lundi 19 janvier 2015 - par Robert Branche

La gueule de bois de la dépense publique ou la nécessité de sortir d’une addiction française

Nous sommes collectivement drogués à la dépense publique et à la centralisation. Il est plus que temps d'en sortir !

Certains matins, je me lève, probablement comme vous, avec une solide gueule de bois. Trop fait la fête la veille au soir, trop de mauvaises habitudes aussi probablement. Alors je me traine lamentablement. Envie de rien, même sortir du lit est un cauchemar, se faire un café un chemin de croix. Souvenir de la veille, des rires et des chants, de l’alcool qui a coulé à flot, de cette cigarette acceptée, puis d’une autre. Combien ? Tout est flou.

Selon le dicton populaire, il faut soigner le mal par le mal. Devrais-je ouvrir une bouteille ? Pas raisonnable. Finalement, je m’extrais petit à petit de ce brouillard. L’énergie revient lentement, le mouvement renaît, et la cafetière cesse d’être un obstacle…

Jusqu’à la prochaine soirée où je replongerai. Pourquoi se priver de ces moments de convivialité ? À cause des gueules de bois du lendemain ? Pas de raison, du moins tant que je ne dérape pas, tant que je ne cours pas après une escalade des doses. Sinon, bienvenue au pays des addictions dangereuses, sur la pente savonneuse de la descente aux enfers où la gueule de bois ne cesse plus et devient un état permanent. Jusqu’à la dose finale, la dernière. Un verre de trop…

La gueule de bois

Depuis tant de matins, la France se lève avec une solide gueule de bois. Depuis tellement d’années qu’elle fait la fête grâce à la dépense publique. Quand elle a un problème, c’est sa recette miracle. Trop de chômeurs ? Qu’à cela ne tienne, on va augmenter les allocations. Pas assez de logements ? Qu’à cela ne tienne, on va inventer une aide fiscale de plus. Trop de pauvreté ? Qu’à cela ne tienne, on va augmenter les allocations. Combien de verres de dépense publique avons-nous bus ? Impossible de les compter. Tout est flou.

Et la France sait appliquer le diction populaire : elle soigne le mal par le mal. Si elle a la gueule de bois, s’il n’y a plus assez d’emplois, si tous les déficits explosent, si la dette est abyssale, c’est parce que la dépense publique est insuffisante. Un peu plus de dépense publique, et vous verrez, mon bon Monsieur, la croissance va repartir et nos problèmes avec. Allez encore un petit verre, et Madame la France, vous vous sentirez mieux !

Oui, mais, Madame la France, voilà déjà longtemps que vous avez dépassé la dose admissible. La dépense publique, c’est votre drogue, votre héroïne, votre shoot. Vous êtes groggy, et vous errez dans les avenues de la mondialisation. Vous êtes dépendante, vous ne savez plus diminuer la dose. Et pourtant il va falloir. Non, vous ne croyez pas ? C’est vrai que votre addiction est telle que vous ne percevez même plus les dégâts.

Au pays des trous magiques

Alors asseyez-vous un moment, Madame la France, et écoutez-moi. Je vais vous raconter une histoire dans laquelle vous allez peut-être vous reconnaître. Du moins, je l’espère. Car voyez-vous, Madame la France, cette histoire, c’est la vôtre. La nôtre, puisque moi aussi je suis Français.

Laissez moi commencer par vous parler du miracle des trous. Il était une fois un pays qui avait un très grave problème de chômage. Pourquoi ? Parce qu’il n’y avait plus assez d’activité. Alors le Président de ce pays qui était un homme très sage et très puissant, eut une idée : il créa deux entreprises, l’une qui creusait des trous, l’autre qui les bouchait. Il mit à la tête de chacune un homme de confiance. Et le miracle advint : plus la première se développait, plus la seconde avait du travail. Et réciproquement. En un rien de temps, le chômage fut résorbé. Partout on creusait, partout on bouchait.

Oui, à votre regard, je vois bien que vous trouvez mon histoire stupide, et que vous pensez que je me moque de vous. Tout le monde sait bien que l’économie réelle ne se développe pas ainsi. Pour que le chômage baisse durablement, l’activité des entreprises d’un pays doit créer une valeur réelle. Or creuser des trous pour les reboucher, cela n’en crée pas. Vrai. Mais laissez-moi maintenant vous parler de quelques exemples issus de ce qui se passe dans votre pays.

