mardi 5 mars 2019 - par Gilles Mérivac

Les conditions implicites d’une société démocratique

Une puce électronique ou un moteur thermique ne fonctionnent bien que dans une plage de paramètres donnés, les ingénieurs le savent bien. Mais ce que l'on sait moins c'est qu'il en est de même pour le régime démocratique. Tel est l'objet de cet article.

La définition

Naturellement, il existe cinquante nuances de démocratie, et les manières de l'exercer sont encore plus nombreuses. Il y a peu de rapport entre la démocratie à la française, dans laquelle les pouvoirs sont délégués aux élus après un vote tous les cinq ans et une démocratie partipative, comme en Suisse, où les citoyens peuvent faire à tout moment des pétitions et des référendums.
Nous dirons donc plus sobrement qu'il s'agit d'un système dans lequel chaque personne a le même poids électoral pour décider de la politique de la cité. C'est évidemment une approximation puisque sont exclus du processus les très jeunes, et très souvent ceux qui ont un casier judiciaire.
Le processus est donc inévitablement très compliqué, puisque dans la plupart des cas, il s'agit de déléguer les pouvoirs de décision à des gens supposés en faire bon usage. Le cas opposé d'une démocratie participative est aussi possible mais aboutit à une lourdeur impraticable avec des états de grande taille.

La compétence de l'électeur

Mais oui, avant de savoir si l'élu est capable ou non d'exercer sa tâche, il est important de savoir si l'électeur lui-même a des capacités de discernement, et cela n'a rien d'évident !
C'est ainsi par exemple que l'on écarte les mineurs pour leur manque d'expérience, car l'expérience vécue est capitale dans le domaine politique et il faut énormément de temps pour aboutir à une opinion cohérente. Mais ce n'est pas la seule condition, et de loin.
Choisir en connaissance de cause sous-entend que l'on a accès à des informations de sources diverses, non tronquées et non biaisées. Par exemple, ma mutuelle m'envoie régulièrement un bulletin de vote concernant des candidats que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, comment voulez-vous que je fasse un choix sensé ?


C'est la même chose pour n'importe quelle élection, si les seules informations dont dispose l'électeur se réduisent à la propagande du parti au pouvoir, il n'y a pas de choix réfléchi possible, ce n'est plus qu'un simulacre de démocratie.
Un autre biais plus subtil est le jugement sur l'apparence des candidats, et non sur leurs convictions. Beaucoup de gens qui n'ont pas le goût ou l'envie de réfléchir se contentent de mettre le bulletin correspondant à celui ou celle qui leur dit de la meilleure manière possible ce qu'ils ont envie d'entendre. Ils n'élisent donc pas un président mais un acteur de cinéma qui joue ce rôle.
Pour comprendre le monde dans lequel on vit, le rôle de l'éducation est primordial. L'école est et reste en grande partie le seul moyen de montrer le tableau général de l'évolution humaine à travers les siècles. Les livres, la télévision et le net apportent bien sûr des informations importantes mais fragmentées. La personne qui n'a pas eu accès à une instruction de base s'y retrouvera difficilement. C'est pourquoi les régimes qui ne veulent pas être remis en question font toujours main basse sur l'instruction et l'orientent suivant leurs besoins.

L'homogénéité de la population

Voilà une condition à laquelle on ne pense pas souvent. Supposez que vous ayez deux ou plusieurs communautés sur le même territoire en état d'affrontement larvé (je pense qu'il est inutile de donner des exemples, vous les trouverez facilement vous-même). A chaque instant, pour un motif plus ou moins futile, la violence peut donc éclater.
Dans ce cas de figure, le pouvoir quel qu'il soit n'a pas d'autre choix que celui d'exercer une violence encore plus grande afin de faire régner l'ordre public. Il apparaît donc à un observateur extérieur comme un pouvoir autoritaire, voire tyrannique. Il est facile de juger une telle situation de loin, mais confronté au même problème, que ferait-il, cet observateur extérieur ?
Dans ce cas de figure, la restriction des libertés individuelles est inéluctable, ainsi que l'affaiblissement progressif de la pratique démocratique qui se réduit alors à une peau de chagrin.
Le même genre d'incompatibilité se verrait si une fraction importante de la population n'acceptait plus les règles du jeu démocratique. Dans tous les cas, la condition essentielle est qu'il y ait un consensus suffisamment large sur le type de société désiré, s'il y a trop d'écart entre les désidérata, c'en est fini de la démocratie.

