Notre monde est bien étrange. Il est fait de nations, d’Etats, environ 200 faisant partie de l’Organisation des Nations Unies, chacun gouverné par des lois, un système politique, un gouvernement. Il y a les grandes et vieilles nations, d’Europe ou d’ailleurs, souvent peuplées. Et il y a de petites nations insignifiantes, qui apparaissent même au gré de l’histoire géopoltique, comme le Kossovo. Et puis il y a les lois financières.
Les grandes nations sont contraintes par une gestion sociale et économique de nécessairement compter sur l’apport financier des citoyens afin de construire un budget annuel d’Etat. Cet apport des citoyens se fait via l’impôt et les taxes diverses, sur la consommation ou les entreprises. Un système juste veut que plus vous gagnez de l’argent, plus vous payez d’impôts. Plus vous gagnez de l’argent plus même vous paierez d’impôts proportionnellement à votre gain initial. Sauf erreur de règle de calcul, ou malchance réelle, l’imposition ne peut jamais au sein d’une nation, rendre plus pauvre un individu qu’il ne l’aurait été avec un gain initial moindre. L’impôt bien que lourd et pesant garde une certaine logique.
Certaines nations ont un Etat fort et centralisé, comme la France. Ces Etats souvent très déficitaires demande une imposition lourde aux contribuables afin de pouvoir faire fonctionner la machine et payer les nombreux fonctionnaires. D’autres Etats, dits plus libéraux imposent moins leurs citoyens, comme au Royaume Uni proche du système américain.
En parallèle à l’imposition, existent les règles fiscales, notamment sur les transferts bancaires ou sur les entreprises. Ces règles fiscales sont en général proportionnelles à la rigidité du système et donc à l’imposition. En effet plus un Etat est lourd et difficile à faire fonctionner, moins il laissera de marge de manoeuvre à ses banques et entreprises pour fructifier librement.
Ainsi se sont créés des micro-Etats dont le seul but était de pouvoir attirer les capitaux des riches étrangers voulant s’échapper de l’imposition de leur pays, ou de ses règles bancaires. Ainsi se sont créés les paradis fiscaux.
Analysons un paradis fiscal ou le concept du paradis fiscal. Passons sur l’ironie de l’appellation, faisant penser a contrario qu’un pays comme la France serait une sorte d’"enfer fiscal" ... Que veut le paradis fiscal, qu’est-il, à quoi sert-il ? On parle de fiscalité, donc d’argent, uniquement d’argent. Un paradis fiscal est donc d’abord un pays dont le seul objet est l’argent. Même pas l’économie non, l’argent. Non content d’être un pays dont l’essence (l’Etre) se base sur l’argent, le paradis fiscal ne repose même pas sur l’argent de ses citoyens, mais sur celui des autres ; sur l’argent des citoyens des autres pays.
Qu’est-ce que le patriotisme ? C’est l’amour de son pays disait Romain Gary. N’est-ce pas une valeur noble ? Voire une valeur morale pour un citoyen ? N’est-il pas proche de la notion de solidarité citoyenne ? Certes payer des impôts n’est pas faire oeuvre de charité, mais cela a un sens dans la marche d’une nation. Finalement payer des impôts vous fait appartenir à la nation. Et donc ne pas en payer volontairement, vous rend de facto apatride.
Ainsi le paradis fiscal va faire perdre la notion de patrie à l’individu qu’il va attirer. Le paradis fiscal va corrompre le citoyen de l’autre pays et ne lui laisser plus qu’une seule valeur : l’argent.
Si il existe et existera peut être toujours des classes sociales, des riches et des pauvres, on peut affirmer qu’à la fin la seule chose qu’il leur reste de commun est leur patrie, leur nation. La nation est au-dessus des classes sociales. Mais le paradis fiscal vient corrompre la nation et couper définitivement le citoyen riche du citoyen pauvre.
Ainsi nous tenons là l’objet paroxystique du capitalisme indécent et dénué de toute valeur, allant même jusqu’à détruire la valeur controversée de patriotisme. Le paradis fiscal, au nom étrangement ironique, représente ce qu’il y a de pire au monde en terme de moralité pure. Et je ne parle même pas pour un chrétien censé condamner la richesse et l’argent d’une certaine façon.
En conclusion le paradis fiscal représente l’aboutissement de la destruction des valeurs morales de notre civilisation par l’argent.
Malheureusement le combattre est extrêmement complexe car la notion est relative, de la Belgique proposant un taux d’imposition bas, jusqu’aux îles des Caraïbes, Etats créés uniquement dans le but d’être des paradis fiscaux, des lieux dits "offshore", distinguer les paradis fiscaux des simples Etats plus libéraux est complexe.
L’
OCDE, organisation économique (et non financière), recense une liste des paradis fiscaux et tente d’imposer des lois de régulation et de transparence.
L’article sur les paradis fiscaux de Wikipedia est très bon et édifiant. Il nous informe qu’aujourd’hui plus de 6000 milliards d’euros transitent par les paradis fiscaux avec une progression de 12% par an... Alors lorsque l’on parle d’inégalités qui se creusent entre les populations, commençons par cibler les fuites et absurdités du système, un système mondial qui ne fonctionne pas, des nations qui gigotent mais ne font que se laisser porter par la finance et les capitaux.