jeudi 10 juin 2010 - par Le Canard républicain

Le mathématicien russe Grigori Perelman a ignoré le prix d’un million de dollars

D’après la Voix de la Russie , “le mathématicien russe Grigori Perelman a ignoré le prix d’un million de dollars qui lui était attribué par l’Institut mathématique de Clay pour avoir prouvé l’hypothèse de Poincaré. Le lauréat n’est pas venu à la cérémonie de la remise du prix qui s’est passée mardi dans le cadre d’un symposium mathématique à Paris” .

Le Russe s’était déjà vu décerné en 2006 la médaille Fields, considérée comme le "Nobel en mathématiques", qu’il avait refusée.
 
La conjecture de Poincaré est le premier des sept problèmes listés par l’Institut Clay a être résolu. “Des problèmes pour lesquels, selon la boutade d’Andrew Wiles  [1], beaucoup de mathématiciens seraient prêts à débourser un million de dollars afin d’en trouver la solution” [2].
 
Hier, sur France inter, le mathématicien et directeur de l’Institut Henri Poincaré, Michel Broué, s’est réjoui de l’attitude de Grigori Perelman en déclarant que "l’activité des mathématiques était jusqu’à maintenant, par nature, protégée de la pourriture financière et commerciale, j’emploie ce terme volontairement. Mais je pense que c’est sans doute une des raisons qui font que Perelman dit et veut dire qu’il ne veut pas travailler pour le fric ni pour les récompenses. C’est une chose, il travaille pour l’honneur de l’esprit humain".
 
La pourriture financière s’est encore un peu plus incrustée dans les nouveaux programmes de mathématiques au lycée, qui font la part belle aux probabilités et aux algorithmes.
 
Source de cette image : profil maths, p. 207, manuel scolaire 2de Nouveau programme maths repères, hachette ÉDUCATION, 2010.
 
Pourquoi les nouveaux programmes accordent-ils une telle importance aux algorithmes ? L’article ci-dessous de Capital.fr nous donne la réponse.
 
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"Avec un bon algorithme, la gestion par ordinateur permet de réaliser d’importantes plus-values en Bourse"
 
« Laisser un ordinateur investir de façon autonome sur les marchés boursiers présente de nombreux avantages, explique François Bonnin, gérant du fonds Cyril Systematic chez John Locke Investments. Cette technique, dite de gestion systématique, ne cesse de prendre de l’ampleur. Et la performance est au rendez-vous. Informaticien de formation, le gérant nous décrypte le fonctionnement de ce trading et détaille les écueils à éviter.
 
Capital.fr : De Goldman Sachs aux hedge funds, la gestion systématique, c’est-à-dire gérée exclusivement par ordinateur, prend de l’ampleur... pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cette technique ?
 
François Bonnin : La gestion systématique repose sur l’action d’un programme informatique, qui va permettre de prendre des positions automatiquement sur les marchés sans intervention humaine. Le logiciel est conçu pour réagir dès qu’un mouvement de marché génère des signaux d’achat ou de vente. Il permet ainsi de réaliser plusieurs transactions à la minute sur n’importe quelle Bourse mondiale.
 
Capital.fr : Est-ce réellement plus efficace que la gestion classique ?
 
François Bonnin : Laisser un ordinateur se charger lui-même d’effectuer des transactions sur les marchés n’est pas la solution miracle pour gagner de l’argent en Bourse. Tout dépend de la puissance des algorithmes mathématiques que vous utilisez. Mais cela offre plusieurs avantages. L’ordinateur provoque bien moins d’erreurs que pourrait en faire un trader et permet d’éviter toute réaction exagérée : une machine ne cèdera jamais à la panique ou à tout autre faiblesse émotionnelle. Preuve de l’intérêt de ce système : nous avons réalisé notre meilleure année en 2008 (+28%), lors de la crise financière.
 
Capital.fr : Après quatre années de hausse consécutives, votre fonds a perdu plus de 8% en 2009, ce système de gestion n’est donc pas infaillible...
 
