La position réelle de Donald Trump à l’égard de l’UE, l’OTAN et l’Ukraine interroge
Les déclarations de Donald Trump pendant sa campagne électorale, tant par rapport au peu d’intérêt qu’il accorde à l’Europe et à sa volonté de lâcher en partie financièrement les Européens au sein de l’OTAN que l’Ukraine et son financement, interrogent. Mais, Donald Trump ne doit pas oublier les engagements USA au sein de l’OTAN, de même que ceux pour l’Ukraine qui a été envahie par la Russie.
S’il y a urgence de créer une vraie défense Européenne, il ne faut pas toutefois que Donald Trump ne se trompe de direction, tant pour l’OTAN que l’Ukraine
Si on se réfère à ses déclarations pendant sa campagne électorale, le nouveau président Américain Donald Trump ne semble guère accorder d’intérêt à l’Europe d’une façon générale et on peut le comprendre, vu les divergences des choix politiques au sein de l’U.E, mais aussi, avec sa volonté de « lâcher » en partie financièrement les Européens au sein de l’OTAN, on est en droit de s’interroger. Mais, bien que Donald Trump soit avant tout le président des Américains, il ne peut ignorer que son pays a des engagements précis de solidarité financière au sein de de cette organisation trans-Atlantique, y compris si l’UE mettait enfin en place une vraie armée Européenne, ce qui devient d’ailleurs une urgence... Par ailleurs, quoi qu’il pense de la guerre en Ukraine, c’est l’armée Russe qui a violé le droit international en intervenant militairement sur un territoire étranger et qui en occupe illégalement une partie, rendant définitivement caduque les accords de Minsk. Mais aussi, faut-il lui rappeler que son « ami » Vladimir Poutine viole de fait également les « accords de Budapest » signés en 1994 après la chute de l’URSS, lesquels stipulaient la dénucléarisation de l’Ukraine en contrepartie de la reconnaissance par la Russie de son indépendance sur ses frontières actuelles. C’est bien Vladimir Poutine qui, au nom de sa vision politique d’un nationalisme Russe conquérant, n’a pas respecté cet engagement, cependant signé il y a 30 ans par la Russie. Dès lors, un soutien indéfectible financier et militaire à l’Ukraine se traduisant par l’envoi de matériel, mais aussi la formation de militaires ne pouvait que s’imposer et se justifier, soutien qu’il faut poursuivre jusqu’à une solution de paix finale. Solution de paix par ailleurs évoquée à plusieurs reprises, mais encore faut-il s’interroger sur ce qu’entend Donald Trump par paix, sachant qu’un retour aux accords de Minsk ou un gel du total des territoires Ukrainien occupés par la Russie, soit en co - gestion Russo-Ukrainienne ou contrôle international paraît difficile, et même en cas d’accord sur de tels principes restera un brasier, avec les risque d’incendie que cela suppose...
De l’origine du Conflit Russo-Ukrainien à nos jours que ne devrait pas ignorer Donald Trump
En Ukraine orientale, le conflit entre l’armée ukrainienne et les séparatistes pro Russes du Dombass dans les régions de Donetsk et Louhansk, soutenus par Moscou, a commencé au printemps 2014 et n’a jamais pris fin. En 2021, la population totale de l'oblast de Donetsk s'élevait à environ 4,1 millions d'habitants, tandis que l'oblast de Louhansk avait une population d'environ 2,1 millions d'habitants. En avril 2014, les deux régions se sont proclamées républiques indépendantes de l'Est de l'Ukraine. Une jambe en Ukraine, l’autre en Russie. L’histoire du Donbass illustre parfaitement les raisons qui opposent aujourd’hui les deux nations. Géographiquement, le territoire est composé de trois régions appelées « oblasts » : Donetsk et Lougansk en Ukraine ainsi que Rostov de l’autre côté de la frontière en Russie.