Les ronds-points ou les œuvres d’art inaccessibles

D’abord, parlons de vos ronds-points. Je sais, ce n’est pas bien important, et finalement ce qui est dépensé dans les ronds-points, c’est peu de chose. Mais attendez donc d’écouter ce que j’ai à vous dire. Au milieu de ces ronds-points, on trouve selon les cas, des mini-musées, des succédanés de jardin public, ou des constructions indéfinissables. Toutes ces œuvres ont une caractéristique commune : elles sont inaccessibles, puisque des voitures tournent constamment autour. C’est le propre d’un rond-point, non ? Alors pourquoi diable les avoir mises au milieu ? D’autant plus que souvent, à cause de ces superstructures, on ne voit plus l’autre côté, ni donc l’arrivée éventuelle d’une voiture, limitant ce qui est la raison d’être d’un rond-point, la sécurité.

Cet argent qui est mis dans les ronds-points, ne croyez-vous pas qu’il serait plus utile ailleurs ? Je vous laisse choisir : dans les écoles, la justice, les prisons… ou alors dans la poche des Français. Comment peut-on penser que de telles dépenses publiques puissent être créatrices de valeur ? Finalement avec vos ronds-points, vous n’êtes pas si loin de la folie des trous…

Les puits sans fond

Abandonnons les avec leurs œuvres d’art inutiles, et parlons de la formation professionnelle. Savez-vous Madame la France que vous dépensez vingt-cinq milliards d’euros de plus que des pays comparables pour ne pas avoir des salariés formés ? Vous trouvez cela normal. Le député Nicolas Perruchot, lui, a un avis catégorique : sa réponse est non. Et son avis est fondé, puisqu’il a rédigé un rapport parlementaire sur le sujet. Vous n’êtes pas au courant ? C’est vrai que ce rapport n’est jamais sorti. D’habitude, les rapports chez vous, on les enterre une fois qu’ils ont été publiés, celui-là était tellement un brulot que l’on a empêché sa parution. Heureusement que le journal Le Point a réussi à en avoir un exemplaire et l’a mis en ligne. Instructif. Bel exemple de gaspillage d’argent public… qui n’est pas perdu pour tout le monde. À ce cher, très cher, très très cher paritarisme. Les syndicats patronaux comme des salariés se nourrissent à sa sève juteuse. Une autre entreprise de trou, non ?

Et que dire du logement. Année après année, les aides fiscales viennent s’ajouter les unes aux autres. À chaque fois, plus intelligemment pensées et articulées. Normal avec autant d’experts ayant officié sur leurs fonds baptismaux. En plus, il y a des offices HLM, et des lois pour contraindre à la création de logements sociaux. Et je ne parle pas de la profusion des normes. Résultat : de moins en moins de logements, de plus en plus chers. Là encore vingt-cinq milliards d’euros au bas mot qui partent en fumée. Perdus dans les airs. Un autre trou…

Allez, je ne résiste pas à vous parler de la dernière perle publique : le musée des Confluences de Lyon. Avec son budget initial multiplié par cinq, il est un sérieux candidat pour le Guinness des records du plus grand dérapage de la dépense publique ! À l’arrivée, plus de trois cents millions d’euros d’investissement, soit le double du coût de musée Guggenheim de Bilbao, et un déficit de fonctionnement de quinze millions d’euros par an. Pas mal, non ? Reste à espérer des retombées exceptionnelles. Mais il est vrai que l’on ne pourra pas y aller en voiture, puisqu’il n’y a pas de places de parkings de prévues. Normal puisque des technocrates en chambre ont décidé que l’on n’y accèderait qu’en transport en commun. Pas mal pour un musée situé au bord d’une autoroute, non ? Quel beau trou !

Le mirage de l’homme miracle

Je pourrais multiplier les exemples à l’infini. Chez vous, Madame la France, l’argent public, on a un peu tendance à le gaspiller. Un peu comme dans les lampes à incandescence, versus les lampes LED : elles chauffent et éclairent moins bien. Si seulement vous arriviez à passer à un service public LED : un meilleur service pour un moindre coût !

