vendredi 26 février 2016 - par Desmaretz Gérard

Les Forces spéciales à pied d’oeuvre en Libye...

​Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian a demandé à la Direction de la protection et de la sécurité de la défense (ancienne sécurité militaire) d'ouvrir une enquête pour : « compromission du secret de la défense nationale », la raison ? la parution d'un article dans le Monde daté du 25 février faisant mention de la présence de forces spéciales françaises, du Service action et d'agents de la DGSE en Libye aux côtés des Special forces américaines et britanniques.

Les missions spéciales appartiennent à ce qu’il est convenu d’appeler la « guerre non conventionnelle », missions conduites en un territoire hostile contrôlé par une force adverse ou ennemie. Le registre des tâches qui relèvent de leurs compétences est très étendu mais appartient à une des grandes catégories suivantes : guérilla - subversion - exfiltration - création de zones de résistance - encadrement de forces autochtones - contre terrorisme - action psychologique - action humanitaire - formation.

En principe, le recours aux opérations spéciales se profile quand l'état-major ne peut apporter une réponse conventionnelle à une situation donnée, ce qui semble être le cas en Libye actuellement. J'évoquais sur mon blog dès le mois d'août 2015, l'intérêt qu'il y aurait à infiltrer des équipes d'observateurs sur le trait de côte libyen afin de renseigner sur les navires utilisés pour transporter les clandestin... La formation polyvalente et spécialisée des hommes et la mise en œuvre de matériel à la pointe de la technologie permettent à ces unités d’accomplir des missions requérant une spécificité très « pointue » et de remplir des taches de nature aussi diverses que variées. Selon la définition qu’en donne le Departement of Defence (DoD), l’unconventional warfare : «  comprend un large spectre d’opérations militaires et paramilitaires conduites en territoire tenu ou contrôlé par l’ennemi ou sur un terrain politique sensible. L’unconventional warfare n’est pas limité à la guerre de guérilla, à l’évacuation, à la récupération, à la subversion, au sabotage et autres opérations à faible visibilité de nature dissimulée ou clandestine. L’interpénétration des aspects de l’unconventional warfare peut être individuelle ou collective avec la prédominance de personnel indigène habituellement soutenu ou dirigé à des degrés variables par une source externe durant le temps de guerre ou de paix ».

Dans le jargon militaire, le vocable opération spéciale est différemment interprété selon qu’il est utilisé par les forces de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) ou l'Inter-Américan Defense board (IADB). La définition la plus complète reste celle admise par le Departement of Defense : « Opérations conduites par des forces spécialement entraînées, équipées et organisées contre une cible stratégique ou tactique en poursuite d’un objectif militaire, politique, économique, ou psychologique. Ces opérations peuvent être menées en temps de paix ou de guerre. Elles peuvent soutenir des opérations conventionnelles ou être conduites indépendamment quand le recours aux forces conventionnelles reste inapproprié ou impossible. »

Le vocable « Direct Action » en vigueur dans les forces de l’OTAN recouvre des missions de : destruction d’objectifs, de matériel, neutralisation humaine et récupération d’hommes ou de matériel. Les opérations psychologiques (PSYOP) n’ont elles que : « d’autre but que d’influencer les populations et les forces militaires ennemies afin de réduire leur combativité et, si possible, les rallier à la cause  ». Cela se rapproche quelque peu des « affaires civiles » qui ont en charge les relations entre la population et les militaires déployés sur le terrain. Certains de ces hommes sont chargés d’accomplir des tâches liées au renseignement et/ou qui peuvent avoir une influence sur les opérations militaires : voies de communication, accueil de la population, etc.

Nombre de missions nécessite l’infiltration d’un groupe ou d'une équipe, à lui ensuite à procéder à une reconnaissance et à se dissimuler pour observer l’objectif et transmettre par radio les comptes-rendus cryptés. Ces observations peuvent être le prélude à des missions diverses : recherches - localisation - identification et désignation d’objectifs - rapport après destruction - renseignements sur le terrain et/ou les forces présentes - observations hydrographiques et/ou météorologiques, etc.

Le commandement des opérations spéciales français crée en 1992 le fut à l’exemple des États-Unis qui avaient pris la décision d’un regroupement de leurs forces spéciales en un organisme unique. Le COS dont le quartier général est situé pour partie sur la base aérienne de Taverny et dans les sous-sols du Ministère de la défense, repose sur un commandement tournant entre les armées de terre - Air - Mer. Ce commandement rassemble des unités diverses et dispersées au sein des quatre armes (TAM et gendarmerie) qui peuvent pour les besoins d’une mission être appelées à opérer ensemble. Déjà en 1988, le 11° choc, le GIGN et les Fusiliers Marins Commandos (FUMACO) avaient participé à une action commune, la prise de la grotte d’Ouvéa.

