mercredi 9 mai 2018 - par GÉOPOLITIQUE PROFONDE

Les conséquences des perturbateurs endocriniens et des pesticides

 Sur 20 ans, le Dr Félicien Mbou a établi 8 à 10 fois plus de pubertés précoces chez les filles martiniquaises que dans le reste du monde. Si la puberté intervient avant l’âge de 9 ans chez les filles (développement de la poitrine), il s’agit alors de puberté précoce. Ce phénomène est allé jusqu’à toucher une petite fille de 2 ans. Il peut favoriser le surpoids, les troubles cardiovasculaires, le cancer du sein et des troubles du comportement. En moyenne, il y a 3 cas de puberté précoce pour 10 000 petites filles dans l’Hexagone contre 3 cas pour 1 000 petites filles (10 fois plus) en Martinique. Une étude du Pr. Charles Sultan constate une multiplication par 10 des cas sur une période de 20 ans (la puberté aurait avancé de 12 à 14 mois chez les filles) et conclut que dans 70 % des cas de précocité pubertaire, le facteur environnemental est présent. Le chlordécone, un pesticide interdit d’utilisation en 1989 en France et 4 ans plus tard aux Antilles, pourrait être une cause de cette précocité, ainsi que « l’effet cocktail » de multiples perturbateurs endocriniens. Ce pesticide est toujours extrêmement présent dans les aliments d’origine végétale ou animale issus des anciennes zones contaminées.

La dangerosité des perturbateurs endocriniens sur le développement du système nerveux est aujourd’hui prouvée. Une étude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) portée sur 529 petits garçons a souligné que l’exposition des femmes enceintes à certains phénols et phtalates est corrélée à des troubles du comportement de leurs garçons de 3 à 5 ans. 3 substances chimiques dangereuses ont été relevées : le bisphénol A (utilisé dans des objets courants comme des CD, casques de vélo, etc.), le triclosan (agent antibactérien que l’on trouve dans les savons, dentifrices ou gels douches) et le phtalate de dibutyle (ou DBP - utilisé comme plastifiant dans le PVC, certaines colles, des vernis à ongles ou des laques pour cheveux). Il y a donc un lien entre hyperactivité, troubles émotionnels et perturbateurs endocriniens dans ce cas précis.

Un autre rapport récent de l’INSERM révèle l’existence de troubles du comportement chez des enfants de 6 ans exposés à certains pesticides comme les pyréthrinoïdes. Ces derniers font partie de la deuxième génération de pesticides, censés être moins dangereux que leurs prédécesseurs, les organophosphorés. Ils restent tout de même des neurotoxiques qui modifient l’activité des neurones en les dépolarisant (afflux massifs d’ions, notamment de sodium, à travers leur membrane). Conséquence des pyréthrinoïdes chez les enfants : des phénomènes d’anxiété, de nervosité, de tristesse, des difficultés de socialisation et d’empathie, des problèmes de distraction, d’hyperactivité ou d’impulsivité, ou encore des accès de colère fréquents.

La Commission européenne et les États membres ont réautorisé l’utilisation du sulfate de cuivre, un pesticide controversé autorisé en agriculture biologique comme bactéricide et fongicide, notamment pour traiter les pommes de terre, les raisins, les tomates et les pommes. L’Autorité européenne pour la sécurité alimentaire (EFSA) et l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) ont toutes deux estimé que l’utilisation de cette substance comporte des risques pour l’environnement, et particulièrement pour les agriculteurs, les oiseaux, les mammifères et les organismes du sol. Selon le rapport de l’EFSA sur les résidus de 140 pesticides (avril 2017), le cuivre est le pesticide le plus retrouvé sur les aliments biologiques, suivi de l’ion bromure.

L’augmentation du recours à certains néonicotinoïdes (insecticides) dans l’agriculture, en particulier sur le blé, est un des principaux facteurs responsables de la disparition massive des oiseaux dans les campagnes françaises (1/3 en moins en 15 ans), selon les études du CNRS et du Muséum d’Histoire naturelle, ainsi que du déclin massif des insectes qui s’est accéléré à la fin des années 2000. En octobre 2017, des chercheurs allemands et britanniques ont publié des travaux établissant le déclin massif des insectes invertébrés volants de 75 % à 80 % sur le territoire allemand depuis le début des années 1990. 

