vendredi 2 avril 2010 - par Tristan Valmour

Le mérite et l’égalité expliqués aux présidents et aux Libéraux (I) – L’héritage et l’environnement

Lors d’un discours aux étudiants de l’université de Columbia, notre Président a une fois de plus fait l’apologie du mérite et livré une bien curieuse conception de l’égalité. « L’égalité n’est pas l’uniformité ; l’égalité c’est à chacun selon son mérite. Ce que j’aime dans le modèle américain, c’est justement la récompense du travail, du mérite, de l’effort, de l’initiative, de l’audace » a-t-il déclaré sans ambages. Outre l’insulte envers les milliards de « loosers » - américains ou non -, qui n’ont pas fait l’expérience de la récompense malgré d’indéniables qualités, ces propos sont tout simplement mensongers. C’est ce que je vais démontrer à travers trois billets. Le premier abordera le problème de l’héritage et de l’environnement comme facteurs consacrant des inégalités de fait en l’absence de tout mérite personnel. Le second traitera de l’école comme observatrice ou accélératrice des inégalités. Le dernier nous conduira dans le monde du travail, de l’entreprise, après avoir décrit les mécanismes de la prise de décision.

Mais avant d’entamer le cœur du sujet, je tiens à signaler que je ne suis pas anti-libéral, plutôt un Libéral éclairé. Ma démonstration vise seulement à reconnaître que nos actes sont loin d’être uniquement comptables de qualités personnelles, que ce qui sépare l’échec du succès trouve différentes explications dans une société organisée sur un modèle pyramidal malthusien. Un modèle qui crée de la rareté quand il y a de l’abondance, pour consacrer le droit d’une minorité à gouverner une majorité selon des lois non librement consenties. Bref, ma cible n’est pas le Libéral sincère mais l’oligarchie qui truste tous les pouvoirs et empêche la concurrence libre et non faussée. Comment ne pas s’étonner enfin que le Président de « la chose publique » - le Président prétendument de tous les Français -, consacre son temps à vanter le mérite de quelques uns plutôt que d’offrir au plus grand nombre l’opportunité d’exprimer le leur ? C’était pourtant sa mission première.

L’héritage

Nous naissons avec un patrimoine génétique qui affecte notre système immunitaire, influe sur notre plastique et est responsable pour moitié de notre intelligence, indépendamment de nos initiatives et responsabilités personnelles. La qualité de ce système immunitaire nous protège ou nous expose à certaines pathologies qui auront une incidence sur tous les paramètres de notre vie. Et même en l’absence de pathologie, nous sommes si différents qu’il n’est pas question de parler d’égalité ou d’uniformité. Par exemple, le besoin en sommeil varie de 5h à 11h selon l’individu, ce qui entraîne un certain nombre de conséquences. Quant à la plastique, inutile de dire que les hôtesses d’accueil du Bourget ne sont pas choisies parmi les femmes les plus laides, conditionnant les autres à se terrer, pardonnez l’emploi à peine abusif de ce dernier verbe. Mieux vaut naître beau, intelligent et en bonne santé, que laid, bête et malade, cela va de soi ; je n’y vois pourtant nul mérite dans l’acte de naissance.

Outre l’héritage génétique, nous bénéficions également d’un héritage social qui, lui aussi, joue un rôle capital sur notre devenir. Héritage de la fortune familiale, mais aussi des relations et de l’éducation. L’étude de la nuptialité montre de surcroît une forte propension à l’endogamie sociale : on se marie entre gens de la même classe. Le mariage n’est donc pas un moyen de s’élever.

En raison du rôle prépondérant de l’héritage social et génétique, on peut donc affirmer que la plupart des nourrissons sont prisonniers d’un certain nombre de modèles d’évolution, indépendamment de tout mérite individuel dû à l’effort, l’initiative, l’audace ou encore le travail. Cela porte un nom en société fermée et sclérosée : tragédie.

L’environnement

Si l’héritage social ou génétique exerce une influence majeure sur notre futur, il en va de même pour l’environnement.

