mercredi 1er avril 2015 - par Caleb Irri

La dictature est à notre porte

Quand une nation commence à obliger son peuple à voter (qui plus est sur des machines électroniques) ; quand un pays peut censurer n’importe quelle expression sans contrôle judiciaire ; quand un gouvernement impose ses lois malgré l’opposition populaire (et même parlementaire) ; quand un Etat s’apprête à surveiller vos déplacements, vos conversations, vos ordinateurs ; quand les élus se voient chaque jour attaqués (puis relaxés) pour corruption par un pouvoir judiciaire aux ordres ; quand on sait que le budget militaire est le seul budget maintenu et que les armées patrouillent devant nos bâtiments publics, on peut dire sans trop exagérer que toutes les conditions pour établir une dictature sont réunies.

Maintenant, il ne reste plus que la révolution. Pas celle qui permettra au peuple de se libérer de son joug pour établir une nouvelle démocratie non, mais celle qui permettra à la dictature de devenir légitime : rappelons ici la formule de George Orwell « on ne fait pas une dictature pour sauver une révolution, on fait une révolution pour établir une dictature ».

Et cette révolution, c’est peut-être la sortie de la Grèce ; à moins que ce ne soit un autre attentat. Ou bien encore une catastrophe naturelle. Et pourquoi pas une révolte populaire, ou l’arrivée au pouvoir du FN ? Ce qui est certain, c’est que toutes les conditions sont réunies pour qu’un gouvernement autoritaire qui se retrouverait demain au pouvoir ait la capacité technique d’exercer un contrôle et une surveillance de masse sur son peuple. Et c’est à la faveur d’un drame ou d’une catastrophe que cette dictature prendra forme.

Mais si vous n’avez rien à cacher, diront les plus malins, alors pourquoi ne pas se laisser surveiller ? Nous abreuvons aujourd’hui gratuitement, et volontairement, tous les banques de données du monde entier par nos actions quotidiennes, et nous nous plaindrions de la récolte de ces dernières pour des raisons de « vie privée » ? Alors que le terrorisme frappe chaque jour des civils innocents ?

Rassurez-vous, tout le monde ne sera pas « surveillé » – regardez qui sont les ennemis publics les plus en vue : Snowden, Manning, Assange… de dangereux individus, des traitres à la Nation, etc… Les terroristes, eux, sont introuvables. Peut-être n’ont-ils pas Facebook, ou pas de portable ?

En réalité, pour la plupart ces nouvelles lois seront inutiles. Ils n’ont effectivement « rien à cacher ». Mais ce n’est pas ceux-ci qui intéressent les renseignements. Ceux qui sont indirectement visés sont ceux qui veulent dénoncer « ceux qui ont quelque chose à cacher ». Pas les dealers à la petite semaine, pas les resquilleurs des allocations, tout cela n’est rien. Mais bien plutôt les lanceurs d’alertes, les journalistes un peu trop fouineurs, les analystes « hétérodoxes »… ce sont ceux-là que nos gouvernements veulent empêcher de (leur) nuire. Car s’il y en a qui trichent, trompent et volent (et pas qu’un peu), ce sont justement ceux qui, pour ne pas qu’on les confonde, qu’on les dénonce, qu’on les attrape, font voter des lois qui empêchent aux citoyens vigilants de rendre public ce qui dérangerait leurs petites affaires…

Comme dans 1984 : les pauvres, « la masse populaire », n’intéresse guère les services de renseignements. Il n’ont pas besoin d’autre chose que du pain et des jeux paraît-il. Les riches, « l’élite », elle, ne sera pas non plus surveillée (elle pourra éteindre son « télécran » – se déconnecter). Il ne manquerait plus que ça ! Reste une petite frange de la population. Ceux qui sont assez éduqués et qui disposent d’assez de temps et d’énergie pour s’informer, réfléchir, prendre du recul, sont ceux qui peuvent un jour ou un autre « tomber » sur « quelque chose », et il ne faudrait surtout pas qu’ils parlent. Imaginez qu’à TF1 on diffuse que les « bons » Etats protègent les terroristes, fomentent des coups d’Etat, volent le peuple et lui mentent… Il faut d’abord aux agents du gouvernement savoir « ce que vous savez », pour ensuite pouvoir vous empêcher de parler. Sans contrôle judiciaire cela va de soi. Et au moyen d’un délit « d’exception » comme celui « d’apologie du terrorisme ». Une étape supplémentaire manquait à cet arsenal autoritaire, c’est-à-dire le droit pour un gouvernement de contrôler toutes les communications de ses administrés.

Après, on pourra toujours dire que cela ne nous concerne pas, mais le jour où l’on vous dira que ce que vous pensez n’est plus adapté à ce qu’on vous demande de croire il sera trop tard : vous serez en infraction. Alors c’est vrai qu’aujourd’hui cela ne semble pas si grave. Par petites touches successives chaque loi nouvelle renforce un peu plus les pouvoirs de la police au détriment de ceux de la justice. Et supprime toute possibilité future de contestation. Et cela est très grave. Il suffira au nouveau dictateur de dire qu’un terroriste est quelqu’un qui ne pense pas comme lui pour pouvoir faire arrêter légalement tous ses opposants. Vous aurez beau alors contester vigoureusement en frappant à la porte de la chambre 101, il vous faudra vous soumettre de gré ou de force à la police de la pensée. Vous ne serez déjà plus libre.

