Le revenu universel ou l’économie de Münchausen
Vouloir mettre en place un revenu universel c’est un peu comme vouloir imiter le mythique baron de Münchausen, qui, englué dans un marais, s’envola dans les airs en tirant sur ses propres bottes. C’est amusant conceptuellement, mais on se doute bien que ça va poser un problème quand on va vouloir passer à la pratique. En l’occurrence, le problème du revenu universel est de savoir comment on va s’y prendre pour distribuer à tout le monde de l’argent qu’on n’a pas. Le simple fait que des acteurs de plus en plus nombreux posent cette idée de revenu universel comme une possibilité « à essayer » montre bien l’état avancé d « idiocratie » auquel nous sommes arrivés. Nous allons donc essayer dans cet article de donner un aperçu de la situation inédite que créerait l’ouverture d’un droit à un « revenu universel ».
Margaret Thatcher a dit au moins une chose pertinente dans sa vie : « il n’y a pas d’argent public, il n’y a que l’argent des contribuables ». Voilà un éclairage définitif du problème. En d’autres termes, les allocations des uns sont les impôts des autres. Il n’y a aucun mystère, aucune magie comptable. L’état ne fait que redistribuer de l’argent qu’il prend aux uns pour le donner aux autresi. Dans cette optique simple de redistribution, le « revenu universel » pourrait remplacer les mécanismes actuels comme l’allocation adulte handicapé, le RSA, les aides au logement, etc. Ca réduirait la paperasse, ce n’est pas stupide. Mais si cela se limite à ce tour de passe-passe, il s’agit d’une arnaque conceptuelle, puisque pour la plupart des Français cela ne changera rien. Si ce n’est que cela nous nous en tirerons bien.
l’état va donner aux contribuables de la main droite ce qu’il leur aura pris de la main gauche. Mais ce sera maintenant marqué « REVENU UNIVERSEL » dessus
Pour qu’il y ait réellement un revenu « universel », comme son nom l’indique, il faut que tout le monde reçoive ce revenuii. On peut se demander alors par quelle magie l’état qui actuellement nous ponctionne chaque mois et qui malgré cela s’endette chaque année un peu plus, pourrait soudain renverser la vapeur et se mettre à nous distribuer de l’argent. D’où sortirait-il ? Voilà bien un grand mystère. A moins de croire aux contes et de penser qu’on peut tirer sur ses bottes pour s’envoler du marais fiscal, l’hypothèse la plus probable est que le revenu universel, s’il existe un jour, sera financé par un prélèvement supplémentaire sur les revenus existants. Autrement dit l’état va donner aux contribuables de la main droite ce qu’il leur aura pris de la main gauche. Mais ce sera maintenant marqué « REVENU UNIVERSEL » dessus.
On parle là au niveau global de l’ensemble des contribuables. Tant qu’on ne rentre pas dans les détails, et qu’on ne sait pas qui va payer, tout le monde peut être alléché par le principe de gagner plus sans travailler plus, pour reprendre une antienne connue. Mais comme il s’agit d’un jeu à somme nulle, c’est quand on va vouloir appliquer cette merveilleuse idée que les cocus vont pouvoir se compter. Pour eux le revenu universel sera « compensé » par un impôt supplémentaire égal ou supérieur. C’est mathématiquement inévitable. Alors qui va payer ? Voilà la seule et vraie question à poser concernant le revenu universel. Les gauchistes veulent toujours « faire payer les riches », mais il n’y a pas assez de riches à plumer pour fournir un revenu à tout le monde. Par ailleurs ils connaissent toutes les ficelles pour mettre leur patrimoine à l’abri du fisc. Ne comptez pas non plus sur les entreprises, et encore moins sur les transnationales qui placent leurs bénéfices dans les paradis fiscaux pour ne laisser en France que les dettes. Il ne va donc rester en lice pour payer que les suspects habituels dans ce genre d’affaire : les salariés et les retraités.
Une chose est sûre : les seuls qui vont tirer un avantage de ce revenu sont ceux qui n’ont rien du tout.