Ainsi le professeur Stephen Suomi a-t-il mis en évidence la capacité du matériel génétique à se reprogrammer en fonction de l’environnement ; tel est également le cas pour notre cerveau comme le rappelle la neuroplasticité.

On comprendra alors aisément qu’être élevé dans un milieu et dans des conditions peu propices augurent mal un avenir radieux. Des études sur de vrais jumeaux élevés dans des familles différentes ont prouvé l’influence du milieu sur le développement de l’intelligence et des facultés cognitives.

Hygiène de vie, qualité du sommeil, de l’alimentation et des relations sociales, enfin nourriture intellectuelle participent au bon développement du cerveau.

On sait par exemple que la malbouffe frappe davantage les classes populaires et moyennes que les classes aisées. Or, le sucre raffiné que l’on retrouve en abondance dans les plats préparés et les sodas sont néfastes pour le cerveau, d’après de nombreuses études indépendantes, que nie encore l’OMS. En revanche, des recherches menées sur plus de 25 ans (par Pollitt, Gorman, Watkins et Husaini) ont conclu que l’enrichissement nutritif entraînait d’importantes conséquences sur le développement cognitif. De même, la production de dopamine, synthétisée à partir des protéines est nécessaire à la mémoire de travail comme à la cognition.

Le nourrisson puis l’enfant ont besoin de sérénité. Le bruit, les conflits et l’angoisse des parents influent sur leur développement psychomoteur, leurs performances cognitives, leur comportement et leurs résultats scolaires. Un enfant a besoin de sécurité affective et matérielle. Contrairement à une idée reçue, c’est la sécurité qui incite les enfants à prendre confiance en eux, à gagner en autonomie, à développer différentes compétences. 

On sait aussi que l’écran (télévision, ordinateur, console) est extrêmement néfaste pour les plus jeunes, car, entre autres choses, le lobe occipital n’a pas fini de se développer. L’écran habitue par exemple aux images en 2 dimensions. Le professeur Ramachandran, spécialiste de la vision à l’université de San Diego est formel. Un slogan à retenir : « pas d’écran avant cinq ans ! » 

Je pourrais continuer à énoncer maintes études scientifiques sur l’influence de l’environnement dans le développement de l’enfant et de l’adolescent. L’essentiel est de comprendre que l’enfant hérite de son environnement sans l’avoir demandé. Que cet héritage conditionne grandement sa vie indépendamment de qualités personnelles comme l’audace, le mérite, l’initiative ou encore l’effort ; qualités qui sont d’ailleurs en partie le fait d’un mécanisme biochimique, par exemple l’influence de la sérotonine. La responsabilité personnelle n’est pas si engagée que cela.

On s’attendrait alors à ce que l’école, produit social, réduise les inégalités naturelles. Il n’en est rien, c’est ce que nous allons voir dans le second article.



16 réactions


  • Alpo47 Alpo47 2 avril 2010 10:58

    Effectivement, cette expression de Sarkozy vise surtout ... à justifier les actuelles profondes inégalités et à tenter de faire accepter qu’elles ne font que s’accentuer sous sa présidence.
    Ces « mérites » là, ne sont que le maintien de « l’ordre en place ».


    • non666 non666 2 avril 2010 11:53

      Alpo, je crois surtout que vu la déculottée qui l’attends, Sarkozy a été chercher du secours auprès des forces de l’ombre qui l’ont fait élire en 2007.


      Le declanchement de nouvelles « émeutes urbaines » , un soutien des lobbies qui contrôlent la presse ou tout autre « coup ».
      La mise en perspective de ce qu’il a déjà accompli pour vassaliser la France (TCE/OTAN) est son moyen de paiement. Il vient rendre des comptes a son employeur et lui montrer les objectifs déjà atteint dans ce qui lui avait été fixé....

      Désormais il doit savoir si les Etats unis attendent de lui qu’il fonce (en se sacrifiant) pour faire avancer la cause et ouvrir le chemin au suivant (DSK, Copé...) ou s’ils vont le laisser freiner un peu dans l’espoir très incertain qu’il revienne en popularité.
      Vu la gueule qu’il fait, a mon avis, l’ordre lui a été donné de finir le nettoyage et la braderie de la France.