À part la dépense publique – et vous allez voir que cela va de pair –, vous avez une autre drogue : l’homme ou la femme miracle. Votre histoire en est jonchée, et vous ne pouvez pas ne pas en être nostalgique : Louis XIV, Napoléon, De Gaulle pour ne citer que les plus fameux. Vous oubliez très vite leurs mauvais côtés, pour ne plus vous rappeler que du meilleur. Qui vous en voudrait ?

Seulement du coup, dès que vous rencontrez un problème – et en ce moment, vous êtes gâtée de ce côté-là ! –, vous en appelez à un homme ou une femme miracle. Un sauveur, un Zorro politique qui, de la pointe de son épée, va tout résoudre. C’est une deuxième drogue qui va de pair avec celle de la dépense publique. Car ce sauveur, vous l’imaginez tout puissant, décidant de tout, capable de savoir quels seront les investissements d’avenir, comment arrêter les gaspillages publics, quel devrait être le programme d’enseignement de la maternelle jusqu’aux études supérieures, sans oublier le travail manuel et la relance de la culture. Un magicien à qui, de bon cœur, vous allez confier encore un peu plus vos économies.

Les méfaits de la centralisation

Simplement dans notre mode hyperconnecté, où les incertitudes ne sont plus locales mais se propagent d’un bout à l’autre de la planète en une fraction de seconde, où les entreprises fonctionnent de plus en plus en réseau, où démêler les fils des interdépendances est un leurre, comment un seul homme pourrait-il faire les bons choix ?

L’idée d’être sauvée en remontant des barrières et des protections autour de vous, ne marche que dans le village gaulois d’Astérix. Les connexions sont trop profondes, fines et entrelacées pour qu’un tel isolement soit réaliste. Et n’oubliez pas qu’en plus, Astérix dispose d’une arme que vous n’avez pas : la potion magique !

Non, Madame la France, comprenez que c’est dans la décentralisation que se trouve la réponse à vos maux les plus profonds. D’ailleurs cet homme miracle, que vous rêvez de voir revenir, le Général de Gaulle, il l’avait lui-même compris. Car en 1969, c’est ce qu’il voulait entreprendre. Mais vous ne l’avez pas laissé faire, et l’avez remercié. Si seulement vous lui aviez fait confiance, peut-être aurait-il construit cet État recentré, fort et ramassé qui vous est nécessaire. Et aujourd’hui paradoxalement, c’est à lui que vous aimeriez confier les clés, mais non pas pour mettre en œuvre cette décentralisation, mais pour vous sauver comme il l’a fait en 40, 45 ou 58…

Sortir du dilemme du prisonnier

Madame la France, non seulement vous êtes droguée à la dépense publique, non seulement vous êtes la reine des trous, non seulement vous êtes la championne de la centralisation inefficace, mais vous jouez bien maladroitement au dilemme du prisonnier.

De quoi s’agit-il ? De l’histoire classique des deux malfrats qui viennent d’être arrêtés, car suspectés d’un cambriolage. Le commissaire de police est convaincu qu’ils ont fait le coup, mais il ne dispose d’aucune preuve. Aussi fait-il pression sur chacun des deux pour qu’il se dénonce, ce avec une carotte à l’appui : le premier qui parle aura sa peine divisée par deux. Si les deux se taisent, ils repartiront libres. Oui, mais si l’un parle, mieux vaut être le premier… Alors parler ou ne rien dire ? Le choix va dépendre de la confiance que chacun a en l’autre.

Madame la France, quand je regarde la relation chez vous entre systèmes public et privé, j’ai l’impression que l’on y joue à ce jeu-là, et sans faire confiance à l’autre : Les chefs d’entreprises et les cadres du privé se plaignent du secteur public, et les dénoncent volontiers ; les responsables publics critiquent sans cesse le privé, et inventent chaque jour de nouvelles règles et lois pour le contraindre.

Et si on changeait la règle du jeu, et si l’on pariait sur la confiance ?

Car voyez-vous, Madame la France, il n’y a ni gentils, ni méchants. Les fonctionnaires, les ouvriers, les cadres supérieurs ou les chefs d’entreprises ne sont pas des hommes et des femmes à abattre. Tous les politiques ne sont pas pourris.

Tous ensemble ils vous construisent, Madame la France. C’est avec eux, tous ensemble réunis, que vous réussirez ou échouerez.

