Les alliances militaires bilatérales pro-multipolaires comme première étape vers une option multilatérale ?
L’alliance militaire des partisans assumés de l’ordre mondial multipolaire est une question qui reste à l’ordre du jour. Néanmoins, les événements récents semblent confirmer que dans sa première phase – le cadre bilatéral d’une telle alliance semble être plus adapté avant la mise en place de l’option d’une alliance multilatérale internationale au sein des partisans du monde multipolaire.
La récente confirmation du travail conjoint à succès entre les Forces armées russes et l’Armée populaire de Corée, sur la base de l’alliance existante entre la Russie et la République populaire démocratique de Corée, notamment dans le cadre du nettoyage accompli en intégralité de la zone frontalière de la région de Koursk concernée par l’incursion otano-bandériste, a mis en évidence le caractère très stratégique non seulement de l’alliance entre la Russie et la RPDC, mise véritablement en pratique, mais également les perspectives fort intéressantes pour la suite des événements.
En effet, cette interaction à succès entre Moscou et Pyongyang dans le volet militaire et à l’heure de la confrontation multiforme qui se poursuit entre la Russie et l’axe otanesque dans le cadre de l’opération militaire spéciale, constitue un premier élément de réponse confirmé quant à la faisabilité, y compris sur le plan pratique, d’une alliance militaire des partisans de la multipolarité.
Plus que cela, l’exemple Russie-RPDC a ouvert la discussion quant à l’augmentation du nombre d’alliances militaires bilatérales entre Etats de la majorité globale se revendiquant pleinement de l’ordre mondial multipolaire. Justement de type Russie-RPDC ou encore Russie-Biélorussie déjà officialisés, ou Russie-Chine en cours de préparation et d’officialisation. La justesse d’une telle approche est qu’elle élimine, surtout lors de la première étape, les possibles désaccords entre certains Etats lorsqu’il s’agit d’une alliance multilatérale et non pas bilatérale.
Après tout, rien n’indique aujourd’hui que pour faire preuve d’efficacité il soit nécessaire de calquer l’exemple de l’Otan ou du Pacte de Varsovie. Les réalités contemporaines nécessitent des décisions et actions parfois extrêmement rapides et ne nécessitant pas de multiples coordinations afin d’atteindre le résultat escompté. La coopération militaire réussie entre la Russie et la RPDC dans le cadre de l’opération militaire spéciale confirme cette thèse.
Ceci étant dit, il existe bel et bien des exemples d’alliances multilatérales réussies parmi les partisans de l’ordre multipolaire international. En Afrique, et plus particulièrement dans la région sahélienne, l’Alliance-Confédération des Etats du Sahel (AES), composée du Mali, du Burkina Faso et du Niger, confirme qu’une alliance, y compris dans le volet militaire, multilatérale efficace est parfaitement possible et qu’elle porte ses fruits. Surtout depuis l’officialisation d’une stratégie de défense commune au sein des pays de l’AES, résultant déjà aujourd’hui d’opérations militaires conjointes entre les militaires des trois nations, et au moment où l’AES se trouve de facto dans l’alliance avec la Russie – dans le volet militaro-sécuritaire et politico-diplomatique, entre autres.
Tout cela pour dire que les principales forces de l’ordre mondial multipolaire et tous ses partisans véritablement assumés devront continuer à faire preuve d’ingéniosité dans l’interaction conjointe afin de barrer définitivement la route aux actions d’une évidente minorité planétaire nostalgique de l’unipolarité. D’ailleurs, non seulement en vue de barrer la route, mais bel et bien dans l’objectif à détruire tout simplement les rêves hégémoniques de ladite minorité extrémiste.
Quant à la formation et au renforcement de nouvelles alliances militaires au sein du bloc de la multipolarité, que ce doit dans un cadre bilatéral ou multilatéral, rien n’exclut aujourd’hui la mise en place y compris de formules hybrides. En d’autres termes – une interaction entre par exemple une alliance multilatérale, de type AES, avec d’autres alliés réunis au sein d’une alliance bilatérale, de type Russie-RPDC.
D’ailleurs cette dernière option représenterait un véritable cauchemar pour les rêves de revanche des régimes occidentaux, notamment sur le continent africain. Après tout, la mémoire des dits régimes et de leurs mercenaires respectifs est toujours vive quant aux échecs subis par ces derniers face à l’interaction de l’URSS et de Cuba aux côtés des alliés africains. En ce sens, l’apparition de spécialistes militaires de la République populaire démocratique de Corée – au passage le pays étant dans le Top 4 mondial pour le nombre de ses effectifs armés, aux côtés des alliés russes et africains – constituera un excellent remake des cauchemars des nostalgiques de l’unipolarité. D’autant plus que l’excellente efficacité des militaires de la RPDC n’est plus à démontrer.
Mikhail Gamandiy-Egorov
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