      Dès 1992 , dans le planing defense guidance, l’objectif était clair : PLUS AUCUNE puissance ne devait être en concurrence avec les États unis auto-baptisée « hyper-puissance ».
      Et l’Europe était très clairement visée.
      Or en Europe, le seul pays qui possédait encore TOUS ses attributs de souveraineté et d’indépendance était la France.

      La il vient d’être mis au garde a vous et sommé de finir le travail, c’est évident.
      Comble de l’humiliation, c’est lui qui a été chargé d’expliquer que les « terroristes » qui viennent de revis dans le Metro de Moscou était les mêmes que ceux du 11 septembre...

      Elle n’est pas belle la couleuvre ?
      Comment annoncer aux russes qu’ils peuvent commencer leur ratonade dans le Caucase comme les anglo-saxons et les turcs en Irak...
      Sarkozy dans le rôle du porte parole des Etats unis !
      Un rôle de minus pour un minus.




    • Alpo47 Alpo47 2 avril 2010 12:43

      Bien entendu, Sarkozy est, et c’est flagrant, l’homme du « système » en place. Les autres noms que vous citez sont ... à l’unisson .
      Il trahit son mandat, ses électeurs, les valeurs de notre Pays, les vrais choix de la majorité d’entre nous. D’ailleurs, ses élus semblent de plus en plus réticents à son encontre.

      Il y a tout à craindre d’un peuple, à qui on ne laisse pour issue que d’exprimer sa colère dans la rue. Et là, je me dépêche de dire que la violence populaire sans doute à venir ne sera pas une solution pour le peuple, mais une avancée pour installer davantage de controle.

      Gare au piège qui est tendu.


    • Lisa SION 2 Lisa SION 2 2 avril 2010 13:03

      @Alpo,

      les rebelles de notre peuple l’ont compris en ne bougeant pas le petit doigt pour le No S Day, sauf les deux cent qui ont manifesté devant la prison de la santé sans aucune arme. Bien mal leur en a pris, cent dix d’entre eux ont été arrêtés alors qu’ils ne faisaient que manifester leur soutien aux prisonniers en tambourinant dans les clôture métalliques.

      @non,

      qu’est ce que tu veux qu’on rajoute quoique ce soit derrière ta synthèse claire et concise de l’actualité en parfaite adéquation avec l’histoire, et dans des mots qui visent aussi bien que les plus pointues des armes d’en face ? Toute la bande de militaires aux ordres, soumis et vindicatifs, s’il s’avère qu’ils ont eu un jour l’occasion de te lire, sont désactivés sur le champs. Ils savent qu’on sait. http://www.dailymotion.com/video/xbmrtn_ben-hur-marcel-garagiste_fun


    • non666 non666 2 avril 2010 13:32

      Excellente video : un moment culte et si révélateur de la lacheté ambiante !



  • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 2 avril 2010 11:36

    Intéressant article.

    Quelques petits commentaires néanmoins.

    Le rôle de l’affectif, du contact physique sont primordiales dans le développement d’un être humain. On a, par exemple, constaté, alors que l’apprentissage du langage représente la même difficulté,quelque soit la langue, que les bébés africains, en permanence au contact de leur mère, on un apprentissage plus précoce. Celui-ci n’est pas lié à l’appartenance sociale.

    « [...]’oligarchie qui truste tous les pouvoirs et empêche la concurrence libre et non faussée[...] »

    Je partage totalement votre sentiment, c’est pourquoi, comme le fait remarquer Milton Friedman, il est important que le pouvoir économique contre-balance le pouvoir politique, et que le pouvoir politique n’agisse pas dans l’économie (si ce n’est en garantir le respects des accords et des règles), au risque de voir une collusion entre les deux groupes, et les petits « arrangements entre amis ».

    J’attends avec intérêt la suite de votre article.