Le COS s'appuie sur plusieurs bureaux : opérations, entraînement, recherches et développements, télécommunication, système d'information et les actions civilo-miltaires. Il s’agit pour le COS, principalement, de coordonner l’organisation, l'entraînement, et la doctrine d’emploi d’unités différentes pour une utilisation cohérente. Le COS dispose de plusieurs unités pouvant être placées sous un commandement unique. Le premier cercle dédié principalement aux missions d'assistance, d'encadrement, de soutien aux unités engagées compte environ 2 000 hommes provenant du 1 régiment parachutiste d’infanterie de marine. Le 1° RPIMA comprend une compagnie de commandement, une de communication et 3 compagnies de combat (recherches et actions spécialisées). La première compagnie est spécialisée dans le combat urbain, aquatique et la protection rapprochée de personnalités, la deuxième dans la guérilla urbaine et la troisième dans les reconnaissances profondes.

Le Commandement des FUSiliers marins COmmandos (COFUSCO) est basé à Lorient et comprend les commandos : Pentefenyo, Monfort et le GCMC qui vient de recevoir une nouvelle appellation ; Toulon accueillant les commandos : Hubert et Jaubert (un nouveau vient d'être créé dont j'ai oublié le nom). Chaque section s’articule en 4 pelotons de 20 hommes divisés en 2 équipes de combat. L’armement et le matériel sont répartis dans les différentes bases navales occupées par la Marine nationale. Le commando Hubert, celui des nageurs de combat, est basé à Saint-Mandrier dans le Var. Il est composé de deux compagnies, une d’appui et une autre opérationnelle comprenant une cinquantaine de NC répartis en 4 pelotons : A (contrôle de l’équipement), B (anti-terroristes), C (opérations sous-marines) et D (reconnaissance appui avec mini sous-marin Vostock). Le Groupe de combat en milieux clos (dont l'appellation vient de changer) comprend 17 hommes formant 2 équipes.

Le COS dispose pour la logistique et le transport de l’aviation légère de l’armée de terre (ALAT) qui dispose d’une escadre dédiée aux opérations spéciales, le Détachement Alat des Opérations Spéciales (DAOS) qui comprend entre autre des hélicoptères cougar, puma, et gazelle. A mentionner également l'Escadrille d'Hélicoptères Spéciaux (EHS). Le commando parachutiste de l’air n°10 spécialisé dans la récupération et l’exfiltration comprend 3 pelotons basés sur la base aérienne de Nîmes. 

En cas de nécessité, le COS peut faire appel aux unités composant le 2° cercle. Le 13 régiment de dragons parachutistes (RDP) spécialisé dans les missions de renseignement dans la profondeur, du 17° régiment de génie parachutistes (RGP), du groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) et faire également appel à des réservistes spécialistes dans les affaires civiles, les relations publiques et opérations de nature psychologique.

Le volet renseignement s'appuie sur La Direction du renseignement militaire basée à Creil, dont la mission reste : le recueil, l'analyse, la préparation du dossier de renseignement ou d'objectif indispensable au haut commandement militaire, renseignement pouvant être d'origine humaine (agents de terrain) et/ou technique (interceptions, observations).

La Direction générale pour la sécurité extérieure est en charge du « rens » à l'extérieur du territoire, le renseignement interne étant de la compétence de la DGSI et d'un sizaine d'autres services. Si les agents appartenant au Service actions sont des militaires, la DGSE emploie également du personnel civil. Quant à la DPSD, il s'agit d'un organisme interarmées qui a repris les attributions de la Sécurité militaire et qui a pour mission d'assurer la protection et l'intégrité du Ministère de la défense, des infrastructures militaires, des militaires et la protection rapprochée des officiers supérieurs ou des généraux. Elle a en charge les enquêtes sur le personnel et la délivrance des habilitations au secret-défense et travaille avec la DGSI. Petite phrase du jour : « La sagesse est méfiance voire défiance, la force ombrageuse. »



28 réactions


  • Captain Marlo Fifi Brind_acier 26 février 2016 08:55

    Bonjour,
    Vous dites : "l’intérêt qu’il y aurait à infiltrer des équipes d’observateurs sur le trait de côte libyen afin de renseigner sur les navires utilisés pour transporter les clandestin...« .
    Vous vous mettez le doigt dans l’oeil...., les clandestins, ils s’en foutent royalement !


