samedi 24 août 2019 - par Elliot

Le sommet de Biarritz

Le sommet de l’hypocrisie se déroule à Biarritz, charmante cité balnéaire qui mérite mieux que cet étalage grossier de tronches engoncées dans leurs certitudes qui vont faire semblant de s’intéresser à des phénomènes dont ils ne comprennent pas les causes et par conséquent sur lesquelles ils ne peuvent faire qu’une chose : donner l’impression de vouloir les maîtriser.

Alors que la forêt amazonienne brûle, ce qui correspond d’ailleurs en tout point au programme agro-industriel développé lors de sa campagne par le fasciste Bolsonaro ( il est piquant d’entendre lui reprocher aujourd’hui ce qu’il annonçait clairement ) que les Brésiliens ont choisi d’élire à la tête de leur état et qui nécessitait ce type de technique connu depuis des temps immémoriaux sous le nom de brûlis pour faciliter l’exploitation intensive des terres vouées désormais à la culture des céréales ou autres plantes plébiscitées par le marché.

Même si manifestement des apprentis sorciers ont perdu le contrôle des incendies qu’ils ont déclenchés et ont été dépassés par leur ampleur.

Au demeurant, je ne vois pas au nom de quel grand principe ( en tout cas pas ceux qui sont prônés par nos dirigeants ) on pourrait empêcher le Brésil d’être souverain chez lui, ce qu’a d’ailleurs rappelé à Macron le président Bolsonaro.

Alors donc tandis que brûle le poumon vert de la planète - c’est du moins ainsi que le dépeignent les spécialistes soucieux de notre environnement - les dirigeants des gouvernements qui font le plus pour faire courir le monde à sa perte ou plutôt le moins pour empêcher le désastre vont se congratuler devant les caméras pour exciper de leur bonne volonté à préserver l’avenir climatique.

Les promesses sont ce qui coûte le moins, nul doute que la récolte sera abondante.

Certains de ces pseudo-maîtres du monde agissent d’ailleurs avec une estimable dose de bon sens car qui pourrait reprocher à la Chine ou à l’Inde de vouloir faire accéder une part de plus en plus importante de leur population aux standards de vie dont le monde capitaliste a réussi à persuader le monde qu’ils sont légitimes ( surtout pour assurer le cliquetis apaisant du tiroir caisse de leurs intérêts financiers ) ?
Le sommet débouchera donc sur un catalogue de bonnes intentions sous lesquelles il n’est pas certain qu’un Trump apposera sa signature et que, de toute manière, il n’a aucune intention de respecter quand bien même dans un geste inouï dont il le secret il les parapherait.

Faisant écho au fameux « la planète brûle » de Jacques Chirac, Macron a repris la formule avec en toile de fond le drame environnemental qui se joue au Brésil et sur lequel personne n’a malheureusement aucune prise.
Alors découvrant ce que tout le monde savait sauf apparemment lui, il défie Bolsonaro avec cette menace dérisoire ( dans sa bouche ) d’abandon du Mercosur, une attitude qui risque d’ailleurs de n’être que provisoire, qui risque de le mettre en porte à faux avec les autres états de l’UE et qui sera par conséquent in fine de peu d’effets, il vaudrait mieux que que les opposants systémiques au Mercosur ne se fissent aucune illusion à cet égard.

Les coulisses sont aussi là pour tempérer les effets de manche en scène.

 

Le sommet se déroule sur fond de guerre commerciale entre les États Unis et la Chine dont seules peut-être les élections présidentielles américaines pourraient siffler la fin à la condition que les dégâts soient suffisamment importants aux USA dans les secteurs qui dépendent d’approvisionnements chinois et qui sont parfois fortement impactés par les taxes d’importation qui frappent les composants chinois de leurs produits.

Dans ce bras de fer d’un autre âge, les Chinois sont en principe mieux armés pour contenir toute velléité de contestation intérieure due à des restrictions de consommation que les Américains qui peuvent pour leur part exprimer leur ras-le-bol lors de séquences électorales auxquelles ils ne tient qu’à eux de participer.