Sortez vite par le haut du dilemme du prisonnier, et apprenez à chacun à faire confiance à l’autre. Pour cela, une urgence : recréer du lien entre eux… et sortez de votre addiction à la dépense publique et à la centralisation.

Il est plus que temps. 



27 réactions


  • howahkan Hotah 19 janvier 2015 09:11

    vieux discours du temps de Milton Friedman, des années 70 le mensonge ne s’arrête jamais, il faut l’arrêter.........

    principe simple le collectif n’existe pas.....................

    ce principe appliqué a tout l’univers fait disparaître TOUTE la matière instantanément...

    some people absolutely and urgently need a reality check up....


    • Robert Branche Robert Branche 19 janvier 2015 11:46

      Je crois que vous avez mal lu mon article : je ne suis pas contre la dépense publique, mais contre la dépense inutile. De plus il faut la limiter car elle aboutit à une centralisation qui est contreproductive.


    • mmbbb 20 janvier 2015 09:13

      @ Par howahkan Hotah Le collectif n’existe pas c’est absurde et pour une fois je trouve l’article de Mr Branche pertinent Il met en exergue cette problematique assez simple : l’innéfficacité de la dépense publique Vous devriez quand meme lire les differents rapports e la cour des compte qui corroborent les propos de l’auteur  .Au printemps 2014 cette institution publiait un rapport sur l’education nous sommes un des pays de l’OCDE qui dépensons le plusavec des resultats moyens voir l’article sur Nabum et son artcicle sur la maintenance des ordinateurs ; edifiant cette gestion de cette institution  Quant a la formation professionnelle Attali l’avait signale dans son rapport ce sont des fonds qui servent a gaver les divers syndicats patronnaux et salariaux et il faudrait remettre le tout a plat Enfin argumentation complementaire a l auteur Hollande a augmente la fiscalite comme jamais  et cette annee 2015 ne verra pas décroitre le chomage N’ y a t il pas de lien de cause a effet Les francais se levent le matin pour payer impots taxes et autres Le tout est englouti dans des frais de fonctionnement Je connais tant de personnnes qui pourraient employer et qui se refusent de le faire La croissance Hollande peut toujours l’attendre et la France se complaire dans son marasme . Certains francais nourris a la mamelle de l’etat, et de  crier halte a l’ultraliberalisme et feignent de ne pas voir qu’il est quand meme important de remettre de l’ordre dans cette depense publique.Quant a l’auteur j’habite pres de Lyon le musee des confluences est l’archetype du projet ou le contribuable est pris pour un con et in fine c’est quand meme une arcitecture en demi teinte La renovation de l’opera de Lyon par Nouvel avait vu son budget initial explose en vol.


  • Gabriel Gabriel 19 janvier 2015 09:51

    Encore une fois Monsieur Branche vous restez figé dans de vieux concepts, les mêmes qui nous ont amené aujourd’hui à la paupérisation des citoyens. Comment vous en vouloir, lorsque l’on regarde votre parcours, vous êtes formaté comme les soi disants élites qui nous gouvernent depuis 30 ans et nous ont conduit dans le marasme actuel dans lequel nous sommes. Pas un mot de votre part sur la mauvaise répartition des richesses, sur le fait que 1 % d’une certaine caste possède autant que les 99 % des citoyens de cette planète. Ne voyez vous pas là un malaise ? Oubliez les vieilles recettes libérales qui fabriquent des pauvres et des terroristes et réfléchissez à des solutions humaines qui placent l’homme et sa planète au centre de toutes décisions au lieu de penser production, consommation, économies et rendement...


    • Robert Branche Robert Branche 19 janvier 2015 11:49

      Non je ne crois certainement pas être resté figé dans de vieux concepts, au contraire ! Il s’agit de comprendre le nouveau mode de fonctionnement des organisations, pour en tirer parti et utiliser efficacement l’argent géré par le système public.

      Ensuite, je ne peux pas aborder en un article tous les sujets. Donc effectivement je n’y parle pas de la concentration des biens dans un nombre de plus en plus limité de personnes. Il faut effectivement lutter contre. Mais c’est un autre sujet (cela relève par exemple d’une reforme fiscale en profondeur et d’une refonte de notre système éducatif)

  • Phoébée 19 janvier 2015 10:02

    ’ Pour que le chômage baisse durablement, l’activité des entreprises d’un pays doit créer une valeur réelle. ’

    .

