mardi 7 janvier 2014 - par Kookaburra

La parité - un pis-aller ?

Depuis une dizaine d'années, le choix a été fait du passage en force, par la loi, qui impose autoritairement la présence d'un nombre égal d'hommes et de femmes dans les instances politiques. Ce choix d'imposer autoritairement la parité est pourtant contestable et n'a pas fait l'objet d'un véritable débat politique. Parce que c'est une question hautement sensible sur laquelle aucun politicien oserait s'avancer. Néanmoins, les quotas ne sont pas toujours respectés - les partis politiques préfèrent encore payer.

Ce n'est évidemment pas le principe d'égalité qui est en question, mais le moyen utilisé pour y parvenir. Selon un principe fondamental de la république, un élu est censé représenter tous les citoyens, quels que soient sa couleur, son sexe, son âge, son origine sociale. Si l'on décide d'isoler l'un de ces critères, on ouvre la porte à toutes les revendications particulières. La parité institue deux catégories de citoyens distincts, les hommes et les femmes, alors que la modernité insiste sur l'indifférenciation des deux sexes dans les métiers et fonctions. Mais surtout, la parité forcée est humiliante. La loi enferme les femmes dans un statut de victimes auxquelles des postes doivent être réservés. Le sexe compte alors autant que la compétence.

L'évidente légitimité de la fin - l'égalité entre les hommes et les femmes - a fait oublier, et a même interdit, un débat sur la légitimité des moyens. Le politiquement correct a gagné aussi bien la droite que la gauche. Les élus masculins font mine de reconnaître le principe de parité comme aussi raisonnable qu'équitable. Mêmes les femmes n'osent pas critiquer le principe. Seule Elisabeth Badinter, dès le début, s'est opposée à la parité :

« Elle est à la fois une erreur historique et une grave atteinte à la tradition politique française. Le législateur a pris le problème de l'inégalité à l'envers. La véritable raison pour laquelle les femmes sont moins nombreuses que les hommes en politique, c'est qu'elles assument 80 % des tâches privées. Si l'on ouvre la boîte de Pandore de la « discrimination positive » en faveur des femmes, il est inévitable que d'autres communautés demandent à leur tour à bénéficier d'un quota de représentation dans les assemblées. D'ores et déjà plusieurs associations ont exigé des quotas dans l'audiovisuel. Soulignons enfin le mépris que la loi paritaire affiche pour la notion historique de mérite républicain. Je suis convaincue que dans leur immense majorité les Françaises préfèrent être choisies pour leur compétence plutôt que pour leur sexe. » 

Le principe de la parité est une réponse à un vrai problème : la misogynie régnant encore dans la classe politique française, un demi-siècle après que les femmes ont obtenu le droit de vote et d'éligibilité. Mais le moyen est trop rudimentaire. Ce n’est qu’un pis-aller qui, d’ailleurs, a eu une histoire assez mouvementée. Déjà en 1982, le Conseil constitutionnel casse une loi instaurant un quota, au nom de l'universalité des suffrages et de l'égalité des citoyens "sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents". Il faudra donc attendre 1998 pour qu'un projet de loi s'attaque à cet interdit constitutionnel. Lionel Jospin et Jacques Chirac sont mûrs pour un accord. En 1990, déjà, le Parti socialiste avait adopté la règle de 30% de femmes sur les listes électorales - longtemps restée lettre morte, mais c'était un effort. En 1994, Elisabeth Guigou soupire : "C'est un peu malheureux d'en arriver à imposer des quotas." En 1995, Lionel Jospin se dit décidé à avancer vers la parité. Parallèlement, Jacques Chirac, qui, en 1985, se refusait à "faire du sexisme à l'envers", puis en 1994 stigmatisait les quotas, change tardivement et brusquement de registre pour l‘approuver.

La parité est un objectif légitime, mais le moyen des quotas n'est pas satisfaisant. Il est humiliant pour les femmes. Jusque 2013, l’obligation de parité ne s’appliquait pas aux communes de moins que 3 500 habitants, mais depuis la loi du 17 mai 2013, c’est dans toutes les communes de plus de 1 000 habitants qu’elle doit être respecté, ce qui pose souvent des problèmes pour trouver des candidates.