En juillet 2014, alors qu’il semblait que l’armée ukrainienne allait reprendre tous les territoires qui échappaient à son contrôle, des tirs d’artillerie russes partis de l’autre côté de la frontière puis, en août, une véritable invasion russe ont stimulé les forces au sein du Donbass occupé, à savoir par les gouvernements des « républiques populaires autoproclamées de Luhansk et de Donetsk », faisant couler beaucoup de sang. Les « Accords de Minsk » qui étaient en fait des protocoles, moins précis et moins contraignants que des accords internationaux, ont été négociés en vue de parvenir à un règlement pacifique du conflit, mais la guerre se poursuit depuis.
Pour mémoire il y avait dans les faits deux accords de Minsk.
D’abord un mémorandum, signé en septembre 2014 puis un deuxième accord signé en février 2015, lors d’une phase aiguë des combats. Ce deuxième accord est la déclinaison pratique pour la mise en œuvre du mémorandum. Bien que la nature des accords de Minsk était parfois peu claire. les engagements pris étaient toutefois censés régler le conflit. Il prévoyait des choses très concrètes qui devaient être instaurées en bloc sur quatre grands sujets et les engagements pris étaient toutefois censés régler le conflit dans les régions de Donetsk et Louhansk (rien ne concernait la Crimée considérée désormais comme faisant à nouveau partie de la Russie). Un volet économique qui concernait notamment les relations bancaires et économiques entre les régions de Donetsk et Louhansk et le reste de l’Ukraine. Un volet humanitaire, avec la question des échanges de prisonniers et l'aide humanitaire. Un des deux gros morceaux était le volet sécuritaire, prévoyant un cessez-le-feu, des règles encadrant le déploiement d’armes lourdes.
La Russie devait rapatrier son matériel et ses mercenaires et veiller à ce que les formations militaires aient bien déposé les armes. L’établissement d’une mission de l’OSCE était mise en place pour vérifier l’application des accords. Le dernier volet, politique, contenait quatre points principaux : une loi sur l’amnistie que l’Ukraine devait adopter, prévoyant l’amnistie de toute personne ayant participé aux combats, sauf crimes particulièrement graves. Une révision constitutionnelle prévoyant la décentralisation et devant tenir compte de la spécificité des régions de Donetsk et Louhansk. Une loi spécifique sur les modalités de décentralisation pour ces deux régions. Une loi sur l’organisation d’élections locales dans ces deux régions afin que la décentralisation ne bénéficie qu’à des autorités locales légitimement élues. Enfin les accords prévoyaient que l’Ukraine retrouve le contrôle de sa frontière dans les régions de Donetsk et Louhansk (contrôlée de fait par les Russes). A lire : https://www.jean-jaures.org/publication/tout-ce-quil-faut-savoir-sur-les-accords-de-minsk-en-22-questions/
Aider financièrement et militairement l’Ukraine à se défendre jusqu’à une solution de paix exige toutefois qu’elle lutte avec rigueur contre la corruption. C’est l’une des conditions majeures.
Pour rappel, c’est surtout après que le 28 Janvier 2024, le SBU, principale agence de renseignement ukrainien, a mis en lumière un détournement majeur qui a eut lieu en août 2022, en pleine guerre face à la Russie, où des responsables militaires et des chefs d’entreprise du pays avaient détourné 40 millions de dollars en marge d’un achat d’armement.
Six mois après l’invasion russe, 100 000 obus de mortier commandés ne sont jamais arrivés en Ukraine, d’après le SBU. Ces fonds avaient été détournés par un haut responsable du ministère de la Défense et son prédécesseur, le dirigeant et le responsable commercial d'une société ukrainienne ainsi que le représentant d'une société étrangère se sont vus notifier un « avis de suspicion », dévoile le parquet général. À travers un communiqué, l’agence de renseignement explique avoir mené cette enquête avec le ministère de la Défense du pays. https://www.lejdd.fr/international/guerre-en-ukraine-kiev-denonce-une-fraude-de-40-millions-de-dollars-dans-lachat-darmement-141557
Déjà en Août 2023, le président Ukrainien Volodymyr Zelensky avait limogé tous les responsables régionaux chargés du recrutement militaire, pour des exemptions accordées contre rémunération.
