Le tort des laitiers grévistes de 2009 : avoir eu raison trop tôt !
Le tort des éleveurs laitiers grévistes de 2009 : avoir eu raison trop tôt !
Soyez très courageux et lisez tout ce qui suit...
Déjà à l’été 2008, Entremont baisse ses prix, les éleveurs laitiers en Bretagne multiplient les opérations !
Et dans ce contexte, l'UE avec l'approbation de Bruno Le Maire et Nicolas Sarkozy, décide de supprimer les quotas laitiers, ce sera effectif vers 2015.
En 2009, le lundi 9 mars, le français Lactalis, numéro un européen du fromage, juge nécessaire une baisse continue du prix du lait payé aux producteurs.
Des négociations échouent la semaine suivante, les éleveurs passent à l’action ! Mardi 19 mai, une importante manifestation a lieu à la préfecture de Rennes où des affrontements ont eu lieu, des plateformes d’approvisionnement sont bloquées.
Le lendemain, le gouvernement nomme deux médiateurs devant la « radicalisation » (haha trop drôle) des producteurs.
Le 3 juin : Accord sur le prix du lait pour 2009 et sur les modalités pour fixer ce prix à l'avenir sous la contrainte du gouvernement. Accord avec la FNPL, branche laitière de la FNSEA (syndicat dit majoritaire) qui a défini le prix de base à 280 euros les 1000 L. Un accord vu comme une trahison pour beaucoup de producteurs de lait.
Cet accord stipule que le prix du lait est fixé chaque trimestre pour les trois mois à venir, par une négociation entre les deux parties.
10 septembre 2009, la grève du lait démarre, initiée par l’APLI (Association des Producteurs de lait indépendants), soutenu par l’OPL (Organisation des Producters de lait) de la Coordination Rurale, et neuf autres syndicats européens.
15 septembre 2009, manifestation au SPACE à Rennes, le président de la FNSEA Jean-Michel Lemétayer est pris à partie. On crie à la trahison. Des affrontements éclatent.
17 septembre 2009, 280 000 tonnes de lait déversés devant le Mont Saint-Michel, à l’initiative de l’EMB et l’APLI. Même scénario dans le Pas-de-Calais et dans le Lot-et-Garonne.
Les éleveurs demandent une baisse de 5% de la production pour que les cours du lait remontent.
La FNSEA est contre ce mouvement de grogne, bon nombre d’éleveurs déchirent leur carte d’adhérent à ce syndicat.
Les actions continuent tout le mois d’octobre et en novembre.
Grève du lait, pas de livraison aux laiteries. Pascal Massol, originaire de l’Aveyron, est une figure du mouvement, c’est le président de l’APLI.
Fin novembre, les plateformes d’approvisionnement sont bloquées.
Un accord est trouvé le 1er décembre...
Pourquoi rappeler ce qui s’est passé en 2009 ?
Nous sommes tous touchés de près ou de loin par le coronavirus. Et cette crise restreint les débouchés des filières agricoles et entame une surproduction générale et donc une baisse des prix.
La FNSEA demande à l’Europe d’encourager une baisse de la production de lait de 2% à 5%.
C’est lamentable de voir qu’une catastrophe donne raison aux lampistes de 2009 que je salue au passage pour leur abnégation et leur courage.
La FNSEA qui n’a pas soutenu le mouvement de 2009 le récupère à sa sauce puisque le trop plein de lait est dangereusement visible. Imposture, forfaiture de la FNSEA !
Si la régulation à l’échelle européenne avait été mise en place et que le coût de production était respecté, il n’y aurait pas de problème de ce genre !
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Pendant l’été 2016, un conflit opposait éleveurs laitiers et Lactalis. Je me suis penché sur ce dossier, j’ai appris l’existence d’autres syndicats agricoles qui critiquaient la FNSEA, et notamment son rôle en 2009. J’ai donc étudié et retracé la grève de 2009. Quand le 30 août 2016, un accord a été conclu avec Lactalis pour un prix à hauteur de 290 euros puis une augmentation de 5euros par mois... j’ai crié à la trahison... comme ceux qui l’ont fait en 2009…et tout le monde sait que je ne suis issu directement du milieu agricole.
Continuant mes recherches, j’ai pris ensuite connaissance du PRM.
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Alors assez d’hypocrisie ! Et ne comptons pas sur ceux qui ont créé le problème pour le résoudre !
Le plan d’urgence doit être celui de demain, et de façon pérenne !
Quel est ce plan d’urgence ?
-Imposer une régulation de la production de volumes à échelle européenne pour la filière laitière, en mettant en place le Programme de Responsabilisation face au marché (PRM) demandé par l'European Milk Board (EMB), que je soutiens.
-Rétablir un prix garanti pour mettre fin à la concurrence déloyale, notamment, en révisant les marges des produits entre transformateurs et agriculteurs, avec un système de paiement allant de l'éleveur aux GMS couplé à un système de prix planchers (coûts de production et salaire).
(c’était une promesse présidentielle du Président Macron... mais les promesses… blablabla)
Et pourquoi ne pas généraliser ce PRM aux productions agricoles, notamment pour la viande bovine et porcine ?
Le système financier et libéral conduit l’agriculture à sa perte, cela fait trop longtemps que ça dure !
Le prix du lait va baisser, c’est un fait. Il s’élève en moyenne à 33 cts le litre, bien loin des coûts de production à 40 cts le litre (en moyenne).
Les coopératives, censées appartenir à leurs adhérents, c’est-à-dire les éleveurs, vont spéculer.
Le destockage va servir de prétexte pour ne pas faire remonter le lait.
Et pendant ce temps, les produits alimentaires grimpent, les aliments pour nourrir le bétail grimpent aussi…
Que tout le monde comprenne que derrière la phrase « Ne vous inquiétez pas, les agriculteurs et éleveurs sont là pour vous nourrir », se cachent les pots cassés que ces derniers vont devoir payer après cette crise et que certains vont continuer d’entretenir à leur guise !
Valentin Lagorio, secrétaire-général-adjoint à l'UPF.