jeudi 5 février 2015 - par Trelawney

Le babouin est-il l’avenir de l’homme ?

L’éthologie est l'étude du comportement animal tel qu'il peut être observé chez l'animal sauvage ou domestiqué, dans son milieu naturel ou en captivité. Elle se définit plus simplement comme l'étude des comportements instinctifs et plus généralement, comme la biologie du comportement.

L'éthologie humaine décrit, sur la base de l'instinct animal, le comportement individuel et collectif. On peut donc dire que ce qui se rapporte à l’animal peut avec quelques réserves se transposer à l’homme.

Un éthologue a fait une découverte intéressante en observant pendant plusieurs années le comportement d’une colonie de babouins en Afrique. Ces derniers évoluaient dans ce groupe de façon tout à fait classique et donc hiérarchisé. C’était même ce que l’on nomme « une hiérarchie stressante ». Il y avait un groupe de mâles dominants qui ne manquaient pas de flanquer une dérouillée aux jeunes et aux mâles "soumis" et aussi aux femelles qu’ils honoraient à leur façon. Comme les mâles dominants dirigeaient de façon tyrannique cette communauté, ils étaient les premiers et souvent les seules à se servir quand il y avait de la nourriture. Les jeunes et les faibles devaient s’éloigner du groupe pour se trouver à manger, ce qui les exposait aux prédateurs. Ils offraient ainsi par leur sacrifice involontaire, une protection au groupe. Ce qui devait arriver arriva, le jour où la nourriture fut empoisonnée, tous les mâles dominants du groupe moururent. Il ne resta que les jeunes, les moins agressifs et les femelles. Tout ce petit monde vivant comme cela sans hiérarchie. Et tout allait bien, car les femelles pouvaient s’occuper des jeunes sans craintes d’être agressé, les babouins paisibles pouvaient honorer ses dames sans avoir à combattre qui que ce soit. Au bout de quelque temps, le troupeau n’était composé que de babouins gros forts et jamais malades. Le babouins est grégaire et quand il est seul dans la savane, il faut qu’il se trouve un groupe, ne serait-ce que pour éviter d’être attaqué. Quand un mâle solitaire, dominant et agressif rejoint ce groupe, il est vite remis à l’ordre par les autres membres et bizarrement son comportement change. Il devient moins agressif et plus sociable. Il se fond dans le groupe et fini en très peu de temps par leur ressembler. Il n’a pas mis de temps à comprendre qu’il n’était pas nécessaire de chercher à s’imposer par la force pour bien vivre et s’épanouir

Si on transpose cela chez les humains, ça ne donne pas tout à fait le même résultat. D’un point de vue théorique et seulement théorique, l’égalité entre les hommes et les femmes constitue l’un des socles de notre société. Le principe d’égalité associé au concept de citoyenneté forge les liens entre les individus sans les différencier autour d’une nation, d’une langue, d’un Etat, et cela dans le seul but de maintenir un équilibre ou une cohésion sociale. Cependant ce monde qui se dit égalitaire est quand même extrêmement hiérarchisé. Les sous-catégories d’individus qui normalement devraient être diluées dans une société plus globale sont de plus en plus mis en lumière des qu’une crise apparaît. L’agressivité naturel de l’homme fait le reste et des discriminations d’âge, de genre, d’origine, de classe, de religion, d’handicap, d’orientation sexuelle qui jusqu’alors était masqué apparaissent au grand jour. Certains vous diront que discriminer, c’est rendre visible, permettre d’évoquer un problème social pour essayer de le résoudre. Pour revenir au groupe de babouins, la discrimination a disparu le jour où les dominants, qu’on aurait pu qualifier de tyrans ont disparu. Il existe bien des femelles et des mâles, mais cette disparité n’a d’utilité que pour la procréation, car dans ce groupe non hiérarchisé, les femelles accomplissent quasiment les mêmes taches que les mâles

S’il faut discriminer, choisir ses variables que l’on juge discriminante pour lutter contre les discriminations, c’est que ce monde est géré par des groupes de pressions hétérogènes, de façon stressante et qu’il n’est pas égalitaire. Certain vous diront que la compétitivité, la combativité ou la pugnacité sont des éléments moteurs pour le progrès de notre société. Cela ne fait qu’engendrer une discrimination invisible est pourtant bien présente qui affecte tout le monde et crée une véritable souffrance. C’est l’émigré sans papier espérant un bonheur hypothétique dans une contré plus riche, C’est l’employé lésé par rapport au cadre qui a plus d’avantage en terme de salaires, mutuelles, prévoyances etc. C’est ce même cadre qui ne compte pas ses heures pour un patron égoïste et arriviste. C’est ce même patron qui jamais ne côtoiera les nantis alors qu’il participe, pense-til, à la croissance de son pays. Cette société basée soit disant sur « l’excellence » ne produit que de la souffrance, du malheur, du ressentiment et de l’amertume.