À Cuba, certains apiculteurs peuvent récolter jusqu’à 45 kg de miel par ruche dans ce pays qui a abandonné les pesticides dans les années 90. En France, la production moyenne se situe à la moitié de celle de Cuba à cause, entre autres, de l’usage de pesticides. L'abeille est le principal insecte pollinisateur de la planète, essentiel dans le maintien de l’équilibre des écosystèmes et de l’agriculture. En trente ans, près de 80 % des insectes volants auraient disparu d'Europe et ces dernières années, le taux de mortalité des abeilles est passé de 5% par an à 30% par an en moyenne. En moins de 10 ans, 30 à 40 % des colonies ont disparu en Europe. Dans le département de l'Aisne, les chiffres vont de 80 à 100% de mortalité. Début mai 2018, les apiculteurs de Dordogne ont comptabilisé 3 000 ruches totalement désertées.

Les pesticides et insecticides figurent au premier rang des causes du déclin des populations d’abeilles, de papillons et de moucherons dans le monde. Le déclin des pollinisateurs notamment nuirait à la qualité des récoltes et à la quantité de matières premières ; près des trois quarts des cultures vivrières dépendent de la pollinisation. L'UE a donc récemment décidé d'interdire trois néonicotinoïdes (la clothianidine, l'imidaclopride et le thiaméthoxame), qui sont neurotoxiques pour les abeilles, sur toutes les cultures en plein champ. Ces insecticides peuvent néanmoins toujours être utilisés en serre.

Pour finir, soulignons que les époux Claude et Lydia Bourguignon, experts agronomes reconnus et fondateurs du Laboratoire d’analyse microbiologique des sols (LAMS), alertent depuis les années 70 des conséquences de l’agriculture intensive en France. La dégradation rapide de la biomasse et de la richesse des sols en micro-organismes amène à un énième constat fin 2017 : « certains sols des vignes françaises ont la même activité biologique que des sols du Sahara  ».

 

Franck Pengam, Mai 2018.

 

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16 réactions


  • Ruut Ruut 9 mai 2018 19:56

    Science sans conscience n’est que ruine de L’Âme.

    ça se vérifie tous les jours.


  • nono le simplet 10 mai 2018 06:51

    si on ajoute les herbicides, dicamba et glyphosate entre autres, le cocktail est complet ...
    par contre je suis sceptique sur la toxicité du sulfate de cuivre que j’utilise modérément pour mes tomates


    • Nicolas_M bibou1324 11 mai 2018 09:56

      @nono le simplet
      Bien qu’un peu irritant, le sulfate de cuivre n’est pas dangereux ... tant qu’il reste autour de vos tomates. S’il est pulvérisé près d’un ruisseau, par contre, vous pouvez dire au revoir aux organismes aquatiques qui le peuplent.


  • L'Astronome L’Astronome 10 mai 2018 08:46

     
    Il sufit de lire le livre de Fabrice Nicolino Un epoisonnement universel pour apprendre que nous vivons dans des milliers et des milliers de particules chimiques –– et dans leurs « effets cocktail » ––, dont les tristes conséquences sont l’augmentation et l’aggravation d’un grand nombre de maladies.
     


  • chantecler chantecler 10 mai 2018 09:09

    Bien évidemment je suis en accord complet avec ce que vous dénoncez concernant les perturbateurs endocriniens et les herbicides à haute dose ,...

    Sauf que « 

     »Un pédiatre affirme que la Martinique connait une hausse anormale du nombre de pubertés précoces à cause du pesticide chlordécone. Toutefois, ce lien n’est pas prouvé par les études épidémiologiques."

    (Sciences et avenir).

    Les pubertés précoces sont de plus en plus précoces dans certaines régions particulièrement ensoleillées .

    Alors un seul médecin pédiatre pour affirmer la cause à effet ça me semble léger .

    Mais peut être a t’il raison....

    Sauf que s’il a tort et que ce qu’il avance n’est pas prouvé , le risque de déconsidérer la lutte contre ces orgies de pesticides et de P.E déversées est grave .


  • zygzornifle zygzornifle 10 mai 2018 10:24

    Les députés européen courent après les dessous de table des labos , tant qu’ils en tireront bénéfice rien ne changera ....


  • Dom66 Dom66 10 mai 2018 10:49

    Quand Monsanto sera arrivé à ses fins, c’est a dire que eux seul pourrons fournir que des graines OGM pour que le monde mange, ce sera la fin.

