lundi 6 novembre 2017 - par Prof. Juste BOUSSIENGUET

La transition industrielle de la Chine : révolution dans la mondialisation ou modèle pour l’Afrique ?

On ne peut plus feuilleter un journal, allumer son portable, mettre la télévision sans s’entendre dire que l’Afrique est désormais « the place to be ». Et ce n’est pas Jean-Michel Huet, co-auteur du dernier rapport de l’Institut Montaigne sur le sujet qui me dédira, lui qui a écrit dans Afriquelepoint.fr : « c’est le moment d’aller en Afrique ». Manifestement, aucune partie du monde ne suscite autant de commentaires que le continent sur son avenir : cette fois, ne vous en déplaise, Mr René Dumont, l’Afrique « est bien partie » et beaucoup la voient comme « the next big thing » qui tirera la croissance économique du monde.

Mais si l’Afrique fait recette, nous dit l’Institut Montaigne, c’est d’abord parce qu’elle serait traversée par une série de transitions (démographiques, politiques, économiques, sociales, climatiques) qui sont autant de promesses d’une « mutation rapide » que les auteurs du rapport considèrent comme une chance pour la France. Pourvu qu’elle (la France) sache la saisir.

A l’appui de leurs prévisions, les prospectivistes braquent les projecteurs d’abord sur les innombrables ressources stratégiques dont l’Afrique est une corne d’abondance. Mais il en est aussi, et de plus en plus nombreux, qui évoquent les dividendes de la démographie, qui devraient profiter à un continent qui comptera un humain sur quatre, à l’horizon 2050. Ce nouveau regard sur le continent est tellement tendance, que certains n’hésitent même plus à changer de pied sur la question délicate de l’impact du croît démographique sur le développement de l’Afrique : longtemps considéré de façon plénière comme la tare porteuse de toutes les misères du continent, l’explosion démographique de l’Afrique serait devenue l’atout qui fera la différence pour lui permettre de refaire son retard. Sous-entendu : c’est de cette population de plus en plus nombreuse et de plus en plus jeune et ruisselante d’enthousiasme pour les « nouvelles technologies » et l’entreprenariat, que viendra l’étincelle qui permettra de déverrouiller le développement de l’Afrique. L’hypothèse, souvent implicite, étant que, un peu à l’image du modèle chinois, les investissements directs étrangers (IDE) afflueront en masse en Afrique, incessamment appâtées par une la débauche de ressources naturelles et par l’odeur de la main d’œuvre, alléchées.

Ce scenario est si beau, qu’il ne semble admettre aucune objection. Comme si tous les augures s’étaient accordés « sous la rose », pour convenir que tous les voyants sont au vert pour le continent africain. Une telle unanimité soudaine a quelque chose de troublant, quand on sait que depuis plusieurs générations, l’Afrique va d’avancées en impasses, et qu’elle ne sort d’une crise que pour se précipiter dans une nouvelle crise. Même s’il se dit que l’Histoire est souvent facétieuse, et que c’est de la crise que peut surgir un nouveau monde, le tableau est si chargé et la répétition du même trop récurrente pour que le sentiment qui domine dans la jeunesse africaine ne soit pas celui du ressassement et du piétinement.

C’est bien là qu’on peut dire qu’il y a un miracle africain : bien que personne en Afrique ne l’ignore, personne hors de l’Afrique ne sait que le continent souffre de l’absence d’un « projet » capable de provoquer ce shift de paradigme qui permet de redonner l’espoir aux nouvelles générations qui continuent à braver tous les périls pour traverser la méditerranée. Preuve, s’il en fallait, que l’Afrique n’a pas une représentation radieuse de son propre avenir et que les fondements de son développement sont à remettre sur le métier.

Mais ce qu’il y a de plus dérangeant, peut-être, c’est que tout se passe comme si tous ceux qui se penchent avec entêtement sur le sort de l’Afrique, cherchaient à la persuader à toute force, que cette fois, il n’y a pas d’erreur possible : tous les astres sont alignés et le soleil va se lever sur le continent. C’est le temps des cerises, le printemps de l’Afrique.

L’objet de cet article est de remettre le rôle de la démographie et des ressources naturelles à sa place dans le processus des délocalisations massives qui ont favorisé l’industrialisation fulgurante de la Chine, en rapportant nos observations à la mondialisation et à la situation particulière de l’Afrique.

 

Le prisme de la suprématie démographique : une fausse bonne piste pour expliquer la réussite de la Chine

Lorsqu’elle amorce son développement, il y a moins de quarante ans maintenant, la Chine a d’immenses ressources naturelles et elle est déjà le pays le plus peuplé de la planète. Pour autant, cela ne fait pas de la Chine une grande puissance, ni encore moins, un pays préservé de la famine et de la misère, y compris après la révolution maoïste de 1949. Le prisme de la suprématie démographique et des ressources naturelles est donc une fausse bonne piste pour expliquer la réussite économique de la Chine.

Le facteur déterminant de la réussite de la Chine est à rechercher dans la réunion cumulative de trois ordres de circonstances nationales et internationales qui se présentent au tournant des années 1980 : (1) la libéralisation des échanges à l’échelle internationale, consécutive à la mondialisation de l’économie, qui permet de produire là où les coûts sont les moins disant, pour vendre dans le monde entier ; (2) une main d’œuvre abondante, certes, mais surtout « flexible », par la force des choses du socialisme (pas de syndicats, pas de droit de grève, pas de filets sociaux, pas de législation tatillonne du travail, …), toutes choses qui constituent une promesse de coûts salariaux durablement faibles, comparativement aux standards des pays du Nord ; (3) un leadership doté, mettons, d’une grande légitimité à l’intérieur du pays et des moyens de défendre ses intérêts nationaux face aux puissances étrangères (une diplomatie habile, un droit de veto au Conseil de sécurité, une armée puissante,…).

