La France et l’UE en décadence ? Un roman choc voit un avenir encre plus sombre
Le roman Décadence aux éditions L'Harmattan livre un récit incisif sur une France ayant totalement perdu sa souveraineté. Perte des acquis sociaux, précarisation extrême, communautarismes exacerbés, le livre plonge le lecteur dans la terreur. Un récit perspicace sur l'avenir de la France ?
Si vous aimez les romans d'anticipation terriblement réalistes, effrayants et destabilisants, alors la récente dystopie Décadence de Bastien Gouly (L'Harmattan) est faite pour vous. Ce roman projette la France dans un avenir proche, résolument sombre. D'ailleurs, dans ce livre, le pays ne s'appelle plus France mais Euro-France. Il a abandonné toute souveraineté au profit d'une Union européenne qui ne fait qu'avaler les nations les unes après les autres. Dans cette société orwellienne, le mot "progrès" est mis sur un piédestal pour jusitifier les mesures politiques de régression. C'est au nom de ce même progrès que des communautés religieuses, telles que l'Islam radical, administrent certains espaces et dictent leur loi sur des territoires, afin de pallier l'abandon de l'Etat. Un autre parti pris de l'auteur : l'Intelligence artificielle a remplacé les juges pour automatiser les peines. Ceux-ci existent toujours mais ne sont plus que de simples figurants dans les procès. Pourquoi pas... D'ailleurs, le récit est habilement construit pour rendre toute idée plausible. Pour que le lecteur s'imprègne de ce nouveau monde, une mise en contexte introduit la fiction. Elle peut paraître longue. Elle est toutefois nécessaire pour basculer le lecteur dans l'effroi et saisir le jeu des personnages.
Vers la fin de la République
Parmi ceux-ci, le héros, Maximilien est un jeune trentenaire fougueux. Par certains aspects, il paraît naïf. Par d'autres, il est un courageux combattant, partisan d'un retour d'une République. Cela lui vaut d'être qualifié d'extrémiste par des médias et le milieu politique. Dans ce roman, la République est vue comme étant une vieille idée du passé à abattre. Maximilien est donc menacé d'être banni socialement. Pour ses idées, il est mis dans le même panier que l'extrême gauche et droite. Toute ressemblance avec le présent est certainement fortuite... ou pas.
Dans cette Euro-France, la démocratie n'est qu'une façade. Tois partis du centre gauche au centre droit verrouillent les élections et se font dicter leur politique par l'UE. Une UE qui casse toute protection sociale pour les citoyens, entraînant un appauvrissement et une augmentation des inégalités, tout en leur offrant des minimums vitaux pour éviter toute révolte. Là encore, toute ressemblance avec la réalité...
Un roman essentiel pour saisir les enjeux à venir ?
D'après des interviews de Bastien Gouly, le livre a été écrit entre 2015, puis repris en 2022. L'auteur a donc eu la perspicacité des événements actuels. C'est assez cocasse de voir qu'il imagine la mainmise politique du pays par une "alliance de modérés", ayant écarté les oppositions du pouvoir grâce à l'UE. Il assure ne pas être voyant et ne pas jouer à ce jeu-là en proposant son roman. Il souhaite "nourrir la réflexion". Quand on le lit, c'est certainement plus que cela : il est terrifiant par la plausibilité des événements. Un roman probablement dérangeant. En tout cas, il marque les esprits. Et comment ne pas voir une certaine clairvoyance par rapport aux derniers événements politiques et sociétaux ? Un dernier exemple : la Belgique veut désormais proposer la fin de la mention du sexe sur les papiers d'identité. L'auteur évoque brièvement ce sujet, prévoyant la reconnaissance officielle du sexe neutre. Peut-être que la Belgique s'est inspirée de Décadence...
Décadence chez L'Harmattan est disponible en librairies et en ligne sur des sites comme Fnac, Amazon ou Rakuten.