jeudi 18 mai 2006 - par VDJ

Le terroriste qui (devrait) embarrasser l’Amérique

Luis Posada Carriles. Ce nom vous dit quelque chose ? Non ? Et pourtant. D’origine cubaine, Carriles est aussi appelé le « Ben Laden » de l’Amérique latine. Voilà qui vous campe un personnage. Et dans quel jungle se cache ce Ben Laden latin ? Pas très loin de la Maison Blanche.

Un sacré personnage. Ex-instructeur de la CIA, membre du corps des rangers des Etats-Unis, expert en explosifs, Carriles est doté d’une solide formation paramilitaire. Et on le retrouve partout : à la fin des années 1960, au Vénézuela aux ordres de la CIA, il occupe un poste à la Direction des services du renseignement et pratique la torture ; dans les années 1970, il travaille pour l’équipe qui a cambriolé le Watergate ; dans les années 1980, en Amérique centrale, il coordonne les guerres illégales de basse intensité. Et, selon un ancien agent de la CIA, on le trouve même sur le Dealey Plaza, le jour de l’assassinat de Kennedy...

En mai 2005, sans doute lassé par une vie agitée, et probablement aussi par crainte d’être discrètement éliminé, Carriles se rend « clandestinement » aux Etats-Unis où il accorde aussitôt... une conférence de presse, pour annoncer son retour au bercail. Il est finalement arrêté par les services d’immigration pour possession de faux papiers (en a-t-il jamais eu de vrais ?) et entrée illégale sur le territoire.

Selon certains, Luis Posada Carriles serait un grand protégé de la famille Bush, recherché par plusieurs pays ; Carriles est notamment un des auteurs présumés de l’attentat (le premier du genre) contre un avion civil cubain qui provoqua la mort des 73 passagers au cours d’un vol entre Caracas (Vénézuela) et l’île de la Barbade en 1976. Selon l’avocat étasunien José Pertierra : «  Il n’est nul besoin d’enquêter longuement pour conclure que Luis Posada Carriles est un terroriste. Il suffit de lire son livre, Los Caminos del Guerrero, dans lequel il raconte avec fierté certaines des actions terroristes qu’il a organisées. Il suffit de lire l’interview qu’il a accordée au New York Times en 1998, dans laquelle il admet être l’auteur intellectuel des attentats à la bombe [...] dans plusieurs hôtels et restaurants de La Havane en 1997 [...] Il suffit de lire le rapport du Tribunal au Panama, qui l’a condamné pour la tentative d’attentat contre un amphithéâtre plein d’étudiants [...] Dès le début, l’administration Bush a voulu protéger et ne pas mettre en examen ce terroriste ».

Dans sa prison pour VIP, Carriles observe sereinement la Justice américaine rejeter toutes les demandes d’extradition. Parmi les motifs de rejet, on trouve la cocasse « risque de mauvais traitement ».

On se souvient que le 26 août 2003, George W. Bush, coutumier des déclarations creuses, avait martelé que « celui qui héberge un terroriste, celui qui soutient un terroriste [...] est aussi coupable qu’un terroriste ». Le député démocrate Jim McDermott, dans une lettre ouverte, s’en est ému au point d’écrire  : « Alors que les États Unis combattent le terrorisme à l’étranger, nous ne devons pas accueillir de terroristes chez nous. » Bien parlé. Mais aux dernières nouvelles, Posada Carriles, toujours aussi sûr de lui, a demandé la nationalité étasunienne. Apparemment, il pense l’avoir bien méritée.



17 réactions


  • faxtronic (---.---.127.73) 18 mai 2006 13:54

    C’est vrai, mais cela bouge. Evo morales a parlé de ce Carriles a Vienne, en congres internationale.


  • simplet simplet 18 mai 2006 15:13

    je trouve votre article fort interressant, même si l’on commence à ne plus être stupéfait devant le double jeu de la maison blanche et les coups foireux de la famillia Bush père fils et espèrons que les ambitions familliales s’arrêteront là !!

    au moins celui ci n’a pas de guerre sainte en vue pour en mettre plein la tronche aux ricains.. à moins que..


  • Gabriel Bendayan (---.---.67.59) 18 mai 2006 16:49

    Le prétexte de « risque de mauvais traitement » serait cocasse ? J’ai rarement entendu dire que les prisons cubaines étaient un modèle de respect des Droits de l’Homme. Certes, les prisons américaines ne sont pas mal non plus (surtout Guantanamo), mais il n’y a rien de « cocasse » à la façon dont travaille la police cubaine.


    • Daniel Milan (---.---.168.77) 18 mai 2006 21:40

      Ces pays ne sont certes pas des modèles. Mais pensez-vous que la France soit un modèle, en matière de respect du droit, des droits et des droits de l’homme ?


  • VDJ (---.---.167.53) 18 mai 2006 17:11

    Ce n’est pas Cuba qui a demandé son extradition (*), mais le Venezuela et le Panama.

    Cocasse, oui.

    Cordialement, Viktor Dedaj

    (*) pour une question de droit international en matière d’actes terroristes, notamment sur la notion du « le lieu du crime ». (L’avion a décollé de Caracas où l’attentat a été organisé et a explosé en plein vol)


  • nantor (---.---.131.113) 18 mai 2006 20:24

    Intéressant, merci !