Pour autant, être moins disant en termes de coûts salariaux est nécessaire mais pas suffisant pour attirer massivement les investisseurs. Il manquait à la Chine une autre figure et deux ou trois ajustements dans son jeu, pour pousser son avantage comparatif et forcer la décision : des standards environnementaux nettement moins élevés que dans les pays du Nord, pour externaliser les coûts environnementaux et faire aux entreprises étrangères une offre qu’aucun investisseur ne peut repousser. Celle d’un double dumping social et environnemental, qui permet de produire à des coûts défiant toute concurrence. Le tout dans un pays discipliné et politiquement stable, où abondent ressources humaines et naturelles, pour ne rien gâcher à l’affaire. Dès lors, les multinationales, toujours en quête de sécurité et de profits maximaux, n’allaient plus arrêter d’affluer dans le pays. Le processus des délocalisations massives qui est le moteur du développement industriel fulgurant de la Chine post-Deng Xiaoping était en marche, et avec lui, la politique de dumping social et environnemental.

 

Le dumping social et environnemental : un avantage comparatif décisif pour la Chine

Grands maîtres de l’art de la guerre, les chinois ne sont pas pour autant les inventeurs du dumping environnemental et social. Ce bouquet magique, appliqué comme une arme économique, est en fait une transcription dans les réalités chinoises d’un legs de l’économiste britannique David Ricardo. Selon la bien nommée théorie des « avantages comparatifs » imaginée par Ricardo en 1817 (à une époque où les échanges commerciaux n’étaient pas encore mondialisés) : dans un contexte de libre-échange généralisé, chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle il dispose du plus grand avantage (ou, ce qui revient au même, du plus petit désavantage). Jusque-là, rien que de classique.

Est-ce un effet collatéral inattendu des tentatives de la Conférence de Rio de « réconcilier l’économie et l’environnement », pour accompagner la mondialisation ? Ou, plus directement, une conséquence des débats souvent très engagés, qui ont opposé les tenants de l’environnement aux partisans du développement pendant ces assises ? Toujours est-il que la première fois que j’ai entendu parler du principe de l’avantage comparatif de Ricardo, rapporté à l’environnement, c’était en 1992, dans les couloirs de la Conférence de Rio. Il se chuchotait alors, plutôt à voix basse et de préférence dans le sabir des initiés, que l’effet « havre de pollution » (« pollution Heaven »), pouvait booster l’attractivité des investisseurs étrangers. Entendez par là que la mondialisation conduisant chaque pays à se spécialiser selon le principe des avantages comparatifs, les pays en voie de développement (PED) possèderaient un avantage dans les industries polluantes, comparativement aux pays développés, pour peu qu’ils laissent prospérer des « havres de pollution » domestiques, en adoptant des politiques environnementales plus laxistes (absence de taxes, réglementations moins contraignantes,…). Dans ces conditions, la théorie prédit que le premier effet de la mondialisation sera de déplacer, au moins partiellement, les industries polluantes, des pays développés vers les PED.

Il me souvient qu’à l’occasion des « conversations informelles » de Rio, des économistes que ma mère, rigoureusement m’interdit de nommer ici, annonçaient même, calculette à la main, quelque chose du genre : « si on considère que les soins de santé (et d’éducation) sont moins élevés dans les PED que dans les pays développés, la délocalisation des industries polluantes dans les PED est la solution la plus avantageuse pour minimiser les conséquences économiques de la morbidité due aux technologies polluantes… ». Pas un mot, cependant, sur l’impact éventuel d’une telle « politique » de l’environnement à deux vitesses, sur l’équilibre du monde. Un monde appelé, si on a bien compris, à se tourner vers le développement durable pour tous…

 

Désertification industrielle, dans les pays du Nord et Délocalisations massives en Chine, sont les deux faces d’une même pièce

Bingo : la Chine devait être en embuscade, puisque dès le début des années 1990, on a commencé à observer une diminution accélérée de la production domestique des pays développés dans les secteurs polluants comme la sidérurgie, les métaux non ferreux, l’industrie de la pâte à papier, la chimie, les minéraux non métalliques, les raffineries de pétrole, le textile, etc…. Et, simultanément, des délocalisations massives et une explosion de la production des industries polluantes en Chine. Concomitamment, les importations des produits concernés augmentaient en flèche dans les pays développés. L’accroissement de la production des entreprises domestiques chinoises, plus compétitives que les entreprises étrangères du même secteur, étant dopé par l’implantation de firmes multinationales à la recherche d’une politique environnementale plus laxiste et d’une main d’œuvre abondante, flexible et bon marché, l’engrenage infernal était amorcé.

L’impact de cette tragédie ? Enorme, sans précédent. Ici, désertification industrielle et montée inexorable du chômage, de la précarisation et de l’ubérisation ; là, délocalisations massives et industrialisation fulgurante : deux faces de la même pièce.

A l’occident, c’est un champ de ruines : des secteurs d’activités entiers (comme la sidérurgie et le textile) sont inexorablement démantelés, jetant à la rue des milliers, des millions de chômeurs en France et ailleurs dans l’UE et aux USA. Qui n’a pas gardé, pour l’exemple, le souvenir de la silhouette imposante d’Arnaud Montebourg, ferraillant courageusement sur tous les fronts, pour tenter de maintenir le « made in France » à flot ? Peine perdue : la crise de la compétitivité est si profonde que même les plus puissants des décideurs sont tétanisés. « Contre le chômage, soupira François Mitterrand en son temps, on a tout essayé ». C’est tout dire.

La situation est encore plus préoccupante aujourd’hui, puisque l'écart entre les riches et les pauvres dans les pays de l'OCDE a atteint son plus haut niveau en plus de 30 ans. Au point que plus personne ne s’étonne des crises politiques et des vives réactions populistes qui en découlent. S’il était établi, pour l’anecdote, qu’un certain Donald T. avait habilement surfé sur cette vague pour réaliser ses projets présidentiels, je serais le premier à reconsidérer tout ce qui se dit sur l’avenir de cet homme politiquement inclassable.