Ajoutons que les USA se plaignent de se voir envahis par des produits d’importation qu’effectivement ils fabriquaient eux-même jusqu’à ce que la logique capitaliste trouve plus confortable d’en délocaliser une grande partie, ce dont ne se plaignent pas les consommateurs trop heureux de pouvoir s’offrir des technologies avancées à des prix défiant toute concurrence interne.

Les USA usent et abusent en outre de leur droit de battre monnaie ( le Dollar a un statut presque divin qui en fait la monnaie de référence universelle ) quand la nécessité s’en fait sentir, ce qui est trop souvent le cas.

Un peu comme les dirigeants de la banque européenne qui, à leur modeste échelle, font tourner la planche à billets pour inonder les banques qui débordent de liquidités inemployées et non pour assurer la simple survie d’états comme la Grèce il n’y a guère et peut-être de l’Italie tout autant hors des clous mais qui, s’appuyant sur un tissu industriel qui en fait la seconde puissance européenne juste derrière l’Allemagne et largement devant la France, a d’autres armes de dissuasion que la malheureuse et impécunieuse Grèce.

Mais chacun sait aussi que toutes ces situations sont transitoires.

Ainsi l’Allemagne dont la prospérité dépend, outre de la machine outil où elle a une prééminence mondiale, d’un secteur automobile qui a son avenir derrière lui est entrée en récession et même si les constructeurs allemands du secteur automobile mettent maintenant toute leur puissance technologique dans la recherche et le développement des énergies non carbonées, ils sont partis avec un important retard à combler sur les centres de recherches chinois et plus généralement asiatiques.

En l’occurrence, la force des idées ne suffit malheureusement pas à assurer un avenir, un pays comme la France est un des plus avancés du monde en matière de recherche mais ses industriels sont parmi les plus timorés pour en assurer le développement.

On sait faire mais on ne se risque pas à faire…

Le temps des capitaines d’industrie qui ont dessiné le paysage français dans la seconde moitié du

19e siècle et le début du 20e est, semble-t-il, bien révolu.



17 réactions


  • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 24 août 2019 09:14

    « un pays comme la France est un des plus avancés du monde en matière de recherche mais ses industriels sont parmi les plus timorés pour en assurer le développement.  »

    quels industriels ?

    les vieux fleurons de l’industrie sont devenus des multinationales sous le contrôle de fonds de pension américains (airbus industrie) ou suisse (nestlé-vittel-contrex-perrier..)

    les détenteurs du capital ont su mettre en place une forme d’internationalisme que les « prolétaires » semblent redouter.


    • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 24 août 2019 10:59

      @Séraphin Lampion

      en France, le capital a changé de mains. Les « grandes familles » ne sont plus les mêmes. Les ténors à la mode font dans le luxe, la culture et l’œnologie. L’industrie, c’est fini et la paix sociale repose sur une redistribution de plus en plus incertaine. Les gilets jaunes sont les prémisses d’une révolte généralisée sur fond de paupérisation rampante.


    • Le421... Refuznik !! Le421 25 août 2019 08:32

      @Séraphin Lampion
      La paupérisation se fait de moins en moins rampante.
      Heureusement, il reste aux abrutis de quoi s’acheter un smartphone et de se faira faire un tatouage...
      Mater les gonzesses a remplacé la lecture des bandes dessinées des années 70 !! Surtout l’été... A 500 balles le moindre gribouillis, y’en a qui ont tout compris.


    • Séraphin Lampion Séraphin Lampion 26 août 2019 09:12

      @Le421

      « il reste aux abrutis de quoi s’acheter un smartphone et de se faira faire un tatouage...  »
      la prochaine étape, c’est un anneau dans le nez


    • pemile pemile 24 août 2019 16:32

      @nono le simplet « mon pauvre bébert ... tu devrais te cantonner au rôle de chieur »

      Je mets « taquin » de coté et adopte ce nouveau qualificatif ! smiley


  • L'Astronome L’Astronome 24 août 2019 09:30

     

    Comme disent nos amis texans : all hat and no cattle (traduction approximative : ça parle, ça parle, mais ça n’agit pas)

     


  • Captain Marlo Fifi Brind_acier 24 août 2019 10:02

    La principale source d’oxygène ne vient pas des forêts, mais des océans.