Est-ce que ce mal vivre est quantifiable ?

Si on ne peut nier cette évidence, beaucoup d’entre nous diront que le tableau n’est pas aussi noir et que les progrès technologiques et les profits commerciaux qui vont avec ont contribué à rendre ce monde meilleur sur le plan matériel, et que sommes toute, la disparité est une marque de singularité et les inégalités sont nécessaires pour la bonne marche de l’humanité.

Une étude est passée presque inaperçue, révèle que le chômage tue chaque année en France, 14 000 personnes. Soit presque deux fois plus que les accidents de la route. Un chiffre effrayant et totalement inédit.

L’inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a suivi 6 000 Français âgés de 35 à 64 ans dans huit régions différentes. Ces 6000 personnes n’ont aucun facteur de risque tels que diabète, maladie cardio-vasculaires, cancer etc. leurs conclusions sont sans appel, la mortalité des chômeurs est trois fois supérieure à celle des travailleurs. Les personnes sans emploi affichent non seulement un taux de mortalité par suicide plus élevé que les actifs, mais, surtout, que la perte de travail favorise l'apparition de pathologies cardiovasculaires. Les chômeurs ont ainsi un risque d'AVC et d'infarctus augmenté de 80 % par rapport aux actifs. Ils sont aussi plus nombreux à mourir de cancer. Le constat est identique chez les femmes ou les hommes. Il touche même les personnes socialement privilégiées, dont le profil socio-économique et le niveau d'études sont supérieurs à la moyenne, alors qu'elles font naturellement plus d'attention à leur santé. Il est vrai que la condition de chômeur induit des conduites à risque, le tabac, la boisson, la nourriture déséquilibré, fait apparaître hypertension, diabète et obésité, qui impactent sur la santé. Il existe cependant, un effet spécifique associé au chômage et indépendant des autres facteurs de risque. Il existe parmi les personnes suivies ayant une vie saine, sans tabac, alcool et faisant du sport, une surmortalité qui ne s'explique pas bien, mais est selon les médecins très certainement liée à la dimension psychologique du chômage, avec des phénomènes tels que le stress, la dépression ou le manque de sommeil.

Comme le stipule la conclusion de l'étude, "tuer des emplois signifie tuer des gens, au sens figuré comme au sens propre".

Si on combat le chômage, en conservant notre mode de vie et nos conditions de travail actuelles, on ne gagnera pas. Déterminer l’existence d’un monde par rapport à ses disparités, créera des déséquilibres qui nuira la santé de l’individu. A l’image de nos babouins du début, on peut vivre sans hiérarchie, sans différence, sans lutte des classes et sans classe. Il suffit pour cela d’être plus intelligent qu’un babouin. Avec un peu d’effort ça doit être possible.



15 réactions


  • César Castique César Castique 5 février 2015 09:15

    Je crains que votre histoire de babouins ne soit bidon. Si les dominants disparaissaient en bloc, leur place serait prise par les dominants de « deuxième catégorie », bien moins pour la possession des femelles en soi, que pour assurer, au mieux, le maintien de la qualité génétique du groupe, qui est à l’origine de la compétition entre les mâles.


    • Trelawney 5 février 2015 09:53

      Cette étude est bien réelle et a, comme vous étonné pas mal de scientifiques. Sans vraiment rentrer dans les détail (nombre de babouins, nombres de mal dominants etc), il s’avère qu’un accident a décimé la totalité des mâles dominants. Le groupe s’est retrouvé avec une majorité de femelles qui n’ont pas tardé à imposer leur loi sur le reste du groupe (les jeunes et les mâles paisibles). Comme les femelles sont solidaires entre elle pour la nourriture et l’éducation des jeunes, leur mode de vie est devenu le mode de vie du groupe. Comme leur mode de vie est moins stressant que le précédent tout le mode y a trouvé son compte. Et c’est cela qui est étrange : les babouins peuvent changer de mode de vie si le nouveau mode est plus pratique que l’ancien. Cela veut dire que le mode de vie sociétale est plus fort que leur instincts.