    Il s’agit pour la Coalition occidentale, qui ne contrôle que l’ ouest de la Libye, de récupérer la partie Est où se trouve le pétrole.
     »Libye, la violence impériale n’a pas de fin ...« 

    Toutes ces ingérences, illégales au regard du Droit International, sont toutes mues par la volonté de contrôler les ressources énergétiques et le passage des gazoducs.  »Qui contrôle les ressources et les tuyaux contrôle le monde« .

    Et surtout, cela permet de niquer les Russes, leur gaz et leur pétrole, et pour les USA et leurs vassaux, cela n’a pas de prix.
      » Le Grand Echiquier de Brzezinski".

  • Le p’tit Charles 26 février 2016 09:04
    Hollande rejoint Sarkozy en connerie élémentaire....Virons vite ces trous du cule...ça urge.. !

  • J.MAY MAIBORODA 26 février 2016 09:41

    Cet article pourrait intituler « Les opérations spéciales pour les nuls », mais il a le mérite de rappeler au bon peuple, qu’à l’instar des grandes ou moyennes « puissances » de la planète, la France n’a aucun scrupule à utiliser, tant sur des théâtres d’opération extérieurs qu’à l’intérieur même de ses frontières, des méthodes et des moyens théoriquement proscrits. La « raison d’Etat » ayant couvert et couvrant toujours nombre d’atteintes aux libertés et droits individuels, il n’y a pas lieu de clamer, déclamer et proclamer que la France est une parfaite démocratie.


  • pierre 26 février 2016 12:53

    ah ! les grottes d’Ouvea, un massacre sur ordre d’ETAT, de vrais boeufs sadiques, une page noire de notre histoire (de plus)


  • alain_àààé 26 février 2016 15:50

    dis moi l auteur comment peu tu etre si bien renseigné ou se trouve nos bases militaires.je serais heureux de conaitre toutes ces informations car j ai travaillé avec l un des services de renseignements extérieurs dont tu ne nommes pas.enfin je vais te dire une bonne nouvelle notre ministre président de la bretagne et qui touche 3 salaires a fait une crise depuis 3 jours au ministére de la dfense.alors il faut faire attention de faire un article comme le tien il pourrait en mourrir le pauvre ministre


  • Abou Antoun Abou Antoun 26 février 2016 17:44

    Serait peut-être plus judicieux d’infiltrer tous les groupes sympathisants en France et de les coffrer avant qu’ils ne passent à l’action.


  • juluch juluch 26 février 2016 17:58

    Les gens du « monde » sont des cons et des imbéciles !!


    On peut savoir pourquoi ils publient un tels article au risque de compromettre nos soldats sur le terrain ??

    Connards ! smiley

    • Pere Plexe Pere Plexe 26 février 2016 18:57

      @juluch
      Pour informer ?



      Sinon il n’est pas prévu de consulter l’assemblée nationale, au minimum de l’informer, avant d’engager des troupes à l’étranger ?

    • juluch juluch 26 février 2016 20:46

      @Pere Plexe

      C’est une plaisanterie ?

      Se sont des forces spéciales qui agissent en SECRET.

      se qui veut dire qu’on ne le cri pas sur les toits.....


    • Tzecoatl Gandalf 26 février 2016 21:11

      @juluch
      Ce qui stipule que le secret est malsain, et qu’ajouter de la connerie à la connerie de Sarkozy à la béchamelle n’est peut-être pas la meilleure option.


      On connait les motivations de Sarkozy pour les interventions lybiennes, d’après un diplomate américain proche de Clinton.

      Quelles sont les motivations ici ?
      Hormis rendre sa souveraineté et son unité à la Lybie, nous n’avons rien à y faire.

      Lorgner sur le pétrole d’un pays musulman, lorsque 80% des ressources de ces pays provient des hydrocarbures, est abject et n’apporte que les abjections type Daesh.

      Si vous souhaitez vous enrichir plus rapidement qu’autrui, il serait l’heure de trouver d’autres alternatives. Car le retour de bâton est exécrable.

    • sls0 sls0 26 février 2016 21:18

      @juluch

      On peut savoir pourquoi ils publient un tels article au risque de compromettre nos soldats sur le terrain ??

      Le 13 a dû changer depuis les années 70. A l’époque c’était prévu de se retrouver derrière les lignes ennemies pour observer. C’était dans le cadre de défendre la France.
      Je me rappel un capitaine des marines qui disait ’’ on ne sait pas faire ce que vous faites’’. A priori, ils ne savent toujours pas faire, en Afghanistan ils sous-traitent.