Pourtant, les initiatives se sont succédées pour tenter de briser le signe indien. Des efforts d’adaptation pour développer les services ou monter en gamme et se spécialiser dans les activités de haute technologie, en passant par le « partage du temps de travail », les « emplois aidés » et la « Flex-sécurité », le « choc de compétitivité » ou, plus récemment encore, l’ubérisation institutionnalisée et le démantèlement du droit du travail, on ne compte plus les réformes pour tenter de refaire l’écart de compétitivité et booster les investissements. Mais on est toujours loin du compte.

 

Un « havre de pollution » et le dumping environnemental comme arme d’industrialisation massive

A l’Orient, l’industrialisation forcée de la Chine par délocalisations d’activités polluantes interposées, sans égard ni pour les milieux naturels, ni pour la sécurité sociale de ses sujets, se solde par des dommages collatéraux considérables à l’environnement et à la santé humaine. D’après Economy (2004)1 et He et al. (2012)2, qui s’interrogent par ailleurs sur le point de savoir si on peut avoir à la fois la transition économique et la protection de l’environnement : beaucoup de cours d’eau sont proches de la mort biologique et les concentrations atmosphériques d’aérosols (particules en suspension) et de dioxyde de soufre en Chine, dépassent largement tous les seuils préconisés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans la plupart des zones urbaines. Au point qu’aujourd’hui, la Chine doit se résoudre à arrêter momentanément des chaînes de production dans les usines, pour atténuer la pollution de l’air et permettre l’organisation de manifestations internationales sur son sol. Sans entrer dans des détails qui ne sont plus à présenter, ces indications donnent un excellent parfum de l’ensemble : le pays est devenu un « havre de pollution » confirmé. Dans son plus simple appareil.

Déniaisé, on s’explique mieux que les « services » chinois veillent sur les sites naturels dégradés par les activités industrielles, comme on surveille le lait sur le feu : pour les protéger des tentatives d’intrusion d’une certaine presse étrangère d’investigation qui, flairant « la plage sous les pavés », cherche à documenter les dégradations de l’environnement en Chine. Des « services » chinois qui ne sont pas délicats sur la manière, pour prier les journalistes d’aller exercer leur curiosité ailleurs que dans les secrets de famille de l’Empire du milieu : en Chine, le dumping environnemental est une « arme » d’industrialisation massive (He, 2006)3. Les dégâts causés à l’environnement par les activités industrielles doivent rester un secret d’Etat. Pour protéger la poule aux œufs d’or, il faut cacher le pot aux roses.

 

L’industrialisation de la Chine : un attentat aux principes salvateurs du développement durable

Du coup, on s’explique mieux aussi les raisons pour lesquelles, la Chine, premier producteur mondial de gaz carbonique devant les USA depuis peu, « menace » maintenant d’imputer une part de ses émissions aux pays développés qui se sont « déchargés » de leur pollution sur elle, se contentant d’acheter les biens produits par leurs multinationales polluantes, délocalisées chez elle. Réplique inattendue du débat sur les changements climatiques ? C’est là une discussion d’experts, mais c’est une affaire à suivre : entre renards, on renarde.

Le certain c’est que les bas standards environnementaux ne sont pas une contingence ou un accident de l’histoire. Mais bel et bien une « industrie lourde », une pièce maîtresse de la stratégie de développement de la Chine : le pendant « secret » de la « flexibilité » de la main d’œuvre et des bas salaires, avec lesquels ils font système, pour offrir ces coût de production défiant toute concurrence qui ont tiré les délocalisations massives qui font le succès du modèle chinois. Mais au fond, ce pilier de la transition industrielle de la Chine est un secret de Polichinelle, puisqu’il suffit de consulter la carte des villes les plus polluées du monde pour constater que 80% de ces agglomérations (seize sur vingt) sont situées en Chine (Economy, 2004)1.

Curieusement cependant, si la part des bas salaires dans les faibles coûts de production qui ont fait l’attrait irrésistible de la Chine pour l’IDE ne fait pas débat, tout se passe comme si la question de l’environnement n’excitait pas le soupçon. Comme s’il y avait une conspiration du silence sur le rôle joué par le dumping environnemental dans le « miracle » chinois. Normal : c’est la partie immergée de l’iceberg. Celle qui doit rester « cachée » sous le pot aux roses : parce que pour la Chine, il s’agit de ne pas lever le voile sur une composante décisive de son « avantage comparatif ». Parce que pour les multinationales qui profitent d’un effet d’aubaine, calculé avant tout pour industrialiser la Chine, il n’est pas vertueux d’être associées, même par délocalisations massives interposées, à une « réussite » qui procède du dumping environnemental. Parce que pour tous, ça fait désordre de confesser que le développement de la Chine est imputable à un sacrifice de l’environnement organisé de longue main.

Rapportée à la règle du développement durable opposable à tous, qui accompagne la mondialisation, l’industrialisation de la Chine est une tromperie sur la marchandise. Une violation de tous les principes vertueux de la « durabilité ». Un acte d’infidélité à la mondialisation aussi. On verra que ce ne sera pas le seul.

 

« Produire local » ou quand la solution devient une partie du problème

Mais au total, même si le coût de cette tragédie est élevé pour les deux parties, pour la Chine, le coup est (presque) parfait, dans la mesure où, sans les importations massives de biens de consommation courante à bas prix, produits par la Chine, la prophétie radieuse de la société des loisirs où tout s’achète et tout se vend aurait fait un four pour les populations les plus démunies des pays du Nord. Et depuis longtemps. Car une fois la trappe des produits délocalisés tirée, il n’est plus aucun remède pour en sortir. Pour le dire crûment, cela s’appelle convertir l’objet du handicap de mon adversaire en avantage toxique. Toxique mais abominablement addictif : vous pensiez que reprendre la main pour « produire local » serait la solution ? Eh bien, maintenant, c’est une partie du problème. Voilà qui pousse la stratégie aux confins des beaux-arts. Chapeau, l’artiste ! D’autant que, mystère de l’économie de marché, il devient (presque) aussi dispendieux de déplacer un container de Guangzhou à Marseille, que de le transporter de Marseille à Dunkerque.