      Quand un mâle dominants intègre le groupe il veut bien sur et c’est sa nature s’imposer aux autres. Mais c’est l’esprit de groupe des femelles qui domine et soit il quitte le groupe soit il accepte son style de vie.

      Comme ce style de vie est moins stressant, au fil de génération les individus du groupe sont plus gros, plus forts et intimident par leur masse les autres babouins et certains prédateurs


    • César Castique César Castique 5 février 2015 10:50

      « ...au fil de génération les individus du groupe sont plus gros, plus forts : »


      Alors, cela signifie que ce sont les femelles qui choisissent les mâles en fonction de leurs qualités génétiques, puisqu’il n’est pas pensable que les stropiats, les rachitiques et les malades puissent perpétuer l’espèce. Dans ce cas, on assiste simplement au passage d’une domination à une autre, 

      Je reste néanmoins sceptiques, faute d’informations sur la source des observations et des communications.



    • Trelawney 5 février 2015 12:02

      http://www.futura-sciences.com/magazines/nature/infos/actu/d/zoologie-chez-babouins-pouvoir-stressant-31499/

      En fait l’étude complète de Laurence Gesquiere (université de Princeton) a été publiée dans la revue Science (en anglais). Cette article parle du stress chez les babouins dominants.

      Chez les mammifères (humains compris) la femelle détecte instinctivement le « reproducteur idéal », tandis que le mâle est instinctivement attiré pas le sexe. Ca se vérifie chez les rats, les hommes, les singes etc. Dans des groupes extrêmement hiérarchisé comme chez les rats ou les babouins, c’est la domination du mâle qui détermine le choix.

      Comme dans ce groupes les mâles dominants avaient tous disparu, les femelles dominaient les autres mâles plus jeune ou plus fragiles. Ce sont elle qui ont fait leur choix chez les éventuels reproducteurs. Un groupe d’amazone en quelque sorte. A partir du moment où ce système s’est installé, le mâle dominant n’avait plus de raison d’être.

      C’est cela qui est étonnant,, car comme vous le dites, l’animal a su dépasser sa nature profonde de mâle voulant dominer dans le seul but de vivre sans stress.

      Est-ce que l’on saura en faire autant ? J’en doute


    • nemotyrannus nemotyrannus 5 février 2015 18:36

      C’est cela qui est étonnant,, car comme vous le dites, l’animal a su dépasser sa nature profonde de mâle voulant dominer dans le seul but de vivre sans stress.


      Vouloir vivre sans stress ou bien cette vie sans stress est elle seulement le résultat de la situation et non une volonté de la part du groupe ?
      Les mâles alpha plus stressés étant morts , restent les plus jeunes qui ne le sont pas autant parce qu’ils ont accès à la nourriture , un nouveau mode d vie s’est installé.

      Je trouve prématuré de dire qu’ils on su transcender leurs instincts DANS LE BUT de vivre mieux.
      Je dirai que le modèle d’avant étant mort , il n’y a pas de raisons que les plus jeunes fassent de même .
      Il y a plus de chances d’accès à l’accouplement sans qu’ils se fassent casser la figure , d’ailleurs , réduisant un peu plus ce stress.

      Légèrement plus parce qu’au final ce sont toujours les femelles qui décident. 
      Vera t’on le stress ressurgir à cause de la volonté d’accouplement , les même mâles plus chanceux étant toujours choisis par les femelles ?

      Mystère.



  • Diogène diogène 5 février 2015 09:48

    Les trois petits singes, appelés aussi « singes de la sagesse » sont des babouins.

