lundi 11 février 2019 - par Jacques-Robert SIMON

Le monde libéral selon Garp

« Autrefois un ‘Garp’, puis un ‘Arp’, maintenant seulement un ‘Ar’  ; elle savait qu’il était en train de mourir. »

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 Une société ne peut exister que si elle peut se définir des règles communes à tous, par des lois, par une idéologie, par un certain sens du sacré. Les règles n’ont pas à être ni justes, ni charitables, ni judicieuses, elles doivent seulement être obéis par tous, par l’élite comme par la plèbe, les savants comme les ignares, les riches comme les pauvres. La coercition est un élément très usité pour maintenir une cohérence de groupe surtout si elle est peaufinée par un sacré impalpable mais enraciné depuis longtemps.

 La Nation concentrait en son sein lois, idéologie et sacré ce qui a permis à beaucoup d’entre elles de traverser les siècles. Mais au temps des démocraties, le temps s’arrêta. Les sujets appartenaient encore à un territoire tandis que les richesses appartenaient à des groupes multinationaux sans patrie. Parmi les plus grandes entreprises en terme de valeur financière, on en retrouve 8 qui sont nord-américaines. Les entreprises françaises viennent plus loin dans le classement avec Vuitton, Hermès ou L’Oréal dans le secteur du luxe. En terme de chiffre d’affaires, le classement est quelque peu différent, les entreprises chinoises occupant trois des cinq premières places du classement, mais les Etats-Unis restent très présents par la suite. ll s’avère ainsi que les 10 principales entreprises mondiales sont plus riches que les 180 pays les plus « pauvres » dont l’Irlande, Israël, l’Indonésie et l’Afrique du Sud (il y a 193 pays à l’ONU).

 L’Oréal est une entreprise présente dans la plupart des pays du monde sauf en Afrique. Ses ventes représentent 25 milliards de dollars à l’aide de 90 000 employés. Le groupe dépense une part importante (environ 30 %) de son chiffre d’affaires en publicité. Il est dirigé par un Président-Directeur-Général qui a touché une rémunération d’un peu moins de 5 millions d’euros en 2016. Fils d'un cadre de l'industrie pharmaceutique et d'une architecte, il a fait sa scolarité à l’École Sainte-Croix de Neuilly-sur-Seine puis intégré l’École des hautes études commerciales. Un Conseil d’Administration détermine les orientations stratégiques de l’entreprise, assure le suivi de leur mise en œuvre et contrôle leur bonne gestion. Les actionnaires sont les membres de la famille Bettencourt (33%), Nestlé SA (23%, multinationale suisse), The Vanguard Group (1%, fond américain d’investissement possédant 5100 milliards de dollars d’actifs), les employés (0,77%), BlackRock Fund Advisors (0,69%, la plus importante société de gestion d’actifs au monde)…

 Une entité privée comprenant 90 000 personnes dégage annuellement environ 3,5 milliards de bénéfices (les impôts étant déjà prélevés) disponibles pour investir, innover, rétribuer d’éventuels actionnaires. La France (hors Mayotte) regroupe 26,6 millions d’actifs, privatisée elle devrait pouvoir dégager 1034 milliards d’euros si elle était bien gérée tout en faisant face à la concurrence et en payant des impôts à une entité tierce, l’ONU par exemple.