 

Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr



15 réactions


  • Séraphin Lampion P-Troll 1er avril 2015 16:07

    « Maintenant, il ne reste plus que la révolution... celle qui permettra à la dictature de devenir légitime »


    Alors ça ne s’appelle pas une révolution, mais un coup d’état.
    N’en déplais à Orwelle, « revolvere » signifie « faire le tour » en latin : ce qui était en haut va en bas et vice-versa. Il y a révolution quand une classe sociale en remplace une autre à la tête de l’état.

    Dans ce que vous décrivez avec pertinence, il y aurait plutôt continuité, comme lors du 18 Brumaire an VIII : Le coup d’État de Napoléon Bonaparte marque la fin du Directoire et de la Révolution française, et le début du Consulat. Il y a continuité : la Bourgeoisie qui avait renversé l’aristocratien en 1789 s’en remet à un dictateur pour préserver ses intérêts.

  • Nicolas_M bibou1324 1er avril 2015 16:32

    Désolé, mais je n’arrive toujours pas à être touché par tant de catastrophisme de bas étage.


    Contrôle d’Internet ? Plus de pouvoir de la police ? Surveillance massive ?

    Je dirai que toutes les lois actuelles se dirigent exactement vers l’inverse de ce que vous annoncez.

    Pour le contrôle d’Internet, l’état est toujours incapable techniquement de décrypter tout échange crypté sur le net, que ce soit via freenet, tor ou même simplement un message crypté par clé asymétriques de 2048 bits (illégal mais indétectable). Dit autrement, partager les plans d’un attentat terroriste, partager du pédo pornographique ou vendre de la drogue ou des armes est extrêmement facile, parfaitement sécurisé et sans aucun risque sur Internet. Il suffit de voir le démantèlement de Silkroad pour s’en convaincre : aucun dealer n’a été arrêté. Il suffit juste de savoir où chercher. C’est à la portée de n’importe quel gosse de 10 ans.

    Pour le contrôle de la police, c’est simple, les policiers n’ont jamais eu aussi peu de pouvoir. Regardez il y a 40 ans : on arrêtait un dealer, on l’incitait fortement à avouer à coups de bottin, il allait en prison pour 10 ans. Aujourd’hui ? Les policiers savent que les dealers sont relâchés par leur avocat dans l’heure. Ils se cantonnent à donner des PV. La police, ça n’existe plus en France, il y a des kalash et des lances roquettes dans toutes les cités. 

    Quand à la surveillance massive, oui, certes, nos faits et gestes sont épiés et stockés. Par Google et Microsoft. Pas par le gouvernement. Et ceux qui ont des choses à cacher, ont tous les moyens de le faire sans aucun souci. Faut juste fouiner un peu pour découvrir comment faire. La surveillance des citoyens, on est en train d’enlever les caméras de surveillances de grandes villes comme Grenoble ... aucune inquiétude à avoir.

  • sylvie 1er avril 2015 16:55

    Qui vous oblige à vôter ?


  • Scual 1er avril 2015 17:12

    Ça faisait longtemps que je n’avais pas lu un article qui dit exactement ce que je pense à la virgule près.

    Il est désormais évident que le plan est de mettre en place tout les éléments nécessaire à l’établissement d’une dictature pour que tout soit prêt lors de l’arrivée du FN au pouvoir.


    • Séraphin Lampion P-Troll 1er avril 2015 17:30

      @Scual

      Pour quoi faire ?

      Malgré les apparences et les prétendues querelles, UMP et PS sont d’accord sur un point : il ne faut surtout pas que le peuple se mêle de choses qu’il ne saurait comprendre. Les dictatures brutales et grossières avaient l’inconvénient de ne pas être photogéniques, ce qui est une tare dans l’univers des images. On a trouvé la parade.

      Dans la dictature douce (ou démocratie molle), plutôt que de réprimer le citoyen, on l’hypnotise. On lui laisse même sa carte d’électeur et son bulletin de vote afin de lui donner, tous les cinq ou six ans, l’illusion qu’il a le pouvoir.

      Quant au FN, longtemps utilisé comme repoussoir, il peut servir de recours pour simuler une alternative s’il s’avère que le bon peuple a décelé la supercherie. c’est lui qui se battra pour le retour des manipulateurs !

    • Scual 1er avril 2015 19:10

      @P-Troll

      La dictature molle ne fonctionnait que par deux facteurs. Le contrôle de l’information, contrôle voué à disparaitre à cause d’internet, et le partage des richesses que les riches ne peuvent plus se permettre car leurs banques ont tout perdu... et c’est le peuple qui doit les rembourser.

