vendredi 19 juillet 2019 - par Robert Bibeau

Le « productivisme », une condition de la révolution prolétarienne

L’ennemi de la classe prolétarienne n’est pas la bourgeoisie capitaliste. L’ennemi, c’est le capital en tant que moteur du mode de production capitaliste, dont la bourgeoisie est le valet docile et impuissant. L’ennemi de la bourgeoisie ce n’est pas le prolétariat.

L’ennemi de classe

L’ennemi de la classe prolétarienne n’est pas la bourgeoisie capitaliste. L’ennemi, c’est le capital en tant que moteur du mode de production capitaliste, dont la bourgeoisie est le valet docile et impuissant. L’ennemi de la bourgeoisie ce n’est pas le prolétariat. L’ennemi de la bourgeoisie c’est le capital en tant que moteur du mode de production capitaliste dont le prolétariat est l’instrument docile de valorisation.

Ces deux classes se complètent dans leurs tâches au service du capital. Pour l’une la tâche consiste à administrer et à investir ce capital ; pour l’autre, la tâche consiste à valoriser le capital par le travail salarié. L’ensemble de ce processus de production a pour vocation d’assurer la reproduction de l’espèce humaine sur le biotope terrestre.

L’ensemble de ce processus – que Marx appelait : « le mode de production capitaliste » est aujourd’hui appelé « productivisme » par la petite-bourgeoisie verte écologiste. Les limites métaphysiques de la pensée bourgeoise portent les bobos à prendre l’incidence pour le moteur du processus reproductif.

Cet article est disponible en cinq langues sur le webmagazine http://www.les7duquebec.com

 

Qu'est-ce que le « Productivisme » ?

Voici comment la petite-bourgeoisie écologiste aigrie présente le prolétariat et le productivisme industriel : « De plus, avec la révolution industrielle et son confort, le prolétaire a adopté la morale bourgeoise et ses attentes : comme dans la pub, ce véritable évangile des temps modernes, le prolétaire en veut toujours plus. Le prolétaire n’est donc pas un révolutionnaire, mais un bon collaborateur de la société industrielle. C’est d’ailleurs ainsi que les patrons les appellent : des collaborateurs. » « Et de quoi les prolétaires sont-ils les collabos ? Du « productivisme » industriel et de sa hiérarchie, c’est-à-dire de la hiérarchie du travail industriel, hiérarchie qui renforce les hiérarchies basées sur la richesse et le pouvoir. Les prolétaires sont donc tout sauf des révolutionnaires, car en pratique ils ne sont ni plus ni moins que les soldats d’élite du mode de vie industriel. Enfin, même en supposant que le prolétaire, poussé par la crise et la déprécation de ses conditions de vie, se mette à devenir révolutionnaire au lieu de partir en chantant, faire une guerre dont il ne veut pas, les divisions de la gauche ne pourront que faire échouer cette révolution ».

Quand Marx et Engels parlent du prolétariat, ils en parlent de la manière suivante :
le prolétariat est révolutionnaire ou il n’est rien. Quand Marx et Engels vont se rendre compte que le prolétariat n’est pas à la hauteur de leur espérance, ils vont imaginer l’idée du prolétariat anglais embourgeoisé, devenu une aristocratie ouvrière.

Pourtant Marx n’était pas « productiviste », puisqu’il a écrit : « La machine possède le merveilleux pouvoir d’abréger le travail et de le rendre plus productif : nous la voyons qui affame et surmène les travailleurs. Par l’effet de quelque étrange maléfice du destin, les nouvelles sources de richesse se transforment en sources de détresse. Les victoires de la technique semblent être obtenues au prix de la déchéance totale. À mesure que l’humanité se rend maître de la nature, l’homme semble devenir esclave de ses semblables (…) Pour doter de vie et d’intelligence les forces matérielles et ravaler la vie humaine à une force matérielle. Ce contraste de l’industrie et de la science modernes d’une part, de la misère et de la dissolution modernes d’autre part, cet antagonisme entre les forces productives et les rapports sociaux de notre époque, c’est un fait d’une évidence écrasante que personne n’oserait nier.  » (1)

L’aristocratie ouvrière productiviste ?

La duperie du concept farfelu d’« aristocratie ouvrière » fera du tort à la classe prolétaire qui ne peut pourtant se transformer en « aristocratie ». Marx, par cet anathème, s’éloignait du matérialisme dialectique et se laissait aller au découragement petit-bourgeois. En 1860, Marx aurait dû savoir que la classe ouvrière ne pouvait mener la révolution prolétarienne à son terme au moment même où le capitalisme était en pleine expansion triomphante. Marx était un grand économiste, mais un piètre tacticien. Un mode de production ne peut être renversé tant qu’il n’a pas atteint la plénitude de son développement matériel. Lénine et les bolchéviques en feront la preuve.