François Bonnin : L’année 2009 a en effet été difficile. Les principaux marchés sur lesquels nous sommes investis ont fluctué sans grande direction. Or, pour que notre stratégie soit payante, il faut qu’une tendance se dessine clairement à la hausse ou à la baisse et ce sur une période prolongée. Le principe de notre gestion est en effet de suivre les grands mouvements des indices boursiers et non de les anticiper. Conséquence, le logiciel a réagi de nombreuses fois à de "faux" signaux d’achat ou de vente et nous avons multiplié les déconvenues.
 
Capital.fr : Quel est le rôle du gérant lorsque le trading est géré exclusivement par un ordinateur ?
 
François Bonnin : Le travail d’un gérant systématique diffère de celui d’une équipe classique. Nous avons une quinzaine d’informaticiens et de chercheurs qui sont constamment en quête de nouvelles méthodes à partir desquelles les décisions d’investissement sont prises. Notre équipe se charge de trouver des incohérences sur les marchés, en passant à la moulinette d’énormes bases de données via un traitement statistique. Un bon algorithme permet de réaliser de belles performances pendant plusieurs années de suite sur les marchés.
 
Capital.fr : Votre fonds étant classé comme un hedge fund, la réglementation française n’est-elle pas contraignante ?
 
François Bonnin : Pas du tout. La règlementation française n’est pas aussi stricte qu’on le croit. Les véhicules d’investissements proposés correspondent à nos besoins. Nous pouvons investir sur pratiquement n’importe quel type d’actif, des actions du CAC 40 aux grains de café en passant par les taux de change. En revanche, nous sommes pénalisés par le législateur, qui interdit que notre fonds soit éligible dans les contrats d’assurance vie ou pour les fonds de retraite. Résultat, 85% de nos clients sont étrangers.
 
Capital.fr : Le durcissement à venir de la règlementation internationale pour les hedge funds ne risque-t-il pas d’affecter vos performances ?
 
François Bonnin : Au contraire, cela pourrait même jouer en notre faveur puisque la nouvelle règlementation devrait plutôt concerner les marchés de gré à gré. Or, nous investissons uniquement sur des marchés organisés, où les risques sont évalués concrètement et où toutes les contreparties sont clairement identifiées.
 
Propos recueillis par Thomas Le Bars » [3]

 
D’après le mathématicien Georg Cantor, “l’essence des mathématiques, c’est la liberté”. Aujourd’hui, beaucoup de personnes oublient que les mathématiques font partie des grandes choses qui intéressent depuis des millénaires la pensée humaine.
 
J.G., Primidi 21 Prairial an CCXVIII
 
Article également publié par Le Canard Républicain.
 


19 réactions


  • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 10 juin 2010 10:28

    Perelman pousse le désintéressement jusqu’à l’absurde.
    De plus, il est quelque peu égoïste car il pourrait tout aussi bien accepter l’argent lié à ces prix et le redistribuer entre des étudiants russes méritants.


    • foufouille foufouille 10 juin 2010 11:13

      oui, il aurait pu accepter et en faire dons


    • non666 non666 10 juin 2010 11:35

      D’un autre coté, accpter des dollars, c’est admettre que cette monnaie a encore une valeur reelle....

      C’est admettre que les marchés sont efficients...

      C’est admettre que les institutions qui distribuent ces prix , sont aptes a juger de la qualité du travail fourni par tel ou tel mathematicien uniquement parce qu’elles ont posé de l’argent sur la table....

      Moi j’arrive acomprendre ce russe.


  • Cogno2 10 juin 2010 11:11

    « A l’aide de calculs mathématiques, je crée des produits qui permettent de réduire les risques. »
    « Avec un bon algorithme, la gestion par ordinateur permet de réaliser d’importantes plus-values en Bourse »

    Le genre de phrase à vomir, ces gens sont sur une autre planète, complétement défoncés, aussi déconnectés de la réalité qu’un junky sous héro, avec le coté geek du type qui voit le monde au travers d’un ordinateur.
    Ce sont des mentalités de merde, véhiculées par des parasites, des sangsues.