  • Gabriel Bendayan (---.---.67.59) 18 mai 2006 21:07

    Autant pour moi. Mais, ces deux pays ne sont pas non plus des modèles en matière de respect des droits des accusés.


    • Mabouya (---.---.87.81) 19 mai 2006 06:41

      Vous pouvez développer ou c’est juste de la propagande à 2 balles ?


    • VDJ (---.---.167.53) 19 mai 2006 13:55

      je pourrais développer, mais les articles soumis à ce site sont limités par la taille, j’ai donc condensé.

      Cela dit, je vous suggère d’écrire à votre journal préféré pour leur demander pourquoi EUX ne développent pas. Après tout, l’information est censée être leur métier.

      V.D.


  • pluton (---.---.112.8) 19 mai 2006 08:13

    à Gabriel :

    on ne dit pas « autant pour moi » mais « au temps pour moi ».

    Pluton


    • (---.---.162.15) 19 mai 2006 09:20

      Autant pour vous, les deux sont corrects.

      Am.


    • faxtronic (---.---.127.73) 24 mai 2006 13:12

      Autant pour moi se dit et s’ecrit (C’est plus logique a mon avis d’ailleurs)


  • Jojo2 (---.---.195.200) 19 mai 2006 09:18

    Les USA ont été (sont toujours ?) un nid de terroristes. Pour ceux que celà intéresse, voir l’histoire des SOA


    • Yasunari (---.---.129.150) 19 mai 2006 10:27

      Le lien est sympa. Je savais que la SOA avait été déplacée à Fort Benning, qui est un gigantesque terrain militaire à cheval entre la Georgie et l’Alabama (à vue de nez, il doit avoir à peu près la même surface que l’Île de France...). Mais je ne savais pas que la SOA Watch était domiciliée à Colombus (Georgie, pas Ohio), qui est la ville de Georgie la plus proche de FortBenning. C’est probablement un très bon poste d’observation, mais je ne pense pas que ça rende SOA Watch très populaire dans le coin, vu que la moitié des habitants de Colombus travaillent directement ou indirectement pour la base...


  • (---.---.129.12) 19 mai 2006 17:13

    à Am :

    pris sur le site de l’académie française :

    Au temps pour moi

    Il est impossible de savoir précisément quand et comment est apparue l’expression familière au temps pour moi, issue du langage militaire, où au temps ! se dit pour commander la reprise d’un mouvement depuis le début (au temps pour les crosses, etc.). De ce sens de C’est à reprendre, on a pu glisser à l’emploi figuré. On dit Au temps pour moi pour admettre son erreur - et concéder que l’on va reprendre ou reconsidérer les choses depuis leur début.

    L’origine de cette expression n’étant plus comprise, la graphie Autant pour moi est courante aujourd’hui, mais rien ne la justifie.

    Désolé pour la déviation par rapport au sujet initial....

    Pluton


  • citadelle (---.---.48.160) 20 mai 2006 07:58

    on sait que Ben Laden a travaillé aussi pour la C I A on ne le dit pas assez souvent et ça ne choque personne, pourtant c’est la réalité. En 2004 l’armée Française l’a localisé et le voit méme avec des jumelles trés longue vue, comment expliquer que les Américains qui entourèrent la montagne n’a pas réussi à en attraper un seul ? c’est presque impossible qu’ils ont pu filer !

    sans parler des zones d’ombres du 11/09 et qui sont nombreuses


    • RAMSAY (---.---.202.160) 20 mai 2006 11:49

      « Ben Laden, produit de la CIA »

      - Lorsqu’au début des année 80, avec l’arrivée de Reagan au pouvoir, les Etats Unis reprirent une politique agressive (Grenade, Nicaragua, etc..) et « réarmèrent » la CIA - sous contrôle depuis la restructuration de 1976 - ils optèrent, entre autres solutions, sur le recours aux mouvements religieux pour attaquer leur ennemi traditionnel : le communisme athée.

      - Pour contrer l’entrée de l’armée soviétique en Afghanistan et le gouvernement communiste de Najibullah, ils armèrent les mouvements moudjahidines à programmes islamistes et mirent en place - en collaboration avec l’Arabie Saoudite qui y trouvait des possibilités d’extension du wahabisme - les circuits de financement et de recrutements de volontaires internationaux.

      - Au Proche Orient, l’ennemi déclaré étant à l’époque les mouvements dits « palestino-progressistes » majoritaires au sein de l’OLP (Fatah, FPLP, etc..), ils appuyèrent, dans un but de division de la résistance palestinienne, les mouvements religieux comme le Hamas, qui n’était alors qu’un groupuscule.

      Vingt ans plus tard, le monde entier put voir sur ses écrans un certain jour de septembre le résultat de ces manipulations d’apprentis sorciers..

      Il est par contre plus amusants de constater que certains journalistes (le Figaro magazine, entre autres..), qui ne tarissaient pas d’éloges devant le courage des moudjahidines obscurantistes (« armés de leur seul foi, ils défient les hélicoptères soviétiques ») versent tous aujourd’hui dans le délire islamophobe.

      RAMSAY


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