mardi 8 décembre 2015 - par Lem Civa

La guerre sous anesthésie

Les attentats du 13 novembre auraient dû pousser la classe politique française - et européenne - à faire son introspection sur le modèle d’immigration et d’intégration en vigueur depuis près de 50 ans. Mais rien de tel. Comme d’habitude, on va essayer de régler le problème dans l’urgence, pardon, dans l’état d’urgence.

Il faut dire que ce modèle fait l’objet d’un beau consensus gauche-droite.

A gauche, on est dans l’habituel angélisme post-rousseauiste qui sous-tend le rêve d’une nouvelle société multi-culturelle faite de brassage, de métissage et d’enrichissement mutuel. C’est la belle histoire que nous servent à peu près dix fois par jour les grands médias aux heures de grande écoute. Même si une majorité de braves Français semblent y croire, ou au moins essayer, ce n’est visiblement pas le cas d’une partie non négligeable de la population d’origine étrangère qui est pourtant concernée au premier chef.

C’est Malek Boutih qui a tiré le premier le signal d’alarme dans un rapport intitulé « Génération radicale » remis à Manuel Valls début juillet 2015. Le député et PS de l’Essonne et ancien président de SOS Racisme y parle d’une génération « prête à basculer » (1). Bien entendu, ce rapport a été immédiatement descendu en flammes par la presse de gauche (Le Monde, Le Nouvel Obs) et enterré comme il se doit.

La gauche assiste donc – incrédule – à l’effondrement de son rêve alors qu’un nombre croissant de jeunes « Français » de la deuxième génération se tournent vers un islam de plus en plus radical.

 

A droite, c’est la schizophrénie qui guette. Alors que de nombreux leaders donnent des coups de menton sur les estrades et payent de mots leur électorat crédule sur la question de l’immigration, le libéralisme, l’économie et les milieux d’affaires continuent de réclamer une main d’œuvre abondante et bon marché, et ne dédaignent pas les clandestins qui présentent l’avantage d’être taillables et corvéables à merci. Un grand nombre est employé dans les secteurs ou la pénibilité est la plus grande comme le bâtiment ou l’hôtellerie-restauration (2).

Les 30 000 reconduites annuelles à la frontière fièrement brandies par Nicolas Sarkozy pendant sa présidence sont la plus belle illustration de cette esbrouffe électorale, puisque n’importe quel clandestin « reconduit » peut facilement retenter sa chance dans l’heure suivante.

 

Si la gauche a une vision presque romantique de l’intégration (le grand brassage), la droite a quant-à-elle naïvement crû que l’intégration économique engendrerait quasiment mécaniquement une intégration culturelle. Ce n’est pas entièrement faux (ni entièrement vrai), malheureusement l’intégration économique a elle-même connu de sévères ratés.

 

Ne nous y trompons pas, les perquisitions et les assignations à résidence permettront peut-être d’éviter de nouveaux attentats dans un futur très proche - mais rien n’est réglé. La classe politique continue de se comporter comme si le problème allait finir par se solutionner de lui-même, comme si l’intégration allait bien finir par fonctionner. Les médias nous en remettent donc une grosse couche sur le « pas d’amalgame » et le « vivre ensemble ». Et en attendant, il n’y aurait qu’à balancer quelques bombes sur Daesh…

 

1 – cf. rapport Malek Boutih :

http://www.boutih.fr/wp-content/uploads/2015/07/G%C3%A9n%C3%A9ration-radicale.pdf

2 – cf rapport de l’OCDE

http://www.observateurocde.org/news/archivestory.php/aid/86/O_F9_travaillent_les_clandestins_.html



3 réactions


  • Plus robert que Redford 8 décembre 2015 12:06

    Bon,...

    C’est un constat plutôt bien tourné en bon français (ce qui se fait rare...)

    Mais au-delà de l’enfonçage de portes ouvertes,

    Quelles sont vos réflexions

    Oserions-nous vous demander des propositions ???


  • Sarah 8 décembre 2015 12:31

    Comment se fait-il que chaque génération d’immigrés non européens ou musulmans soit moins intégrée que la précédente ?


    Il y maintenant des quartiers en France qui sont plus islamisés que n’importe qu’elle ville d’Afrique du Nord et vivant à part du reste du pays, avec leurs propres lois officieuses.


  • leypanou 8 décembre 2015 19:01

    « puisque n’importe quel clandestin « reconduit » peut facilement retenter sa chance dans l’heure suivante. » : il a été reconduit où ? aux Baléares ? à Lampedusa ?


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