    Il ne vous est jamais venu à l’esprit quand laissant délocaliser nos industries, pendant que l’immigration augmentait on faisait exploser la dette publique ?


    • Robert Branche Robert Branche 19 janvier 2015 11:51

      Certes, mais cela n’a rien à voir avec l’objet de mon article, qui porte sur l’absurdité de bon nombre de dépenses publiques.

      Par ailleurs, il faut reformer en profondeur le système français pour mettre fin à l’hémorragie industrielle (ce qui suppose d’ailleurs une dépense publique efficace, sinon on prélève pour rien...)

    • mmbbb 20 janvier 2015 12:19

      @Par Phoébée Et oui c’est un choix de societe mais cette immigration a un coup tres eleve le tabou commence a etre leve surtout le cout de cette immigration dite induite Les immigres ont raisons de venir puisque nous leurs imposont aucune contrainte ou presque mais a contrario de votre argument on ne parle tres peu des emigres c’est normal puisqu en France l ideologie prime et que la plupart des francais s’en foutent et preferent pleurnicher sur l’affaire leonarda Je comprends aisemment les personnes qui se tirent de ce pays mais cette equation ne sera pas tenable ad vitam aeternam Les perpectives de notre pays en 2015 sont calamiteuses Hollande tout athee qui soit devra aller deposer un cierge a notre dame est faire peut etre une priere


  • agent ananas agent ananas 19 janvier 2015 10:28

    Ben oui quoi... Après on s’étonne que l’on a pas assez de fric pour payer la dette aux banques (le bonus des banksters) et que l’on est obligé d’aller faire la manche en Arabie Saoudite et au Qatar pour financer nos guerres coloniales. smiley


  • Pascal L 19 janvier 2015 10:43

    La dépense publique peut être un moyen de redistribuer les richesses. Si nous réduisons la dépense publique, les inégalités augmenteraient encore. Il y aurait plus de riches et beaucoup plus de pauvres qui finalement représenterait une menace pour les riches…


    Le problème n’est pas la dépense publique, mais la création de richesse préalable à la redistribution qui est en panne. Là encore, la dépense publique pourrait être un moyen de créer des richesses, mais la théorie économique majoritaire (néoclassique) le refuse. En laissant cette activité aux banques, celles-ci ont préféré utiliser la création monétaires pour des usage beaucoup plus court terme. La vraie création de richesse se fait par des investissements longs, parfois plus de 10 ans et le remboursement du capital et des intérêts pendant ces années tue l’investissement.
    Il serait tout à fait possible de mettre la monnaie créée en contrepartie des investissement sans demander de remboursement, mais pour l’instant, toute la classe politique s’y oppose.

    On nous parle aujourd’hui de créer de la monnaie pour faciliter le remboursement des dettes, mais je trouve absurde de ne pas utiliser cette monnaie pour faire des investissements et donc augmenter la richesse du pays. Je crains que ces sommes disparaissent dans un puit sans fond et profitent toujours aux mêmes personnes.

    • Robert Branche Robert Branche 19 janvier 2015 11:53

      Le point que vous abordez est un autre point que celui que je traite dans mon article : je parle du danger d’avoir une dépense publique inefficace, car cela détruit de la valeur.

      Il y a par ailleurs tout le sujet de la redistribution des richesses qui en est un autre.

    • Pascal L 19 janvier 2015 13:02

      En fait, si l’Etat est incapable de relancer l’investissement, la dépense publique inutile reste un moyen de limiter la casse sociale. Si vous mettez au chômage tous les salariés qui ne font pas un travail utile, vous devez augmenter le financement du chômage car il ne retrouveront pas de travail. Les budgets sont des vases communicants et les travaux inutiles masquent la taille du gouffre dans lequel nous nous trouvons. La seule solution passe par la relance de l’investissement qui peut créer un déplacement des populations vers les nouveaux projets. Cela demande un peu plus que déplacer des budgets. Cela remet en cause l’idéologie économique actuelle et le fonctionnement même de la monnaie qui est loin d’être un simple outil de mesure des flux comme on essaie de nous le faire croire.



