Le nationalisme est antidémocratique (3/3)
Le nationalisme rend beaucoup plus compliqué la lecture des rapports de force dans les sociétés à l’échelle de la planète : ainsi des personnes se battent contre l’immigration alors qu’elles existeront toujours avec les inégalités sociales entre territoires, et vouloir supprimer la conséquence sans la cause, c’est vain. Les rapports internationaux sont ultra complexifiés par l’apparition de « terrorisme » et de conflits liés au nationalisme. Là où il pourrait-y avoir deux camps bien distincts il y’en a une multitude :
Sans le nationalisme : les riches, l’état et les pauvres (il est difficile d'imaginer un monde ou les frontières n'existent pas compte tenu des pouvoirs centralisés qui règnent actuellement sur la planète et qui emêchent toute continuité des sociétés).
Avec le nationalisme : les riches, l’état, les pauvres, les étrangers, les indépendantistes, les militaires
Le nationalisme permet le vol des mots, ainsi on parlera de la France sans différencier les différentes classes d'intérêts, on parlera de la Grèce en sous-entendant qu'elle est un tout, alors que l'oligarchie au pouvoir n'a pas du tout les mêmes intérêts que le peuple grec. En supposant qu'il existe des entités bien distinguées de peuplements ayant des similitudes et des affinités, le nationalisme permet la confusion entre l'état et le peuple, entre le territoire et le peuple et entre la langue et la frontière... Ces confusions ont pour conséquence la généralisation, voire l'ignorance ou le simplisme.
De plus, en permettant la polarisation du pouvoir sur toute la planète, le nationalisme peut dissuader des démocrates progressistes de créer un nouveau régime. En effet dans le jeu des armées et des conflits internationaux entraînés par la ségrégation spatiale des peuples, un territoire n’étant sous la tutelle d’aucun pouvoir centralisé à fort potentiel militaire et policier serait une proie facile pour les gouvernements centraux voisins, avides de pouvoir et prêts à tout pour que leur suprématie et leur légitimité ne s’amenuisent pas.
Autre argument : le nationalisme a ses processions, ses hymnes, ses rites, ses héros sanctifiés, ses fêtes, ses temples… Comme la religion, il a son fondamentalisme intolérant.
Il n’est pas besoin d’aller davantage pour comprendre son antagonisme avec les valeurs démocratiques fondamentales, de pluralisme des opinions, du respect des différences, de la protection de l’opinion minoritaire.
Je finirai ce texte en disant que le nationalisme c’est l’immobilisme face aux injustices mondiales.
En effet, en séparant la planète en parties distinctes aux intérêts propres, le nationalisme légitime les injustices territoriales en matière de développement humain. Ainsi on nous apprend l’histoire de la nation sans nous dire d’où vient la majorité des richesses du pays, on parle de la situation comme si la nation était coupée du reste du monde. On nous parle du territoire, des régimes et des guerres en omettant les résistances, les migrations et la diversité. En masquant la nature universelle de l’histoire et des rapports humains, le nationalisme freine l’ouverture aux autres et empêche l’émergence d’un sentiment de justice internationale. En nous séparant des réalités différentes qui se produisent ailleurs et en nous rabâchant les actes et dires de ceux qui vivaient dans la nation avant nous, on nous pousse à être impérialistes et égoïstes. C’est de plus une perte de temps énorme pour l’esprit que d’avaler des tonnes de détails sur l’histoire nationale quand des événements inédits ou profonds se produisent ailleurs sur terre. En légitimant, en créant et en accentuant les séparations et les différences entre les nations, le nationalisme entraîne une forme de propriété nationale. De la même manière qu’un homme riche cherche à légitimer sa fortune et éviter le partage et la justice sociale, le nationalisme en mettant des frontières entre les individus et les sociétés conserve l’ordre injuste de l’inégal développement des territoires et des sociétés.
Le nationalisme par sa généralisation et sa caractérisation des individus, par sa séparation des peuples, par la sacralité qu'il instaure et par la complexité qu'il provoque, fait la loi du plus fort, encourage la centralité des pouvoirs, combat la démocratie ainsi que le fait naturel qu’est la continuité du peuplement.
Je me bats contre la polarisation et la centralité des pouvoirs, donc pour la démocratie ; le nationalisme était seulement une des faces du problèmes, je me devais de l'aborder. Les nationalistes(qui sont pour la séparation des entités politiques selon des frontières "légitimes") qui se battent pour la démocratie réelle sont des amis, mais je ferai remarquer que les conséquences découlant d'une démocratie réelle détruisent les frontières, la démocratie déturira le nationalisme ; le combat est donc gagné d'avance.