Les influences extérieures, la corruption et la démagogie

Les sommes d'argent qui circulent aujourd'hui sont sans commune mesure avec les fortunes du passé, du simple fait de la loi des grands nombres. Dans bien des cas, des articles ou des services sont vendus à des milliards d'utilisateurs et génèrent des recettes colossales. Il en est de même avec les régions disposant de ressources énergétiques ou de matières premières indispensables à toute économie.


Il est bien sûr plus que tentant d'utiliser cet argent pour influer sur la direction politique des états moins favorisés de manière à péréniser leur rente de situation. Cela se fait de différentes façons, par exemple en achetant les moyens d'information ou en exerçant un chantage sur les commandes, ou encore en corrompant certains élus.
En règle générale, plus les gouvernements sont centralisés et plus l'influence des lobbies est facile à exercer puisque la cible est bien circonscrite. Il suffit alors de bien placer ses pions et d'attendre le bon moment pour faire prévaloir ses vues. Bruxelles est un exemple parfait de ce type d'opérations.
Il va sans dire qu'un pays pauvre ou endetté est une proie facile et peut difficilement faire vivre une réelle démocratie.
A l'opposé, mais d'une manière qui n'est pas incompatible avec ce système, on trouve la corruption des électeurs, les promesses que l'on sait impossibles à tenir en est la forme la plus simple, le clientélisme qui cible des catégories précises est une autre forme de démagogie qui est très répandue.
Pour qu'ils soient bénéfiques au plus grand nombre, les choix du citoyen devraient dépendre uniquement de ses convictions, ce qui signifie qu'il a une autonomie réelle par rapport au pouvoir, donc qu'il ne dépend pas entièrement des aides qu'il reçoit, sinon il n'est plus libre car sa subsistance est liée à son vote. Une société vraiment démocratique suppose donc des personnes libres et responsables.

Ces différentes conditions sont-elles réalisées ?

Elles le sont partiellement dans quelques états, mais jamais complètement. D'une manière générale, ce sont les pays ou les partis qui se targuent d'être démocratiques qui en sont le plus éloigné. Ce qui signifie qu'un régime démocratique n'est qu'un idéal vers lequel un peuple devrait tendre.
Mais pourquoi cet idéal est-il souhaitable ? Une élite éclairée et bienveillante ne serait-elle pas préférable à ce régime si difficile à mettre en oeuvre ? Hélas, l'expérience historique est là pour montrer qu'une telle élite n'existe pas, et qu'elle finit toujours par mépriser et déconsidérer les gens qui n'en font pas partie.
L'idéal démocratique est de proposer un cercle vertueux qui pousse les gens à réfléchir, à s'informer et à exercer leur responsabilité. Ce n'est pas une démarche facile, beaucoup de gens préfèreraient s'en remettre à "l'état-maman", mais c'est la seule et unique voie vers une manière de vivre qui en vaut la peine.



41 réactions


  • Sparker Sparker 5 mars 2019 13:18

    Mouais, les « convictions » ... Encore une bonne blague de manipulateur...

    https://www.youtube.com/watch?v=L_ADZYCUkDA


    • Rantanplan Pink Marilyn 5 mars 2019 16:14

      @Sparker

       

      Dans cet article, le mot « démocratie » est utilisé dans le sens que lui donne la presse occidentale quand elle décrit les efforts des États-Unis pour établir « la démocratie ». Elle désigne alors un système dans lequel le contrôle des ressources et le recours à la violence permettent à des éléments au service des intérêts privés puissants de rester au pouvoir. De sorte que les États terroristes tels que le Salvador et le Guatemala sont «  démocratiques ». Il en va de même du Honduras, sous la férule de l’oligarchie militaire et de la clique de banquiers et autres riches hommes d’affaires mise au pouvoir par les États-Unis.

      Ainsi l’armée mercenaire pro-somoziste (Somoza) créée par les États-Unis fut-elle qualifiée de « résistance démocratique, ce que regrette l’auteur qui rêve d’un monde idéal dans lequel cette violence serait gommée mais les intérêts privés préservés.


    • Pierre Régnier Pierre Régnier 5 mars 2019 18:01

      @Pink Marilyn

      Non, l’auteur ne décrit pas une démocratie telle que vous la caricaturez ici.

      Il serait plus utile, je pense, de réfléchir à l’avancée que pourrait constituer un Service public de l’audiovisuel sous contrôle populaire, et en liaison étroite avec l’Éducation Nationale.