Une chose est sûre : les seuls qui vont tirer un avantage de ce revenu sont ceux qui n’ont rien du tout. Tous les autres paieront pour la plupart plus qu’ils ne recevront pour compenser. C’est vous dire l’ampleur de l’embrouille. Le revenu universel sera en fait un impôt supplémentaire pour ceux qui ne sont pas déjà dans la misère. Mais il y a pire. Après avoir déterminé la source mystérieuse de cette future allocation miraculeuse, il nous reste malheureusement à mettre sur la table ses conséquences, qui seront encore plus terribles. Le problème des allocations en effet est qu’elles n’arrivent pas dans un milieu statique.
Pour prendre un exemple, toutes les personnes qui se sont intéressées à l’immobilier peuvent arriver à la conclusion que les allocations logement ont pour résultat final d’augmenter le prix des loyers. Le prix de l’immobilier, qu’il s’agisse de location ou d’achat, n’est pas basé sur la valeur intrinsèque des biens mais sur le prix maximum que les acheteurs sont prêts à payer pour un type de bien. Si l’argent dont disposent les clients pour acheter ou louer augmente, le prix de l’immobilier augmentera. C’est inévitable. De la même façon, quand les salaires augmentent, alors rapidement tous les prix augmentent, c’est l’inflation. Alors que croyez-vous qu’il va se passer si des millions de personnes dans ce pays ont soudain un revenu mensuel supplémentaire de mettons 600€ ?
Eh oui, vous l’avez deviné, les prix vont augmenter, et rapidement annuler en grande partie l’effet de cette hausse des revenus. (On peut se rappeler à cet égard le précédent historique de l’augmentation des salaires concédée par le patronat aux salariés en 1968, qui fut noyée en quelques années par l’inflation).
Prenons maintenant le cas de ceux pour qui le revenu universel se sera soldé par une perte nette à cause de la hausse concomitante des prélèvements. Nos martyrs fiscaux se verront infliger une double peine, puisque non seulement on leur prélèvera plus d’argent qu’on ne leur en donnera au nom du revenu universel (comble de l’hypocrisie), mais avec l’inflation, leur pouvoir d’achat réel sera amputé une seconde fois. Le pire étant que ce sera la mauvaise réallocation de leur argent par l’état qui aura créé l’inflationet fait baisser leur pouvoir d’achat ! Mais il y a (encore) pire.
Avec le démantèlement du droit du travail, les entreprises ont maintenant toute latitude pour baisser unilatéralement les salaires. Que croyez-vous qu’il va se passer ?
Après une euphorie de courte durée, les personnes sans emploi bénéficiant du revenu universel vont se retrouver à nouveau en concurrence avec les salariés, et on peut parier que les personnes sans emploi, pour pouvoir garder la tête hors de l’eau, consentiront rapidement à compétences égales à des emplois payés 600€ de moins (le montant putatif du revenu universel) que les salariés actuels, en pensant éventuellement qu’elles pourront trouver mieux ultérieurement. Dans ce contexte, les entreprises, qui préfèrent garder leurs employés déjà formés et opérationnels, « proposeront » progressivement à ces derniers une baisse de salaire équivalant grosso modo au montant du revenu universel, à choisir entre ça et la porte. Le revenu universel va donc agir comme une trappe à bas salaire, et les salaires réels - hors revenu universel - vont finir par s’aligner sur ceux de nos voisins européens plus défavorisés. Pourquoi se gêner ? Le salaire minimum en Grèce est de 500€. Un rêve d’oligarque.
Encore une fois, ce seront les contribuables qui auront financé par leurs impôts le revenu universel, et c’est la mauvaise réallocation de leur argent par l’état qui permettra la mise en concurrence et finalement la baisse de leur salaire. Une seconde fois, l’état joue avec votre argent contre vous.
Est-ce que le revenu universel sera considéré par les banques comme un « revenu » ?
Examinons maintenant à quoi va pouvoir servir cet argent. Est-ce que le revenu universel sera considéré par les banques comme un « revenu » ? En d’autres termes cet argent pourra-t-il servir de garantie de revenu à un emprunt ? Rien n’est moins sûr. S’agissant d’une expérience sociale inédite, qui peut être remise en cause à tout moment, il y a tout lieu de penser que cet argent ne pourra pas servir de garantie pour l’achat d’un quelconque bien immobilier. Voilà la vraie différence entre un revenu et une allocation de l’état. Sachant que, comme on l’a vu, on peut prédire sans grand risque d’erreur que le revenu universel entraînera parallèlement une hausse des prix et une baisse des salaires, cet argent, au lieu d’aider les bénéficiaires à se libérer du système, comme beaucoup le croient, ne fera que les aliéner un peu plus, en les appauvrissant et en rendant pour beaucoup l’accès à la propriété définitivement impossible.
