jeudi 24 juin 2010 - par Christophe Certain

La morale sportive est soluble dans l’argent

La pathétique épopée de l’équipe de France en Afrique du sud nous rappelle une fois de plus que l’argent est en train de finir de dissoudre ce qui restait de cohésion et de valeurs morales dans la société dans laquelle nous vivons.

On commence à entendre des voix qui se lèvent en disant qu’on va laver le linge sale en France, et qu’ensuite, une nouvelle organisation de la fédération redonnera au foot ses lettres de noblesse et la dignité que lui accordent les amateurs.

En fait, sans être devin on peut prédire que cela ne changera rien. Car le problème aujourd’hui c’est que les joueurs ont d’autres chats à fouetter que de jouer pour l’équipe de France. Ils gèrent leur carrière, et l’unique chose qui compte c’est le pognon, point barre.

Quelle importance que des centaines de milliers de jeunes courent tous les dimanches sur les stades, encadrés par des milliers de bénévoles ? Le système marchand corrompt les meilleurs, puisque ce sont eux qui ont une valeur marchande, et c’est tout le système qui est corrompu, parce que les autres ont alors envie de profiter du gâteau eux aussi.

Les “valeurs du sport” sont une fable pour les enfants. Dès que les choses sérieuses commencent, la sportivité et le baratin restent au vestiaire, et c’est le carnet de chèque qui parle. On peut le regretter, mais certainement pas changer les choses, puisque ce sont les fantastiques sommes générées par ce business qui font tourner tout le système sportif, fédération et journalistes compris.

Qui peut croire qu’il y aurait d’un côté un sport “éthique” qui rassemblerait 95% des pratiquants et de l’autre 5% de brebis galeuses qui ne feraient du sport que pour l’argent ? Quelle blague ! Lequel d’entre ces gamins qui courent tous les dimanches refuserait un contrat dans un grand club ? Pas un seul. S’ils ne jouent pas dans un grand club pour des sommes pharamineuses c’est parce que personne ne leur a proposé ! Parce qu’ils n’ont pas le niveau. Seuls une infime minorité palpent, mais ce sont les plus doués, ceux que tout le monde envie !

C’est donc bien l’ensemble du système qui est perverti par l’argent et non pas quelques individualités comme on voudrait nous le faire croire. On va d’ailleurs pouvoir bientôt méditer à nouveau sur ce sujet avec le comique de répétition annuel du tour de France, avec peut-être la nouveauté cette année des moteurs électriques dans les vélos !



4 réactions


  • Gabriel Gabriel 24 juin 2010 10:17

    La perte de la responsabilité et la perte de la solidarité (due à l’obsession de l’argent) mènent à la dégradation morale, puisqu’il n’y a pas de sens moral là où il n’y a ni sens de la responsabilité ni sens de la solidarité.


  • Alpo47 Alpo47 24 juin 2010 10:27

    Le sport est un « grand cirque » et il faut que cela continue. Du moins, du point de vue du Pouvoir.
    La CDM est terminée pour nous, voilà qu’arrive le Tour de France, suivront d’autres compétitions... Amusons les gogos, « occupons leur cerveau », histoire de les empêcher de s’apercevoir que notre société est organisée au seul profit de quelques centaines de prédateurs.
    Que tout va plus mal et que demain sera pire qu’aujourd’hui...

    Toujours une grande obligation pour le pouvoir et ses zélés serviteurs : MAINTENIR L’ORDRE ETABLI .


  • Fergus Fergus 24 juin 2010 10:47

    Bonjour, Christophe.

    D’accord avec votre titre et la tonalité de votre article pour une... minorité de jeunes footballeurs. Très jeunes, les gamins comprennent qu’ils n’auront aucune chance d’accéder à un statut professionnel et au fric qui va avec. Pour une raison simple : le parcours passe, sous la houlette des directeurs techniques locaux, par les sélections en district (département) puis en ligue (région), et très peu de ces sélectionnés verront un jour s’ouvrir les portes d’un centre de formation pro. Les enfants le comprennent très vite et cessent dès lors de faire des rêves inaccessibles. C’est pourquoi les pourcentages que vous avancez ne reflètent pas la réalité : l’écrasante majorité des gamins jouent pour le plaisir et sans être bercés par des chimères.

    Fergus, 32 ans de pratique et 10 ans d’encadrement de jeunes.


  • zelectron zelectron 24 juin 2010 13:55

    Les romains avaient trouvé la solution* : la décimation ! (à notre époque elle peut être commuée en licenciements secs ou aménagés)
    * il n’y a pas que dans le foot que ça s’applique.


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