      En l’attendant, on pourrait au moins se mobiliser pour faire cesser cette monstrueuse habitude installée qui consiste, quand il y a des élections, à faire classer et présenter, par les médias dominants, les candidats en « grands » et « petits » candidats. 

      Je parle bien sûr des candidats ayant rassemblé toutes les conditions légales pour pouvoir se présenter, ce qui est déjà beaucoup plus difficile pour les prétendus « petits » que pour les autres, et qui constitue déjà, pour eux, un sérieux handicap.


    • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 6 mars 2019 10:32

      @Sparker
      Oui, chez nous, cela fait tout drôle de parler de convictions, on n’en a plus l’habitude depuis longtemps. Sous bien des aspects, nous sommes devenus des martiens.


  • Sparker Sparker 5 mars 2019 13:21

    "Une société vraiment démocratique suppose donc des personnes libres et responsables.

    "

    Donc qu’il n’y ai plus de gouvernants et gouvernés. Va falloir s’occuper de l’évolution individuelle car la liberté et la responsabilité ne se décrète pas...


  • Rantanplan Pink Marilyn 5 mars 2019 13:28

    La démocratisation est une victoire du commerce, pas une victoire du peuple.

    « Démocratiser » se limite à baisser les prix d’un « produit » pour le rendre accessible au plus grand nombre et créer un besoin supplémentaire : les sports d’hiver, le saumon, le transport aérien se sont démocratisés, ce qui signifie simplement qu’un marché nouveau s’est ouvert.


    • Francis, agnotologue JL 5 mars 2019 13:30

      @Pink Marilyn
       
       on ne peut pas démocratiser la poésie ?


    • Rantanplan Pink Marilyn 5 mars 2019 13:42

      @JL

      ben non

      « démocratiser » la science, ça s’appelle « vulgariser »
      or, la poésie vulgaire, c’est la prose
      donc, c’est pas possible

      désolée M. JL

      j’aurais bien aimé vous faire plaisir, vous le savez !


    • Francis, agnotologue JL 5 mars 2019 13:50

      @Pink Marilyn
       
      selon vous, qu’est-ce qui m’aurait fait plaisir ?


    • Rantanplan Pink Marilyn 5 mars 2019 13:59

      @JL

      de pouvoir dire :  « Nicole, apportez-moi mes pantoufles, et me donnez mon bonnet de nuit » en vers puisque, d’après le maître de philosophie de M. Jourdain, il s’agit là de prose


    • Rantanplan Pink Marilyn 5 mars 2019 14:05

      @Pink Marilyn

      en fait, Marilyn, c’est mon pseudo, mon vrai prénom, c’est Nicole !


    • Pierre Régnier Pierre Régnier 5 mars 2019 18:09

      @JL

      Si, on peut démocratiser la poésie (qui ne se limite pas à l’expression dans des vers). On peut le faire surtout dans le sens caricatural que donne Pink Marilyn à la démocratisation.

      Dans ce sens là nous baignons même, depuis des années, en pleine « poésie démocratisée ».


    • Francis, agnotologue JL 5 mars 2019 20:03

      @Pink Marilyn

      @Pierre Régnier

       
      ’’ « Démocratiser » se limite à baisser les prix d’un « produit » pour le rendre accessible au plus grand nombre et créer un besoin supplémentaire  ’’
       
      Cela se fait au prix de la qualité. Aussi !


  • Arogavox Arogavox 5 mars 2019 13:54

    C’est l’étymologie des mots qui indique le sens vraiment consensuel sans lequel ces mots ne seraient pas repris et utilisés.
     démocratie : pouvoir du peuple !
     aristocratie : pouvoir des meilleurs !
     Commencer par là éviterait bien des palabres qui ne font que noyer le poisson !
      


    • Rantanplan Pink Marilyn 5 mars 2019 14:04

      @Arogavox

      oh, vous savez, l’étymologie...

      tenez, par exemple, l’étymologie de « ville », c’est « villa » qui signifiait « exploitation agricole », alors que « urbs » signifiait « ville » ce qui fait que l’adjectif pour « ville », c’est « urbain »

      autre exemple : le mot « formidable » emprunté au latin formidabilis, « redoutable », lui-même dérivé de formido, « épouvantail, peur, effroi », formidable qualifiait à l’origine uniquement ce qui inspire une grande crainte

      alors, l’étymologie est intéressante a priori, mais a posteriori, elle ne prouve rien


    • Rantanplan Pink Marilyn 5 mars 2019 14:20

      @Arogavox

      encore un et j’arrête :
      Le mot « parasite » signifie aujourd’hui :

      • personne qui vit aux dépens d’une autre personne
      • organisme animal ou végétal qui se nourrit de substances produites par un autre être vivant sur lequel il vit et lui cause un dommage.
      • perturbations sur des ondes
      Ce mot est donc très négatif.