      Bref il doivent nous soumettre à l’esclavage pendant plusieurs milliers d’années pour rembourser leur dette et nous ne l’accepteront pas, seule la force le leur permettrait.


  • gogoRat gogoRat 1er avril 2015 22:33

    « Mais si vous n’avez rien à cacher, diront les plus malins, alors pourquoi ne pas se laisser surveiller »

     Toute mesure (quantique ou pas ) affecte l’objet mesuré.
     En transposant cette vérité physique à nos prétentions à évaluer notre « connaissance » d’autrui, on devrait comprendre que l’observation d’autrui, même à son insu, aura toujours un impact (peut-être assez indirect) sur celui ou ceux qu’on prétend observer. ...

     Attention alors à certains effets biscornus à tiroirs d’observés observateurs de ce ceux par qui ils se savent ( ou se devinent - à tort ou à raison) observés ...

     A quels sur-citoyens ( plus égaux que les autres) confie-t-on la surveillance de leurs « frères, égaux en droits et en dignité » ? Comment disposer d’une armée suffisante de « forces de l’Ordre », toutes assermentées, et suffisamment intègres, instruites et expérimentées dans la compétences des interprétations d’ordre sociologique et psychologiques, pour éviter toute dérive d’exploitation consciente ou pas des observations-interprétations collectées ?
     Sans compter que toute exploitation concrète d’une seule de ces observation-interprétation équivaut à un un verdict sans jugement (ou l’observé/jugé n’a pas la possibilité de défendre la dignité de ses propres observations selon sa propre grille de lecture de la réalité)

    ( Droit à un minimum d’intimité, de pudeur, de libre arbitre peuvent-ils être transgressés en catimini par des fonctionnaires parce qu’ils auront réussi un jour un ’concours’ , ou par des politicards, parce qu’ils auront remporté un scrutin ? )

     Vous avez dit dictature ?
     En tous cas, oui , dans ce cas la porte au pire est ouverte !

     


  • elpepe elpepe 2 avril 2015 09:15

    oui une dictature, on y va tout doucement mais surement, cela risque bien aussi de s accelerer.
    Mais aujourd hui deja l on ne peut pas dire ce que l on pense
    Nos ennemis sont designes pour nous, et on doit apprendre a les hair a travers tous les mainstreams, je cite pele mele :
    - russie
    - palestine
    - iran
    - pouvoir legitime en Syrie
    - les oposants aux pouvoirs illegitimes en Ukraine
    - Dieudonne
    - Mr Soral
    - le FN
    - anti mariage pour tous
    - le clerge
    - les conspirationistes (ceux qui ont un cerveau, les autres sont encephaliques)
    - les de-inscrits de la securite sociale
    - les artistes expat pour raison fiscal
    - j ai du certainement en oublie, abonnez vous au Rond, Nouvel Obs, Express, le Monde< Humanite et tutti quanti pour la liste complete

    Il est a remarquer que la presse s accomode tres bien de la suppression progressive des libertes d expression.

    Ceci dit la democratie est la resultante de 4 criteres auquels la Fance n obeit plus :
    - etre un pays riche
    - un peuple eduque
    - un peuple courageux, pret justement a la defendre
    - une presse libre qui ne fait aucune concession au gourvernement

    In fine on ne merite pas notre democratie il est donc legitime, juste et bien que l’on cesse d’en jouir, la question merite tout au moins d etre posee ?


    • elpepe elpepe 2 avril 2015 09:31

      @elpepe
      j oubliais le 5iem critere et non des moindres, une justice independante,
      Au vue de ces criteres je vous laisse juger par vous memes, car eduque certes, mais sans esprit critique, c est comme science sans ethique ...


  • smilodon smilodon 3 avril 2015 15:24

    @ En France on à la « royauté élue » !.. C’est tous les 5 ans !.. Rien à voir avec la dictature !.... Le peuple, depuis 1789, élit son nouveau Roi, tous les 5 ans !...Rien à voir avec la dictature !... Puisque le « peuple » (la populace), se doit « d’élire » son ROI !.... Un droit et un devoir !... C’est marqué sur la carte !... Pléonasme ou oxymore ???.. Ou les 2 à la fois ???..... Allez, votez !... Sans vus nos élites seraient à la rue !... Pour une fois qu’on peut agir sur les chiffres du chômage !.. Même tous les 5 ans !... Agissons !..... Adishatz.


  • smilodon smilodon 3 avril 2015 15:25

    ... Sans « vous »....


  • Jack_Hilton Jacky_Clinton 5 avril 2015 22:01

    Bonjour,

    La Démocratie tant désirée (Allons, enfants de la Patrie) se transforme insidieusement en un aspect Monarchique très personnel (moi Président..), on veut continuellement notre bien, et aussi nous tenir en laisse par autant de mesures, que d’interdictions et d’arrêtés Ministériel multiples.

    La nature suit le même principe.
    Nous sommes devenu des pucerons, que tous les Élus devenus fourmis ont besoins pour vivre de façon ultra confortable, ils viennent nous téter le miellat sans aucun scrupules. (voir Wikipédia)


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