mercredi 6 novembre 2019 - par Marcel MONIN

Les quotas (en matière d’immigration) et la communication politique

Les quotas (en matière d’immigration) et la communication politique. 

 

Le gouvernement annonce, pour l’immigration, l’instauration de quotas par profession et par région.

Et prédit que cette mesure aura des effets bénéfiques (un peu contradictoires) : elle contiendra l’immigration, tout en permettant aux entrepreneurs de trouver la main d’œuvre qu’ils ne trouvent pas sur place. Ce qui ne préjudiciera pas aux Français à la recherche d’emploi, puisque justement les chômeurs ne postulent pas pour ces emplois. Et quand, plus tard, il y aura des apprentis qui sortiront des centre d’apprentissage, on verra.

L’argumentaire est (en apparence) bien ficelé.

Et l’annonce est (toujours en apparence) astucieuse. Puisqu’elle vise à faire croire aux esprits échauffés par certains politiciens, qu’ils peuvent voter (aussi) pour « la République en marche ».

 

La question est de savoir si le « coup » va marcher.

 

1.

Car, sur le fond, le recours au concept de « quotas » ne changera pas beaucoup les choses.

a)   Dans l’état actuel des textes, les titres de séjour « salariés » sont délivrés (sauf cas particuliers) après que le service de la main d’œuvre de la Direccte a donné le feu vert au projet d’embauche. Ce service refuse l’autorisation s’il estime que le taux de chômage est trop important. Exception faite des métiers en tension répertoriées sur des listes régionales (Voir à cet égard l’arrêté du 18 janvier 2008 relatif à la délivrance, sans opposition de la situation de l’emploi, des autorisations de travail aux étrangers non résidants d’un Etat membre de l’union européenne, d’un autre Etat partie à l’espace économique européen, ou de la Confédération suisse ». Arrêté qu’il suffit de modifier selon le contexte).

b)   Evidemment les « quotas » laisseront les personnes ne pouvant pas bénéficier d’une carte de séjour « salarié », continuer à tenter leur chance en déposant une demande d’asile ( en fabriquant un récit adapté aux prévisions de la Convention de Genève). 

Ou de continuer à franchir la frontière sans titre de séjour.

 

2.

Et puis, la mesure annoncée continuera à éviter (dans la logique des nombreuses mesures de réduction des droits attachés au travail) aux employeurs d’augmenter les charges salariales. 

Jadis, dans la logique de l’économie libérale, l’employeur qui voulait trouver du personnel, attirait les candidats en leur proposant un salaire plus élevé.

Grâce aux règles conventionnelles sur la circulation de la main d’œuvre, quotas ou pas, l’employeur peut même baisser les salaires en étant assuré de trouver des étrangers qui s’en contenteront.

Et si les apprentis ne se contentent pas de faibles salaires ou de contrats courts ou ultra courts qui leur seront proposés en sortant des centre de formation, Il suffira de faire varier les « quotas ».

 

Comme il a été dit ci-dessus, il restera à observer si, grâce notamment à la campagne promotionnelle de certains médias, le « coup » marchera. C’est à dire s’il aura une influence sur les intentions de vote.

 

Marcel-M. MONIN

m. de conf. hon. des universités



15 réactions


  • Taverne Taverne 6 novembre 2019 11:42

    Les départements regorgent de jeunes immigrants (les « MNA » : mineurs non accompagnés) qui sont pris en charge par l’Aide sociale à l’Enfance. Ils pourraient, en accord avec les régions (échelon compétent pour la formation et l’économie), orienter ceux qui restent dans notre pays vers des stages de formation à des emplois non pourvus par les Français (car ils sont hébergés sur tout l’Hexagone). Mais...

    Mais le gouvernement ne cherche aucunement à mettre en place de vraies solutions pratiques, ce qu’il veut, c’est faire de la politique et rien que le mot « quotas » résonne agréablement à l’oreille de la Droite dure et extrême...

    En politique, les bonnes idées ne comptent pas, il faut qu’il y ait une bonne rentabilité dans l’opinion et les urnes.


  • troletbuse troletbuse 6 novembre 2019 14:49

    On voit que Micronomo commence à mouiller sérieusement vu les municipales, où j’espère, la Lremie prendra une raclée mémorable.


    • Odin Odin 6 novembre 2019 20:37

      @CLOJAC

      Bonsoir,

      Sans parler pour ces élections de mars (comme des autres), que la compile finale des résultats se situe sous la responsabilité de la place Beauvau, (où l’on trouve le plus grand nombre de porteurs de tabliers), et qui pour contrôler cette mafia si ce n’est le Castagneur, dont chacun connaît le passé et qui pointe lui aussi rue Cadet. 


  • zygzornifle zygzornifle 7 novembre 2019 08:51

    Des quotas par métier,

    pour le poste de président de la république 1 seul migrant sera accepté .... 