      Or, pour les Grecs anciens, le « parasite » occupait une fonction tout à fait honorable : c’était un assistant des prêtres et il avait pour mission de prendre soin des offrandes faites aux dieux. 

      Sa fonction faisait qu’il était d’usage de l’inviter à prendre part aux repas communs.

      Parasitus, en latin, signifiait d’ailleurs « invité, convive ».

      Le mot a pris le sens de pique-assiette pour désigner toute personne qui s’invitait à la table des gens, et son sens s’est dégradé... comme le sens de « démocratie »


    • Arogavox Arogavox 5 mars 2019 17:36

      @Pink Marilyn
      désolé, mais tout le monde connaît le sens étymologique du mot « démocratie ».
      Et c’est justement parce que ce sens consensuel est séduisant que ce mot a été repris et détourné et dégradé par de faux ’démocrates’ se rêvant ’aristocrates’ qui connaissent aussi le mot « aristocratie » et son sens étymologique qui a mauvaise presse !
       Ceux qui se font complices de cette fourberie font effectivement penser à des parasites : étonnant comme vous avez si bien trouvé l’association d’idées ! 


    • Pierre Régnier Pierre Régnier 5 mars 2019 18:16

      @Arogavox

      Vous attirez l’attention, ici, sur l’une des grandes caractéristiques de notre époque, qui la fait très destructrice : la tricherie langagière, souvent très consciente et très volontaire.


  • foufouille foufouille 5 mars 2019 14:55

    c’est quoi un état maman ? le contraire privée de merde remplie d’escrocs ?


    • foufouille foufouille 5 mars 2019 14:57

      @foufouille
      « assurance privée de merde »


    • Rantanplan Pink Marilyn 5 mars 2019 15:17

      @foufouille

      L‘auteur rejoint les « minarchistes » américains (variante des libertariens) qui considèrent l’état comme inévitable, estimant que l’anarchie est vaine, et se détachent donc de l’anarcho-capitalisme. Pour eux, un état « veilleur de nuit » fournit un cadre qui permet à tout système politique de respecter les « droits individuels fondamentaux ».

      L’état-minimal des minarchistes est présenté comme un compromis entre « libéralisme » et « biens publics ». Dans cette conception, les notions de liberté individuelle et état cohabitent, chacun faisant effet de contre-pouvoir.


  • Arogavox Arogavox 5 mars 2019 18:07

    Aurait-on régressé depuis le siècle des Lumières pour errer encore si loin des « Conditions implicites d’une société démocratique » ? 
     Un point essentiel du grand classique « Du Contrat social » reste inabordé :

    Chapitre 1.5 Qu’il faut toujours remonter à une première convention

     « […] Un peuple, dit Grotius, peut se donner à un roi. Selon Grotius, un peuple est donc un peuple avant de se donner à un roi.
    Ce don même est un acte civil ; il suppose une délibération publique. Avant donc que d’examiner l’acte par lequel un peuple élit un roi, il serait bon d’examiner l’acte par lequel un peuple est un peuple ; car cet acte, étant nécessairement antérieur à l’autre, est le vrai fondement de la société.

    En effet, s’il n’y avait point de convention antérieure, où serait, à moins que l’élection ne fût unanime, l’obligation pour le petit nombre de se soumettre au choix du grand ? et d’où cent qui veulent un maître ont-ils le droit de voter pour dix qui n’en veulent point ? La loi de la pluralité des suffrages est elle-même un établissement de convention et suppose, au moins une fois, l’unanimité.  […]  » 

    Un pastiche de la proposition, serait aujourd’hui :

    d’où 8 656 346

    qui veulent un jupiter ont-ils le droit  de voter pour 20 357 977 qui n’en veulent point ? 

    ( cf https://fr.wikipedia.org/wiki/Élection_présidentielle_française_de_2017 , en se basant sur les chiffres du 1er tour ... car rien ne permet de prouver que les non-inscrits + les votes blancs + les votes nuls aient voulu (cf vœu, étymologie de « vote ») le couronnement d’un jupiter !)


    • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 5 mars 2019 18:57

      @Arogavox
      Vous soulevez le problème du choix par défaut, lorsqu’une minorité réussit à imposer ses vues à une majorité qui ne parvient pas à s’entendre. Ce genre de situation me semble symptomatique d’un désaccord profond au sein même de la société sur le chemin à suivre.
      Nous avons donc là un exemple d’hétérogénéité de la population qui finit par désagréger le corps social, comme il est indiqué dans le texte. Il n’y a pas d’autre remède qu’une prise de conscience de la nécessité de s’entendre sur une cause commune, le comptage des bulletins blancs ne résoudra rien.


    • Arogavox Arogavox 6 mars 2019 00:00

      @Gilles Mérivac
       oui, le comptage des bulletins dont le sens est un blanc (inconnu) est une fausse bonne idée, qui ne va pas au bout de du problème qu’elle laisse sous le tapis.
        
       Celles et ceux qui sous-entendent ou même expliquent qu’un pourcentage de ces faux voeux (vote = voeu / vote blanc = voeu de n’importe quoi !) devrait impliquer un impact sur la validité du scrutin (vote à refaire ? durée de mandat à diminuer ? ...), 
      semblent se croire obligés de sauver un processus foireux en oubliant de le reconsidérer en profondeur.
      Ils se permettent de traduire arbitrairement du non-dit, c’est à dire d’amalgamer au dispositif de scrutin l’inverse d’une humble écoute de l’expression individuelle (déjà fort limitée : genre onomatopée : oui/non ou un nom dans une liste !) censée être mesurée par ce scrutin !
       D’abord, ils devraient parler clairement, en cesser d’appeler « vote blanc » un « vote pour invalider ou pour raccourcir le mandat ».
       Et, dès lors qu’ils auront respecté ce premier point de parler vrai, il leur deviendra impossible de s’arrêter en chemin. Ils comprendront tout de suite, que plusieurs autres bulletins spéciaux devraient alors compléter celui-là pour remplacer leur improbable « bulletin blanc » :
       un bulletin spécial « vote pour exiger le changement de cet actuel système de scrutin »

       un bulletin spécial « vote pour exiger le changement de la Constitution actuelle »
       un bulletin spécial « vote pour accepter n’importe quoi de peur que d’autres veuillent remettre en cause l’actuel système de scrutin »
       un bulletin spécial « vote pour accepter n’importe quoi de peur que d’autres veuillent remettre en cause l’actuelle Constitution »
      _ etc ..

       Et même en respectant tout cela, comme vous dites, ils ne feraient que mesurer à peine plus finement l’hétérogénéité des déterminations dans la population.

      NB : d’autres approches restent envisageables ...


    • Pierre Régnier Pierre Régnier 7 mars 2019 09:57

      @Gilles Mérivac

      La désagrégation du corps social est facilitée, en France depuis des années, par le refus des médias dominants de refléter l’hétérogénéité de la population.

      Les composantes de la population qui n’ont pas accès à l’expression publique dans des médias s’imposant la neutralité sont méprisées par ceux qui possèdent les pouvoirs (politiques et médiatiques).

      Les manifestations de colère comme celle des Gilets Jaunes sont alors inévitables, et largement ressenties, à juste titre, comme parfaitement légitimes.

      La création d’un Service public de la communication audiovisuelle me paraît alors faire partie, en toute première place, des conditions implicites d’une société démocratique.

      Mais il faut qu’il soit voulu et mis en place sous contrôle populaire, et en étroite relation avec l’Éducation Nationale, laquelle doit elle-même fonctionner sous contrôle populaire.


    • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 7 mars 2019 10:53

      @Pierre Régnier
      Votre solution me paraît très « soviétique », gageons qu’un tel contrôle populaire ans les conditions actuelles se ferait très vite noyauter par les tenants actuels de la pensée unique ( je n’en dis pas plus pour ne pas vous froisser).

      Il vaudrait mieux garantir une pluralité réelle d’opinions dans l’enseignement et dans les médias. Comment éviter que le pouvoir ait la main mise sur eux, je ne sais vraiment pas, mais si quelqu’un a une idée, qu’il ne se gêne pas pour l’exprimer.


    • Pierre Régnier Pierre Régnier 7 mars 2019 14:13

      @Gilles Mérivac

      Vous dites : Il vaudrait mieux garantir une pluralité réelle d’opinions dans l’enseignement et dans les médias.

      et vous ajoutez : Comment éviter que le pouvoir ait la main mise sur eux, je ne sais vraiment pas, mais si quelqu’un a une idée, qu’il ne se gêne pas pour l’exprimer.

      Ceci en réponse à l’idée que je viens d’exprimer !