    • WatchTower WatchTower 2 avril 2010 13:50

      Milton Friedman ?
      Lisez la strategie du choc de Klein, et vous comprendrez ce qu’est ce gourou, et à quoi mène ses théories.

      Au sujet de l’article, monsieur le redacteur, vous dites que les gênes déterminent à moitié l’individu.
      Ont ils une part si importante (50% ) ? Quelle part prennent ils réellement dans la formation de l’individu ? D’ailleurs, est ce que nous pouvons nous prononcer à ce sujet ou non ?
      Merci.


    • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 2 avril 2010 15:10

      @ WatchTower

      Plutôt que de lire une critique, un digest’ (mal digéré ?), soyez plus direct, plus pertinent et faites-vous une vrai opinion : Lisez « Capitalisme et Liberté » de Milton Friedman, il vient d’être ré-édité.


    • WatchTower WatchTower 2 avril 2010 15:48

      Il ne s’agit pas d’une critique, il s’agit d’une observation objective de faits.
      Démonstration de l’outil politique de conquête qu’est le libéralisme.
      Il faut contrôler les secteurs clés d’une société ( alimentation, armement, santé,...). Une fois ceci, les quelques entreprises tiendront un rôle équivalent à celui d’un ministère : le pays est conquis.
      Quand la société est stable, cela se fait sur le long terme (depuis pompidou en fait ) avec l’aide d’autres instruments ( usure, argent dette, par exemple ).
      Quand la société est en crise, on opère à des restructurations qui n’auraient jamais pu être mises en place dans un contexte « de paix ».
      Par ce fait, au lieu d’attendre la crise (économique, environnementale, sociale, culturelle, qu’importe ), il faut parfois la créer. Tout les leviers sont à disposition pour engendrer des crises économiques, et donc sociales, et culturelles. Les crises environnementales ? Un rapport de l’UE sur la technologie liée à HAARP stipule que cela est dorénavant possible (manipulation du climat). Les technocrates de l’UE s’en sont inquiété, craignant hégémonie US ( parce que dans la tête de certains boulons de l’UE, ils croient encore avoir pour vocation être un bloc indépendant...).
      Le libéralisme est le bras du pouvoir impérial.
      Friedman en est un des gourous.
      Le niais jugeant le liberalisme économique par l’emotionnel « c’est bien je peux consommer ce que je veux quand je veux, et puis dans liberalisme, il y a liberté ! », est le lambda piégé par une reflexion sans hauteur et unidimensionnelle, 


    • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 2 avril 2010 16:01

      C’est bien ce que je dis, il vaut mieux lire l’original :

      Friedman écrit que le secteur économique doit être un contre-pouvoir au politique. Il s’agit bien d’un « contre-pouvoir ». Et surement pas un « accoquinage » entre les uns et les autres.

      Si le politique s’occupe de tout, qui peut s’opposer à lui ?

      Le libéralisme est une philosophie de la Liberté de l’Homme. Il cherche a lutter contre tout ce qui peut contrarier celle-ci.

      Tout système qui asservi est anti-libéral. C’est sa définition même.

      Toutefois, le libéralisme ne peut se penser en dehors du Droit, il reconnait donc le rôle du politique pour organiser ce droit et le faire respecter. Enfin, l’Homme n’étant pas parfait, il ne peut y avoir de système parfait. La force du libéralisme, c’est d’intégrer cela pour proposer des solutions qui tendent au mieux vers un idéal de liberté, et cela de façon concrète, observable et reproductible.


    • WatchTower WatchTower 2 avril 2010 16:07


      Le liberalisme économique en dehors de l’emprise du Politique ?

      Laissez moi rire, comme je ( à trés faible mesure ) vous l’ai démontré, il s’agit d’un de ses bras. En rien une doctrine innocente et apolitique...Incroyable de dire cela.


    • Nethan 3 avril 2010 01:39

      Milton Friedman écrit cela car le principe de base de ce courant est que les individus sont rationnels, ce qui explique aussi pourquoi la somme des intêrets privés donne l’intêret général, car les individus sauront faire naturellement les choix justes.