Si l’on pousse la logique jusqu’au bout, la conséquence ultime de ce mécanisme infernal sera que le nombre de travailleurs pauvres augmentant, le nombre de contribuables capables de financer le revenu universel va progressivement se réduire, et la pression fiscale va devenir insupportable sur ceux qui resteront. Une inévitable faillite du système s’ensuivra, puisqu’à un moment il deviendra plus rentable de ne pas travailler que de payer des impôts. Le revenu universel ne pourra plus être versé. Entre temps les prix auront augmenté et les salaires auront baissé. Des millions de personnes n’auront plus d’emploi et plus aucun revenu. C’est un bon cocktail pour que cette expérience sociale se termine dans un immense bain de sang. A moins, à moins que l’abus de drogues et le désespoir ne poussent nos dirigeants à une solution encore plus folle qui serait de financer à un moment ce revenu universel par la dette… Ce qui permettrait de prolonger quelques temps l’agonie jusqu’à l’explosion finale de l’ensemble du système financier mondial dans un feu d’artifice galactique. Un moyen radical pour en finir avec les souffrances d’un système à bout de souffle, et qui attend son « reset » comme nous l’annonçait il y a déjà quelques années Christine Lagarde, qui en tant que présidente du FMI, devait savoir de quoi elle parlait.
Il reste encore de la place pour un gigantesque accident économique, un cataclysme de la taille des assignats de la révolution française
Malheureusement, peu de choses nous séparent de cette apocalypse économique. Nous ne sommes pas au bout de la descente aux enfers que connaît notre pays depuis les années 70. Il reste encore de la place pour un gigantesque accident économique, un cataclysme de la taille des assignats de la révolution française, qui ont entraîné la faillite de l’état, l’arrivée de Napoléon et la fin de la république. Il ne manque plus qu’un candidat particulièrement démagogue propose aux prochaines élections présidentielles l’adoption du revenu universel, pour tous et particulièrement pour les jeunes (à partir de 16 ans), et nous serons propulsés vers cette idiocratie si prometteuse. S’il est malin, notre candidat se gardera bien évidemment de rentrer dans les détails, et insistera sur la nécessaire progressivité des choses, sur la pédagogie, insistera sur le fait que cela va nécessairement créer de l’emploi et supprimer le chômage dans des proportions jamais atteintes, études, sondages et experts économiques à l’appui. Plus l’arnaque est énorme, plus on a envie d’y croire. Notre habile candidat gagnera facilement à sa cause les plus jeunes électeurs. Il ne lui restera plus une fois élu qu’à instaurer l’abaissement de la majorité élective à 16 ans, avec bien sûr le droit au revenu universel à partir de cet âge (on pourra l’appeler la loi Iphone), et sa réélection sera assurée. La machine infernale pourra alors tourner à plein régime jusqu’à l’explosion finale !
Un projet Kisskissbankbank vous propose d'expérimenter le revenu de base avec une argumentation imparable !
"Toute proportion gardée, c'est la même démarche que les expérimentations des mutuelles ou de la couverture des accidents du travail au siècle dernier : ça semblait impossible, jusqu'à ce que quelques conspirateurs positifs non seulement le rêvent mais l'expérimentent pour convaincre, avant que ça ne devienne la norme."
"Cela fonctionne ! Avec 90% des codes postaux concernés sur le premier tirage au sort, le projet du revenu de base fait son chemin toujours plus rapidement. Dernièrement, ce sont mêmes des collectivités de communes et des départements qui s'emparent du sujet et veulent expérimenter."
Peu importe la faisabilité technique, la méthode Coué permettra de pallier tous les problèmes, notamment de savoir comment on va faire pour donner de l'argent qu'on n'a pas sans augmenter les impôts ! Bienvenue dans l'économie Bootstrap de Münchausen !