      Je ne suis ni surpris ni « froissé » car vous exprimez-là le principal obstacle à la démocratie : le contrôle populaire, c’est ressenti par le peuple comme étant forcément une pratique stalinienne.

      Et vous n’inventez pas. On peut le vérifier en lisant certains commentaires suivant cet article récent d’Agoravox  : https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/bienvenue-dans-l-ere-du-cyber-213226#forum5443243

      Des commentateurs y expriment très clairement la persistance de la pensée stalinienne dans la « Gauche » française.

      Faut-il en conclure que l’on doit définitivement renoncer à la démocratie ?


    • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 7 mars 2019 15:16

      @Pierre Régnier
      Prenons un exemple concret de « contrôle populaire », celui des articles d’agoravox. Vous n’êtes pas sans remarquer que sur beaucoup de sujets, par exemple la situation du Venezuela, on n’entend qu’un seul son de cloche. Tout autre article présentant une opinion différente ne passe pas la barrière de la modération. Et si vous avez le malheur d’exprimer votre opinion dans un commentaire, vous vous faites agonir d’injures.

      Voilà ce que j’appelle le « noyautage », et comment risque de fonctionner votre « contrôle populaire ». J’en suis désolé pour vous, car vous me semblez quelqu’un de sincère, et chacun de nous a besoin d’espoir, mais j’ai bien peur que vous vous fassiez des illusions sur la nature humaine.


    • Pierre Régnier Pierre Régnier 7 mars 2019 15:42

      @Gilles Mérivac

      Je ne me fais aucune illusion sur la nature humaine. Je suis simplement conscient que les actuels décideurs, aux pouvoirs, politiques et médiatiques, les utilisent à fond pour « déconscientiser » le peuple, pour le crétiniser, pour lui faire rejeter toute morale qui ne sert pas leurs intérêts (ou simplement leur simple paresse d’esprit).

      Pour être un peu plus concret, même si je ne suis pas d’accord sur toutes ses propositions je pense qu’un Étienne Chouard est beaucoup plus utile qu’un Mélenchon.

      Voilà quelqu’un (Chouard) qui apporte de l’espoir.

      Parce qu’il persiste à penser que le peuple peut agir intelligemment, et que le principal rôle des acteurs politiques et, plus largement, des citoyens lucides et altruistes, est de lui donner les moyens de le faire.


  • Goldored Goldored 5 mars 2019 19:58

    Résumer la démocratie à la seule problématique du vote... Il y a un peu de l’inanité de la pensée là-dedans...


    • Arogavox Arogavox 6 mars 2019 00:08

      @Goldored
       l’intérêt de l’étymologie se révèle particulièrement sur ce point lorsqu’on remarque que le « vote » est un voeu  : une volonté.
      Et que le concept du « Contrat social » démocratique est basé sur un concept de « Volonté générale ». Respect par chacun et par tous de la volonté de chacun et de tous.


    • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 6 mars 2019 07:59

      @Goldored
      Effectivement, ce n’est pas la problématique du vote qui est essentielle, c’est la manière dont le pouvoir doit s’exercer en respectant la volonté de la majorité.
      Il y a là en pratique une contradiction, car toutes les décisions, lois et décrets ne peuvent pas être validées par chacun de nous, la lourdeur du processus serait très vite paralysante.
      Un compromis est nécessaire, et il prend presque toujours la forme d’une délégation de pouvoirs à partir d’un vote. Il n’y a donc pas d’inanité de pensée.


    • Arogavox Arogavox 6 mars 2019 09:59

      @Gilles Mérivac
      La problématique du vote reste essentielle dès lors que la technique du scrutin classique, essentiellement appliquée au cas particulier d’élections, vise à désigner des « représentants », voire même des « incarneurs » !
       
      Affirmer n’est pas démontrer, et je resterai quant à moi plutôt circonspect face aux dogmes. Bien des « lourdeurs » ont été dépassées depuis l’homme des cavernes, et cette communication, facilement accessible à tous, est pourtant la réussite d’un masquage de la « lourdeur » des millions de lignes de code de l’infrastructure numérique qui la supporte !

       Même si un compromis ne peut pas faire de mal, il ne peut pas être mauvais non plus d’utiliser les avancées actuelles de l’art humain pour multiplier et généraliser l’accès de chacun au pouvoir politique de cautionner ou non chaque option de lois, décrets ou décision politique. Une prise de mesure de ces voeux restera apparemment d’autant plus lourde qu’on continuera à ne faire aucun effort pour inventer et mettre en oeuvre l’art accesible en ce 3e millénaire ...