Dans le cadre de sa demande d’adhésion à l’Union européenne, imposer la lutte contre la corruption à l’Ukraine est l’une des conditions majeures pour son éventuelle adhésion à l’Union Européenne. Dans le cadre de sa demande d’adhésion à l’Union européenne, c’était d’ailleurs l’une des conditions majeures que les 27 pays de l’UE lui avaient d’ailleurs imposer.
Il convient donc que les Etats Européens, les USAet les pays de l’OTAN apportent un soutien indéfectible à l’Ukraine et au gouvernement de Volodymyr Zelensky, car le Président Russe Vladimir Poutine ne semble connaître que le seul rapport de force par rapport à sa logique de pensée politique concernant certains territoires Ukrainiens, mais pas seulement. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’il serait impossible de trouver une solution équitable pour parvenir à la paix dans cette région.
Apporter un soutien indéfectible à l’Ukraine, pour à la fois faire comprendre à Wladimir Poutine que l’histoire d’un pays ne peut être interpréter à géométrie variable et imposer la paix.
Concernant l’histoire de l’Ukraine, depuis le début de la guerre qu’il a déclenchée en Ukraine, Vladimir Poutine n’a eu de cesse de reconstruire l’histoire en fonction de ses ambitions.
A cet effet quelques éléments pour lui rappeler, ainsi qu’à Donald Trump, que l’Ukraine n’a pas été historiquement toujours un territoire Russe et qu’aux XIIIe et XIVe siècles, c’était l'État le plus puissant de l'Europe orientale, surtout avec l'arrivée d'une immigration importante de commerçants juifs et arméniens, ainsi que des artisans allemands. Le royaume étendit son pouvoir en occupant Kiev. Ce fut l'âge d'or de la langue Rutène, d'où sont issus l'ancien ukrainien, l'ancien russe et l'ancien biélorusse.
Par la suite, le royaume de Galicie-Volhynie connut une période d'anarchie pendant laquelle la Pologne et la Hongrie tentèrent de prendre le contrôle du pays. Au XIVe siècle, la Pologne et la Lituanie commencèrent par s'affronter pour ensuite s'emparer de la Galicie-Volhynie et conclure un accord sur son partage.
À l'issue du conflit, la Pologne obtint la Galicie et une partie de la Volhynie, alors que le reste du royaume devint lituanien. Ainsi, l'ancien État kiévien (originaire de Kiev), qui n'était plus qu'un souvenir, se trouvait disloqué et partagé entre plusieurs États, Pologne, Lituanie, Moldavie, etc., subissant à la fois l'influence des langues polonaise et lituanienne.
Les Ukrainiens actuels considèrent la Galicie et la Volhynie comme des États précurseurs de leur pays, alors que les Russes les considèrent comme des États « Russes », et les historiens spécialisés comme des « Slaves orientaux » rappellent qu'étant donné qu'à cette époque les différences entre Russes, Biélorusses et Ukrainiens n'étaient pas encore apparues, et que les cosaques pouvaient être aussi bien Russes, Biélorusses et Ukrainiens, leur point commun étaient d'être orthodoxes et de lutter contre les Ottomans.
En 1569 eut lieu l'Union de Lublin, traité signé à Lublin en Pologne, qui unissait le royaume de Pologne et le grand-duché de Lituanie en un seul État. C'est alors que tous les anciens territoires de la Galicie-Volhynie devinrent polonais, ce qui créa à l'époque le plus grand État d'Europe. Ce traité de 1569 forma la République des deux nations sous un roi commun élu par les États des deux pays. Cette union durera jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, alors que les trois puissances voisines, la Russie, la Prusse et l'Autriche se partageront cet ensemble politique. Tous les territoires de l'actuelle Ukraine, dont Kiev, se trouvèrent sous tutelle polonaise, lituanienne ou ottomane.
À partir de 1654, la Pologne entra en guerre contre la Russie au sujet des territoires situés aujourd'hui en Biélorussie et en Ukraine. Elle ne réussit pas à soumettre les Cosaques zaporogues, alliés de la Russie. C'est alors que commença une longue guerre russo-polonaise qui n'allait prendre fin qu'avec le traité d'Androussovo de 1667. L'Ukraine occidentale, à l’Ouest du Dniepr, était pro-polonaise, mais l'Ukraine orientale, dont l’actuel Dombass se prononçait ouvertement pour son rattachement à la Russie.
