DSK est partout.
Il ne se passe pas une semaine, sans que, régulièrement, l’homme du FMI, qui n’est encore candidat à rien pour 2012, ne soit porté aux nues par la presse, à coups de sondages dont la déontologie, on le sait, est très discutable.
Il suffit pourtant de lire un peu la presse pour vite comprendre qu’un certain microcosme parisien, médiatique, politique...mise sur DSK et fait, à l’instar de Sarkozy, tout pour en faire le candidat de la gauche.
Comble de l’ étrangeté dans cette rafale régulière de sondages : le nouvel observateur de cette semaine publie un sondage BVA qui cautionne Strauss Kahn de 49% de plébiscites pour représenter le meilleur candidat de gauche auprès des Français contre 16% pour Martine Aubry et 9% pour Ségolène Royal.
Et voilà qu’il y a à peine une heure, soit deux jours plus tard, sous le titre « Consultation : votre candidat pour 2012 », le Nouvel observateur - qui n’est pas pro-royaliste, il me semble - vient de publier une enquête de son propre chef auprès de 1000 français, lecteurs du journal - soit le même échantillonnage que le sondage précédent- et ô surprise, à tout un certain nombre de questions posées aux sondés - quelle personnalité vous semble la plus compétente, la plus expérimentée, la plus apte en politique étrangère, la plus apte à réformer la France, la plus proche des Français, la plus apte à réduire les inégalités- Ségolène Royal arrive largement en tête sur tout, devant DSK et Aubry, hormis sur la politique étrangère où elle talonne de près DSK (26,9% contre 27,2%)-. Elle est le candidat idéal de gauche pour 33,3% des sondés contre 31, 4% pour DSK. Martine Aubry est derrière.
De tels écarts entre deux sondages, surtout quand on sait que leur neutralité est de plus en plus sujette à caution, est quand même étrange.
Un libre-brûlot sur DSK, sortie par un(e) dénommé(e) Cassandre, quelqu’un qui aurait travaillé à ses côtés et recueilli pas mal de confidences, montre les dessous de la stratégie de DSK...Et les doutes sur sa popularité. Cassandre y dévoile des sondages effectués par la garde rapprochée de DSK et qui montre une image de DSK beaucoup moins valorisante et unanime que celle dont nous martèlent les médias. Il y est vu, en terme d’images comme « un séducteur » « un jongleur », pas si fiable que cela. Beaucoup plus proche aussi des riches, de la finance que près du peuple français. Son ambition aussi, et son côté bling-bling n’est guère sympathique aux yeux des français, plongés dans la crise.
Mais la question à poser, au-delà de sa fonction méritoire et d’importance au FMI, c’est le rôle de DSK au parti socialiste, sa place, à quoi il a contribué aussi dans la situation d’aujourd’hui. Car il n’est pas étranger à la situation du Parti socialiste. Le mouvement des « reconstructeurs », incarné par Aubry aujourd’hui, est le sien et celui de Fabius au départ.
La suite de l’article s’appuiera sur le cheminement de DSK, ses choix et ses impulsions, ce que j’ai pu en lire et si ça m’a paru...juste, honnête. Je ne prétends pas remettre en question ses compétences : il en a, c’est incontestable.
Mais suffit-il d’être compétent ? DSK aura-t-il l’aval des militants socialistes et sympathisants de gauche ? Rien n’est moins sûr...
Déjà, il faut une certaine arrogance pour introniser DSK si vite en "meilleur candidat du PS". Bien peu rappellent que l’homme s’est fait damer le pion - et sans même un second tour !- aux primaires en 2006. 20% pour DSK, 60% pour Royal. Voilà ce qui s’appelle une leçon -une dérouillée, même- de démocratie...On ne s’est pas privé de dire à Royal qu’"elle avait laissé passer sa chance"...Et lui, donc ? Qu’a-t-il attendu pour être le sauveur qu’on nous décrit aujourd’hui en 2006 ?
Un certain nombre de livres de journalistes politiques qui côtoient la vie du parti et les élus du PS personnellement, sortent régulièrement. Leurs contenu, très informés visiblement et qui recueille des confidences étonnantes de gens comme Bartolone ou Cambadélis n’a jamais été contesté ...Antonin André, journaliste sur LCI, puis sur Europe 1 aujourd’hui et Karim Rissouli, grand reporter pour dimanche+ de canal+, tous deux chargés de suivre le PS depuis la campagne de 2007 pour leurs magazines d’infos respectifs, avaient publié un livre en septembre 2009 " hold’uPS, arnaques et trahisons" qui révélait les secrets du congrès de Reims et la trame qui l’avait mené jusque là.
Au lendemain de la défaite de Royal aux présidentielles, les deux journalistes révèlent l’histoire du courant "les reconstructeurs" qui est aujourd’hui incarné par Aubry.
"La renaissance d’Aubry prend sa source en juin 2007 à la fontaine gaillon". DSK et Fabius dinent dans un salon privé, au 1er étage. Ils sont encore sous l’amertume de leur défaite aux primaires et n’en reviennent toujours pas de s’être laissé dépasser par Ségolène Royal. Claude Bartolone, 1er lieutenant de Fabius, rallié à Aubry aujourd’hui, le dit clairement, concernant l’entrevue des deux hommes. " l’idée de cette rencontre, c’était de se dire qu’on ne pouvait pas continuer comme ça, et qu’il fallait tout faire pour que ce hold-up ne se reproduise pas la prochaine fois."