 Ne nous y trompons pas un État n’établit pas des comptes comparables à une entreprise. L’État prélève une partie des richesses matérielles pour un faire une richesse immatérielle essentiellement liée à ce qui est ressenti comme indispensable à tous : l’égalité des droits, l’égalité des chances. L’entreprise ne fait qu’acheter et vendre des biens sans considération autre que l’intérêt, ses employés appartiennent à une pyramide hiérarchique maintenue cohérente principalement par la discipline. On choisit (au moins théoriquement) son entreprise puis on se plie aux injonctions de la direction sous peine d’exclusion. Cependant, il est possible malgré tout d’esquisser une comparaison. Les prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales) ont dépassé en France 1 000 milliards d'euros en 2017 soit environ la moitié de toutes les richesses produites. Le déficit public (État, Sécurité sociale, collectivités territoriales) est de l’ordre de 60 milliards d’euros, déficit constaté sans interruption depuis 1973 : la France ne sait pas engendrer de profits contrairement aux entreprises privées et semble avoir vocation à favoriser le bien-être au détriment des investissements pour l’innovation et la compétitivité. La France ne semble plus avoir comme vocation que de servir de refuge social pour tous les chagrins de la vie. Elle s’abrite pour ce faire derrière des slogans plus verbeux qu’efficaces pour lutter contre la pauvreté et l’inégalité. L’État a comme intrant diverses sortes d’impôts, de taxes, de vignettes, de droits, il doit ensuite produire un bien commun au niveau national, base de ses électeurs. Que l’État fait-il de cette somme monstrueuse qui représente 15 000 euros par personne et par an ? Environ 40% sont attribués aux prestations sociales, 15% à la santé, 10% à l’enseignement, 3,5% au logement, 3% à la défense, 3% ordre et sécurité publique, 2% à la protection de l’environnement… La non-superposition géographique des lieux de collecte d’argent et les dépenses ne peut pas conduire à un état stable. La disparition des États étant programmée, il faut faire la part dans une organisation purement privée de ce qui incombe aux intérêts personnels (santé, enseignement, logement) qui doit être pris en charge par l’individu, de ce qui relève de l’espace collectif (défense, ordre et sécurité publique, protection de l’environnement).

 Les conditions de soin et leur financement dépendront des clauses d’un contrat signé individuellement, l’individu y consacrant une part plus ou moins grande de ses revenus. Les plus démunis ayant une vie pénible, il est peu probable qu’ils souhaiteront la prolonger au-delà d’un raisonnable financier. Ce système de protection sociale individualisée ne fait que poursuivre les tendances des systèmes antérieurs verbalement plus égalitaires : les plus fortunés bénéficiaient déjà des meilleurs praticiens, dans les meilleurs cliniques et des traitements les plus novateurs et les plus onéreux. Le nouveau système est plus clair et équilibre structurellement ses comptes.

 Les nouveaux États peuvent être qualifiés de transnationaux sans aucun (ou très peu) de liens avec un quelconque territoire. Plutôt que de s’exclure et s’opposer les uns aux autres comme les États traditionnels, ils se superposent en étant tantôt complémentaires, tantôt concurrents. Malgré tout, des conflits armés peuvent subvenir, c’est pourquoi des forces militaires restent nécessaires. Celles-ci peuvent rester nationales car l’entr’égorgement entre peuples est un excellent moyen de dissoudre un début de chaos au sein de la discipline militaire, sans compter les emplois engendrés par les industriels de l’armement, industriels qui n’auraient plus d’objet sans conflits. Toutefois, la Révolution numérique qui se met en place sera très probablement suffisante pour assurer un maintien de l’ordre tant physique que mental des populations même divergentes culturellement et religieusement. Le basculement irréversible vers le monde numérique permettra une excellente maîtrise des actions comme des pensées, les documents papiers seront vite oubliés comme les pensées contestataires, rationnelles voire significativement intelligentes.

 La Neue Zivilisation proposée permet également de résoudre autrement que par des pitreries écologistes le problème de la raréfaction des ressources. Si les ressources diminuent, il suffit d’augmenter significativement la proportion de ceux qui se contentent, ou sont obligés de se contenter, de pas grand-chose afin de laisser ceux qui animent réellement la société jouir sans entraves. The Neue Zivilisation permettra à tous d’avoir accès aux plus hautes marches des responsabilités managériales n’étant attachée à aucune patrie, aucune religion, aucune culture. En particulier les minorités non enracinées dans un terroir (les femmes bien que numériquement majoritaires sont de fait minoritaires aux échelons les plus élevés, les personnes de couleur, les personnes sexuellement hors normes…) seront représentées, si leur savoir faire hors particularisme le permet, dans les sphères dirigeantes.

 Il faut laisser le seul intérêt guider le peuple de la planète en oubliant l’amour pour qui d’excellents succédanés synthétiques sont disponibles. Il faut oublier les démocraties captives d’un territoire et enlisées par l’abus de contre-pouvoirs pour aller vers un nouveau monde où chacun accepte son sort ou du moins est forcé de l’accepter.

