lundi 29 octobre 2018 - par Clark Kent

Le « terrorisme » aurait-il frappé les Etats-Unis sur leur territoire-sanctuaire ?

Un homme armé a été arrêté le 27 octobre après avoir tué 11 personnes et en avoir blessé six autres, dont quatre policiers dans une synagogue à Pittsburgh, pendant les offices du sabbat, après avoir hurlé : "Tous les Juifs doivent mourir ! "

La veille, un autre homme, décomplexé par les discours présidentiels, a revendiqué le fait d’avoir adressé plusieurs colis piégés à des dirigeants affiliés au parti démocrate et à des journalistes de sa ville natale de Floride.

L’avant-veille, lors d'une fusillade à caractère raciste qui a coûté la vie à deux clients noirs âgés devant une épicerie au Kentucky, un autre homme a crié : "Les Blancs ne tirent pas sur les Blancs".

Ces trois événements violents, dans trois états différents des Etats-Unis en trois jours consécutifs étaient inspirés par un fanatisme qui a poussé les coupables à assassiner des personnes qu’ils considéraient comme des ennemis. Leur haine était explicite dans leurs declarations avant et pendant les événements, en direct ou via internet.   

Bien que les services de sécurité des pays occidentaux ne fournissent pas une définition univoque du « terrorisme », deux éléments sont toujours présents, et ils le sont dans ces trois événements :

- des actes de violence

- inspirés par une idéologie spécifique. 

Pourtant, les meurtres commis à Pittsburgh et dans le Kentucky et les violences à caractère politique évitées en Floride n’ont pas été qualifiés la presse occidentale de "terroristes" et n’ont pas fait la une des grands journaux. 

Robert Bowers a proféré des paroles antisémites intolérables samedi à la synagogue de l'Arbre de la Vie, en Pennsylvanie. Des propos fanatiques ont été tenus par Gregory Bush dans le Kentucky jeudi, et l’idéologie violente qui a animé Sayoc est manifeste. 

Que manquait-il dans ces horreurs pour que les journaux les qualifient d’actes de « terrorisme » ? Plutôt que l’idéologie ou la violence, c’est peut-être l’identité des acteurs qui est en question. On peut imaginer qu'un coupable musulman ou arabe impliqué dans l'un des trois incidents déclencherait une suspicion de »terrorisme », même en l'absence de déclarations tonitruantes ou d’indices prouvant qu'une idéologie était à l'origine de l’action. Il semble, en fait, que le terme de « terrorisme » soit réservé à des auteurs de crimes lorsqu’ils sont musulmans.

Le label « terrorisme » est devenu synonyme d’Islam dans l'imaginaire occidental. La caricature religieuse a supplanté les définitions juridiques. 

L’étiquette « terroriste » ne semble pas convenir aux rédacteurs des médias officiels pour qualifier les attaques violentes ou les complots impliquant des acteurs non musulmans. Ces coupables sont habituellement qualifiés de "loups solitaires" ou tout simplement d’"hommes armés violents", ce qui les dispense de l'accusation de « terrorisme » dans le but, sans doute, de manager les efforts intellectuels de lecteurs habitués à une vision rationnelle d’un monde où le bien a été localisé une fois pour toutes.

Pour les décideurs politiques et une grande partie des médias grand public, l'Islam, détient le monopole de l'idéologie qui anime le terrorisme. Après des décennies d’efforts télévisuels et conématographiques pour faire coller les images de djihadistes avec celles de l’ennemi n°1, le terme "terrorisme" n’est plus neutre. Pourtant, la réalité a la tête dure, et la vague de violence inquiétante évoquée au début de l’article a bien pour objectif de faire régner une « terreur » qi ne se limite plus aux territoires barbares mais pénètre le sanctuaire et le ronge de l’intérieur.

Pour mettre fin au « terrorisme », il faudrait commencer par ne plus employer le mot de manière sélective ou même redonner à ce terme, sans nier les atrocités commises par des criminels sous tous les cieux, une fonction qui qualifie des réalités et pas des fantasmes.   

 



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