Les mensonges présidentiels du 14 juillet
Emmanuel Macron se raconte des histoires. Le problème est qu’il les raconte à la télévision devant des millions de Français. C’est un spectacle gênant surtout que cet homme nous représente mais à l’évidence fort mal.
Emmanuel Macron a donné son interview du 14 juillet avec l’excitation visible d’un enfant à qui on a remis son jouet. Tout sourire, la cravate de travers et sûr de lui, comment pouvait-il en être autrement, le président s’est exprimé en parsemant ses propos des éléments de langage (justice, égalité, le chemin ouvert à tous qui conduit à l’excellence, retrouver la maîtrise de sa vie et de son destin, l’écologie) si utiles pour convaincre sa minorité d’électeurs.
En début d’interview, le président a regretté les « passions tristes* » qui nuisent à la juste appréciation de son action. Puis, tout sourire, Emmanuel Macron a menti aux Français. De façon désobligeante, il a envoyé une flèche couleur « passion triste » au professeur Raoult accusé, sans que son nom soit cité mais la cible était clairement identifiable, d’acter des croyances. Une telle accusation est infamante de mépris pour un scientifique de ce niveau, mais le mépris est aussi une passion triste du président…
Les mensonges d’Emmanuel Macron
Premier mensonge : le bilan de la crise du Covid-19.
Pour le président, « quand on regarde les chiffres, on est loin d’être les pires ». Cette déclaration est stupéfiante par son décalage avec la réalité. Au 11 juillet 2020, la France faisait partie des 6 pays ayant le taux de mortalité le plus mauvais de la planète. On est loin d’être les meilleurs ! Le taux de mortalité en France est de 460 décès par million d’habitants (la moyenne mondiale étant de 72,1 décès par million d’habitants). Notons que l’Allemagne à un taux de 109 et le Portugal 161.
Enfin, pour informer le président et lui éviter d’acter publiquement des croyances, il faut lui rappeler qu’à la date du 11 juillet 2020, le taux de létalité (nombre de décès/ nombre de cas déclarés) français est l’un des pires au monde : 17,57% alors que celui des Etats-Unis, décriés dans les médias comme un pays subissant une catastrophe, est de 4,15%, inférieur à la moyenne mondiale de 4,46% ! Pour finir d’édifier le président sur la médiocrité de sa gestion de la crise, il est utile de préciser que le taux de létalité en Allemagne est de 4,57%, et au Portugal de 3,6% ! Les données sont factuelles. Le constat est rationnel. Cela devrait plaire au président qui invoque les Lumières sans être beaucoup éclairé.
Deuxième mensonge : l’absence de traitement contre la Covid-19.
Selon Emmanuel Macron « il n’y a pas de traitement stabilisé » et « la chloroquine, aujourd’hui personne n’a prouvé que c’était le bon ». Le président, visiblement mal informé ou fort manipulé, n’a jamais entendu parlé de la récente étude co-signée par douze professeurs américains, membres de la « Henry Ford-Covid-19 task Force » de l'état du Michigan qui a été publiée dans l'International Journal of Infectious Diseases. Cette étude montre une baisse significative de la mortalité avec le traitement par Hydroxichloroquine et s’ajoute à des études chinoises, indiennes et notamment celle de l’IHU. Nous n’insisterons pas plus sur ce point : il semble acté que l’hydroxichloroquine doit être déclarée inefficace. En effet, quelle que soit l’étude publiée démontrant l’efficacité de l’hydroxichloroquine, cette étude est ignorée et même préférée à une étude comme celle, pipée, publiée dans The Lancet.
Comme si ce mensonge ne suffisait pas, Emmanuel Macron a eu l’indécence de déclarer « ça n’est pas au président de la République ou à un homme politique de trancher un débat scientifique avec des critères politiques », c’est osé quand on sait que la France est le seul Etat au monde à avoir interdit un traitement contre la covid-19. Interdiction qui se caractérise manifestement par une intervention (intrusion) du politique dans la liberté de prescription d’un médecin.
Enfin, tous ceux qui ont été soignés par le protocole du professeur Raoult et les pays tels que le Portugal, l’Inde, l’Algérie, le Maroc, ou Israël qui ont utilisé ce protocole apprécieront cette insultante remarque du président : « ça n’est pas plus à un scientifique (…) d’acter des croyances scientifiques, la science a ses processus de vérification (…) » Remarque adressée à l’étude observationnelle du professeur Raoult qui acterait ses croyances en les prenant pour des réalités scientifiques…. Nous constatons à cette occasion la pauvreté intellectuelle du président ou sa mise sous tutelle par des « prêtres du Randomisé » : les processus de vérification sont en fait un seul et unique processus : les essais en double aveugle randomisés. Le président oublie que ces essais ne sont pas les seuls niveaux de preuve de l’efficacité d’un traitement. Mais le président a quitté les rivages de la science pour le scientisme avec ses dogmes et ses lois sacralisées, indépassables, uniques et incontestables. A ce stade de l’intervention présidentielle, il était permis aux téléspectateurs de douter de la rationalité du président. Comment être rationnel quant on est sous le joug de lois sacralisées ?
Et les masques ?
Le président a enfin érigé la trilogie « masques, se tenir à distance et gel hydro alcoolique » comme le viatique de la lutte contre le coronavirus. Cela n’est pas dénué d’humour quand on se souvient qu’au moment où la crise sanitaire était en phase de croissance et d’expansion, le président et le gouvernement disaient qu’il ne fallait pas renoncer à sortir et que le masque ne servait à rien ! Nous devons donc à Emmanuel Macron la réhabilitation du masque. Ce dernier va devenir un accessoire permanent de la vie quotidienne.
Sans espièglerie, je rappellerais à Emmanuel Macron, mais aussi à Martine Aubry (qui vient d’interdire la braderie de Lille édition 2020) que dans un mètre cube d'air, on trouve entre 1,7 et 40 millions de virus ! Et cela n’est pas apparu avec la crise sanitaire actuelle. Cette situation est inhérente au monde du vivant depuis la nuit des temps. Il n’aura pas échappé aux lecteurs qu’avant cette crise, on ne portait pas de masques alors que tous ces virus, dont certains très dangereux, étaient là.
Cette question du port du masque, voire même de la distance entre individus, alors même que rien n’indique qu’une seconde vague arrive, devient exemplaire d’une paranoïa où la science n’a plus sa place. La nouvelle religion du port du masque relève donc de la croyance scientifique que le président colporte sans vraiment réfléchir. Enfin, certains contestent même toute utilité au masque dans cette crise. Le débat est donc ouvert.
Au terme de cette intervention, et dès lors que notre cerveau n’a pas été hypnotisé par les éléments de langage du président, on ne peut qu’être atterré. Nous savons que la rationalité n’a plus sa place dans les décisions politiques. Nous savons que les politiques découvrent affolés que dans l’air, il y a des virus et nous découvrons leur réponse : porter un masque le plus souvent possible et si possible partout. Le délire est à son paroxysme. Le monde plonge en apnée dans un avenir triste, dénué de passions heureuses.
Régis DESMARAIS
*Passions tristes : expression développée par Spinoza désignant les affects qui sont liés à une imperfection de l’être, à une diminution de puissance ou de liberté, comme la haine, la peur, l'anxiété, l'acédie et autres dégradations physiques ou mentales.