    Sinon au vu titre je ne m’attendais pas à ce que les deux tiers du texte soit sur le « pourrissement de la finance ».

    Sinon


  • Kelson 10 juin 2010 11:54

    L’algorithmique est au coeur de tout logiciel. L’algorithmique a autant à voir avec la finance que les mathématiques. Il y a donc ici un amalgame flagrant. Sachant que le logiciel est au coeurs des échanges dans notre société, il me semble assez pertinent autant d’un point de vue social que économique que les futures adultes en comprennent ne serait-ce que les principes de base. L’enseignement de l’algorithmique est donc une adaptation nécessaire.


    • vince733 11 juin 2010 09:47

      @Kelson
      Le problème n’est pas de savoir si on doit ou non enseigner l’algorithmique ... La question est de savoir quelle est l’approche que l’on donne à cet enseignement !!!
      Et l’approche financière proposée est une vraie approche de merde ; l’algorithmique financière est essentiellement mathématique, et ne présente qu’un intérêt très limité comparée à d’autres problèmes algorithmiques.
      Par exemple, les algorithmes de tri, de comparaison de mots permettent de montrer l’application de l’algorithmique au quotidien et autorisent une super approche pédagogique de ce domaine.


    • Kelson 11 juin 2010 12:35

      L’article fait vraiment un amalgame et parle de l’algorithmique en général au Lycée. Mais est-ce vraiment tel que tu le décris en France ? Je ne trouve malheureusement pas de documents sur le sujet.


  • sleeping-zombie 10 juin 2010 12:06

    Pourquoi les nouveaux programmes accordent-ils une telle importance aux algorithmes ? L’article ci-dessous de Capital.fr nous donne la réponse.

    Bouh ! les vilains mathématiciens qui font des algorithmes ! Ils pillent la planète avec leurs produits boursiers foireux et inhumains !

    Bon, accessoirement, c’est aussi ce qui permet à un avion de 600 tonnes de voler, mais on est pas a ça près... Ou comment, en une seule phrase, l’auteur nous démontre qu’il ne sait
    pas ce que sont les mathématiques ou l’algorithmique...


  • Lucien Denfer Lucien Denfer 10 juin 2010 12:50

    L’objectivité n’étant visiblement pas cotée en bourse on sombre dans l’absurdité la plus totale. 

    L’optimisation des transactions n’est qu’une infime partie (et pas la plus noble) des possibilités offerte par les mathématiques. On retombe ici dans un schéma utilitariste dans lequel on fait prédominer une fonction particulière à laquelle est assujettie l’individu. C’est l’exact opposé de ce que devrait être la mission d’éducation qui formerait des personnes capables de dépasser les limites du « veau d’or technologique ». 

    Si on résume l’assertion principale de ces nouveaux judas, la finalité ultime de toute existence est de faire des plus-values substantielles. Il n’est bien évidemment pas question ici de mathématiques, tout au plus d’arithmétique de la cupidité. 

    On comprend mieux les raisons qui ont poussé Grigori Perelman à snober une récompense d’un million de dollars...

  • paul mohad dhib 10 juin 2010 14:16

    serait ce les prémisses d’un nouvel humain....psychologiquement parlant, un tel humain ayant sans doute existe avant l’hypertrophie du moi, c’est a dire avant que l’humain ne se serve que d’une infime partie du cerveau, le cerveau analytique,siège du moi et de la guerre perpetuelle. ???


    • Lucien Denfer Lucien Denfer 10 juin 2010 16:16

      En tout cas cela y ressemble beaucoup.

      Vous imaginez tous les avantages pour des maîtres qui souhaitent disposer de sujets prêts à l’emploi et qui sont gênés aux entournures par les sommes faramineuses qu’ils doivent encore investir dans des programmes de propagande et de lavage de cerveau revêtus d’un vernis nommé éducation. 

      C’est tout bénéfice ces oeillères psychologiques...