De nos jours, en termes de développement du mode de production, des forces productives et des rapports sociaux de production, le capitalisme a atteint son zénith, et il ne peut que se buter à ses propres limites… à ses contradictions internes et insolubles, à son « productivisme » nihiliste. 

L’intellectuel petit-bourgeois que nous avons cité donne libre cours à son mépris de la classe ouvrière qu’il affuble des tares de sa classe petite-bourgeoise. Non, le prolétariat n’envie pas le capitaliste ni les personnages riches et célèbres. Oui, en effet, le prolétaire par son travail sur la chaine de production est aliéné et il assure par son labeur quotidien la valorisation du capital et donc la pérennité de son esclavage salarié. C’est qu’il y est poussé par la pulsion inconsciente de se perpétuer en tant qu’esclave salarié – la tâche que lui a confié le capital. Son émancipation sera le résultat de la révolution et non son prérequis.

Le productivisme est un mythe – un concept métaphysique – une absurdité. Ce qui existe réellement, c’est la course à la productivité, c’est-à-dire cette loi impérative de l’économie politique capitaliste qui exige que le travailleur produise le maximum de marchandises dans le minimum de temps et d’effort afin que le cout de reproduction de sa force de travail nécessaire soit réduit et que le temps de surtravail – de plus-value – soit maximisé. L’application impérative de cette loi économique capitaliste a pour conséquence la maximalisation de la production que les révolutionnaires universitaires appellent le « productivisme » c’est-à-dire, dans leur esprit, la production pour la production sans nécessité de profitabilité, ce qui est un non-sens.

La mission des écologistes

De fait, le productivisme est la conséquence inévitable de l’application des lois immuables du mode de production, sur lesquels ni le prolétariat ni la bourgeoisie n’ont la moindre emprise. La course à la productivité effrénée conduit à ses limites : la surproduction – productiviste.

En période de surproduction des marchandises, comme nous le vivons actuellement, les capitalistes exigent que l’on mette fin au « productivisme », à la production incontrôlée de biens et de services invendus, qui mine leurs profits et ils sont prêts à lancer une guerre nucléaire mondiale pour détruire les surplus de marchandises invendues et pour mettre fin au « productivisme » (mais pas à la productivité) ce qui explique que les médias des riches propagent ces idées saugrenues via la petite-bourgeoisie écologiste.

La classe prolétarienne deviendra révolutionnaire dès qu’elle se butera au mur du « productivisme » et de la nécessité d’être éliminée en tant que classe sociale comme condition de survie du système de production capitaliste. Alors, ce sera la Révolution ou la mort.

 

Note

  1. Extrait d’une allocution prononcée par Karl Marx, le 14 avril 1856, à, l’occasion du quatrième anniversaire de l’organe chartiste People’s Paper, qui en reproduisit le texte.


18 réactions


  • CN46400 CN46400 19 juillet 2019 12:01

    Vous écrivez :

    « c’est le capital en tant que moteur du mode de production capitaliste, dont la bourgeoisie est le valet docile et impuissant »

    Marx écrit

    « Dans tous ces mouvement ils (les communistes) mettent en avant la question de la propriété... »

    Or, à qui appartient le capital ? à la bourgeoisie, bien sûr, qui en fait ce qu’elle veut. Alors que les prolétaires doivent travailler pour vivre, les bourgeois ne travaillent, quand ils travaillent, que pour leur plaisir...Les bourgeois qui n’ont pas de propriété, sont des prolos en devenir...


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 19 juillet 2019 15:59

      @CN46400

      Nous sommes d’accord la bourgeoisie capitaliste possède le capital. MAIS nous prétendons NOUS que le capital = le mode de production capitaliste fonctionne selon des lois précises impératives et le capitaliste n’a aucune marge de manoeuvre qui ne peut absolument pas EN FAIRE CE QU’ELLE VEUT. Si un capitaliste ne fait pas ce qu’il doit il courre à sa perte et il sera avalé par son concurrent 

      Robert Bibeau


    • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 19 juillet 2019 16:03

      @Robert Bibeau

      votre raisonnement s’appelle une tautologie : le fait de redire la même chose dans une phrase ou un effet de style ainsi tourné que sa formulation ne puisse être que vraie.


