que si l’état coranique n’a plus de territoires en Syrie et en Irak, des cellules dormantes continuent d’exister un peu partout, mais c’est une vision de la réalité qui est encore un peu trop optimiste.

    Des régions du Sinaï sont encore aux mains des jihadistes, et la menace persiste dans plusieurs pays d’Afrique.

    J’aimerais bien par ailleurs qu’on m’explique s’il y a une réelle différence entre ce que fut le Califat et ce qu’est actuellement la bande de Gaza où les populations sont soumises à des bandes terroristes dont l’Iran tire les ficelles, où elles sont réduites à subir quotidiennement la misère et la pire violence : extermination des homosexuels, persécution des minorités religieuses, répression violente des récentes manifestations, exécutions sommaires et sans jugement des opposants, décervelage systématique des enfants dès le plus jeune âge, etc..

    Et je ne parle pas des missiles, des ballons incendiaires ou explosifs lancés vers Israël, des populations misérables qu’on paye pour aller se faire tirer dessus à la barrière de sécurité où il faut bien les empêcher de la franchir si on veut absolument éviter que soient massacrés les habitants des kibboutzim les plus proches, ce qui serait le premier objectif des terroristes.

    Derrière tout cela, il y a l’Iran. Si le gouvernement de Netanyahou a dès longtemps résolu, malgré les critiques qui lui reprochent sa mollesse, d’adopter la position du wait and see en dépit d’exactions qui seraient jugées absolument intolérables dans n’importe quel autre pays, c’est parce qu’il sait bien qu’il ne sert à rien de trancher le tentacule Gaza et le tentacule Hezbollah de la pieuvre iranienne. Il n’y aura pas de progrès décisif à attendre dans la lutte contre le terrorisme avant que le régime des mollahs tombe dans les poubelles de l’histoire. C’est ce que les Macron & Mogherini sont encore évidemment tout à fait incapables de comprendre.


    • baldis30 28 mars 2019 15:34

      @Christian Labrune
      bonjour,
       sans oublier tous ceux qui sont revenus chez eux, dans les pays d’origine pour y poursuivre leurs méfaits .
      J’ai déjà exprimé ici que je crois en la véracité de la mort de deux des principaux djihadistes d’origine française exactement comme je crois fermement à l’utilisation des missiles par les martiens pour tenter de détruire les sondes américaines ...
      j’y crois, j’y crois ... croa, croa, croa


  • Drougeok Drougeok 28 mars 2019 19:14

    Prochaine étape : Caracas !


  • Gloubi 28 mars 2019 19:51

    Le danger n’est pas tant le terrorisme que le fondamentalisme sur lequel il s’appuie.

    Or, depuis la défaite des mutazilites et l’adoption par tous les musulmans du dogme du « coran incréé », le fondamentalisme est consubstantiel à l’islam.

    Comme les pétromonarchies (Arabie Saoudite, Qatar, EAU, mais aussi Koweït) prônent toutes ce fondamentalisme et irriguent ses réseaux grâce à l’argent du pétrole, nous devrons encore faire face à des années difficiles...


  • hgo04 hgo04 29 mars 2019 10:35

    Ouaich..

    Ben moi j’ai quand même du mal.. On parle de DAESH comme d’une entité idéologique, comme si leur vision du monde et des règles de vie étaient liées à une pensée profonde..

    Quand on regarde ce qui a été fait en Syrie, et en étant pour le moins curieux, on ne constate qu’une chose : L’organisation « administrative » de ce faux état DAESH (sens générique qu’on peut donner à toutes les entités terroristes dans ce pays, c’est plus simple).

    Comment une bande de délurés fanatiques a pu ainsi monter une administration et une organisation tant économique, militaire et administrative, dans ce pays en si peu de temps ??

    Des milliers de PICK UP arrivant du monde entier, transformés pour supporter le poids des armes transportées, une finance digne d’un véritable état, des réseaux de vente de pétrole et autres richesses pillées à ce pays, et tenant en plus la dragée haute à une coalition de pays hyper puissants ???

    Allons !!! DAESH n’est surement pas l’association de dégénérés du cerveau.. tout cela n’est que gadget !

    Et la coalition, bombardant le désert sans aucun résultat, sans même freiner cette entité ??

    DAESH est toujours vivant, certes plus en Syrie, car chassé par l’armée syrienne et la russie, mais DAESH est toujours la, sur ces bases arrières.. Ne regardez pas le doigt, mais regardez la lune !!!! DAESH ?? c’est de l’autre côté de l’océan, son lieu de naissance !

    Ne regardez pas les délurés, ces petits soldats de la sale besogne, regardez plus haut, sur le but recherché.. Ne cherchez pas ces petits soldats, mais découvrez plutôt ses stratèges !


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