      C’est aussi pourquoi l’économie doit contre-balancer le pouvoir politique. La rationalité des acteurs économiques est supérieure à l’Etat car ce dernier ne peut représenter les intêrets particuliers.

      Sauf que c’est faux...

      Les libéraux n’ont jamais tenu compte de la perfectibilité de l’être humain contrairement à ce que vous dites, ou alors ils jouent double jeu.

      La plupart des théories libérales sont des théories de théories (la concurrence libre et non faussée est le plus belle exemple, car elle n’est possible que par le respect de 5 principes qui ne sont ni humainement, ni logistiquement compatibles), ce qui montre justement que les libéraux ont trop glorifié la rationalité de l’être humain.

      Ces théories sont très belles, honnêtement. Mais on réalise très vite que c’est peut-être appliquable à des extra-terrestres, mais sûrement pas à l’être humain.

      Il est d’ailleurs amusant de lire qu’il faut limiter l’Etat mais à partir du moment où l’Etat doit jouer un rôle de surveillance de respect des règles, il y aura inévitablement collusion entre l’économie et la politique... Car c’est humain.

      Le libéralisme peut fonctionner, mais il va falloir limiter... grandement limiter... ce qu’il ne supporte pas de base, car le but premier est de se débarrasser d’un maximum de contrôles. Or il y a un facteur de l’être humain qui doit être limité pour lui permettre de fonctionner : La convoitise.

      Autrement dit, l’accumulation de capital. Sans aucune restriction, elle ne peut pas permettre l’atomicité du marché (car les concentrations sont si présentes qu’on pourrait dire que c’est naturel, ça), de même que l’information parfaite car si tout le monde a intêret à avoir le plus possible, alors il faut maîtriser l’information, etc...

      Si à l’inverse, l’accumulation de capital est limitée, les acteurs n’auraient pas autant intêret à tirer dans les pattes de l’autre. Il conviendrait donc de limiter le patrimoine maximal obtenable par tout individu et par toutes sociétés (à un niveau la rendant quand même intéressante à atteindre). La convoitise étant alors restreinte, la rationalité peut prendre la place. En tout cas, un peu plus que maintenant.


    • FRIDA FRIDA 4 avril 2010 20:38

      @Tristan Valmour,

      Merci pour cet article, j’attends impatiemment la suite.

      @Nethan

      Analyse très pertinente, on évacue très facilement et souvent le côté irrationnel dans certains comportements humains, la jalousie, le mémétisme, la cupidité, le sadisme etc et qui contribuent également dans le fonctionnement du marché, prétendre que le marché à ses propres lois comme une mécanique d’une logique absolue et parfaite est purement de la démagogie.


  • Tristan Valmour 2 avril 2010 15:50

    Watchtower

     

    La part de l’influence génétique dans la formation de l’individu ne cesse de diminuer à mesure que progressent nos connaissances. Ce nombre est naturellement une estimation qui sans faire consensus est partagée par de très nombreux scientifiques. Je rappelle également que la science, même exacte, ne dit pas la vérité, mais la vérité du moment, et qu’il existe différentes chapelles. Par exemple, je cite souvent des travaux anglo-saxons parce que j’ai étudié la psychologie et les neurosciences en anglais. Mais les Français ont une approche quelque peu différente. Donc, je ne dis pas la Vérité, mais une vérité. Si les sciences étaient exactes, il n’y aurait pas de progrès possible, et les accidents n’existeraient pas. Donc, il y a une part importante d’incertitude en toute chose, c’est ce qui fait le charme de la vie, la pertinence de la  philosophie et de toutes les conneries que l’on peut dire. D’ailleurs, même si nous étions déterminés à 99%, nous ne serions pas nous-mêmes sans les 1% restants. Il faut considérer que nous sommes un livre où certaines pages sont écrites quand d’autres sont à écrire. Les chiffres ne disent rien, et c’est cela qui compte (je trouve cette expression très drôle !).

