samedi 13 août 2016 - par Monolecte

Les marchands de nuages

Golfech

Elles apparaissent un peu brutalement au détour d’un virage, sur la route des vacances. Elles sont toujours quelque peu incongrues dans le paysage, comme deux mugs de café fumant que deux géants auraient oublié lors d’un piquenique au bord de la rivière.

Des fois, je me demande ce qu’en penserait un archéologue du futur, à 2 ou 300 000 ans d’ici, quand même le souvenir de notre civilisation aura disparu, peut-être même celui de notre espèce. Une sorte de temple ouvert vers le ciel, comme une offrande…

Cela m’avait fait la même impression de gigantisme à la fois futuriste et banal, sur la route de la Drôme, l’année dernière, le long du couloir du Rhône, le couloir des centrales nucléaires.

Loin des yeux, loin du cœur. J’allume mon ordinateur, je fais chauffer l’eau de mon thé, je jouis de ma douche chaude en oubliant régulièrement d’où tous ces bienfaits viennent en réalité. De bols géants fumants à l’air parfaitement inoffensif, mais qu’on préfère systématiquement dans le jardin du voisin, pourvu qu’il soit un très lointain voisin.

En passant au large de la centrale, on a l’impression qu’elle est en train de tricoter de petits panaches vaporeux qui vont nourrir la chape de nuages qui protègerait la contrée des ardeurs du soleil estival.

Derrière chaque centrale, il y a des rêves de logements abondants et médiocres dont les grille-pains préconisés à grands frais comme solution de chauffage propre et économique ne chauffent en réalité que les nuages, des cages à lapins tellement pourries qu’on entend quand le voisin du troisième se gratte l’oreille ou que celui du rez-de-chaussée tire sa chasse.

Après, on peut manifester autant qu’on veut : on a créé le besoin qui a créé le problème.

Loin de là, mais pas loin de chez moi, des gens se sont mis à penser que la meilleure façon de ne plus voir de centrales nucléaires sur la route des vacances ou celle du quotidien, c’était encore de ne pas avoir besoin de l’électricité qu’elles produisent. Alors, ils se sont mis à imaginer de nouvelles façons d’habiter, de nouvelles façons de construire ou de réhabiliter des logements à énergie positive où c’est le printemps toute l’année.

Mais ça, c’est une autre histoire que j’espère bien vous raconter à la rentrée sur Basta !



20 réactions


  • César Castique César Castique 13 août 2016 10:06

    « Des fois, je me demande ce qu’en penserait un archéologue du futur, à 2 ou 300 000 ans d’ici... »


    Oh vous savez, quand il aura découvert que, pendant une période donnée, on a même marié des hommes entre eux, il cessera de se poser des questions sur le concept d’utilité au début du XXIe siècle, de ce qui sera considéré comme l’ère chrétienne.

    • HELIOS HELIOS 13 août 2016 12:13

      @César Castique

      Merci pour cette réponse « qui tue » !

      Dommage, Monolecte vaut mieux qu’une réflexion-article de ce niveau... C’est l’été....

  • Alren Alren 13 août 2016 14:30

    Loin de là, mais pas loin de chez moi, des gens se sont mis à penser que la meilleure façon de ne plus voir de centrales nucléaires sur la route des vacances ou celle du quotidien, c’était encore de ne pas avoir besoin de l’électricité qu’elles produisent. Alors, ils se sont mis à imaginer de nouvelles façons d’habiter, de nouvelles façons de construire ou de réhabiliter des logements à énergie positive où c’est le printemps toute l’année.

    Ben voyons ! C’est si simple ! Pourquoi n’y a-t-on pas pensé avant ?

    Ceux qui veulent remplacer toutes les habitations anciennes par des maisons en bois, d’une essence qui résiste aux intempéries (pas le hêtre, si abondant, par exemple), ont-ils réalisé qu’il faudrait abattre des forêts entières et consommer beaucoup d’énergie pour le débiter ?

    On a un peu, dans l’article, l’impression que le mépris bourgeois pour les HLM s’étend aussi à la faune qui y vit ...

    Les problèmes de production et d’usage d’énergie ne se règlent pas avec des « yakas » et des bons sentiments. C’est une affaire complexe pour équipes pluridisciplinaires de niveau universitaire.


  • Croa Croa 13 août 2016 15:22

    À l’autrice,
    Le panache d’une tour aéroréfrigérante est plus assimilable à une fumée qu’à un nuage. Ces panaches sont “propres”, certes, mais ils n’ont pas l’aspect sympathique des cumulus également présents sur la photographie.
    Demandes aux cigognes : Les cumulus, eux, sont de VRAIS nuages smiley  !
    Il y a eu de beaux passages en Aquitaine ce 10 août. J’ai volé avec elles ! Certainement aussi de beaux vols dans ta région (voisine)… Mais je ne sais pas si les majestueux volatiles auraient l’idée d’éviter Golfech ? Vu qu’après tout, ça doit pomper des briques au dessus des tours et que de la réglementation aérienne elles se foutent pas mal smiley !