    • CN46400 CN46400 19 juillet 2019 18:14

      @Robert Bibeau
      Les bourgeois font ce qu’ils veulent de leurs propriétés, pourvu qu’il y ait au bout un taux de profit le plus conséquent possible....


  • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 19 juillet 2019 12:37

    l’ennemi d’une classe est une classe

    le capital n’est pas une classe

    l’ennemi des canuts n’était pas le métier jacquard, mais le dumping que ce nouvel outil permettait de réaliser pour que les cmmanditaires réalisent des profits plus impot=rtents

    il ne faut pas se tromper de cible

    casser les métiers à tisser, c’est comme pisser dans un violon pour avoir du son


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 19 juillet 2019 16:08

      @Séraphin Lampion

      J’aurais apprécié que vous vous éleviez un peu pour comprendre la métaphore que nous proposons

      Oui l’ennemi d’une classe sociale est une autre classe sociale

      MAIS dans la mesure ou un mode de production fixe et détermine le rôle de chaque classe sociale dans le processus de reproduction sociale = ON PEUT affirmer que comme l’acteur dont la réplique est écrite = le capital (le mode de production capitaliste) fixe détermine le rôle du capitaliste qui n’a pas vraiment le choix

      Et il en st encore plus vrai des polichinelles politiques qui ne décident de rien et ne peuvent être tenu responsables de leurs simagrées

      La RÉVOLUTION doit renverser le capital = le mode de production capitaliste = et les capitalistes s’ils osent se mettre en travers de la route...

      Robert Bibeau


    • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 19 juillet 2019 16:16

      @Robert Bibeau

      pirouette-cacahuète
      à force de cultiver le paradoxe, on se prend les pieds dans le tapis
      vous présentez le « capital » comme l’ennemi à la fois de la bourgeoisie et du prolétariat dont des deux classes seraient les victimes.
      où est la métaphore ?
      c’est une erreur d’analyse, c’est tout, et vous n’êtes pas assez « élevé » vous-même pour vous permettre de toiser mon manque d’élévation.


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 19 juillet 2019 16:25

      @Séraphin Lampion

      Vous avez raison le capital est l’empêcheur de progresser socialement et donc l’ennemi à la fois du prolétariat et du capitaliste qu’à la fin de son périple historique il détruit 

      Merci d’avoir attirer mon attention sur ce paradoxe fondamental,


  • Francis, agnotologue JL 19 juillet 2019 13:23

    ’’L’ennemi de la bourgeoisie c’est le capital en tant que moteur du mode de production capitaliste dont le prolétariat est l’instrument docile de valorisation. Ces deux classes se complètent dans leurs tâches au service du capital. Pour l’une la tâche consiste à administrer et à investir ce capital ; pour l’autre, la tâche consiste à valoriser le capital par le travail salarié. L’ensemble de ce processus de production a pour vocation d’assurer la reproduction de l’espèce humaine sur le biotope terrestre.’

     

     Intéressante réflexion, et si l’on prend le temps de préciser que le Capital n’est pas une classe susceptible de s’opposer à une autre classe, mais un problème, un « os », voire, la contingence tout simplement.

     

     Deuxième précision : l’ensemble du processus a pour finalité l’expansion du Capital lui-même qui tel tout être vivant tend à croître et s’accroitre, même si in fine cela passe par la reproduction de l’espèce humaine.

     

     De parasite pour l’espèce humaine, le Capital, largement pléthorique aujourd’hui, serait-il en passe de faire de l’espèce humaine son parasite ? J’en veux pour preuve les questions que l’on se pose au sujet des IA.


    • Robert Bibeau Robert Bibeau 19 juillet 2019 16:21

      @JL

      Vous écrivez ceci " Deuxième précision : l’ensemble du processus a pour finalité l’expansion du Capital lui-même qui tel tout être vivant tend à croître et s’accroitre, même si in fine cela passe par la reproduction de l’espèce humaine."

      C’est l’inverse qui est vrai : Un mode de production n’est pas un être vivant se développant dans un biotope. Le mode de production capitaliste est une création de l’espèce animale HOMME comme truc-procès de production-méthode-procédé pour assurer sa survie et sa reproduction comme être vivant qui tend à croitre et à s’accroitre. 

      La croissance du capital est le procédé par lequel l’espèce humaine produit et comptabilise les biens et les services requis pour sa croissance et sa reproduction. Sous le mode de production esclavagiste  c’est le nombre d’esclaves possédés qui faisait foi des capacités du système à s’accroitre et donc à assurer la reproduction de l’espèce animale appelée HOMME

      Merci de votre post

      Robert Bibeau


    • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 19 juillet 2019 16:26

      @Robert Bibeau

      comme d’hab, Bibeau retourne le raisonnement comme une crêpe et se réserve la face dorée !