    • Goldored Goldored 6 mars 2019 13:32

      @Arogavox
      La démocratie, ce n’est pas seulement voter.
      C’est aussi la capacité à vivre ensemble, dans l’acceptation de la différence de l’autre.
      C’est un pouvoir dans lequel on parvient à trouver sans violence des solutions aux problèmes rencontrés, avec davantage d’horizontalité que de verticalité dans la prise de décision. Cela dépasse largement le seul vote.


    • Arogavox Arogavox 6 mars 2019 14:45

      @Goldored
      Ce truisme n’étant pas ignoré depuis l’antiquité, il n’en restait pas moins pertinent au siècle des Lumières du temps jadis d’imaginer un "Contrat sociall’ pour
      trouver une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé ; et par laquelle chacun s’opposant à tous n’obéisse pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant.


  • BA 6 mars 2019 07:47

    Classement Forbes : la fortune des ultra-riches français a bondi de 14,5 % en 2018.


    Si le classement des hommes et femmes les plus riches du monde (et de France) n’a que peu bougé en un an, le montant des leurs fortunes, lui, continue de grimper : + 14,5 % en 2018.


    Les comptes des plus grandes fortunes de France se portent bien… Selon le palmarès Forbes publié mardi, le PDG du géant mondial du luxe LVMH, Bernard Arnault, reste la quatrième fortune planétaire et l’homme le plus riche de l’Hexagone avec un capital estimé à 66,9 milliards d’euros (76 milliards de dollars),


    Dans le classement français, il devance, comme l’an dernier, l’héritière de L’Oréal, Françoise Bettencourt Meyers, qui reprend "le titre honorifique de femme la plus riche du monde" avec une fortune de 43,4 milliards d’euros (49,3 milliards de dollars, 15e au rang mondial). 


    Elle figure parmi les cinq femmes, toutes héritières, (Marie Besnier-Beauvalot, Carrie Perrodo, Anne Beaufour et Marie-Hélène Dassault), membres de la caste des milliardaires français. 


    +12% pour François Pinault


    Sur la troisième marche du podium, François Pinault, à la tête de Kering, rival de LVMH, a vu sa fortune estimée croître de près de 12% en un an à 26,1 milliards d’euros (29,7 milliards de dollars). 


    Suivent, toujours dans le secteur à forte croissance du luxe, les propriétaires de Chanel, les deux frères Wertheimer, avec une fortune estimée pour chacun d’eux à 12,8 milliards d’euros (14,6 milliards de dollars). 


    La fortune de la famille Dassault est estimée à 24 milliards de dollars, scindée en quatre parts égales représentant les quatre enfants de Serge Dassault, décédé en 2018. 


    +14,5% pour les ultra-riches français


    Les cinq premières fortunes françaises représentent à elles seules près de 193,6 milliards de dollars (environ 170,8 milliards d’euros), soit 24,5 milliards de dollars (21,6 milliards d’euros) de plus qu’en 2018. Une augmentation de 14,5%.


    "Le cru 2019 des milliardaires hexagonaux voit se dessiner deux nouvelles tendances : le club des ultra-riches s’étoffe et leur fortune a continué de croître", détaille le magazine économique américain dans son édition française.


    https://www.sudouest.fr/2019/03/05/classement-forbes-la-fortune-des-ultra-riches-francais-a-bondi-de-14-5-en-2018-5871817-10407.php


    • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 6 mars 2019 10:57

      @BA
      D’après votre description, il s’agit d’entreprises qui opèrent à l’échelle mondiale, elles ne sont françaises que par le nom de leur dirigeant. Je présume donc que leur fortune est inaccessible au fisc de Bercy, contrairement aux moutons que nous sommes (il parait que le fisc n’a même plus besoin de demander une autorisation pour vérifier les comptes bancaires, les banques leur donnent gracieusement).

      Mais quand les états s’entendront pour réguler ce genre de choses, les poules auront des dents et les cochons pourront voler.


  • rhea 1481971 6 mars 2019 10:08
    • Lisez, si vous trouvez encore ce livre, le temps du changement
      édité en 1994 ( auteur Fritjof Capra ) page 230 et 231, il est 
      expliqué que le plutonium doit être isolé de son environnement
      et qu’il est impossible de le faire à 100%. Depuis 1997, la 
      France fabrique du MOX, alliage de plutonium et d’uranium,
      pour faire fonctionner les centrales nucléaires. La dissémination
      du plutonium provoque des cancers terminaux des poumons.
      Curieusement j’ai eu des problèmes de santé en 1997 et
      j’avais oublié ce passage du livre.
    • Est ce démocratique ?