    Histoire de l’oxygène.


    • nono le simplet 24 août 2019 16:19

      @Fifi Brind_acier
      c’est un scoop ?


    • baldis30 27 août 2019 09:23

      @Fifi Brind_acier choses

       bonjour

      • si vous croyez un seul instant que les gens se sont posés cette question fondamentale, avec ce que cela comporte d’implications sur le développement de bien des choses, vous vous feriez des illusions !

  • symbiosis symbiosis 24 août 2019 16:33

    La ploutocratie a bien compris le sens du mot révolution et utilise l’arme idoine pour ses menées contre-révolutionnaires : le feu, sans parler du feu par les armes à la surface de tous les pays incendiés en ce début de XXI° siècle.

    Mais restons-en au principe en lui-même et aux bénéfices qu’en tirent la ploutocratie, Notre Dame hier et le poumon de la planète aujourd’hui. Et cela risque fort de continuer, compte tenus des gains futurs obtenus par rapport aux sacrifices consentis.

    Pouvons-nous comprendre, nous le peuple la puissance du feu ?


  • alinea alinea 24 août 2019 16:36

    Pendant ce temps, la racaille, pardon la volaille, ou plutôt la flicaille a attaqué le camp des contre G7, sur une propriété privée à Urrugne !! 30 blessés.


    • baldis30 27 août 2019 09:31

      @exol
      lors de ta prochaine intervention n’oublies pas de bien te torcher le cul avant de l’envoyer car la dernière a éclaboussé mon écran et répandu une odeur de merde dans toute la pièce


  • Rincevent Rincevent 24 août 2019 17:57

    Je ne sais pas s’il y aura quelque chose d’utile à espérer de ce cirque, mais vivement que ce soit fini : j’habite à côté ! Pour Biarritz, n’en parlons pas, c’est bunkerisé complet. Mais même à Bayonne, aujourd’hui, c’est désert. Contrôles à tous les points d’accès à la ville et sur les grands axes, des cars de flics stationnés partout, des lignes de bus supprimées, la gare fermée, des commerces qui se protègent derrière des panneaux de bois, il y a même une banque qui en a mis en acier ! (eh oui, le bois ça brûle…). Tout ça en pleine période estivale, les bayonnais sont ravis…

    https://www.huffingtonpost.fr/entry/g7-images-de-bayonne-desertee-par-ses-habitants_fr_5d61445fe4b0b59d2575583e


  • av88 av88 24 août 2019 20:00

    Le G7 est la réunion des pays à grosse chevilles et dont la devise est « je me la pète grave ».

    Ces 7 vont parler, décider de l’avenir du monde mais ont oubliés d’en informer la Chine 1,3 milliard d’humains, l’Inde 1.2 milliard humains, la Russie deuxième puissance nucléaire de la planète etc...


  • ETTORE ETTORE 24 août 2019 21:49

    C’est con....il n’y a aucun tsunami de prévu pour balayer tout ce beau monde face au rocher de la Vierge ?

    Allez.....Une miséricorde svp !

    Quand je pense que le maire de Biarriz voit cet envahissement du bon oeil, car il compte sur « une renommée internationale »de sa ville.....

    Blockhaus ville.....

    Heureusement qu’il reste les vagues pour se rappeler de bon souvenirs.


  • Réflexions du Miroir AlLusion 27 août 2019 18:20

    Je vais retourner la question du pourquoi « Biarritz, charmante cité balnéaire qui mérite mieux que cet étalage grossier »

     ?

    Si quelqu’un a la réponse, il avance d’une case sur le jeu de l’oie.... smiley


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