    • Robert Branche Robert Branche 19 janvier 2015 14:53

      Non un travail inutile détruit de la valeur, ou alors il suffirait de creuser des trous pour les reboucher ! Car n’oublions pas que l’argent public est prélevé dans l’économie, soit auprès des particuliers, soit auprès des entreprises, et l’un et l’autre en feraient meilleur usage...


    • Pascal L 19 janvier 2015 16:40

      Je dirais plutôt que le travail inutile augmente l’entropie, mais c’est ma déformation de scientifique. On est d’accord pour dire que cet argent est prélevé dans l’économie réelle et qu’il serait mieux employé à créer de la richesse. 

       Le problème que je vois est qu’il n’y aurait pas plus de richesse créée si l’Etat rendait cet argent. J’ai déjà eu l’occasion, comme créateur de start’up, de méditer sur le processus de création de richesse et le moins que l’on puisse dire est que ce processus est en panne. Il est en panne, non qu’il n’y a pas de monnaie disponible, mais que celle-ci utilisée pour des pseudo-investissements très court terme largement plus rentables que la création de richesse.

      Nos économistes, en défendant systématiquement les lois de l’économie néoclassique, ont mis en place un système où la variable d’ajustement est le chômage de masse. C’est une forme de suicide. L’économie néoclassique favorise plus la prédation que la création de richesse.

      Donc entre enrichir des travailleurs à rien faire ou enrichir des actionnaires qui n’en font pas plus, je préfère largement la première solution car elle diminue malgré tout les déséquilibres, maintien un peu la paix sociale et calme les ardeurs des prédateurs.

      Mais évidemment, si nous changeons les règles de fonctionnement de la monnaie, mon point de vue pourrait être différent. Il est difficile de demander aux prédateurs de se tirer une balle dans le pied.

    • Robert Branche Robert Branche 19 janvier 2015 16:48

      « Donc entre enrichir des travailleurs à rien faire ou enrichir des actionnaires qui n’en font pas plus, je préfère largement la première solution car elle diminue malgré tout les déséquilibres, maintien un peu la paix sociale et calme les ardeurs des prédateurs. »


      Le problème, c’est qu’avec plus de dépense publique improductive, on n’enrichit personne, puisque l’on appauvrit la collectivité, et rapidement on ne peut plus payer cette dépense publique.
      Donc il vaut mieux ne pas prélever cet argent et le laisser dans les mains des acteurs privés - personnes physiques ou sociétés -, qui en feront un meilleur usage. 
      Reste ensuite à s’assurer que les règles de marché conduisent les acteurs privés à aller vers les meilleurs choix, mais sans décider pour eux. Cela pose essentiellement a question du système fiscal et des règles communes (notamment le système juridique)

    • hunter hunter 19 janvier 2015 17:11

      Travail utile :
      Celui qui cultive la Terre et nourrit les autres (ok aussi éleveurs, etc), si possible sans abuser des merdes made in productivisme.
      Celui qui échange ses connaissances, pas forcément pour de l’argent.
      Celui qui soigne ses pairs.
      Celui qui dans son labo espère un jour libérer l’humanité de ses servitudes, en particulier l’énérgétique.
      Celui qui lutte comme il peut, contre ici un barrage à la con, là un aéroport à la con.
      Celui qui utilise une force pour éviter que tout le monde s’étripe à chaque coin de rue, pour un regard bizarre, un rire étrange.....
      Celui qui imagine créer, distrait (intelligemment si possible), l’artiste le poète, le créateur, l’artisan, celui qui à « les mains d’or » comme disait ce vieux Nanard le stéphanois

      Travail inutile : tout le reste, soit 85% du monde actuel, tertiarisé, peuplé de « con sultants », de publicitaires, de parasites en tout genre.....

      Votre monde et ses concepts, est en train de mourir Monsieur Branche, je vous l’ai déjà dit ici il y a quelques temps !

      Vous pourrez essayer d’utiliser toutes les techniques du Docteur de Mary Shelley, c’est vain...ce n’était qu’un roman, bon certes, mais juste un roman !

      Cessez d’utiliser votre intelligence (que je juge aiguisée), pour tenter de faire croire que votre système est sauvable, et mettez-la plutôt au boulot pour le foutre en l’air complètement et créer autre chose !