    • Gilles Mérivac Gilles Mérivac 6 mars 2019 10:49

      @rhea 1481971
      Je ne connais pas ce livre, mais il est très probable que son auteur ait raison. Dans ce cas comme dans bien d’autres, les hommes se comportent comme des apprentis sorciers. Les conséquences de leurs choix ne sont jamais évaluées sérieusement et c’est seulement après une cinquantaine d’années que l’on ressent les dégâts.

      L’ exemple le plus connu est l’amiante mais je suis sûr qu’il y en a bien d’autres. Et puis l’intérêt économique passe avant tout et permet de mentir ou de passer sous silence des vérités gênantes. Vous vous souvenez du nuage de Tchernobyl qui nous aurait évité par miracle ?

      Mais même avec une société vraiment démocratique, nous ne serions pas certain d’éviter ce genre de chose, car la pression pour obtenir une l’énergie abondante peut être plus importante que la santé des individus exposés.


  • sylvain sylvain 6 mars 2019 14:26

    je trouve que cet article expose bien certains problèmes

    surtout sur le fait que pour q’une démocratie existe il faut qu’il n’y ai pas de divergence trop grande dans les groupes qui la composent, sinon ca devient la foire d’empoigne et la dictature d’une minorité . En ce sens les politiques communautaristes sont une catastrophe démocratique .

    Si on regarde les mouvements ouvriers du début 20 eme siecle, il semble évident qu’ils étaient cohérents, que les intérêts, les valeurs, les modes de vie

    des gens qui ont constitués ces mouvements convergeaient . Les gens avaient donc l’impression de se connaitre et ils se faisaient confiance, ce qui est la seule base possible à mon avis pour une démocratie .

    Le retard des mouvements sociaux et son peu d’efficacité aux USA sont à mon avis imputable à la question noire : les débats sur le « sous prolétariat » noir, sur le racisme et la ségrégation ont occultés ceux sur le prolétariat en général et ont opposés deux groupes de dominés qui se connaissaient et s’estimaient mal

    Bref il me semble que nos politiques communautaristes du « vivre ensemble » et de l’immigration économique sont aujourd’hui un frein majeur à la démocratie, sauf si on arrive à créer un groupe humain mondiale cohérent et conscient de ses intérêts communs, mais certainement pas communautariste . Ce serait la fin des nations, mais pas celle de la démocratie . Mais bon on est très loin du compte


  • Ecométa Ecométa 7 mars 2019 18:06

    Le problème ne tient pas aux élections locales, ni même celles de nos « représentants nationaux », mais essentiellement à la Présidentielle et à un Président qui décide de la politique générale avec des représentants alors « godillots »  !

    Une véritable démocratie, de « qualité », passe déjà par un processus électoral de l’élection présidentielle qui soit digne de ce nom de « Démocratie » avec un grand « D » ; et non par un simulacre d’élections où il suffit d’obtenir 17 % au premier tour pour être quasi certain d’être Président d’une forcément « RIPOUBLIQUE ». 

    La « qualité » d’une vraie « Démocratie » doit tenir à la « qualité » du processus électoral, désignant un « CHEF » (un chef sachant « cheffer » en restant à sa place de chef de tous et non des seules élites financières) ; un « processus électoral de qualité » qui nécessiterait, pour précisément garder cette « qualité démocratique », l’obtention au dernier tour, d’une « majorité précisément »qualifiée" en lieu et place d’une majorité relative qui ne veut plus rien dire. Une logique du tiers exclus qui laisse le choix, mais est-ce un choix réel et réellement intelligent entre la peste et le choléra. Il faut donc au deuxième tour, qui, en lus, doit tenir compte du vote blanc qui est une manifestation de non-satisfaction de ce qui est proposé politiquement ! A charge pour les politiques en présence de revoir leur copie démocratique et de se représenter avec le vote banc comme véritable juge de leur progrès en termes de propositions démocratiques !

    En attendant on ne change rien et le relais est pris par les deux Présidents de chambre ! Le service publique, qui n’est pas sujet aux élections, et les élus locaux continuant comme si de rien n’était, en attendant la suite de la dite élection présidentielle.

    Bien sûr, et entre temps, il faut un R. I. C. pour sanctionner au cas où ce qui a été proposé n’est pas tenu, et dans ce cas, dire pourquoi ? C’est ce qu’on appelle être responsable devant le peuple ! 

     


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