Pour autant, je veux être bien clair : que la Chine soit à blâmer ou pas, pour avoir sacrifié son environnement et deux générations de sujets, à chacun d’en juger, mais c’est là un autre débat. Ce qui importe ici c’est de souligner que l’application de la théorie des « avantages comparatifs » par le sacrifice de l’environnement, qui a fait la fortune industrielle de la Chine, n’est pas un avantage sans frais. En effet, si la protection de l’environnement a bien un coût (négatif) pour les investisseurs étrangers de la Chine, elle a aussi des avantages pour le pays d’accueil et sa population. La pollution de l’eau, des sols, de la mer ; les pluies acides et les nuages toxiques, l’impact sur la santé et la qualité de la vie, les pertes en biodiversité : tout cela a un coût considérable. Quand il serait gagnant, le pari stratégique de la Chine à cet égard n’en serait pas moins discutable. Car même si « à long terme nous serons morts », l’addition sera lourde et il faudra bien la payer un jour.

A ceci près que la Chine est aujourd’hui une grande puissance, un pays dont le revenu moyen est multiplié par quatre toutes les deux décennies, et où la famine et la grande misère ont été vaincues. Et surtout, la Chine est devenue une nation prospère, qui a son destin entre ses propres mains et les moyens de faire face à ses nombreuses difficultés. On aimerait en dire autant de l’Afrique dans les trente prochaines années.

 

Le soleil se lèvera-t-il sur l’Afrique, dernière corne d’abondance de la planète ?

Sauf que, contrairement à la Chine qui s’est dotée d’une stratégie d’industrialisation imparable, on entend deux discours en Afrique. Il y a d’un côté, ceux qui tiennent à peu près ce langage : le soleil se lèvera sur l’Afrique parce que le continent est la dernière corne d’abondance de la planète. Il reste tant et plus de ressources naturelles sur le continent que les multinationales n’auront pas d’autre choix que de faire les yeux doux à L’Afrique. Et, sur l’autre rive, il y a tous ceux qui plaident pour un développement de l’Afrique boosté par les hauts standards environnementaux. Mais pour rendre justice aux uns et aux autres, il faut reconnaître que ce ne sont pas exactement les mêmes acteurs. Les seconds sont plus distingués : ils se démarquent des premiers en ajoutant une « plus-value » à l’environnement et aux ressources naturelles.

Maintenant, fermons les yeux et supposons, simple hypothèse d’école, que l’avantage comparatif qui a permis le développement de la Chine, tînt uniquement à une suprématie écrasante en termes de poids démographique et de ressources naturelles. Supposons aussi que les délocalisations massives qui s’ensuivirent, eussent produit la même onde de choc dans les pays du Nord. Quel recours aurait eu la Chine pour parachever son industrialisation, si les multinationales, pressées par les Etats, avaient décidé de changer de pied au milieu du gué, et de retourner produire en Europe ou aux USA ? Les empêcher d’exporter sa main d’œuvre et ses ressources naturelles hors de ses frontières, comme elles le font traditionnellement en l’Afrique ? La Chine en aurait les moyens, mais l’hypothèse n’en est pas moins absurde, puisque la mondialisation et la libéralisation générale des échanges sont précisément un des moteurs de l’industrialisation du pays. Posons aussi au passage, et une fois pour toutes, que c’est également le contexte dans lequel s’inscrivent tous les modèles de développement du continent africain.

Il va sans dire que mondialisation ou pas, quand même elle le voudrait, l’Afrique qui est un confetti de pays sans leadership monolithique fort, serait évidemment fort mal inspirée d’entrer dans un scenario « d’empêchement » avec les multinationales. Même si elle devait bénéficier d’une démographie florissante, il y adonc fort à parier que l’Afrique restera sagement une réserve de main d’œuvre et de ressources naturelles. Quand on sait où cela l’a menée pendant des siècles, les mêmes causes produisant les mêmes effets, on n’a pas besoin d’être orfèvre en prospective pour imaginer la suite du scenario.

 

Une vision heureuse et artificieuse de la « durabilité »

Par comparaison avec le modèle chinois du « havre de pollution », la stratégie « paradoxale » qui investit dans la protection de l’environnement serait-elle plus indiquée pour l’Afrique ? Cette stratégie est fondée sur l’hypothèse qu’avec la mondialisation des échanges, la sécurité de la production (et la demande supposée croissante des biens produits dans des conditions vertueuses du point de vue de l’environnement), peuvent inciter l’IDE à se déporter des zones où l’environnement est plus contraint et plus fragilisé vers des zones qui ont une meilleure réputation environnementale et où la productivité peut être assurée de façon « durable ». Dans cette hypothèse, les pays disposant d’une corne d’abondante en ressources naturelles, précieusement préservées grâce à des standards environnementaux de haut niveau, disposeraient d’un avantage comparatif écrasant sur les autres. Récompense d’une vision heureuse de la « durabilité », leur développement procèderait en quelque sorte des dividendes partagés du « développement durable ».

Séduisant, ce modèle force le compliment : il est dans l’air du temps et tout le monde lui donne de l’encens. De l’encens, mais pas des investissements, si on en juge par le mouvement de l’IDE vers l’Afrique. En effet, si l’appétit des investisseurs pour le continent était positivement corrélé aux standards environnementaux, assurément, cela se saurait et le pari de la « durabilité heureuse » ferait sens et vaudrait la peine d’être couru.

