La solidarité au lieu du lynchage
J'ai passé mon enfance à Blandy les Tours, petit village médiéval de Seine et Marne.
Mon père y était instituteur et secrétaire de mairie, il faisait aussi des cours du soir pour les jeunes adultes.
Dans ce village construit autour d'un château fort presqu'en ruines à cette époque, il y avait au milieu des années 50 encore beaucoup de métiers aujourd'hui disparus, le scieur de long et le ferrailleur....
Il y avait dans ce village des « marginaux », certains recontrant de nombreuses difficultés financières, d'autres des problèmes psychologiques.
Ils étaient des habitants du village, ils avaient leur place et la solidarité de voisinage jouait à plein.
Il n'y avait pas besoin d'associations spécialisées.
IL Y AVAIT TOUT UN VILLAGE POUR PRENDRE EN CHARGE LES GENS DIFFERENTS ET LES AIDER
Aujourd'hui, nous sommes dans une France moderne, urbanisée et branchée...
C'est le modernisme qui s'installe, chacun ou presque a son ipad et son profil facebook.
On pourrait très bien avec ces outils fantastiques, exceptionnels, développer la solidarité et empêcher ensemble, que des concitoyens se trouvent à la rue, sans moyen de subsistance .
On pourrait très bien les aider, les prendre en charge....
A Vaux le Pénil, là où j'habite, il y a des gens formidables qui n'hésitent pas à alerter les associations caritatives quand ils constatent que quelqu'un dort dans la rue ou se trouve dans le denuement.
J'ai été souvent contacté par des pénivauxois et j'ai pu ainsi avec le DAL et avec d'autres associations secourir des personnes en difficulté.
Durant le confinement j'ai pu disposer de dons de particuliers nous permettant d'acheter des denrées très utiles pour la confection des colis.
Lorsque nous avons organisé une collecte devant le « carrefour market » nous avons reçu beaucoup plus que ce que nous avions espéré.
Malheureusement, tout le monde n'est pas prêt à aider celle et celui qui n'a rien....
J'en connais qui se laissent aller à la haine dès qu'ils sont sur le clavier.
Ils haïssent le différent, celui qu'ils ne connaissent pas et sont prêts à se laisser guider par les plus mauvais instincts.
La photo d'un homme a été diffusée en ligne, photo accompagnée d'une légende peu amène...
Il pourrait s'en prendre à des petits enfants.
Mais c'est ignoble cela, des accusations gratuites, sans preuves, des quidams qui deviennent des procureurs.
Du procureur au bourreau, il n'y avait avant hier qu'un pas....
Avant hier il y avait la justice, aujourd'hui le profil facebook que l'on fabrique pour le « vilain »
Quelqu'un a dit que, a vu que, a entendu tel bruit..... C'est parti comme une machine infernale, destructrice, contre un de nos concitoyens, pas comme les autres !
Je ne hais pas les gens mais condamne tous les accusateurs, souvent anonymes qui ne comprennent pas que ce qu'ils font peut avoir des conséquences graves.
J'en appelle à la responsabilité et à la solidarité .
Jean-François Chalot