Les quotas (en matière d’immigration) et la communication politique
Les quotas (en matière d’immigration) et la communication politique.
Le gouvernement annonce, pour l’immigration, l’instauration de quotas par profession et par région.
Et prédit que cette mesure aura des effets bénéfiques (un peu contradictoires) : elle contiendra l’immigration, tout en permettant aux entrepreneurs de trouver la main d’œuvre qu’ils ne trouvent pas sur place. Ce qui ne préjudiciera pas aux Français à la recherche d’emploi, puisque justement les chômeurs ne postulent pas pour ces emplois. Et quand, plus tard, il y aura des apprentis qui sortiront des centre d’apprentissage, on verra.
L’argumentaire est (en apparence) bien ficelé.
Et l’annonce est (toujours en apparence) astucieuse. Puisqu’elle vise à faire croire aux esprits échauffés par certains politiciens, qu’ils peuvent voter (aussi) pour « la République en marche ».
La question est de savoir si le « coup » va marcher.
1.
Car, sur le fond, le recours au concept de « quotas » ne changera pas beaucoup les choses.
a) Dans l’état actuel des textes, les titres de séjour « salariés » sont délivrés (sauf cas particuliers) après que le service de la main d’œuvre de la Direccte a donné le feu vert au projet d’embauche. Ce service refuse l’autorisation s’il estime que le taux de chômage est trop important. Exception faite des métiers en tension répertoriées sur des listes régionales (Voir à cet égard l’arrêté du 18 janvier 2008 relatif à la délivrance, sans opposition de la situation de l’emploi, des autorisations de travail aux étrangers non résidants d’un Etat membre de l’union européenne, d’un autre Etat partie à l’espace économique européen, ou de la Confédération suisse ». Arrêté qu’il suffit de modifier selon le contexte).
b) Evidemment les « quotas » laisseront les personnes ne pouvant pas bénéficier d’une carte de séjour « salarié », continuer à tenter leur chance en déposant une demande d’asile ( en fabriquant un récit adapté aux prévisions de la Convention de Genève).
Ou de continuer à franchir la frontière sans titre de séjour.
2.
Et puis, la mesure annoncée continuera à éviter (dans la logique des nombreuses mesures de réduction des droits attachés au travail) aux employeurs d’augmenter les charges salariales.
Jadis, dans la logique de l’économie libérale, l’employeur qui voulait trouver du personnel, attirait les candidats en leur proposant un salaire plus élevé.
Grâce aux règles conventionnelles sur la circulation de la main d’œuvre, quotas ou pas, l’employeur peut même baisser les salaires en étant assuré de trouver des étrangers qui s’en contenteront.
Et si les apprentis ne se contentent pas de faibles salaires ou de contrats courts ou ultra courts qui leur seront proposés en sortant des centre de formation, Il suffira de faire varier les « quotas ».
Comme il a été dit ci-dessus, il restera à observer si, grâce notamment à la campagne promotionnelle de certains médias, le « coup » marchera. C’est à dire s’il aura une influence sur les intentions de vote.
Marcel-M. MONIN
m. de conf. hon. des universités