Un pacte est clairement scellé entre les deux hommes " " unir leurs forces pour garder leurs chances respectives". Jean Christophe Cambadélis, très proche de DSK, le dit " à ce moment, je n’avais pas pensé à la carte Aubry". Car ni DSK ni fabius ne veulent de présidentiables à la tête du parti. Etrange raisonnement quand justement, la question du leadership est urgente au PS. une manière de ne pas être "éclaboussé" par les vilénies nécessaires à l’intérieur du parti et auxquelles ils ne veulent pas être mêlés. Ils approchent Aubry, qui accepte, non sans mal, cette alliance de feu qui n’est ni plus ni moins " qu’une stratégie de l’empêchement destiné à empêcher Royal et Delanoé". Elle est adoubée par DSK, lui même, qui la reçoit dans son palais, un ryad luxueux au Maroc.
Le soir des résultats fera très vite annuler la résolution prise : que la motion en tête sera celle autour de laquelle les autres motions s’organiseront. La motion de Ségolène Royal arrive en tête. Un front "tout sauf Royal", complètement passionnel, se crée et l’on connait la suite...
Après tout ce qui a été dit, il en résulte, d’après ce livre " holdUPS arnaques et trahisons", que nombre de fraudes d’ Aubry ont été constatées sur place par des huissiers. Nombre de témoignages de secrétaires de section, d’élus locaux, de votants, etc...ont signalé des fraudes évidentes. En calculant on arrive bien à 1000, ou au moins à plusieurs centaines. Le litige en Guadeloupe a mis Victorin Lurel en froid. Il a écrit plusieurs fois à Martine Aubry. Il est révélé que cette dernière avait, à Lille, un ordinateur chargé d’ajuster les voix, au fur et à mesure du dépouillement.
De son côté, rien n’a été vu et prouvé sur les fraudes de Royal. la direction nationale du PS se contente de dire qu’elle a un dossier. Dont personne n’a vu le contenu.
Et le contenu de ce livre n’ a jamais été démenti par la direction, malgré les injonctions habiles de Ségolène Royal d’établir et/ou punir les faits racontés par ce livre.
Le microcosme parisien sait parfaitement que la victoire d’ Aubry a été truquée et illégitime.
Il est donc assez difficile de ne pas impliquer DSK dans l’état du PS actuel. Il est à l’origine de la direction actuelle, avec Fabius, et de toute la manipulation organisée, déni de démocratie, et fraude aux yeux et à la barbe des militants. La presse, présente pour l’événement et qui a suivi ce congrès de bout en bout n’en est pas revenue de ce qui s’est joué devant elle.
Il se murmure encore, selon la garde rapprochée de DSK, que l’évitement des primaires serait encore la meilleure solution.
Ca laisse songeur....
Le livre de "Cassandre", aussi, écrivain anonyme au courant des enjeux internes de la machine DSK, dévoile dans son livre sur DSK, les résultats d’une enquête post régionales. DSK y est perçu par l’échantillon " séducteur, polygame, acrobate, manque de rigueur....brillant, toujours en représentation, fasciné par les puissants et l’argent, et l’intelligence. Abrupt, méprise tout ce qui est laborieux"...
Mais il se peut encore que ce soit sur le terrain de sa vie privée que DSK soit le plus fragile. Alors que sa femme, comme le dévoile le même livre, " bosse pour son mari. Elle a monté en automne 2008 un cabinet composé de 3 ou 4 personnes, une secrétaire, un chef de cabinet, et un conseiller qui parle 12 langues. la machine Strauss Kahn s’est mise en marche dès l’été 2007 pour se ménager les possibilités d’un retour par la grande porte". Las ! Strauss Kahn cède à une énième infidélité avec une collaboratrice du FMI qui se propage rapidement aux Etats-unis, beaucoup plus portés à une forme de moralité qu’en France. Anne Sinclair, avec une méthode très inspirée à l’américaine, fera transmettre sur son blog un message d’épouse qui pardonne la faute à son mari, etc...
Frédéric Lefebvre a même dit en 2006 que l’opposition contenait des photos compromettantes de DSK " il ne tiendrait pas une semaine. On a des photos, elles existent. On les fera circuler, ça ne plaira pas aux Français..."
Elégante méthode qui n’est pas sans rappeler celle de DSK, qui, aux primaires de 2006, avait fait balancer par ses sbires, quelques jours avant le vote, une vidéo de réunion improvisée pas du tout prévue pour être filmée où Ségolène Royal évoquait la possibilité de passer les profs aux 35h au collège. Il parait qu’il n’en est pas fier...
Enfin, une preuve encore du parti pris de certains journaux sur DSK, comme libération... Ecouter cette supercherie relevée par Laurent Ruquier en septembre dernier. Le sondage donne DSK vainqueur d’une primaire alors que c’est Ségolène Royal qui recueille le plus de suffrages chez les sympathisants de gauche -qui sont a priori ceux qui viendront voter pour les primaires, non ?-
Qu’on laisse aux gens une réelle liberté quant au choix de leur candidat de gauche.
DSK n’a pas encore montré la preuve de sa supériorité, en terme de popularité, sur les autres...loin de là....