     

    Pour être plus précis, si l’on en croit Steven Pinker (je cite ce chercheur parce que ses œuvres sont accessibles à tous, mais il n’est pas le seul à affirmer ce qui suit ; en revanche il est minoritaire sur l’acquisition du langage), notre comportement est le fruit de nos gènes, de notre éducation, de notre culture (et de notre façon de l’interpréter), de l’état biochimique du cerveau, de la façon dont la société nous traite, et des événements contextuels. Là j’ai résumé ses thèses.

     

    Le débat entre l’inné et l’acquis est dépassé au profit de l’interaction culture/nurture. L’environnement nous change, nous changeons l’environnement (il y a un copyright sur cette expression !!!).

     

    Et puis, pour en finir avec le déterminisme, ce n’est pas parce qu’on n’a rien à faire qu’il ne faut pas le faire bien (copyright aussi haha). Plus sérieusement, il faut agir, créer, bouger, apprendre, tenter les choses, croire en soi, il en ressortira du positif. Malheureusement les sociétés, surtout la société française, ne pardonne pas les erreurs et les échecs. D’autre part l’oligarchie (Etats, grandes entreprises, grandes fortunes) verrouillent tout et se sont accaparés la propriété de toute chose, laissant peu de marge de manœuvre.  Les dés sont pipés. Quand une banque fait des conneries, c’est nous qui payons. Quand l’Etat fait des conneries, c’est nous qui payons. Quand vous faites une connerie, c’est vous qui payez.

     

    @ Jesuisunhommelibre

     

    Merci pour votre intervention. Rôle de l’affectif et contact physique, oui. C’est nécessaire tout au long de notre vie, du berceau au tombeau.

     

    Sur Friedman, je suis un peu plus sceptique. Des idées excellentes, malheureusement les leaders de tous ces think tank libéraux n’appliquent pas leurs beaux idéaux à eux-mêmes. En fait, ils manipulent les Libéraux sincères en jouant sur les mots (liberté, responsabilité, etc.). Leur discours se résume à cela : il faut moins d’Etat, moins de régulation, plus de concurrence, mais touchez pas à mon pognon et mes privilèges. D’accord avec les 3 premiers. Mais combien d’entre eux ont pu monter leur fortune sans l’aide des Etats ? Quelle différence y a-t-il entre une grande entreprise et un Etat ? Bébéar est-il prêt à renoncer à faire de ses enfants ses héritiers comme le conseille la doxa libérale ? Si je plante mes petites entreprises, je paierai cash. Personne ne me prêtera de l’argent à 1%. Bon, je parlerai de tout cela dans le troisième billet, à travers quelques considérations générales et portraits d’entrepreneurs.

     

    Il faut des riches, des locomotives, des gens particulièrement récompensés. Mais les très riches tuent le monde. Ils n’ont aucune utilité, leur récompense n’est pas justifiée ; ils faussent la concurrence. En raison de leur puissance trop importante, les locomotives se détachent des wagons qui ne peuvent pas suivre. That’s the problem.

     

    Les gens sont tous libéraux, mais ils ne veulent pas se faire couillonner par des diseuses de bonne aventure.

     

    Maintenant, je vais me coucher (8-9h de + chez moi). Bonne nuit.


  • Rdlm 19 avril 2010 22:14

    "L’écran habitue par exemple aux images en 2 dimensions. Le professeur Ramachandran, spécialiste de la vision à l’université de San Diego est formel. Un slogan à retenir : « pas d’écran avant cinq ans ! » 

    Complètement débile ! Dans ce cas, supprimons aussi les livres.. pas cool, fini les histoires illustrées avant de s’endormir pour apprendre des mots et stimuler l’imagination...

    Et puis de toutes manières, les TV 3D c’est pour demain !


  • Rdlm 19 avril 2010 22:16

    « Les dés sont pipés. Quand une banque fait des conneries, c’est nous qui payons. Quand l’Etat fait des conneries, c’est nous qui payons. Quand vous faites une connerie, c’est vous qui payez. »

    Sauf pour ma maison à la faute sur mer... vous allez aussi payer pour moi !


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