    Et la fin approche très vite : exemple de moins en moins d’insecte à cause des pesticides (pour les OGM) , ce qui veut dire moins d’oiseaux..mort des abeilles…. Etc. Etc...

    Dommage les gouvernements sont responsables de la propre mort et dépendance vis à vis des USA de leurs pays. Et les paysans qui passent leurs pesticides avec un masque sur la tronche...vous en pensez quoi ??

    Si vous avez du temps..regardez ceci :

    https://www.youtube.com/watch?v=5xziAeW7l6w



    • philippe913 10 mai 2018 17:40

      « @Dom66
       »xemple de moins en moins d’insecte à cause des pesticides (pour les OGM) ,"

      hein ?? les OGM permettent au contraire d’utiliser moins de pesticides...


    • Dom66 Dom66 10 mai 2018 20:23

      @philippe913

      Bravo, mais encore bravo...c’est exactement le contraire.  smiley

      Les OGM sont là pour résister aux saloperies. Si non ça se saurait.

      La preuve

      Deux propriétés majeures sont données aux plantes génétiquement modifiées (concernant 99% des OGM produits sur la planète) :

      - des plantes tolérantes aux herbicides, nommées TH : leur « intérêt » consiste à résister à la pulvérisation d’un herbicide utilisé pour tuer les autres plantes (les «  mauvaises herbes ») 

      - des plantes produisant un insecticide, appelées Bt : il s’agit notamment du maïs, du coton, du colza. L’insecticide est produit en continu dans la plante.

      Allez je vous laisse chercher…..sur Internet.

      Ce sont les producteur d’OGM qui vous dirons que c’est bien


    • philippe913 15 mai 2018 09:08

      @Dom66
      ...

      Vous le dites vous même, des plantes qui produisent leur propre insecticide, permettant ainsi d’en épandre bcp moins....

      Pour les plantes résistantes aux herbicides, ça permet d’optimiser le traitement et de le faire quand c’est réellement nécessaire, et pas forcément de manière systématique en prévention.

      Donc oui, ça permet de consommer moins de pesticides...


  • Tzecoatl Claude Simon 11 mai 2018 07:07

    Le professeur Joyeux explique que les pesticides s’accumulent dans le bassin.


    Ceux-çi agressent prostate, moelle épinière.

    Pour faire communiquer les cellules graisseuses du bassin, et les permettre de les expulser par la peau, le mieux est l’huile essentielle de basilic.

    Pour protéger la prostate, le mieux est la racine d’ortie et boire beaucoup d’eau.

    Pour protéger la moelle épinière, les noix produisent une huile qui la protège.

    Pour protéger le cerveau, j’ai toujours fait confiance à la nicotine. Mais l’huile essentielle de coriandre semence est également conseillé, ou l’huile essentielle d’encens, et encore les noix.

    Voilà ce que j’ai trouvé à travailler dans un métier exposé fortement aux pesticides.

    Pour les enfants, je ne sais pas, n’étant pas chimiste. Je suis né dedans, étant fils d’agriculteur intensif. 

  • Tzecoatl Claude Simon 11 mai 2018 09:00

    Sinon, pour détruire les pesticides, soit prendre un mono-régime de vitamines C (soit pommes, oranges, kiwis, orties, jackfruit, etc), soit mettre tout le monde au PTB (prends ta binette).


    • Nicolas_M bibou1324 11 mai 2018 09:54

      @Claude Simon
      Plutôt que biner, mieux vaut pailler. Moins fatiguant et pas obliger d’y revenir. 20 cm de foin début juin et plus aucun entretien au jardin (arroser n’est plus nécessaire, désherber non plus)


  • zygzornifle zygzornifle 11 mai 2018 10:37

    C’est bon pour la mondialisation , Mosanto et autres fabriquent du poison et les labos pharmaceutique des traitement hautement dangereux et si tu y échappe ta bouffe et ton mobilier plein de substances volatile te tueras ..... 


  • Rincevent Rincevent 11 mai 2018 17:06
    « certains sols des vignes françaises ont la même activité biologique que des sols du Sahara . Et pour cause ! http://www.larvf.com/vin-bordeaux-moins-de-pesticides-ufc-que-choisir,4569335.asp

    Depuis les tests de Que Choisir, il ne rentre plus chez moi que du vin bio. Et qu’on ne vienne pas me dire que bio = hors de prix, j’en ai trouvé à des tarifs très corrects. Pour ça, il faut se sortir les doigts et chercher les bonnes filières...

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