jeudi 3 septembre 2020 - par Kamal GUERROUA.

Les dilemmes algériens

   "Il faut que tout change, pour que rien ne change !" Cette réplique extraite du roman de l'écrivain italien Giuseppe Tomasi di Lampesdusa, et, ayant donné lieu, par la suite, à l'adaptation cinématographique "Le guépard", du réalisateur Luchini Visconti, semble coller parfaitement à réalité algérienne. Accusé de tous les maux de la terre par ceux qui l'ont encensé, jusque même la veille du Hirak, voire après, le clan Bouteflika, voué aux gémonies par toute l'Algérie, semble reprendre, aujourd'hui, du poil de la bête. Le secret ? Derrière la récente visite du président Tebboune à la grande mosquée d'Alger, nombre d'observateurs y décèlent une tentative de réhabilitation sournoise de l'oeuvre bouteflikienne, sur fond d'un climat liberticide, dont les contours restent encore flous. L'affaire Khaled Drareni, cristallise, à elle seule, tous les ingrédients d'une contre-révolution, que même la réouverture du Club des Pins au public, après plus d'une vingtaine d'années de fermeture, n'est pas parvenue à cacher.

Khaled Drareni

   Il semble que la soldatesque médiatique, auparavant mise au service du président déchu, se mobilise désormais pour forger le profil-type du "journaliste modèle", servile de l'éthique imposée par la dictée officielle. En face, la société civile et les défenseurs du Hirak craignent un retour à la case départ, avec le redéploiement des même méthodes d'intimidation contre la presse indépendante et les activistes politiques, la censure via la régulation de la manne publicitaire, l'achat des consciences et la séduction rentière. En toile de fond, l'annonce de l'inauguration de la grande mosquée, le 1er novembre prochain, participe d'une double opération de diversion. D'abord, d'une part, l'exécutif donne l'impression de se revendiquer, en quelque sorte, de l'héritage bouteflikien, pourtant entaché aux yeux de la majorité des Algériens de corruption. Ce qui est en soi une aberration dans la mesure où, très en colère, ces derniers peuvent adopter une position radicale, contre cette exploitation démagogique "médiatisée", d'une réalisation d'une "époque honnie". De l'autre, l'équipe Tebboune est en train de jouer, semble-t-il, sur l'affect religieux des masses, pour ressouder les liens distendus de la confiance avec la base. Une opération à haut risques, vu que les attentes des Algériens, sortis dans la rue un certain 22 février 2019, dépassent de loin l'horizon d'une mosquée, fût-elle la deuxième plus grande au monde ! En vérité, après l'attente "vaine" du changement, les effets du confinement sur une société appauvrie par la mauvaise gestion et le verrou autoritaire tombé sur le secteur de la presse, il y a une déception populaire palpable dans la rue algérienne. En témoigne le nombre croissant de tentatives d'immigration clandestines avortées ces derniers mois. La jeunesse formule des craintes sérieuses quant à une réinstallation "systématique" des fondations de la dictature, avec en plus, l'illusion perfide qu'il y a changement. Ce qui est, psychologiquement, plus pesant sur les consciences. 

 

Kamal Guerroua. 

 



2 réactions


  • binary 3 septembre 2020 13:54

    On ne crée pas un pays d’un trait de plume sur un tas de sable, même (surtout) s’il y a un puits de pétrole dessous. Ce sont des peuples qui petit à petit se construisent un avenir commun appelé pays. Patientez un bon millénaire, et peut être que cela ira mieux.


  • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 4 septembre 2020 10:22

    «  »Il faut que tout change, pour que rien ne change !«  »


    Devise utilisée par le régime algérien qui est aujourd’hui bien assis...

    Et c’est justement à cause de la complicité collective des intellectuels, des faux opposants, des journalistes, de toutes sortes de scribouillards, d’opportunistes, d’hypocrites, que le régime algérien vient de changer lui-même en devenant plus homogène (il a éliminé ses Bach-Aghas-Gérants des fortunes diaboliques et des généraux ambitieux), en renouvelant ses effectifs dans l’ensemble des administrations et en encadrant plus qu’étroitement Tebboune qui obtempère sans même chercher à savoir ce qu’il signe...


    Depuis de longues années j’avais cherché, puis trouvé, puis analysé, puis conclu, puis réalisé la meilleure synthèse et proposé les meilleures solutions afin de construire la nation algérienne « dans le cadre Nord Africain ».

    Au lieu de m’écouter les hors la loi algériens avait préféré suivre les recommandations de l’Elysée (Mes écrits de 2001, 2003 sont toujours dans les Tiroirs de Marianne qui sait qu’elle ne pourra jamais les dépasser). Plus encore, voyant l’impérieuse nécessité d’un changement, ils avaient suivi quotidiennement mes écrits pour mieux les plagier hypocritement mais surtout pour les utiliser à leur profit...

    Les journalistes algériens , les plus assimilés et les plus soumis à l’idéologie de Marianne avait décidé l’embargo et le silence le plus opaque sur l’ensemble de mes écrits, même ceux qui étaient au début destinés à commenter leurs brouillons quotidiens... plus tard ils m’ont même bloqués sur leurs sites.


    Résultat : L’Algérie qui est devenue depuis 1980 un « cadavre historique » est aujourd’hui ensevelie sous des montagnes d’amalgames enrichis chaque jours par le foisonnement des histoires à dormir debout dans un pays de somnambules...


    L’avenir du pays est dans mes écrits : Les « Algériens » ont le choix entre le meilleur et la déchéance.

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    RAPPEL : CHANGEONS L’ORGANISATION SOCIALE ET POLITIQUE...



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