  • franc 10 juin 2010 16:29

    Il faut admirer ce mathématicien russe qui est un véritable génie ------------------------------------------------------et un génie ne réagit pas comme la plupart des gens .

    le génie est équivalent à la sainteté ,c’est ainsi qu’il faut voir ce geste beau et noble du refus des prix prestigieux et l’argent et les honneurs qui vont avec ;

    Voilà un vrai héros contemporain qu’il faut mettre sur le piédestal pour prendre en exemple et non pas ces faux héros ,ces idoles de pacotille que sont les joueurs de foot.


    • Lucien Denfer Lucien Denfer 10 juin 2010 16:44

      Tout à fait.

      dans un cas le footeux amuse la galerie en s’en mettant égoïstement plein les poches, dans l’autre le génie fait avancer l’humanité entière et fait preuve d’abnégation. 

  • wesson wesson 10 juin 2010 17:20

    Bonjour l’auteur,

    " Le lauréat n’est pas venu à la cérémonie de la remise du prix qui s’est passée mardi dans le cadre d’un symposium mathématique à Paris"

    t’ain, encore un coup de Besson qui lui a refusé le visa !

    PS : Ceci est de l’humour ... enfin je crois ... bon disons j’espère ...


  • jmcn 10 juin 2010 18:12

    Cela me rappelle que les américains avaient un moment imaginé de laisser à un ordinateur la décision de lancer les missiles nucléaires intercontinentaux.

    Un ange a dû passer et ils ne l’ont finalement pas fait.

    Récemment le Dow Jones a prit une claque de 10% en 20 minutes. Personne ne sait ce qu’il s’est passé mais pour stopper la chute libre il a fallu stopper la prise de décision faite par les ordinateurs.

    L’erreur est humaine mais pour une vraie catastrophe il faut un ordinateur.

    Le fait de cependant rationaliser les décisions montre que la finance a un train d’avance sur les politiques qui passent leur temps à ne faire que des conneries irrationnelles qu’ils justifient rationnellement.

    La modélisation du réseau social afin de résoudre des problèmes sociaux via des modèlisations rationnelles me parait une alternative remarquable face au chaos présent.

    La théorie des graphes a de beaux jours devant elle.


  • Ochlophobe Ochlophobe 10 juin 2010 23:49

    Ouuf !! il reste encore des gens intelligents sur cette planete.


  • inès 11 juin 2010 10:26

    Un original ce Grigori Perelman 

    http://abcmathsblog.blogspot.com/2007/09/le-gnie-des-maths-retir-du-monde.html#links  

    Un homme discret qui vivrait actuellement en Sibérie avec sa mère, loin de tout ?



  • mcjb 12 juin 2010 18:10

    je trouve le desinterressement de Mr Perelman, tout a fait louable, je n’y connais rien en mathematique je ne sais si cela peut se comparer a l’arithmetique, j’ai moi meme fait des recherche sur les nombres et leurs caracteristiques et ai debouche sur une approche particulière du nombre 13 que nous a legue Moise l’auteur des 10 commandements,a tout hasard , je poste, peut etre un erudit pourra donner une appreciation

     peut etre est ce le chainon manquant car il relie moise a un prophete meconnu Sophonie ancien testament bible ,

    sophonie 3 14 20 = 37

     relation avec 13 de moise

     
     
    3.14.20 = 37 - 28=9*3+3 =30 (base)
    comme suit
    2 + 7 + 3 = 12
    2 + 1 + 6 = 9
    2 + 3 + 4 = 9 
     ................./30
     
    le dernière ligne peut se lire 4212 (421.2)
     
    cette meme base se retrouve chez les shadock, ces comediens qui nous ont ttant fait rire dans les annees 60 et qui sont toujours d’actualite
     
     
    a partir de ga bu zo meu
     
    soit 2+2+2+3+4=13 (eux s’arretent a 9)
    l’annagramme de mouza-beg (exemple) peut etre moise pourquoi pas

    http://www.youtube.com/watch?v=fQ8rPlksAu8&feature=related


  • mcjb 12 juin 2010 18:13

    13 moise ma proposition 2+3+(4*2)=13


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