samedi 4 février 2017 - par

Le parcours du combattant du logement social en région parisienne

Se loger à Paris n'est pas facile en soi déjà dans le parc privé, à moins d'avoir de l'argent, beaucoup d'argent, des relations dans les "bons" milieux, des copains politiques qui nous doivent un service. Il faut dire aussi que c'est plus compliqué encore si la mini-jupe ne nous va pas. Dans le parc public, c'est en théorie plus simple. Ce ne serait qu'une question de ressources, les plus défavorisés étant les plus aidés. Il existerait même des logements qui seraient réservés aux fonctionnaires pour les aider à se rapprocher de leur lieu de travail. J'écris tout cela au conditionnel car la réalité est un peu plus complexe et beaucoup moins reluisante, je la vis depuis dix-huit mois.

Je suis de ces fonctionnaires qui ont déposé un dossier de ce type. Au début un peu naïvement, croyant que cela serait rapide. Puis de par le véritable parcours du combattant que cela représente, je pense avoir perdu toute naïveté, toute candeur.

Il convient de rassembler tout d'abord des pièces administratives pour son institution de tutelle. Les personnes traitant les dossiers sont peu nombreuses et doivent faire face à un grand nombre de demandes, cela prend déjà deux mois. Souvent ce sont des contractuels qui ne connaissent pas les dossiers. L'impétrant fait une demande de logement également sur un service internet puis il attend les réponses éventuelles et demander un numéro de demande de logement à la mairie de Paris. Si la demande est jugée recevable, il reçoit un courriel au bout de hui jours. Toujours en théorie. Il doit refaire un dossier à chaque demande.

Si le demandeur postule pour une cité-dortoir de banlieue, il a de fortes chances d'obtenir satisfaction, personne n'en veut. La plupart des demandeurs se soumettent d'ailleurs à cette règle arbitraire et acceptent d'être méprisés. S'il le fait pour un logement dans un des arrondissements parisiens, y compris ceux n'étant pas encore "gentryfiés" ou "bobolisés", c'est beaucoup plus compliqué, mais finalement pas si complexe. Pour comprendre, il suffit de se rendre dans les mairies et de taper du poing sur la table. La plupart des logements sociaux de la ville de Paris proposés en ligne sont "réservés" à tel ami de tel responsable de marie, telle secrétaire administrative, aux copains, aux copines, aux militants dévoués, telle communauté ethnique dont on veut acheter le vote, car ce n'est pas totalement désintéressé cet intérêt pour la diversité.

On me l'a d'ailleurs bien expliqué :

"Vous comprenez, monsieur, le logement pour lequel vous postulez il est pour la fille de la secrétaire de mairie qui fait ses études à la Sorbonne et qui veut être très proche de ses parents. Elle a du travail, il faut qu'elle soit au calme...".

Devais-je comprendre que le salarié que je suis ne fichait rien ?

J'aurais pu évoquer la question des logements dits de fonction pour les salariés du public. Ils sont là aussi attribués sur des critères n'ayant rien d'objectifs et surtout basés sur l'obséquiosité du salarié. Ce n'est pas l'apanage des politiques du même camp que ceux dirigeant la mairie de Paris. On peut facilement constater le même genre de fonctionnement un peu partout en France.

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury

illustration prise ici (site du nouvel obs)




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