  • Croa Croa 13 août 2016 15:27

    « Alors, ils se sont mis à imaginer de nouvelles façons d’habiter, de nouvelles façons de construire ou de réhabiliter des logements à énergie positive où c’est le printemps toute l’année. »
    *
    C’est là une façon de voir. Il suffit d’être astucieux ce qui n’a rien de nouveau. Ce qui est nouveau et bien de notre époque ce sont plutôt les mauvaises nouvelles habitudes comme celles consistant à s’équiper de clims.

    Je n’ai pas de clim. C’est franchement inutile en métropole. J’ai du vert autour de ma maison, principalement un figuier et une glycine dont l’ombre fraîche suffit à mon confort en cette saison. smiley


  • Raoul-Henri Raoul-Henri 13 août 2016 16:36

    Un archéologue du futur légèrement irradié ? :)
    Et puis, ces centrales ont des extensions faites de géants métalliques et de guirlandes électriques qui strient, balafrent, défigurent le pays pas sage, rayonnent les leucémies, servent habilement la concentration mortifère et jacobine de la vanité du Grand Vizir.
    Quand je pense que Tesla, ou bien d’autres trouveurs ’oubliés’, cachés, tués, ont mis au jour de nombreuses possibilités d’éviter cette concentration pollueuse : je dépite. Le pire est que çà continue et que les messages d’espoir sont signaux faibles malgré la socialisation du savoir, in-abordés sciemment par l’engeance technocratique, tabous, comme tout ce qui touche la souveraineté de l’individu.
    Et que penser des éoliennes ? C’est plus joli ? Plus propre sans doute ; mais pour fournir la même dose d’électrons il nous faudrait couvrir le territoire de ces hachoirs à volatiles. L’archéologue irradié en perdra son latin et s’arrachera le cheveux qu’il lui reste en constatant que nous aurions pu, du faire autrement pour griller nos tartines depuis plus d’un siècle.
    Joli titre qui illustre bien la ’poésie’ inversée d’un monde qui a fini par « aimer la bombe » (Planète des Singes - second opus).


    • JC_Lavau JC_Lavau 13 août 2016 16:47

      @Raoul-Henri. A article débile, commentaire débile.


    • Raoul-Henri Raoul-Henri 16 août 2016 17:04

      @JC_Lavau Je suis d’accord que vos commentaires sont ce que vous en dites.
      Fichez la paix aux poètes et retournez polluer la planète et nos corps, en toute légitimité bien sûr. L’éternité seule vous jugera.


    • JC_Lavau JC_Lavau 16 août 2016 23:26

      @Raoul-Henri. Paranoïaque, monsieur ?


  • Alren Alren 13 août 2016 17:04

    Quand je pense que Tesla, ou bien d’autres trouveurs ’oubliés’, cachés, tués, ont mis au jour de nombreuses possibilités d’éviter cette concentration pollueuse : je dépite.

    Tesla est l’auteur de la technique qui a permis les lignes à haute tension qui « lacèrent » selon vous le paysage. Avant lui, le courant continu, à basse tension et fort ampérage se dissipait dans les conducteurs par effet joule en quelques kilomètres.
    En élevant la tension, il a découvert qu’on pouvait transporter la même puissance en diminuant l’ampérage, selon la formule P = UI, où P est la puissance électrique transportée, U est la tension, R la résistance du conducteur. 
    Mais pour pouvoir modifier la tension dans les transformateurs, il fallait utiliser du courant alternatif.
    C’est cela son apport à la technologie de l’électricité. Mais c’est essentiel, car sans haute tension on n’aurait pas pu alimenter des villes à partir de centrales éloignées, ni faire fonctionner des trains électriques.
    Il a ensuite conduit des travaux secrets sur la haute tension mais cela n’a pas abouti : il avait les moyens de se faire reconnaître en cas de succès.


    • Croa Croa 13 août 2016 23:27

      À Alren,
      Exactement et à l’époque il n’y avait comme solution pour élever une tension que les transformateurs électriques. Mais l’alternatif a d’autres inconvénients car même à la très basse fréquence de 50Hz il y a des pertes capacitives ainsi que d’autres en final liées aux déphasages courants-tensions (P n’est égal à UI que dans les circuits parfaitement en phase sinon c’est P=UIcos ø ).
      Maintenant que les électroniques pour fortes puissances sont au point et disponibles à l’emploi les courants continus font un retour en force au moins au niveau des lignes THT. Par exemple.