Le traité d'Androussovo (1667), appelé aussi « trêve d'Androussovo », signé entre la République des Deux-Nations et la Russie, entérinait le partage de l'Ukraine entre la Pologne et la Russie. Le traité mettait fin à l'occupation russe, mais Moscou prenait possession de la rive orientale du Dniepr, y compris Kiev, tandis que la Pologne conservait la rive occidentale. Autrement dit, l'ouest de l'Ukraine, appelée aussi « Ukraine de la rive gauche », et la Biélorussie revenaient à la Pologne. Tout le sud de l'Ukraine actuelle, y compris la Crimée, demeurait sous occupation ottomane. La trêve de 1667 fut renouvelée en 1678 et aboutit au traité de Paix éternelle de 1686, dix-neuf ans plus tard. A lire la suite dans le texte, duquel sont extrait quelques éléments ( texte long, mais assez complet sur l’histoire de l’Ukraine) : https://www.axl.cefan.ulaval.ca/europe/ukraine-2histoire.htm
Outre l’aide indéfectible à apporter à l’Ukraine, il faut imposer à Wladimir Poutine le chemin pour la paix, c’est possible maintenant, pour cela la raison de la raison doit être la plus forte
Concernant le Donbass, les territoires des oblasts de Donetsk et de Louhansk , dont la population majoritairement russophone et russophile qui est au cœur d'un conflit sanglant depuis 2014 entre Kiev et des séparatistes pro-russes, il convient de considérer que cela ne pourra que passer par une rétrocession à la Russie de la partie la plus Russophone du Donbass, tel que cela fut d’ailleurs évoqué par le président Vlodymyr Zelensky. En contre partie de la garantie que l’Ukraine dispose de son accès à la mer d’Asov et retrouve également son intégrité territoriale d’accès à la Mer Noire par des territoires actuellement occupés par l’armée Russe.
La Crimée, dont 67,9% de la population est Russes, 15, 6 % Ukrainienne, 10,5 % Tatars de Crimée, 2,1 % de Tatars, faisait juridiquement partie de l’Ukraine depuis 1954 en raison d'un décret du président soviétique, Nikita Khrouchtchev, à l'occasion du 300e anniversaire de la réunification Russo-Ukrainienne. Elle constituait, au sein de l'Ukraine, une république autonome, malgré l'opposition d'une partie de ses habitants (Russes et Tatars). Le 11 mars 2014, le Parlement de Crimée déclare l’indépendance de la République de Crimée à l’égard de l’Ukraine : cette entité étatique autoproclamée rassemble la République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol. Puis les dirigeants de cette nouvelle Crimée organisent le 16 mars 2014 un référendum portant sur le rattachement de leur pays à la Russie. Quels que soient les arguments pouvant justifier l’irrégularité de ce référendum https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/parmi-les-voeux-pour-2024-celui-de-252421 il serait illusoire et dangereux de vouloir réintégrer la Crimée au sein de l’Ukraine.
Ce sont bien ces deux territoires qui sont la clé d’un cesser le feu et d’un accord de paix, ce que ne peut ignorer Donald Trump et ses conseillers quand ils évoquent ce sujet.
Pour autre info sur la guerre en Ukraine, A lire également « Séance-Matin /15588 12 février 2024 » du Conseil de sécurité de l’ONU : https://press.un.org/fr/2024/cs15588.doc.htm
Pour conclure
C’est au peuple Russe et à lui seul de considérer si le régime autoritaire et à bien des aspects dictatorial du président Russe Vladimir Poutine doit être changé et de faire le nécessaire. Mais tout en soutenant de façon indéfectible l’Ukraine, ce qui n’empêche pas de lui imposer une lutte rigoureuse contre la corruption, il convient aussi que la France et l’UE recherchent ensemble avec le président Américain Donald Trump, la Russie et l’Ukraine le chemin d’une paix équitable et durable qui ne peut que passer par une coexistence pacifique entre tous les pays du territoire Européen, dont l’UE et la Russie.