Le Pen, Bardella : Amis pour la Vie…

Plus c’est énorme, plus ça passe. Marine, une experte de la carambouille et de la tambouille politicienne, sait nager entre deux eaux, tout en faisant croire qu’elle est proche du peuple, comprend ses affres à joindre les deux bouts et se pose en parangon de l’honnêteté et de la droiture. Jordan, lui, reste dans le sillage du navire amiral, tout en étant prêt à le lâcher à la première occase. Fabriqué par sa mère putative en idéologie qui en avait besoin pour relooker son parti, et ainsi, ces deux-là chevauchent un tandem à roues voilées qui n’attend que de les précipiter au fossé… Et le fossé, le voici : la condamnation d’inéligibilité de l’une et le futur procès de l’autre. Pour ces deux qui clament à chaque recoin de plateau TV qu’il faut nettoyer au karcher les écuries d’Augias, ça la fout mal, et pourtant, dimanche une manifestation de supporters à Marine est organisée pour la soutenir contre ces juges qui priveraient la France de la future présidente de la république. Nous nageons en plein délire !

Marine à la rame. Des faits établis et indéniables[i] : un véritable système destiné à alléger les charges du FN et à engranger des rémunérations indues est mis en place dès 2004, puis se perfectionne au fil des ans. À partir de juillet 2014, avec l’élection de 23 députés au Parlement européen, le RN organise son financement sur fonds publics européens en utilisant les salaires des assistants pour assurer son fonctionnement et son train de vie, à celui des membres de la famille, des amis proches et des dirigeants. La justice a démontré que Marine Le Pen, au cœur de ce système, s’est inscrite avec autorité et détermination dans le fonctionnement instauré par son père auquel elle participait depuis 2004… Le Pen et les autres condamnés revendiquent une immunité qui découlerait du fait que les assistants parlementaires auraient « fait de la politique », comme les eurodéputés. Elle feint d’ignorer la loi, elle qui pourtant est avocate de formation : depuis 1870, les élus, comme l'ensemble des agents publics, sont par principe soumis aux règles de droit commun de la procédure pénale et sont donc comptables de leurs actes comme n’importe quel citoyen. Dans ce procès sur plusieurs semaines l’accusée et ses comparses ont témoigné d’une morgue totalement en décalage avec la gravité des faits : « Elle n’a ni au cours de l’instruction, ni à l’audience, exprimé la conscience qu’elle pourrait avoir de l’exigence particulière de probité qui s’attache à la fonction d’élu, ni des responsabilités qui en découlent », regrettent les juges.[ii] Un comportement qui est d’ailleurs la norme dans son entourage « ceux-ci n’ont pour la plupart manifesté aucune volonté de participer à la manifestation de la vérité, avec laquelle ils ont pour certains un rapport très distendu, niant parfois jusqu’aux évidences, y compris leurs propres écrits de l’époque. » Il est vrai que le pouvoir rend fou, et ainsi se sentir au-dessus des lois, tout en prônant la sévérité contre le petit délinquant, ne peut en rien entamer le sentiment d’impunité ressenti par cette classe bourgeoise dont Marine fait partie. D’où son courroux qui est réel, et la fait hurler à l’injustice, en s’énervant dans chaque média, d’ailleurs fort compatissant, combien c’est un procès politique ourdi contre sa personne. Les supports de Trump, Poutine et patin couffin venant conforter son opinion et flatter son égo, que « le juge » (alors qu’ils étaient trois pour une décision collégiale) était en mission afin de torpiller sa candidature de 2027, car à l’entendre, cette élection ne pouvait aboutir qu’à sa victoire… Ce n’est plus un melon, c’est une pastèque qu'elle se trimbale, la « victorieuse » toute désignée !

Jordan, est aussi une marque de sneakers.[iii] Le boulet du procès le Pen lui est passé, proche, chaud patate. Ouf, il n’est pas apparu dans la liste des 12 attachés parlementaires accusés… Cependant, la justice s’intéresse à lui, car, le journaliste de Libération, Tristan Berteloot dans son livre La Machine à Gagner,[iv] l’accuse d'avoir contribué à fabriquer des fausses preuves de travail pour berner la justice et justifier son emploi comme assistant parlementaire européen. « Le jeune lepéniste était payé par l'Europe, mais employé par le RN », écrit l'auteur du livre.1 Toujours du même auteur : Fin 2017, deux ans après l'ouverture d'une enquête par le parquet français sur cette affaire et en préparation de sa candidature aux européennes de 2019, Bardella « va préparer un dossier de preuves factices, antidatées de la période où il était employé comme assistant ». Le dossier en question consistait en une revue de presse régionale « couvrant la période de contrat » comme assistant parlementaire, de février à juin 2015. Problème, relève Libération : la date de recherche a été recouverte de « blanco ». Sur ces documents, Jordan Bardella a écrit à la main les mots « politique locale », « divers », « société ». Libération cite notamment à l'appui un message d'un stagiaire travaillant pour l'avocat belge Ghislain Dubois, qui aurait déclaré lors d'un échange sur une messagerie avec d'anciens membres du parti qu'il avait « créé des faux dossiers pour des assistants qui n'ont jamais travaillé pour le Parlement européen  ».[v] Un faux agenda pour justifier d’un emploi du temps fictif, correspondant aux périodes incriminées… Faux, usages de faux, faux en écriture et travail dissimulé. Patatras, ça sent bon la cour de justice, la condamnation et peut etre l’inéligibilité ? Imaginez, la France se privant du futur président Jordan !

Marine et Jordan sont sur le même bateau, la présidente du groupe RN à l’assemblée semble plus dans la mouise que le président du RN. Alors, attendons celui qui dévorera l’autre, car ces deux-là sont de la race des piranhas, et lorsqu’ils en auront terminé, il n’en restera rien, même pas une carcasse.

Alors, comptons les points jusqu’à cet hallali. « Le chasseur déclara tout bas que ces marques récentes annonçaient la démarche et les griffes puissantes de deux grands loups-cerviers… Sans daigner savoir comment ils finirent ; leurs grands yeux se fermèrent, sans jeter un seul cri.  » 

Georges ZETER/avril 2025

Vidéo : Merci à Marouchka pour sa lecture du pensum du sir Bardella..

vidéo : rions un peu

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