      Une question, nos soldats sur le terrain y sont ils pour défendre la France ?
      Si on me dit que c’est pour défendre ses intérêts, pour moi les intérêts de la France, c’est les intérêts des français, de tout les français, pas seulement une poignée.

      Dans les années 70 on savait qu’il y avait des effectifs au Tchad et au Shaba, ça ne compromettait rien. Maintenant il y en a en Libye pour des raisons peut être moins claires.
      Ca compromet l’honnêteté de la France c’est un fait, pour les bidasses pas grand chose, à part monsieur lamda, les gens que ça intéresse à minima ils doivent s’en douter.


    • juluch juluch 26 février 2016 21:52

      @sls0

      Vous vouliez dire LA 13..... smileyDBLE.....

      On a évolué depuis les 70’s....

    • sls0 sls0 27 février 2016 06:24

      @juluch
      Pardon, le 13 RDP


    • Trelawney 27 février 2016 10:53

      @juluch
      C’est encore un journaleux qui veut se faire mousser, mais comme l’armée française est engagée sur un terrain qui va de la Mauritanie à la Lybie en passant par le Mali, le Tchad et le Niger, il est normal que des troupes soient aux avant postes pour couper les retraites ou éviter tout ravitaillement. Normalement c’est le commandement des opérations qui en a la charge et je doute fortement qu’un quelconque ministre soit informé dans le détail de tout cela.

      Ca n’a rien de barbouze, c’est juste tactique

      Pour ce qui est des forces spéciales françaises, elle sont inspirés de l’airborn américaine qui elle même est inspirée du 11° Choc français. On repartie équitablement dans le monde des troupes spécialisés qui peuvent intervenir pour des opérations « discrètes » mais dans un cadre légal strict. Tous les régiments aéroportés, alpins et d’artillerie de combat ont des sections formées à cet exercice. Ce n’est pas que dans les commandos de marines, le 1RPIMA ou le 13RDP que l’on trouve ce genre de spécialistes.

      Seule les sections entièrement autonomes (ne dépendant pas de l’armée) comme les scorpions delta force, les SAS ou le 11° CHOC font des opérations secrètes. Les autres font des opérations s’inscrivant dans le carde d’une opération militaire classique. Si elle ne le faisait pas ce serait direct la tôle


    • Trelawney 27 février 2016 10:55

      @juluch
      La 13 DBLE quitte le Qatar pour rentrer définitivement au Larzac. C’est les moutons qui vont être content smiley


    • juluch juluch 27 février 2016 20:13

      @Trelawney

      Je viens de voir...... smiley

  • Neo Kazuya 26 février 2016 22:15

    Allez on y va pour se défouler !


    • OR ANGE SKINK 26 février 2016 23:09

      @Neo Kazuya

      Moi j’ai qu’un truc à dire : elle a l’air super caille la fushia smiley ;-p smiley


    • Neo Kazuya 27 février 2016 13:07

      Salut Shaw,

      Oui comme je te le disais il y a quelque temps ...

      "Depuis 2011 figure toi que des mecs venus de Lorraine se sont implantés pas loin de chez toi ... Des braves gars qui pourraient t’aider, t’apprendre à creuser ton prochain domicile dans lequel tu vivrais pendant deux mois voir un peu plus très très dricrétosement ... Puis après ... Ben tu bouges !

      Faut juste que t’imprimes que des dragons peuvent muer en taupes ...  Faut pas que tu vois ça comme l’au delà du possible ! "


    • OR ANGE SKINK 27 février 2016 13:25

      @Neo Kazuya

      Yep plongée maximale, bien compris désormais.


  • chantecler chantecler 27 février 2016 06:41

    Merci l’auteur pour cet article .
    Il m’apprend beaucoup et remet à niveau et en place mes connaissances .
    Car je ne suis pas un spécialiste en tout et des actions secrètes .
    Et je ne peux passer trop de temps sur G...e ,ou ailleurs , pour être informé de façon encyclopédique .
    Et puis les commentaires militants qui ne partent que d’une seule analyse , non merci .
    Ca s’appelle depuis la guerre 14 le bourrage de crâne .
    Produit par des gens sectaires, embrigadés , qui refusent d’entendre le moindre écart , la moindre nuance à « leurs analyses ».
    Et merci Agx pour le travail que vous faites , même si parfois les fils ne sont pas fameux .
    Cdt.
    Cr.


  • gaijin gaijin 27 février 2016 07:56

    on a retrouvé la septième compagnie ?
    https://www.youtube.com/watch?v=aVoNBri8Jw0


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