Les lois physiques de la Politique
Il est dangereux d'emprunter aux Sciences qualifiées de dures des notions qui permettraient d'éclairer les comportements humains. Pourtant que de choses semblent évidentes aux lumières des lois Physiques.
Qu'est-ce que la chaleur ? Des particules baignant dans un liquide quelconque s'agitent en tous sens selon un mouvement dit Brownien à cause de la chaleur. Elles deviendraient immobiles au zéro absolu de température. Les particules ne sont normalement sujettes à aucune autre interaction qu'à travers les chocs qu'elles subissent avec de petites molécules de solvant. Les mouvements de grains de pollen dans un liquide montrèrent expérimentalement le comportement suivant : (i) entre deux chocs la grosse particule se déplace en ligne droite à vitesse constante, (2) seul le choc avec une molécule de fluide permet de changer la vitesse de la grosse particule. Une modélisation permet de simuler le comportement d'un ensemble de grosses particules dans les conditions précédentes. La notion d'évènement bien déterminée s'évanouit pour laisser place au caractère aléatoire des phénomènes, on utilise alors des probabilités plutôt que des certitudes pour cerner les caractéristiques d'un fait. Les opérateurs des marchés financiers utilisent le même type de raisonnement pour la compréhension des phénomènes intervenant lors des opérations financières.
Il existe une Loi générale,jamais remise en cause à ce jour, qui concerne le Principe de la conservation d'énergie : dans un système isolé, la quantité totale d'énergie reste constante lors d'une transformation interne à ce système, mais pas forcément sa nature. Il se produit toujours une augmentation de l'énergie thermique aux dépens des autres formes d'énergie que l'on qualifie de plus nobles car elles peuvent engendrer un travail. . Ainsi par exemple, une part de l'énergie cinétique d'un corps massif en mouvement peut se transformer sous forme de chaleur à cause des frottements qu'il subit avec son environnement, mais pas l'inverse. Autre exemple, le passage d'un courant électrique dans une résistance va produire un échauffement et le phénomène est irréversible. Si la transformation des énergies nobles (cinétique, électrique...) se fait naturellement et sans recours à un stratagème, la transformation directe de la chaleur en une énergie utilisable pour, par exemple, soulever un poids grâce à un treuil électrique est impossible. Les énergies nobles sont "orientées", la chaleur est elle constituée de particules aux parcours aléatoires qui doivent être policées pour permettre l'obtention d'un travail.
Les foules en proie aux émois et aux sentiments ont un comportement proche de celui de particules s'agitant en tous sens sous l'effet de la chaleur. Pour communiquer chaleur et agitation à une foule, il suffit de l'inonder de récits et d"images monstrueuses, de décrire par le menu le viol d'une lycéenne, des lynchages d'innocents, des détenus qui prennent en hôtage des surveillants, l'égorgement d'humanitaires, les infanticides les plus atroces... toutes choses malheureusement bien réelles mais concentrées dans le temps et l'espace jusqu'à conduire à une sorte de névrose, à des phobies, de l'anxiété, un état dépressif souvent maladif... De plus une constante surexpostion aux malheurs d'autrui conduit à une perte presque totale du pouvoir penser rationnellement.
Un ensemble de particules peut être soumis à un champ (la gravitation pour des entités neutres, électrostatique pour des ions) qui permet de privilégier une direction donnée malgré les innombrables chocs aléatoires que les particules subissent. Dans le cas d'une population humaine électrisée par les chocs émotionnels, le champ orientateur provient de paroles hautes et claires qui indiquent une valeur à laquelle on ne peut pas ne pas souscrire. La palette des directives verbales utilisée est immense : de l'Homme nouveau pour les plus hallucinés jusqu'aux sages préconisations de Liberté et d'égalité. Mais quelle que soit l'idéologie professée, il ne s"agira que d'attirer à soi des fidèles et des servants.
Chacun s'agite ou s'affronte pour un semblant de réel. Pourtant le Monde a changé sous l'effet des innombrables technologies auxquelles les Sciences ont donné lieu. Une loi physique incontournable, le théorème de Carnot, prédit qu'il est impossible d'obtenir un travail d'un seul milieu à une température donnée. Il est par contre possible d'en obtenir avec deux milieux à des températures différentes, la machine à vapeur fonctionne selon ce principe. Une source chaude, même très chaude, ne peut pas conduire pas conduire à un quelconque travail. Le terme travail désigne une grandeur physique bien définie, c'est l'énergie d'une force qui se déplace, mais il peut être aussi utilisé sans dommage dans le sens plus connu, celui qui reflète l'activité d'un l'Homme pour la création ou la production d'un bien. La chaleur, que l'on a associé aux émotions pour les populations humaines, est la forme la plus dégradée de toutes les énergies. La Thermodynamique précise que dans un système isolé, toute transformation conduit inéluctablement à une part grandissante de la composante calorique (chaleur) au détriment des autres formes plus nobles d'énergie (le travail en particulier). Les émois ne peuvent donc pas être à l'origine du Progrès scientifique ou technologique. Plus généralement les progrès réels, qui se caractérisent par une division du travail de plus en plus grande et des systèmes de plus en plus ordonnés, ne peuvent découler que d'une énergie noble, presque toujours d'individus qui prennent le pati de se tenir à la marge des opinions.
Il est cependant possible d'obtenir une énergie noble, par exemple un travail, à partir de deux sources portées à des températures différentes, la chaude sera la plus agitée et la plus exaltée, la froide prendra davantage moins sensible à la frénésie. Le rendement de l'opération est donné par :
Si la température de la source froide Tf est très inférieure à celle de la source chaude Tc le rendement de la machine virtuelle peut être proche de 100%. Par contre si les deux sources ont la même température le rendement est nul. En d'autres termes si une personne ou un cénacle quelconque ne se distingue pas des élans affectifs qui agitent, quelquefois à bon escient, les foules, le travail fourni approchera zéro et l'on ne pourra plus parler de Progrès au sens scientifique du terme. En général on fait alors appel aux progrès sociétaux qui offrent l'avantage de pouvoir s'épanouir avec toutes sortes d'énergies dégradées.
Les gouvernements des pays démocratiques ont beaucoup de peine à mettre en place un aéropage froid et serein, ne scrutant que les bénéfices à long terme pour tous. Rien ne peut les protéger des avis aussi péremptoires que contradictoires des multitudes, des partis, des lobbys, des milieux prétendûment culturels.... Les pays autoritaires ou dictatoriaux n'ont pas exactement ce même problème mais d'autres tout aussi aigüs se posent.
Mais là encore la Physique fournit une solution aux dirigeants malmenés : le Principe de Moindre Action. Il a été démontré qu'un corps en mouvement prend LA direction qui lui permet de dépenser le moins d'énergie dans l'immédia (Maupertuis 1744). Il suffit donc de ne rien décider de concret (ce qui coûterait de l'énergie) tout en faisant suffisamment d'esbroufe, de messages sur les réseaux, des apparitions sur les plateaux télévisés, de points Presse pour prédire crises et désastres les plus divers.... pour maintenir les foules à la température convenable.
Mais... "Il ne sait rien et croit tout savoir. Cela présage indubitablement une carrière politique. (G. B. Shaw)