    • Francis, agnotologue JL 19 juillet 2019 19:35

      @Robert Bibeau
       
       je regrette, c’est vous qui avez présenté le Capital comme une chose ayant une capacité de nuisance. Je vous cite : ’’nous prétendons NOUS que le capital = le mode de production capitaliste fonctionne selon des lois précises impératives et le capitaliste n’a aucune marge de manoeuvre qui ne peut absolument pas EN FAIRE CE QU’ELLE VEUT.’’
       
       Vous manquez furieusement de suite dans les idées.


  • Julot_Fr 19 juillet 2019 21:04

    Marx est une pute qui brouille les piste, la vrai fracture n’est pas entre productif (ouvrier) et productif (patron) mais entre productifs et parasite (financiers). Le capitalisme n’existe pas, ce que l’on a c’est une aristocatie parasitique financiere (qui a remplacer l’aristocratie feodale a la revolution) avec acces illimite a l’argent dette.. ces gens controlent les multinationales et les politiques.. et ils bouffent le peuple chaque annee un peu plus, l’ue est leur joujou


    • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 19 juillet 2019 21:08

      @Julot_Fr

      c’était déjà le cas avec Jacques Cœur, les Templiers et le doges vénitiens, non ?


    • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 19 juillet 2019 21:08

      @Séraphin Lampion

      j’oubliais Saint-Eloi et Sully !


    • Julot_Fr 22 juillet 2019 09:24

      @Séraphin Lampion
      Effectivement, nos maitres de la finance actuels sont les heritiers des organisations que vous evoquez, ils ont emerge en se servant des loges maconniques, la famille Rostschild etant la plus « brillante » dans le domaine. En esperant que la meme chose leur arrive qu’aux templiers : que leur empire de carton et de vide brule vite et bien


  • ddacoudre ddacoudre 20 juillet 2019 01:23

    Bonjour

    C’est bien plus simple LA CLÉ pour comprendre.

    Un employeur verse 100 à son salarié. Celui ci verse 10 à la caisse de retraite. L’employeur verse 20 sur sa trésorerie. Dans son compte de classe 6 des charges, il inscrit charges salariales 100 + prélèvements obligatoires 20.

    Comment il va récupérer ces charges ? En les faisant entrer dans le prix de vente du travail du salarié qu’il va vendre. Le prix de vente sera égal à 100+20+ 100 de marge = 220. Qui est le client ? Le Client est celui qui a reçu 100 du « capital » et seulement celui là. Tous les autres salariés qui recevront leurs revenus des prélèvements sont des Clients Indirects, agents de l’État, des collectivités locales, de la Secu, des mutuelles, des assurances obligatoires. Au total cela fait environs 5 millions de salariés qui vivent des prélèvement et taxes. Il y a en France 24,5 millions de salariés. Ce sont donc seulement 19,5 qui sont des clients directs. Les employeurs sont aussi des clients indirects. Ils reçoivent leurs revenus du travail de leurs salariés. On regarde cela. Pour acheter son travail il faut au salarié client disposer de 220. Or il n’a que 100 de salaire - dix de prélèvement retraite reste 90. Il ne peut pas acheter le produit de sont travail que l’employeur vend 2820. Soit il s’en contente, ce que nous faisons depuis 1804, et ne bénéficiera que d’une fraction de son travail. Soit il emprunte les 130 qui lui manquent. À qui ? À celui qui détient le capital, qu’il soit en bourse ou en dépôt dans une banque, c’est l’employeur. Il rendra cet emprunt avec un intérêt de 13. Ainsi pour pourvoir acheter son travail il aura dépensé 90 + 130 + 13 = 233. Dans ces 233 il y a les 20 de prélèvement retraite opéré chez l’employeur. Les 19,5 millions de salariés aurons financé, leur retraite, les revenus de l’employeur et ceux des clients indirects.

    Il vient un temps où il faut comprendre ces choses là. Elle ne seront démentis par aucun économiste. Cordialement ddacoudre overblog


  • CN46400 CN46400 20 juillet 2019 08:17

    Un mot n’existe pas pour l’auteur : le profit ! C’est pourtant bien lui qui commande le moindre investissement que le propriétaire bourgeois décide avant d’en accumuler les résultats à tous ceux qui ont précédé....

    « Le profit est l’élément mâle » disait dans les temps anciens un ex patron de Citröen...


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