Sauf que quand on examine le baromètre rendu public par la Rand Merchant Bank (RMB) pour 2018 (Jewel Ike-Obioha, 2017)4, par exemple, force est de constater, soit dit sans désobliger personne, que de l’Egypte à la République Sud-Africaine, en passant par la Côte d’Ivoire, le Maroc, l’Ethiopie, le Ghana ou le Rwanda, aucun des pays cités en pôle position de l’attractivité de l’Afrique pour les IDE, ne figure parmi les virtuoses de la conservation et de la protection de l’environnement. Instabilité politique, croissance économique, niveau la dette, palmarès de la corruption, qualité de l’environnement des affaires : les critères ne manquent pas pour justifier ce classement. Pas une seule référence, cependant, à l’environnement (naturel). Le baromètre d’Ernst & Young pour l’année 2017, qui vient d’être rendu public il y a quelques semaines, ne dit pas autre chose. Pour les investisseurs étrangers, business is business. L’environnement, c’est la porte d’à côté.

 

La « durabilité » heureuse devra livrer la marchandise, au risque d'être sommée de verser un acompte, ici et maintenant

A la lumière des faits chinois, toutes les recherches empiriques ont fourni un faisceau d’observations concordantes qui permettent de considérer aujourd’hui qu’un certain niveau de dégradation de l’environnement est inévitable au début de tout processus de transition économique, du fait des pressions et pollutions et des déforestations induites par le développement d’activités nouvelles et additionnelles. Selon les dires d’experts, ce processus ne semble pouvoir s’inverser que lorsque l’économie atteint une certaine maturité (He et al, 2012)5.

Mais qu’importe : rien n’interdit d’être l’exception qui confirme la règle. Encore faudrait-il que le pari de la « durabilité heureuse » soit en mesure de livrer la marchandise. Faute de quoi, il ne faudrait pas s’étonner qu’à force d’attendre le retour sur investissements des hauts standards environnementaux, chacun finisse par faire valoir ses droits à un acompte. Ici et maintenant, et autant que possible en emplois, en électricité et en eau courante et potable, en routes, en bonnes écoles avec de bons maîtres, en soins de santé et en logements. Mais qu’on me pardonne si j’ai oublié quelqu’un, tellement la liste de ce qui manque au bien-être des plus démunis est encore longue en Afrique. En un mot, la promesse de la « durabilité heureuse » ne doit pas être un civet sans lièvre. Un excellent fumet, mais pas de viande : "la vraie générosité envers l'avenir, écrivait Albert Camus, consiste à tout donner au présent." Cela vaut aussi pour l’environnement qui doit être protégé par et pour les hommes.

Qu’il y ait une part d’artifice chez certains plaideurs des hauts standards environnementaux pour l’Afrique, voilà qui n’est peut-être pas exclu : bien qu’il soit toujours dans l’air du temps dans tous ces cénacles où on se pince le nez en faisant l’impasse sur le modèle chinois, le discours de la protection de la Nature a grand besoin de porteurs. Grands et petits. Que d’autres acteurs africains, addicts des formules prêtes à penser, parient sur la suprématie démographique et les ressources naturelles, parce qu’elles collent mieux à ce mélange d’impuissance et de mimétisme qui fleurit partout par ce sale temps de crise, cela ne fait aucun doute non plus. Mais le fait est que, même avec l’œil de la foi, on peine à lire une stratégie gagnante, chez les uns comme chez les autres.

 

Ne pouvant gagner la partie, la Chine a changé les règles du jeu, pour les tourner à son avantage

Deux choses sont sûres, cependant. La première : si l’accord de Paris sur le climat est effectivement appliqué, la délocalisation des industries polluantes dans les PED va continuer, mais à un rythme moins soutenu, vu l’évolution technologique et l’ampleur de la réplique économique et sociale allumée par la désertification industrielle des pays du Nord. Comme les plus anciennes et donc les plus polluantes de ces industries ont déjà été délocalisées, en pratique, la stratégie du « havre de pollution » semble difficilement répliquable à l’infini. A moins d’une initiative concertée avec la Chine.

La seconde : c’est en ouvrant largement ses frontières aux IDE et en abattant les atouts dont elle disposait dans le contexte de la mondialisation de l’économie avec une science consommée de la stratégie, que la Chine post-Deng Xiaoping a réussi à tourner les règles de l’économie de marché à son avantage, pour devenir le paradis des délocalisations et s’industrialiser. C’est un pari à la fois sur le « projet » (la mondialisation, c’est l’occidentalisation) et sur la force de l’adversaire (les multinationales), pour les mettre l’un et l’autre dans son jeu et les utiliser à son propre avantage.

 

La transition industrielle de la Chine : une révolution dans la mondialisation ? 

Mais le pari sur le projet et les forces de l’adversaire se double d’un autre défi sur la propre capacité de la Chine à changer sans imploser. De là ce slogan audacieux : « un pays, deux systèmes ». Ainsi parlait Deng Xiaoping au début des années 1980, à propos de Hong Kong, la plateforme « capitaliste » de la Chine, providentiellement située off-shore. Un OVNI, dites-vous ? Point du tout : c’était plutôt bien vu. Périlleux, sans doute, mais gagnant, assurément. D’autant que la formule de Deng Xiaoping qui fit immédiatement florès, autorise toute les interprétations, au point qu’elle pourrait bien s’appliquer confortablement à la Chine tout entière. Pour se traduire par : embrasser l’économie de marché et l’ouverture des frontières, avec les risques qu’ils comportent, pour favoriser le commerce et les investissements et drainer les savoir-faire ; mais se cramponner solidement au système socialiste, au besoin par la force des armes, pour garder la haute main sur le dumping social et environnemental. Exigeante alliance des fins et des moyens. Si un tel « système opérationnel » (comme disent les gens d’armes) n’avait pas existé, il aurait fallu l’inventer. Quoi de tel en ces temps de « guerre économique » que la brillantissime formule de Deng Xiaoping, pour bien dire la chose, sans la nommer ?

