jeudi 9 novembre 2017 - par

Les mythes éculés de Mai 68

 Près de cinquante après « Maissoissantuite » la mythologie liée à l'évènement intimide encore beaucoup la droite et toute la société. Dés que quelqu'un veut parler d'une révolution sociale, même quand celle-ci n'a rien à voir il évoquera un « nouveau » « Mai 68 ». Les « réacs » ou qualifiés ainsi se sont donnés pour maîtres et penseurs des anciens des barricades pas tout à fait repentis de leurs erreurs de jeunesse. Certains d'entre eux avaient cru voir dans « Nuit debout » un renouveau de leurs aspirations de jeunesse mais la rencontre avec la nouvelle génération se passa plutôt mal.

 

Ces petits cons mal élevés furent insolents, sans doute à cause de la déliquescence des valeurs provoquées et voulues par leurs grands ancêtres...

 

La plupart se lamentent sur la destruction de valeurs communes que dans leur jeunesse ils n'ont eu de cesse de remettre en question et de dynamiter, eux. Ils se sont continuellement trompés, soutenant les pires dictateurs, de Mao à Pol Pot, soutenant sans faillir une société ultra-libérale. Ils sont de « bons clients » de la télévision. Ils sont comme les bourgeois de la chanson de Brel. Ils sont toujours désireux à partir de maintenant de s'assurer une retraite confortable de « pères de la nation », et finir à l'Académie sages et honorés par le pays, un peu comme le père Hugo à la fin.

Mai 68 était d'abord un mouvement de jeunes privilégiés dont le résultat fût l'abandon par la bourgeoisie de son amoralité foncière que jusque là elle dissimulait derrière les paravents de son hypocrisie sociale. Tout débute le 22 mars par l'interdiction du président de l'université de Nanterre de laisser les filles rester après 22 heures dans le dortoir des garçons.

 

Certes, il ne faut pas nier que ces jeunes au moins avaient des idéaux, de l'exaltation à revendre et d'autres buts dans la vie que l'obtention d'un P.E.L au meilleur taux. Même s'ils se sont complètement fourvoyés. Ils ont aussi caché la vérité afin de ne pas « désespérer Billancourt » comme leur a dit le modèle de résistance indépassable pour les aider (Sartre). Mais c'était surtout des « héritiers » inconscients de leurs privilèges, incapables de comprendre réellement ce que vivent les plus pauvres, les plus précaires. D'ailleurs la jonction avec le mouvement social, celui-là bien réel et qui débouchera sur les accords de Grenelle, ne se fera pas sur le terrain.

 

Comment des gosses n'ayant jamais eu de soucis d'argent auraient-ils pu comprendre des ouvriers dont les familles s'entassaient parfois dans des réduits que les grands révolutionnaires n'auraient pas laissé à leurs chiens...

 

Les plus sincères parmi les révoltés, pardon parmi les révolutionnaires de « Mai » iront jusqu'au bout de leur conviction et partiront fonder des communautés agraires dans le Sud de la France. La plupart ne tiendront pas longtemps face au principe de réel, au quotidien le plus trivial. Rentrés en ville ils se contenteront d'acheter « équitable » et « civiquement responsable », auront l'idée de développement durable sans cesse à la bouche. Et bien entendu ils vivront leur sexualité de manière le plus libertaire possible, excepté que dans leur esprit elle est réservée dorénavant aux plus favorisés tout comme les produits les plus « authentiques », « bio » quoi...

 

Mai 68 fut le début de notre société libérale libertaire sans complexes, un révélateur de désirs d'enfants gâtés qui ne connaissaient pas encore la Crise, le chômage structurel ou le SIDA. Quelques uns dans les années 70 et 80 vivront dans un monde rêvé, clinquant pendant que les « laborieux » attendaient leur revanche qui vint. Notre société se noie maintenant dans un océan de conformisme mièvre et d'une dureté sans pareil en même temps, des enfants ressemblant aux Elois de H.G. Wells, totalement indifférents à ce qui n'est pas à eux, ce qui ne les ramène pas à leur nombril.

 

Et c'est ainsi que nous traversons une des crises les plus graves de notre histoire, une crise morale sans précédent...

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury – Grandgil

 

illustration empruntée ici

 

Ci-dessous « Grands soirs et petits matins » de William Klein, témoignage parlant sur Mai 68




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