    • Raoul-Henri Raoul-Henri 16 août 2016 17:11

      @Alren
      Je n’ai pas utilisé le mot « lacèrent » mais merci pour ces lacets.
      Et pour les rappels scolaires, je ne comprends pas bien où est passé le I, remplacé par R dans votre explication.
      J’ai une question : comment êtes-vous au courant (lol) du sort des « travaux secrets » de Tesla puisqu’ils sont secrets ?


    • Raoul-Henri Raoul-Henri 16 août 2016 17:43

      @Croa
      Intéressante cette propagande d’état capitaliste. :)
      Je ne connaissais pas l’existence de cette technique de courant continu transmis en distance (hormis les tentatives du début du 20ième siècle). Avez-vous remarqué l’ondulation de la disposition des câbles ? Peut-être pour contrer l’auto-induction ou quelque chose du genre ?

      Je remarque que ce diaporama ne relate pas l’opposition formelle des habitants des pays traversés à l’implantation aérienne. « NON A LA THT » Cela ne vous rappelle rien ?
      Serait-ce la raison première de ce passage en sous-terrain, plus coûteux à l’installation mais finalement moins à l’entretien ?


    • JC_Lavau JC_Lavau 16 août 2016 23:25

      @Raoul-Henri. Vous trouvez que les éoliennes défigurent le paysage ? Il suffit de les enterrer. Ça coûte plus cher, mais il faut savoir ce que l’on veut.


    • JC_Lavau JC_Lavau 17 août 2016 08:56

      @Raoul-Henri : C’est comme pour la table de multiplication : « M’sieu j’connais l’air, mais j’ai oublié les paroles ». « je ne comprends pas bien où est passé le I, remplacé par R dans votre explication. »

      Te voilà donc pleinement qualifié pour administrer les réglages du réseau de puissance, et décider des investissements nécessaires... Même plus besoin d’école d’ingénieur d’électrotechnique, même plus besoin des années d’apprentissage au taf, la poésie floue pourvoit à tout, au Zékologistan.


  • JC_Lavau JC_Lavau 13 août 2016 17:13

    Aricle débile, ignorant, méprisant, d’une suffisance insondable.
    L’auteure n’a jamais travaillé la moindre matière. Jamais elle n’a électrolysé de l’aluminium. Jamais elle n’a usiné des blocs-cylindres, ni laminé de l’acier, ni usiné les engrenages d’une boîte de vitesses, ni tréfilé du cuivre, ni extrudé des isolants. Jamais elle n’a retordu des fils, ni n’a filé, ni n’a tissé. Jamais elle n’a cousu, sinon à la pédale comme son arrière-grand-mère.
    Evidemment, elle ne se propage que dans les ascenseurs à propulsion musculaire, les tramways à propulsion musculaire, les métros à propulsion musculaire, les trains à propulsion musculaire, les autobus et les voitures à propulsion musculaire, les navires à propulsion musculaire et les avions à propulsion musculaire.
    Chez elle, on ne perce, on ne rabote, on ne ponce et on ne ventile qu’à énergie motrice humaine.

    Grâce à son humble génie, désormais on percera les tunnels uniquement à l’énergie humaine des prolétaires, et les grues qui poseront les ponts seront actionnées par des esclaves humains, au lieu des bêtes esclaves électriques.

    Grâce à son humble génie, désormais les trains de laminoirs ne seront plus qu’à énergie humaine... Même son ordinateur est à pédales.


    • hunter hunter 13 août 2016 18:48

      @JC_Lavau

      Vous venez de trouver la solution au chômage de masse, en réintroduisant le force musculaire !

      Avec tous les migrants à récupérer, ça devrait le faire !

      Contactez Emmanuelle Cosse, je suis certain que le concept d’ascenseur à énergie musculaire va faire un tabac, et qu’elle va lancer un plan pour convertir tous les édifices de la capitale !

       smiley

      Adishatz

      H/


    • Croa Croa 13 août 2016 23:34

      À JC_Lavau,
      Tu dis ça parce que c’est une fille ?  Je présume que toi tu sais faire tout ça : T’es plus fort que Mac Gyver... Chapeau bas !
       smiley smiley smiley smiley smiley


    • JC_Lavau JC_Lavau 14 août 2016 08:32

      @Croa. Et Cabanel, c’est une fille ? La cabane, elle est au fond du jardin.


  • Alphonse Dé 13 août 2016 20:26

    Loin des yeux, loin du cœur. J’allume mon ordinateur, je fais chauffer l’eau de mon thé, je jouis de ma douche chaude en oubliant régulièrement d’où tous ces bienfaits viennent en réalité.

    alors ça c’est pas bien du tout. Je suis très déçu, moi qui rêvais de tes belles jambes musclées... En fait tu ne pédales pas !

    En plus, tu allumes ton ordi comme on allume une télé, pour couvrir le bruit de la théière qui fabrique un nuage dans la cuisine pendant que tu prends une douche de luxe.

    On n’est pas sortis de l’auberge avec des gens comme vous.


Réagir