11 réactions


  • Julien30 Julien30 7 janvier 2014 20:50

    Le sujet devrait simplement se limiter à déterminer quelle est la personne la plus compétente pour un poste au lieu de mettre en place cet égalitarisme anti-naturel forcené profondément contre-productif qui relève d’une idéologie malsaine que l’on retrouve pleinement dans la théorie du genre, bref la gauche en action.


  • jef88 jef88 7 janvier 2014 21:17

    GENIAL !
    La parité permet d’imposer des candidats à la botte des pontes de leur parti ! ! ! !


  • alinea Alinea 7 janvier 2014 22:20

    Kookaburra :
    j’espère que cette manière de vous répondre ne vous froissera pas.
    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-parite-131295


    • Kookaburra Kookaburra 8 janvier 2014 09:10

      Mais pas du tout Alinea, J’avais manqué (ou oublié) votre article. Je vois que nous sommes d’accord sur le sujet.


  • nemotyrannus nemotyrannus 7 janvier 2014 23:21

    Confondre égalité des droits et égalité du nombre , c’est complètement con.


    C’est laisser concevoir que hommes et femmes pensent différement par nature , ce qui est aussi complètement con.

    C’est faire un gros doigts d’honneur à l’idée de l’égalité des droit en disant que e sexe importe alors qu’il faudrait que ce ne soit PLUS une donnée pour que l’on parle vraiment d’égalité

    C’est une loi de passion , une loi déraisonnée , une loi pour l’image.

    Qu’ils engagent des robots , tiens , ce serait déjà plus égalitaire dans le principe.

  • claude-michel claude-michel 8 janvier 2014 09:06
    La parité - un pis-aller ?...La place de la femme est à la maison dans la cuisine..faire le ménage et la lessive (à la main..)..non je déconne..mais en quoi la parité changerait quelque chose en politique..Quand on voit celles qui sont en gouvernance on se dit en effet..la maison ce n’est pas si mal.. ?

    • Kookaburra Kookaburra 8 janvier 2014 09:16

      En effet, une des raisons pour la faible démographie en Allemagne est la persistance de la tradition Kinder, Küche, Kirche (enfants, cuisine, église) pour les femmes. Il y a peu de maternelles en Allemagne.


  • Fergus Fergus 8 janvier 2014 11:43

    Bonjour, Kookaburra.

    D’accord avec votre article : le principe de la parité imposée est quelque peu choquant car il dénie de facto la compétence avérée comme critère de choix, que ce critère conduise à un déséquilibre en faveur des hommes ou beaucoup plus rarement en faveur des femmes.

    La parité imposée n’en est pas moins une étape indispensable pour accélérer une évolution irréversible vers une parité spontanée qui n’aura plus besoin de carcan réglementaire mais qui, dans un pays comme le nôtre, mettrait des décennies à se mettre en place. Les pays scandinaves eux-mêmes, pourtant très progressistes en matière d’égalité des droits, sont passés par cette parité imposée.

    Meilleurs vœux pour 2014 !


    • Kookaburra Kookaburra 8 janvier 2014 12:15

      Bonjour Fergus. Vous avez sans doute raison que ce soit malheureusement un mesure nécessaire à cause des préjugés contre les femmes. C’est ce qu’on disait dès le début, et que ce serait un mesure temporaire, mais n’y a-t-il pas un risque qu’il devienne permanent ? Fallait-il être si rigoureux, 50 - 50 ? Tolérer quelques femmes ou hommes de plus, ne serait-il plus raisonnable ? Dans mon village de 2900 habitants, les têtes de liste se sont réduits à harceler les femmes pour faire le quota.

      Meilleurs voeux et bonnes discussions pour 2014 !


  • stereo 8 janvier 2014 12:45

    La parité ? Elle n’existe plus ! La preuve : le mariage pour tous !!!


  • Aldous Aldous 8 janvier 2014 13:11

    Ah, c’est fou tout de même ces femmes qui ne veulent pas aller dans le marais putride de la politique, qui ne veulent pas faite camionneuse, ramasseuse de poubelles, égoutière, maçonne, couvreuse, livreuse, chaudronnière, garagiste, bouchère...

    Faut les forcer à aimer l’égalitarisme !


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