      En fait votre système est déjà mort, mais comme il est énorme, il possède une énorme inertie, alors il bouge encore, mais ce ne sont que des arcs reflexes avant la fin complète, le pourrissement et le retour à la poussière !

      Eh vous savez quoi ? Bon débarras ! Même si cette mort va coûter très cher en sang et en larmes...espérons que les survivants respirerons enfin, loin de l’esclavage du salariat, de la productivité, du rendement, bref de l’atrocité absolure, de l’horreur sans nom de la dictature de la marchnadise !

      Adishatz

      H/


    • Pascal L 19 janvier 2015 18:05

      « Donc il vaut mieux ne pas prélever cet argent et le laisser dans les mains des acteurs privés - personnes physiques ou sociétés -, qui en feront un meilleur usage. »


      Il n’y a aucune raison objective pour affirmer que les acteurs privés feront un meilleur usage de cet argent. Je ne vois pas pourquoi un acteur privé ferait passer l’intérêt général avant le sien. Je vous conseille la lecture du livre « l’imposture économique » de Steve Keen si vous voulez comprendre en quoi les règles actuelles en économie sont nocives. L’économie néoclassique va bientôt disparaître comme à disparue l’économie marxiste et pour les mêmes raisons. Utilisez donc votre énergie pour imaginer les solutions de demain plutôt que d’essayer de faire survivre un système nocif. Vous trouverz sur Internet toutes les idées nécessaires, il reste encore à convaincre les politiques…

    • Robert Branche Robert Branche 19 janvier 2015 18:11

      Mais non justement l’intérêt général ne se décide pas du haut ! Au nom de quoi quelques fonctionnaires ou politiques seraient-ils capables de dire que ceci plutôt que cela c’est l’intérêt général. 

      Non, grâce au développement des réseaux et à l’accroissement de l’intelligence collective, l’intérêt général ne se décide pas a priori, mais est un processus émergent qui est la résultante des actions de tous les agents.
      C’est vous qui en êtes resté à l’ancienne vision.
      Ce à quoi il faut faire attention, c’est à limiter la puissance des grandes organisations pour assurer cette émergence.
      De plus à nouveau, souvent ce que l’on appelle « intérêt général » n’est qu’un gaspillage d’argent public : qui peut croire que construire des jardins inaccessibles au coeur des ronds-points, ou gaspiller 25 Mds € dans la formation professionnelle sans former les chômeurs et les travailleurs manuels, c’est l’intérêt général !

    • Pascal L 20 janvier 2015 09:14

      Je suis d’accord pour dire que l’intérêt général ne se décide pas d’en haut, mais pour faire autrement, il faut mettre en place une autre organisation.

      C’est un vieux rêve d’économiste de penser que la société peut s’organiser automatiquement sur un optimum, mais cela ne marche pas comme ça. Lisez-donc Steve Keen, il vous démontrera pourquoi ça ne marche pas.
      Je ne suis pas resté à l’ancienne vision puisque c’est mon métier de proposer des organisations alternatives pour les grands projets industriels. Le concensus ne se décrète pas. On peut toujours supprimer le rôle du maître d’œuvre dans l’industrie, mais il faut mettre en place un coordinateur. Et il faut que chaque partenaire s’engage par écrit sur ces propres objectifs, sanctions à l’appui. Sans cela, c’est la loi du plus fort qui règne en maître. Quand c’est bien organisé, le projet est beaucoup plus efficace ainsi.
      Il va s’écouler beaucoup de temps avant que ce type d’organisation puisse se créer au niveau d’un Etat.


    • Robert Branche Robert Branche 20 janvier 2015 14:06

      Certes, il faut aussi une organisation adaptée. C’est pourquoi au sein de Nous Citoyens, nous travaillons sur la proposition des organisations politiques de l’Europe, Etat, Région et Communes


    • Pascal L 20 janvier 2015 17:30

      Et je n’ai pas voté pour vous à cause des ambiguïtés sur le rôle de l’économie et de la monnaie. Il faudra clarifier vos liens avec la théorie économique néoclassique en vigeur aujourd’hui. 