 



11 réactions


  • Clark Kent François Pignon 11 février 2019 15:05

    Article antisémite.


  • Clark Kent François Pignon 11 février 2019 15:09

    PDG de l’Oréal : Jean-Paul Agon


  • waceri 11 février 2019 15:56

    Antisémite je sais pas....

    L’intérêt d’une néme vision, encore différente de la mienne, du basculement progressif du pouvoir du sein des organisations sédentaires, nationales, codifiées, vers des organisation nomades, transnationales, sans foi ni loi n’est pas nul.

    Par contre j’ai beau relire, je ne vois pas la cohérence de l’article, je ne comprend pas l’impact initial, bien sur qu’on vois l’Empire dans les implantations de multinationales, mais deux seulement rendent l’infographie... Suspecte ?

    Une partie poupée russe.... Une partie bourage de chiffres wtf... La partie variation de budjeditsation et sans queue ni téte. Un bloc de litanie des périls capitaliste, pratiquement « déjà lue ». 

    Mais tu semble disposer des informations pour faire un vrai article « Quelle différence y a t’il entre une direction de multinational et un exécutif capitaliste ?, entre une masse fonctionnaire et salariale »

    Un mot clef curieux, un noélogisme interne, menant a un groupe de publication particulier., un « zergeist » comme je les appelle en hommage au fondateur de ce genre de communication en france.

    La contribution sera classé dans « Maconic, zioniste, CIA, FSB, muslim brother, chineese, aliens, other », bien que l’auteur sois un ennemi du peuple et de la patrie, de longue datte classé comme un mystificateur et un agent du Reich.

    Je pense que tu peut être certain la que j’ai bien lu et relus perdu 15 minute a analyser ton travail, avant de conclure « G Rien Kompris », et de te coller une sale note.

    ++


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 11 février 2019 20:58

      @waceri
      Je respecte (presque) toutes les opinions. Dans mon texte il ne s’agit pas d’être pour ou contre quelque chose, mais de donner un futur cohérent de notre présent.


  • Francis, agnotologue JL 11 février 2019 18:36

    ’’Les règles n’ont pas à être ni justes, ni charitables, ni judicieuses, elles doivent seulement être obéis par tous’

     

    «  Le caractère essentiellement ambigu des opérations effectuées par l’homme d’affaires, dont on ne peut jamais dire objectivement si elles sont ou non équitables, pose un problème quasi insoluble aux sciences morales et politiques. Comment un personnage dont le métier, la compétence principale, est d’organiser des échanges asymétriques peut-il être le personnage central d’une société dans laquelle la recherche de l’équité dans les échanges est supposée être la règle commune ?" ( Portrait de l’homme d’affaire en prédateur, Michel Villette)
     

    Il ne faut pas mélanger la loi et la règle .

     

    Baudrillard écrivait dans son ouvrage sur la séduction : « le contraire de la loi ce n’est pas l’absence de lois, c’est la règle". La règle, au contraire de la loi ne peut être transgressée ni par le prince, qui ne le serait plus, ni par l’homme d’affaire, qui serait ruiné  »

     

     Et c’est pourquoi la règle veut que l’homme d’affaires viole rédhibitoirement la loi.


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 11 février 2019 21:01

      @JL
      Je ne suis pas certain que la règle soit le contraire de la loi mais il est certain que l’Homme de pouvoir arrive toujours à composer avec les lois en absence d’éthique.


  • Francis, agnotologue JL 11 février 2019 22:41

    La règle c’est la formulation de ce qui est ;

    la loi c’est la formulation de ce que l’on voudrait.

    Vous conviendrez que ce n’est pas la même chose.


  • Ecométa Ecométa 12 février 2019 14:08

    « Les règles n’ont pas à être ni justes, ni charitables, ni judicieuses.... »

    Si, les règles doivent être justes, non pas charitable mais emprunte d’altérité, et judicieuses.


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 12 février 2019 18:36

      @Ecométa
      Bien entendu que les règles devraient être justes, mais même certaines parfaitement injustes ont fonctionné (la royauté par exemple), fonctionnent (les marchés) et fonctionneront.


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