Plus que la stratégie, il y a donc l’exécution, la tactique, aussi. L’Empire du milieu a joué finement. Ne pouvant gagner la partie, la Chine, prenant tout le monde de court, a manœuvré comme à la guerre, en changeant les règles du jeu pendant la bataille.

Souvenons-nous des mots d’ordre de Mao Zedong pour la guerre asymétrique : « l’ennemi avance, nous nous replions ». Ce pourrait bien être l’épisode de l’ouverture des frontières et des marchés en Chine : un recul dont on sait aujourd’hui qu’il n’était qu’un artifice ; un repli organisé pour prendre l’adversaire à revers ; derrière ses lignes. « L’ennemi [s’établit et] se retranche, nous le harassons » : de toutes parts, avec des munitions au dumping. Qu’il ne saurait ignorer, puisqu’on le prend par son point « faible ». « L’ennemi est épuisé, nous attaquons » : non plus sur le front des biens de production, mais en l’inondant avec des biens de consommation courante, dont ses populations de plus en plus précarisées et ubérisées par une « guerre économique » sans fin, ne peuvent plus se passer. Dopé par ce venin, « l’ennemi » tente désespérément de se rattraper aux branches. De faire preuve d’une frénésie de réformes à son tour. Trop tard ?

Mais nous ne sommes pas encore à la fin de l'histoire. Car Mao Zedong conclut : « l’ennemi bat en retraite, nous le poursuivons ». Serait-ce le cas du projet pharaonique de la « route de la soie », qui fera de l’Europe (et accessoirement de l’Afrique) la banlieue de la Chine ? Est-ce une nouvelle « périphérie » qui se construit ainsi, sous nos yeux ? Une révolution dans la mondialisation ? L’histoire le dira, mais les prospectivistes de l’Afrique seraient bien inspirés d’y regarder de près et d’en prendre de la graine.

Quoi qu’il en soit, le choc de la surprise a joué en faveur de la Chine, plus faible au départ : parce que, victimes de leurs succès après la chute du mur de Berlin, les pays du Nord ont cru que l’ouverture de la Chine aux marchés et à la libre circulation des hommes et des capitaux, signait la reddition sans condition de l’Empire du milieu. Parce que la Chine n’a jamais cessé d’être à l’initiative et qu’elle a su évoluer elle-même pendant la confrontation, pour absorber toutes les répliques, sans jamais se briser. Comment sans cela eût-elle pu provoquer une onde de choc qui s’étend de l’Europe aux USA, sans que personne ne l’anticipât ? L’explication de la réussite de la Chine par le seul prisme de la main d’œuvre ou des ressources naturelles est évidemment un peu courte. Voire sans objet. Parce qu’elle fait l’impasse sur une réalité d’un autre ordre : une stratégie ourdie de longue main et mise en œuvre avec virtuosité. Il n’y a rien de plus difficile à guillotiner qu’un préjugé, mais c’est à ce prix-là et seulement à ce prix, que la République populaire est assise à la table du G20.

 

La transition industrielle de l’Afrique : mettre l’iintelligence au cœur de l’action

Raison suffisante pour rappeler, qu’entre vieilles lunes et pot aux roses, l’Afrique ne trouvera la voie de sa transition industrielle que si elle se montre capable de trouver le bon logiciel, « le bot » qu’il faut pour sortir de l’impasse où elle se trouve et devenir, à son tour, un acteur de la mondialisation. En mettant l’intelligence au cœur de l’action. Pas les capacités démographiques ou les ressources naturelles. Qui ne vaudront jamais que par l’usage qu’elle en fera.

Marcus Garvey disait avec d’autres mots que les miens, qu’on ne réalise pas son destin en cochant une case. Encore moins en se laissant porter « là où la marche irrésistible des événements nous conduit » (Napoléon Bonaparte). Une sagesse ivoirienne, nous le rappelle à toute force, qui dit à peu près, que le malheur de l'homme c’est que les yeux ne voient pas les paupières. Ce que les stratégistes traduiraient par l’urgence qu’il y a à retenir au moins deux leçons du modèle chinois. La première : être en position d’infériorité n’est pas un handicap rédhibitoire, à condition de faire preuve de flexibilité, comme le roseau de Mr de Lafontaine, et de savoir en tirer parti. La seconde : ce qui nous apparaît a priori comme une menace (l’intrusion du rouleau compresseur des multinationales en Chine, par exemple) peut se révéler une formidable opportunité à saisir.

En un mot, l’Afrique doit apprendre à convertir les menaces en opportunités et à donner des forces à ses faiblesses. En taillant sa propre route à travers le maquis de la mondialisation, à la boussole des atouts et des écueils dont le continent est une corne d’abondance. Pour le dire sans détour, l’Afrique doit se garder de courir derrière tous les avenirs radieux qu’on veut bien lui prédire. D’autant qu’elle n’est plus à une promesse près. Faute de quoi le rêve africain ne sera jamais rien d’autre qu’un vœu pieux, dans le meilleur des cas ; un cauchemar, dans le pire. Faire partie de la solution, c’est commencer à penser stratégiquement l’avenir du continent, sans égard aux augures de toute sorte.

Une dernière sagesse, chinoise, celle-ci : le meilleur moment pour planter un arbre, c’était il y a vingt ans… Le prochain, « c’est maintenant ».       

 

1. Economy, Elizabeth, The River Runs Black : The Environmental Challenge to China’s Future, Ithaca (NY), Cornell University Press, 2004, 337p.

2. He, Canfei ; Fenghua, Pan & Yan, Yan, "Is Economic Transition Harmful to China’s Urban Environment ? Evidence from Industrial Air Pollution in Chinese Cities", Urban Studies, 49, 2012, 1767-1778. http://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0042098011415719.