    Ils symboliseraient la formule : « Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire »

    Chez les hommes, ce n’est pas la même chose :

    -  Il y a ceux qui voient des choses et en parlent, mais n’écoutent pas ce que l’on leur dit…

    -  Il y a ceux qui ne voient rien, écoutent les autres et en parlent…

    -  Il y a ceux qui entendent et voient des choses, mais n’en parlent pas…

    http://www.jeanbaptistelc.fr/trois-singes-sages/


  • gaijin gaijin 5 février 2015 13:34

    " Chez les mammifères (humains compris) la femelle détecte instinctivement le « reproducteur idéal »,
    en fait la femelle singe sapiens choisit le plus souvent pour se reproduire un male de la classe sociale directement au dessus de la sienne ( souvent plus riche , ou dans une position plus dominante )
    ( je parle de reproduction pas de sexe récréatif .......)
    on fait souvent passer le social pour du biologique mais en réalité les deux sont intimement lié dans les observations de femelles sapiens en captivité pendant ( prison ) il a été constaté par exemple que les cycles menstruels tendaient a se calquer ( début , durée ..) sur celui de la femelle dominante
    étonnant non ?


    • Diogène diogène 5 février 2015 14:05

      Les femmes Inuit n’ont pas de règles pendant 6 mois.


      Pour ce qui est des autres femmes sapiens, je pensais que le critère pour le choix du reproducteur était la cylindrée du scooter et la présentation d’un bail de 5 ans pour un logement rue du Faubourg Saint Honoré. Merci de m’avoir éclairé.

    • Dom66 Dom66 5 février 2015 16:26

      Salut diogène
      + 1
      Humour que
      J’aime.... 


    • gaijin gaijin 6 février 2015 09:12

      salut diogène
      merci pour l’info sur les inuit
      pour le reste bien que ça puisse paraître quasi incroyable il y a plus de gens dans le monde qui habitent en dehors de paris qu’au dedans smiley


  • Dom66 Dom66 5 février 2015 16:29

    Etude très intéressante. "Il suffit pour cela d’être plus intelligent qu’un babouin. Avec un peu d’effort ça doit être possible".

    Je pense qu’avec les dirigeants que nous avons tout ceux qui sortent de L’ENA  (École Nationale des Ânes) cela risque d’être très dur, voir impossible

    C’est la femme l’avenir de l’homme, le Babouin ?? À voir comment il s’occupe des femelles, ça fait un peu genre DSK.

    Changeons quelques mots pour voir !

    "Un éthologue a fait une découverte intéressante en observant pendant plusieurs années le comportement d’une colonie de Français en France. Ces derniers évoluaient dans ce groupe de façon tout à fait classique et donc hiérarchisé. C’était même ce que l’on nomme « une hiérarchie stressante" devinez pourquoi ?

    .


  • Parapente apente 5 février 2015 22:42

    Mais en suppriment la classe des mâles agressifs, les femelles ont fait monter leurs classes au pouvoir ? donc régime de classe même si non agressif.
    C’est le propre du capitalisme de dire que les classes n’existes plus, pour endormir les salariés.
    Plus de syndicat, plus de revendication, on est tous pareille !
    Le soucis, c’est que votre patron et le MEDEF, eux, ils dirigent les négociations salariales avec leur cadeaux fiscaux, les baisses de cotisations, qui ne sont en fait que des rabets sur votre salaire, et c’est le salarié qui paiera la sécu et les cadeaux.
    Encore dans le « on est tous pareils », quand quelqu’un doit être licencier ou faire un effort, cela sera le salarié, pas le patron, donc les classes existent, mais nous sommes endormie par le discours capitaliste, « suivez nous », et le prolétariat en payera le prix sûrement et plus tôt que l’on ne croit.
    Je suis en disponibilité, ce qui est un terme plus jolie, que chômeur et je suis heureux, je fais du sport, ne fume pas et je m’instruis. Je n’ai personne pour m’hurler dessus, ce qui j’en suis sure augmente ma longévité.

    La dépression et le sentiment d’inutilité, ne viendrai t’il pas d’ailleurs ? de ce que l’on a mis dans la tête des gens, « bouuuuu , t’es eu chomage, me touche pas, cela peut s’attraper. » « t’es au chômage, tu es inutile », « tout mais, pas le chômage », « qu’est ce que tu vas devenir » « cherche du travail » comme si en cherchant nous allions en créer et cela on entend ça, toute la sainte journée !


  • vesjem vesjem 5 février 2015 23:02

    chez les baboins , point de pognon


  • vesjem vesjem 7 février 2015 00:50

    tas rèson , diogêne , save ni lire ni écrire


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