Le Liban et le soutien arabe espéré
Eh bien, le président français Emmanuel Macron s'est rendu à Beyrouth seulement 3 jours après l'explosion, pour être le premier chef d'État à se rendre au Liban après cette catastrophe qui a causé la mort d'au moins 137 personnes et en a blessé quatre mille, selon un bilan encore temporaire, alors que des dizaines sont toujours portées disparues, et des centaines de milliers de personnes se sont soudainement retrouvées sans abri ni ressources à la suite de l'explosion. La France a une histoire, des intérêts et un héritage culturel et civilisationnel dans le cadre de ses relations avec le peuple libanais, et il va de soi qu'elle sera au premier rang des partisans et sympathisants des Libanais dans une telle catastrophe.
Personnellement, je souhaite qu’une importante délégation arabe de haut niveau soit au premier rang des visiteurs de la capitale libanaise, Beyrouth, pour soutenir le Liban face à l’épreuve qu’il traverse depuis l’énorme explosion qui a fait de Beyrouth une « ville sinistrée » qui est en état d’urgence jusqu’à nouvel ordre.
Il est vrai que les pays arabes, menés par les Émirats arabes unis, le Royaume d'Arabie saoudite, l'Égypte, le Royaume de Bahreïn, le Royaume de Jordanie et d'autres, ont fourni de toute urgence une aide médicale et toutes les formes de soutien nécessaires au peuple libanais dans ces circonstances, où ce pays, qui souffre principalement de multiples dilemmes, connaît la plus grande explosion de son histoire. Certains la classent comme la plus grande explosion non nucléaire de l'histoire, mais ces circonstances ont obligé la Ligue des États arabes à agir rapidement et d'urgence pour coordonner un effort arabe conjoint pour soutenir le Liban face à une situation d'urgence sans précédent dont les effets désastreux semblent plus grands que la capacité de ce pays arabe à l'absorber. Selon les déclarations du gouverneur de la capitale libanaise, Marwan Abboud, entre 250 et 300 mille personnes sont devenues sans abri car leurs maisons sont devenues inhabitables, et environ la moitié de Beyrouth a été endommagée ou détruite.
Le Liban, qui souffre d'une crise économique de plus en plus grave dont les effets désastreux sont aggravés par la propagation de l'épidémie du coronavirus, paie une lourde facture à cause de la corruption et du relâchement administratif et gouvernemental, car il porte le fardeau des marchands de la prétendue résistance, qui contrôlent les rêves et ambitions, et même le droit de ce peuple arabe à une vie décente loin du spectre des guerres et des missiles que ceux-ci se vantent de stocker dans diverses zones secrètes du pays, faisant de tout le Liban une cible de bombardements, à la recherche des arsenaux de missiles que ces gens cachent dans ce beau pays.
Le Liban a besoin d'une forte solidarité arabe face à la dévastation et à la destruction qui ont affecté les rues de sa capitale, qui, malgré le fait qu’elle est habituée aux explosions, elle n’a cependant jamais connu dans son histoire un tel désastre. Et le Liban doit également éradiquer les causes de l'instabilité, en particulier les milices et leurs armes, et leurs conflits par procuration dont le Liban et son peuple paient les coûts économiques, humains et politiques, Mais le dilemme demeure dans la difficulté de franchir cette étape - du moins pour le moment - compte tenu des complications qui existent sur la scène libanaise.
Face à la poursuite de la série des crises arabes, je vois que les Arabes ont besoin d’un mécanisme collectif urgent pour gérer ces crises et rechercher des issues et des solutions pour y faire face. La stabilité du Liban et son retour à jouer son rôle historique de phare culturel est un intérêt arabe commun, et ce que ce pays traverse au stade actuel a pour résultat qu’il a maintenant plus que jamais besoin du soutien et de l'assistance arabes.
Il est vrai que le discours visant à empêcher certaines parties libanaises de tourner autour de l'orbite de certaines puissances régionales sectaires à l'heure actuelle semble difficile à réaliser, voire même tardif, car ces parties ont envahi le rôle de l'État libanais et étendu leur influence hors du Liban dans les arènes de conflit et dans d'autres pays arabes pour des raisons sectaires, et elles se vantent désormais de leur subordination à des loyautés étrangères et prennent des décisions majeures contre les intérêts stratégiques clairs de l'État et du peuple libanais, qui paie le prix des aventures et des décisions prises par ces mandataires des mollahs iraniens !
La réalité est que la carte des crises dans notre région arabe est devenue très étendue. Elle s’approfondit et s’étend d’une manière qui suscite des inquiétudes quant à l’avenir, et les efforts déployés par les acteurs arabes - tels que l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats arabes unis - pour faire face à ces crises et cerner leurs effets semblent très importants et cruciaux, mais le dilemme demeure dans l’escalade du ciblage pour cette région par des puissances régionales expansionnistes qui voient dans les conditions géostratégiques actuelles un moment historique qui ne se répétera pas, pour réaliser leurs ambitions et leurs rêves, en tirer des gains ou réaliser des intérêts. Il est donc nécessaire pour le reste des Arabes de soutenir les efforts consentis par ces États actifs et de les appuyer politiquement pour faire face aux ambitions extérieures, et le Liban était et restera une cible pour ces gens avides, ce qui impose la nécessité d'obtenir un soutien collectif arabe qui l'aidera à sortir de cette crise, et même de ses autres crises actuelles.