3. He, J., "Pollution Haven Hypothesis and Environmental Impacts of Foreign Direct Investments : The Case of Industrial Emissions of Sulfur Dioxide (SO2) in Chinese Provinces", Ecological Economics60, 2006, 228–245. http://publi.cerdi.org/ed/2005/2005.06.pdf

4. Ike-Obioha, J., "Where to Invest in Africa". http://venturesafrica.com/here-are-the-top-ten-2018-investment-destinations-in-africa/

5. He, Canfei ; Teng, Zhang & Wang, Rui, "Air Quality in Urban China", Eurasian Geography and Economics, 53, 6, 2012, 750–771. http://dx.doi.org/10.2747/1539-7216.53.6.750.

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14 réactions


  • Roosevelt_vs_Keynes 6 novembre 2017 12:06

    Ok pour la pollution, OK pour les conditions de travail déplorables

    Mais l’auteur de réussir l’exploit de ne pas mentionner une seule fois les Nouvelles Routes de la Soie, ou One Belt One Road.

    Ni le fait que sur les 30 dernières années, la Chine a sorti 700 millions d’être humains de la misère.

    Ni sur le fait que la dernière fois qu’un occidental a pu entendre un discours tel que celui de Xi au 19° congrès, c’était du temps d’un Jean Jaurès ou d’un Général de Gaulle.

    En même temps, je ne vais pas accabler l’auteur puisqu’il s’en charge lui-même, en citant le très libéral Institut Montaigne dès l’introduction de son épître.

    Pour un autre son de cloche, c’est par ici


  • Prof. Juste BOUSSIENGUET 6 novembre 2017 17:22

    Bonjour Mr Roosevelt_vs_Keynes .


    Permettez-moi de vous citer l’article, sans autre forme de commentaire.

    1°) Sur les routes de la soie : 
    « Car Mao Zedong conclut : « l’ennemi bat en retraite, nous le poursuivons ». Serait-ce le cas du projet pharaonique de la « route de la soie », qui fera de l’Europe (et accessoirement de l’Afrique) la banlieue de la Chine ? Est-ce une nouvelle « périphérie » qui se construit ainsi, sous nos yeux ? (...). »

    2°) Sur les 700 millions d’humains sortis de la misère :
    « A ceci près que la Chine est aujourd’hui une grande puissance, un pays dont le revenu moyen est multiplié par quatre toutes les deux décennies, et où la famine et la grande misère ont été vaincues. Et surtout, la Chine est devenue une nation prospère, (...) ».

    3°) Sur l’Institut Montaigne : Je vous laisse la paternité de vos propos. Veuillez noter seulement que je ne suis ni salarié ni consultant de cet institut avec lequel je n’ai aucune espèce de lien personnel.

    Excellente semaine à vous.






  • Mokaka 6 novembre 2017 22:44

    Le problème des africains se trouve ici :

    https://iq-research.info/fr/page/average-iq-by-country


  • microf 6 novembre 2017 22:48

    Un proverbe Africain dit qu´un fruit qui doit mûrir même s´il est jeté dans de l´eau chaude, finira par mûrir.
    L´Afrique va se développer envers et contre tous, ce n´est que question de temps.


    • Mokaka 7 novembre 2017 18:58

      @microf

      Quand les pays africains sont développés, les autres sont déjà sur la MARS, nous serons seuls sur la terre.


  • microf 7 novembre 2017 01:56

    A @ l´auteur et á @Mokak, j´aimerai savoir ce que vous pensez de cet entretien entre d´un journaliste Chinois et le Prof. Mehlang Chang aussi Chinois, il est chercheur en économie politique, a séjourné dans plusiuers pays Africains.
    Il a écrit un ouvrage sur l´Afrique ; « L´Afrique écorché ».

    Lisons ce qui sort de cet enretien :

    Prenons l´Afrique Francophone ; ce vaste pré carré Francais, les populations ne sont plus que les ombres d´elles mêmes, c´est malheureux, c´est sans espoir. Tous ces Présidents sont déconnectés de la réalité de leurs peuples, plus grave encore ils ont la double nationalité, celle de leurs pays et celle de la France, au point oú on sait pas s´ils défendent les intérêts de leurs pays ou ceux d´un pays étranger.
    Par exemple, tous les membres de la famille d´un Président dont je tairai le nom, sont adhérents á un parti de Droite en France, voilá oú l´on en est ! c´est absurbe, mais c´est comme cela ; et puisque la bétise Africaine n´a pas de limites, ces Présidents sont allés jusqu´á conserver une monnaie coloniale nuisible ; une monnaie qu´ils ne contrôlent même pas, je suis vraiment abasourdi. C´est comme l´esclave qui veut rester enchainé, ha, ha, ha.
    Un autre exemple, d´accord leurs intellectuels, ce sont des Robins de bois á l´envers, ils sont nuisibles, tout á fait.
    Ils exhibent leurs Diplomes obtenus á la Sorbonne comme des trophés, des Diplomes bidons qui ne créent pas la richesse.
    Doctorat en littérature Francaise. ! par contre, il vaut mieux un Africain instruit qu´un Africain illettré.
    Les Diplomes sont aussi importants, n´est ce pas ? pas si sûr, uniquement les titres de leurs thèses vous donnent une idée.
    Dit donc, leurs cas est grave alors ha, ha, ha., c´est vraiment pathétique.
    Disons d´emblée que l´Agrégation de grammaire Francaise ne changera pas grand chose dans le régime alimentaire d´un enfant Togolais.
    Je suis complètement d´accord avec vous. Un enfant Togolais sous alimenté, la tête vide, les yeux vides, c´est á cause de ce genre de l´élite nocive et aliénée que ces pays ne s´en sortiront jamais de ce trou. Rien n´est plus drôle que le malheur.
    Je disais donc tout á l´heure que cette monnaie coloniale est inutile.
    Ce point est important, je tiens á revenir lá dessus. En contrepartie de la convertibilité garantie par la France, les Banques Centrales Africaines, s´engagent á déposer 50% de leurs réserves de change auprès du Trésor Francais ; Humm, sur des comptes portants le doux nom de comptes d´opérations ; c´est du vol pur et simplement ou la prédation á l´état pur.
    Exactement éclairez nous un peu, c´est un drame. Imaginez vous ! 50% des avoirs extérieurs de leurs pays déposés chaque année dans un compte logé á l´étranger, résultat ; les citoyens Africains n´ont pas accès aux services publiques monétaires. Avec quoi vont-ils se développer ? cet argent va en France pour payer les chômeurs Francais, les assistés, les handicapés,, après on s´étonne qu´il ya des migrants Africains, ha, ha, ha, qui ne font que suivre leur argent volé par les Francais.
    Les réserves extérieures de ces pays lá sont á peu près 14 milliards de dollars renumérées au taux marginal, c´est á dire que les Africains financent une partie du budget Francais. L´argent appartient aux Africains, et les intérêts sont pour la France, c´est pourquoi ils n´avanceront pas ne serait ce que d´un iota, de plus, la France leur ferme la porte, ils rodent comme des corbeaux autour du Consulat de France. Mêmes les cadres supérieurs, des médécins. Ils font la queue devant le Consulat de France comme des vulgaires mendiants.
    C´est clair, ils font pitié.
    Vénérable Prof. Melhang Chang merci de vouloir si bien résumer le mal profond qui affecte les pays de la zone CFA. La situation semble désespérée. Oui mais n´oublions pas que contrairement au médécin gabonais, le chômeur Francais n´a pas besoin de visa pour se rendre en Afrique, il prend son sac á dos et débarque dans n´importe quelle capitale en Afrique.


