mardi 8 juin 2021 - par Dr. salem alketbi

La saison de la détraction et de la sloganisation

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Personne ne conteste les sacrifices qu’a consentis le peuple palestinien pour défendre sa cause. Nul ne peut aussi dédire sur les sacrifices consentis par plusieurs peuples arabes qui ont mené différentes étapes de la lutte aux côtés du peuple palestinien.

Personne ne peut aussi nier le rôle de plusieurs dirigeants et États arabes dans le soutien au peuple palestinien afin de réaliser ses droits légitimes, notamment la création d’un État indépendant avec Jérusalem comme capitale. Parmi ceux-ci figurent les Émirats arabes unis, depuis leur fondation par le cheikh Zayed bin Sultan Al Nahyan jusqu’à aujourd’hui.

Nous sommes donc surpris que les médias malveillants laissent de côté ce qui se passe dans les territoires palestiniens occupés et prennent l’occasion de diriger leur haine sur les EAU et leurs leaders rationnels.

Malgré les faits, chaque fois qu’une tourmente éclate entre les Palestiniens et Israël, que la tension enfle et que le sang coule, certains partis et courants au Moyen-Orient saisissent l’occasion pour détracter les dirigeants et les gouvernements arabes. Les accusations foisonnent de trahison, de soumission, d’échec, de lâcheté et autres longues listes de libellés.

Des mots qui ne siéent pas aux soi-disant défenseurs de la cause palestinienne. Jour après jour, ils affirment qu’ils ont encore plus froissé cette juste cause par l’opportunisme, la recherche de l’intérêt personnel et l’exploitation de la souffrance du peuple palestinien pour faire chanter les autres.

Malheureusement, le rôle de ces chahuteurs restera un des aspects les plus dangereux de la réalité palestinienne tant que cette juste cause restera sans avocats loyaux des siens. Il en est de même tant que la question reste loin des priorités du collectif mondial, ou dans les meilleures conditions, qu’elle n’est pas traitée avec le sérieux qu’elle mérite.

La question palestinienne reste un des vecteurs de tension et d’instabilité au Moyen-Orient. Elle le restera, sous le coup des facteurs explosifs qui règnent dans le conflit israélo-palestinien. Pire, il y a des interventions de plusieurs parties régionales qui pratiquent la sloganisation.

Elles n’hésitent pas à faire exploser les relations entre les partis palestiniens et à approfondir les différences, afin de s’assurer le contrôle de certaines factions et organismes. Le régime des mollahs iraniens, par exemple, appelle «  Al Quds  » (Jérusalem) la plus dangereuse des brigades des Gardiens de la révolution, la Force Quds.

Celle-ci a joué un rôle prépondérant dans l’allumage des conflits et la transformation de plusieurs pays arabes en sphères d’influence contrôlées par le régime iranien. Elle a profité de la profonde position spirituelle de Jérusalem dans les cœurs des musulmans. Elle le fait sans le moindre retour positif pour le peuple palestinien.

Les politicards de la cause palestinienne ne font rien pour le peuple palestinien. Ils ne font que financer et armer les milices et les factions sans aucun effort pour trouver des solutions politiques à un conflit historique qui, comme le savent les esprits sages, ne trouvera sa solution finale qu’à la table des négociations.

Beaucoup se souviennent des déclarations du commandant des forces aériennes des gardiens de la révolution iranienne, Ali Hajizadeh. «  Toutes les capacités de missiles de Gaza et du Liban ont été soutenues par l’Iran, et elles constituent la ligne de front pour la confrontation,  » a-t-il déclaré à la mi-janvier.

Je ne sais pas comment cette déclaration échappe aux dirigeants palestiniens  ; il parle de l’utilisation des organisations palestiniennes comme front de défense de l’Iran. Hajizadeh se vante aussi que les mollahs ont enseigné aux membres du «  front de la résistance  » comment pêcher plutôt que de leur donner du poisson.

Son point de vue est que le Hezbollah libanais et certains organismes loyaux dans la bande de Gaza ont maintenant la technologie iranienne pour fabriquer des missiles. Les capacités de ces milices ne sont plus les mêmes qu’il y a dix ans. Les Palestiniens peuvent «  tirer des roquettes au lieu de jeter des pierres.  »

Je ne m’interroge pas ici, comme certains le font, sur le rôle des mollahs pour soutenir le peuple palestinien dans cette dure conjoncture. Ce n’est pas la bonne question. Les mollahs ne sont pas détenteurs de cause. Ils ne sont que des trafiquants. Leurs slogans à ce sujet ne sont qu’un stratagème ridicule pour gagner la sympathie et le soutien des gens naïfs dans les milieux arabes et musulmans.

Mais je me demande  : Pour combien de temps les Palestiniens laisseront-ils leur cause à la politicaille et à la racket  ? Et pour combien de temps la classe palestinienne restera-t-elle divisée entre les loyaux à l’Iran et à ses milices d’une part, et les soucieux pour l’arabité de la cause du peuple palestinien d’autre part  ?

D’aucuns diront que certains mouvements palestiniens souhaitent et apprécient le soutien iranien en l’absence de soutien et du silence des Arabes sur leur cause. Mais c’est une fausse logique. Il est bien établi que les circonstances stratégiques entourant le conflit israélo-palestinien offrent aux Arabes une faible latitude diplomatique pour la défense de leur cause politique centrale.

Chacun connaît l’ampleur des pressions et des défis internes et externes subis par les acteurs arabes, y compris l’Égypte, dont le rôle ne peut être nié ou négligé. Cependant, ça ne justifie pas le recours aux forces anti-arabes qui veulent changer le cours de la cause et la détourner d’une question d’occupation et de droits historiques à une purement religieuse.

Il ne faut pas non plus négliger les efforts sincères déployés par des pays comme les EAU pour trouver une troisième voie afin d’aider à débloquer la situation et rétablir les droits du peuple palestinien.

Les détracteurs et les trafiquants de la cause, on le voit, font obstacle à toute démarche sincère pour chercher des voies de règlement pacifique dans des circonstances internationales et régionales aussi complexes. La question palestinienne ne doit pas rester captive des caprices des détracteurs, des maquignons et des sloganistes.

Chaque goutte de sang des victimes civiles tombées dans les hostilités entre les camps palestinien et israélien condamne quiconque fait le trafic de ce sang et œuvre à alimenter le conflit à des fins personnelles et des intérêts étroits.

 



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