Les marchands d’illusion
L’état d’une démocratie ne peut pas se mesurer à l’aune du nombre d’élus locaux (1 pour 120 en France…). Le nombre de structures locales qu’ils dirigent n’est pas non plus un gage d’efficacité administrative pour nos concitoyens obligés de se diriger à tâtons dans le système.
Ce méli-mélo, cet embrouillamini, est organisé par les élus eux-mêmes et par le gouvernement. Ils y tiennent et ils sont les seuls à en détenir les clés de compréhension, à pouvoir en détailler les surcoûts, les doublons et les errances, l’ensemble dressant un mur entre ces « sachants » et les citoyens qui n’y comprennent rien.
Quelques éléments pour confirmer ce qui précède : un sondage (1) a mis en évidence une méconnaissance totale de nos concitoyens sur la répartition des compétences entre les collectivités territoriales et l’Etat. Comment s’exprimer démocratiquement lorsqu’on n’est pas capable de se diriger dans les arcanes administratifs ? Cette méconnaissance a souvent comme résultante une agressivité dirigée vers le Maire, seul élu de proximité. De son côté, la Cour des Comptes estime à plus de 100000 le nombre d’emplois de fonctionnaires territoriaux en trop. Enfin, un rapport (1) estime à 7.5 Milliards d’euros par an le surcoût administratif lié à l’enchevêtrement des compétences entre collectivités.
Ajoutons à ce constat sur les collectivités territoriales le nombre pléthorique de comités, de conseils, installés au niveau de l’Etat, et dont l’utilité n’est pas toujours prouvée ainsi que les 434 opérateurs de l’Etat (les Agences, dont certaines pourraient disparaître) qui posent la question des redondances existantes avec les Ministères et avec les collectivités.
Cette organisation, illisible, semble de plus en plus s’éloigner de l’intérêt commun et conforte la protection des intérêts corporatistes des élus et des partis, et ceux du monde économique et financier, dont on perçoit mal, par ailleurs, l’efficacité des subventions ou dégrèvements consentis par l’Etat à son profit.
Les français, surpris de l’étendue du déficit public et du niveau de la dette, attendent un autre mode de gouvernance plus économe et une écoute qui ne se résume pas à l’accès à un portail informatique.
Il est donc temps de remettre du commun dans tout cela en remettant à plat le système et en remettant des moyens et du service public là où il serait utile, c’est-à-dire dans la ruralité et dans les quartiers difficiles.
- Cf. Rapport Ravignon sur l’enchevêtrement des compétences