    • leypanou 7 novembre 2017 09:56

      @microf
      Tant que les nombreux cadres africains -ingénieurs, médecins, techniciens et autres- ne rentrent pas dans leurs pays au lieu de rester en France, États-Unis, Angleterre, etc, etc- profiter de la vie d’ici, l’Afrique sera toujours aussi sous-développée car l’expat qui va en Afrique n’y va pas pour la développer mais pour s’enrichir.
      Et même quand ils rentrent, au lieu de chercher à développer leurs pays, ils les vassalisent au profit de compagnies/états étrangèr(e)s avec comme première conséquence absence d’infrastructures de base de qualité -route, santé, éducation.
      Et la corruption ainsi que le décervelage via les pratiques religieuses -pentecôtistes, évangéliques, mormons, etc, etc- ne font qu’empirer les choses.


    • microf 7 novembre 2017 10:10

      @leypanou

      Merci @Leypanou pour votre commentaire, vous avez raison car il ya une part de vérité dans ce que vous dites, et c´est ce que dit aussi le Prof. Mehlang Chang.

      Toutefois, vous savez que sans corrupteur, il n´ya pas de corrompu.

      Mais j´aimerai avoir votre opinion sur l´entretien du Prof. Mehlang Chang, si possible bien sûr car vous n´êtes pas obligé.

      Bonne journée.


    • leypanou 7 novembre 2017 11:01

      @microf
      Il n’y a rien à dire là-dessus : il a raison. Mais ce qui est important est de souligner que si la Chine s’est développée, c’est grâce à l’esprit de vouloir développer leur pays , ce qui n’est pas le cas de l’élite africaine en général (des gens qui ont été « formatés » au FMI sont incapables à mon avis de penser au bien de leur pays par exemple).

      Vous qui parlez de Franc CFA, est-ce que vous savez que la Guinée Équatoriale est le seul pays qui s’est mis lui-même dans la zone CFA ? Vous dites que sans corrupteur, il n’y a pas de corrompu, mais si vous voulez développer le pays, la corruption n’a pas lieu car la corruption vient de l’égoïsme sans limite. Et qui dit juguler la corruption dit avoir un état de droit, et on en est très loin.


    • Mokaka 7 novembre 2017 14:37

      @microf

      C’est lamentable de rejeter les fautes sur les autres. Rejeter les fautes sur le CFA. Pourquoi les africaines gardent les langues colonisateurs : français, anglais, portugais etc. parce que ils sont ........ ?????


    • microf 7 novembre 2017 15:07

      @leypanou @Mokaka

      Merci @Leypanou, merci @ mokaka de vos réponses, mais si vous avez lu bien l´entretien, ce n´est pas un Africain qui ce plaint, c´est un Chinois.

      Comme je l´ai écris dans mon premier commentaire d´après un proverbe Africain, " le fruit qui doit mûrir même si vous le jetez dans de l´eau chaude, fini par mûrir.
      L´Afrique va se développer, cela , je ne me fais pas du soucis, ce que traverse l´Afrique en ce moment n´est qu´une partie de son histoire, exactement comme l´Occident a écrit son histoire qui est très douloureuse.
      Vous savez lorsqu´une femme veut accoucher, elle souffre, mais après, elle ce réjouit de son enfant, tel est le cas de cette Afrique, qui en ce moment souffre que ce soit du fait de ses enfants Africains ou par d´autres non Africains.

      Merci du partage, c´est cela le but des commentaires.


  • CN46400 CN46400 7 novembre 2017 09:01

    Le pb de l’Afrique n’est ni sa démographie, ni ses matières premières, c’est l’absence d’états peu corrompus et efficaces. C’est cela qui constitue la réussite chinoise, et c’est difficilement exportable....


  • Mokaka 7 novembre 2017 14:38

    C’est lamentable de rejeter les fautes sur les autres. Rejeter les fautes sur le CFA. Pourquoi les africaines gardent les langues colonisateurs : français, anglais, portugais etc. parce que ils sont ........ ?????


  • Mokaka 7 novembre 2017 18:59

    Les africaines ont construit un MUSEE DES CIVILISATIONS NOIRS à Dakar, les travaux sont terminés depuis deux ans, mais la porte est toujours fermée, parce qu’il n’y a pas grand-chose dedans. Quel gâchis.

    Quand les pays africains sont développés, les autres sont déjà sur la MARS, nous serons seuls sur la terre.


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