      A ce propos, je ne résiste pas à l’envie de faire une citation de Steve Keen dans « l’imposture économique ». Steeve Keen cite Samuelson sur sa première phrase :
      • Paul A.Samuelson : « En partant de l’hypothèse que l’économie de marché maximise le bien être social, elle (l’économie néoclassique) conclut que cela n’est possible que si, en amont de toute opération de marché, une dictature redistribue les richesses… »
      • Réponse de Steeve Keen : « … Plutôt que d’utiliser l’économie néoclassique pour justifier les dictatures, le fait que la théorie néoclasique ait littéralement besoin d’une dictature pour faire fonctionner son modèle est une excellente raison pour l’abandonner » 



  • Robert GIL Robert GIL 19 janvier 2015 11:20

    Le principal serait d’utiliser l’argent a bon escient, plutot que le verser dans un puit sans fond. Malheureusement la vrai utilisation de cet argent nous ai soigneusement dissimulé ...
    .
    voir : BUDGET DE L’ÉTAT : 280 milliards d’euros . CADEAUX AUX ENTREPRISES : 230 milliards d’euros !


  • Vipère Vipère 19 janvier 2015 13:53


    Robert bonjour

    J’adore la « caricature » qui illustre votre article, rien que pour elle, on ne peut que se montrer magnanime avec le contenu, attendrie et complètement flagada devant le regard blasé de Médor qui semble avoir vu passer tellement de caravanes de gaspillage publique, sans rien voir tomber dans sa gamelle, qu’à la fin il ne lui reste plus aucune énergie pour aboyer. smiley



  • Vipère Vipère 19 janvier 2015 13:59


    Médor, c’est fait ! passons à la suite....

    « Envie de rien, même sortir du lit est un cauchemar, se faire un café un chemin de croix. Souvenir de la veille, des rires et des chants, de l’alcool qui a coulé à flot, de cette cigarette acceptée, puis d’une autre. Combien ? Tout est flou. »

    Invesstissez dans une machine à café automatique !

     Même dans le brouillard matinal, les accro ont droit à leur dose. Il suffit d’appuyer sur le bouton, pour peu qu’on ait mis du grain et de l’eau al veille dans l’appareil, of course ! smiley



  • eau-du-robinet eau-du-robinet 19 janvier 2015 15:36

    Bonjour Robert,
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    Il y à certes les dépenses publics inutiles, et ils sont nombreuses, par exemple l’écotaxe des poids lourds avec 830 000 million d’euros à rembourser ... une facture salée pour les contribuables, qui contribuent en partie à notre dette publique, mais seulement en partie !
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    Mais il y à surtout la loi du 3 janvier 1973 la dite « loi Rothschild ».
    La loi du 3 janvier 1973, qu’on connait sous le nom de « loi Pompidou-Giscard » ou encore « loi Rothschild » est fortement décriée actuellement, accusée d’avoir mis fin à la possibilité pour l’État d’emprunter directement auprès de la Banque centrale, c’est à dire à des taux bas voire 0% !
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    Les impôts que les français payent sur les revenues, environ 55 milliards d’euros / ans ( chiffre année 2012) partent chez des banques privées en payant les intérêts sur la dette publique. Ses impôts finissant dans les poches des riches, et ne servent donc pas l’état ou l’intérêt général ! C’est une sorte de spirale d’endettement infernale qui finira par un crash ou la faillite de l’état français.
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    Cette loi du 3 janvier 1973 a été retranscrit dans le droit européen ou on la retrouve sous l’article 123 TFUE http://www.fichier-pdf.fr/2014/02/10/tfue/tfue.pdf&nbsp ; << page 53
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    Au total, 59% de l’actuelle dette publique proviennent des cadeaux fiscaux et des taux d’intérêts excessifs. http://www.audit-citoyen.org/?p=6291
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    La dette publique de la France s’élève à environ 2000 milliards d’euros en ce moment et la dette américaine elle s’élève à plus de 18 000 milliards de dollars !


  • TSS 19 janvier 2015 16:24

    Entre 2010 et 2014 (en pleine crise ?) les 1% les plus riches ont augmenté leur fortune

    de 600 milliards €,ils possèdent actuellement >48% de l’argent mondial.

    Les 20% les plus riches possèdent 95% de tout l’argent du monde ,les 80% restant se

    partagent les 5% qui restent,tout le problème est là... !!


  • hunter hunter 19 janvier 2015 17:16

    oui TSS, résutat du culte rendu depuis des siècles à « l’avoir », et à l’oubli de ce que signifie « être » !

    Adishatz

    H/


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