  • Le421... Refuznik !! Le421 7 novembre 2019 08:55

    En fait, on assiste tout simplement à un festival LREM-RN.

    A la télé, y’a qu’eux.

    A la radio, y’a qu’eux.

    Dans les journaux...

    Dans les thèmes politiques...

    Sauf pour casser du sucre, c’est LFI, les idiots de service, bien pratique !!

    Les Républicains et le PS, c’est mort, ils ont tout ce qu’il faut chez Macron...

    Celui-ci prépare déjà sa réélection de 2022.


    • HELIOS HELIOS 7 novembre 2019 22:17

      @Le421

      « y’a qu’eux »... ben, si tu veux que ça change, prend l’engagement de voter pour le premier qui arrive de Melenchon ou Le Pen.
      Comme ça, tu vires Macron et tu fais fermer la gueule a tous les « compatibles »

      Au final, ce sera la même politque, sauf pour l’immigration, mais le pays ne s’en portera surement pas plus mal, et les étrangers nous respecteront.
      .


  • ZenZoe ZenZoe 7 novembre 2019 08:57

    Jadis, dans la logique de l’économie libérale, l’employeur qui voulait trouver du personnel, attirait les candidats en leur proposant un salaire plus élevé.

    Grâce aux règles conventionnelles sur la circulation de la main d’œuvre, quotas ou pas, l’employeur peut même baisser les salaires en étant assuré de trouver des étrangers qui s’en contenteront.

    Ben voilà, pas besoin de dire autre chose.


    • titi titi 7 novembre 2019 10:43

      @ZenZoe

      Raisonnement un peu simpliste.

      La réalité c’est que nos chômeurs ne sont pas mobiles, pour des raisons qui peuvent être tout à fait valables, et attendent que l’emploi viennent à eux.

      Sauf que c’est pas comme ça que ça fonctionne : nous sommes dans un pays jacobin où l’emploi est concentré dans les métropoles.


    • foufouille foufouille 7 novembre 2019 11:32

      @titi

      pour un uber machin français ou étranger avec papiers, c’est 2 ou 3 sans papiers qui bossent au black pas cher.

      tu peux faire les vendanges pour 600€ brut et trois semaines de boulot sous le smic.

      mobile, c’est dormir dans la voiture ?


    • ZenZoe ZenZoe 7 novembre 2019 16:42

      @titi
      Facile de parler de mobilité. En France déménager coûte une blinde et se loger sur place est difficile quand on est demandeur d’emploi. Ajoutons à ça un logement souvent hors de prix sur place. Et aussi la cherté et les manques de transports publics dans beaucoup d’endroits.
      Parlons aussi des contraintes d’horaires impossibles notamment dans la restauration et les services et les frais et le temps de transport qui vont avec..
      Tout ça mérite une compensation, on est d’accord ?
      Avant par exemple, les hôteliers offraient le gîte et le couvert à leurs employés, les vignerons aussi. Plus maintenant. Alors ?
      Alors on propose un salaire qui en vaut la peine et fait poser un autre regard sur l’emploi en question. Cela s’appelle la valorisation du travail dont on nous rebat les oreilles, et ça devrait marcher pour tous les emplois et pas seulement pour les informaticiens et les ingés on est d’accord ? Ce qui est rare est cher.

      Seuls les profiteurs veulent fausser le marché en mettant en concurrence des miséreux qui sont contents de recevoir des piécettes. Avec ça, on n’est pas près de résorber les pénuries.


    • titi titi 7 novembre 2019 20:44

      @ZenZoe

      « Avant par exemple, les hôteliers offraient le gîte et le couvert à leurs employés, les vignerons aussi. Plus maintenant. Alors ?  »

      Ca c’est exactement ce dont je parlais dans un autre message avec la fin du « cash ».
      Le gite et le couvert ce n’est plus possible car un mec super intelligent épris de justice sociale a décidé que tout cela devait rentrer dans l’assiette de cotisation Urssaf en pensait augmenter les recettes... bah non... du coup plus personne ne loge plus personne.

      « Alors on propose un salaire qui en vaut la peine et fait poser un autre regard sur l’emploi en question. Cela s’appelle la valorisation du travail dont on nous rebat les oreilles, et ça devrait marcher pour tous les emplois et pas seulement pour les informaticiens et les ingés on est d’accord ?   »
      Bah non.
      Le salaire c’est la contre partie de la valeur ajoutée.
      Que vous ayez du mal à vous loger, que vous soyez soutien de famille ne change pas la valeur ajoutée que vous produisez.


    • titi titi 7 novembre 2019 20:49

      @foufouille

      « mobile, c’est dormir dans la voiture ? »
      Vous avez déjà pris le métro à Paris ces derniers temps ?
      Tous, je dis bien toutes les personnes qui bossent dans les points chauds, les boutiques, les points de presse ce sont des blacks qui ne viennent visiblement pas des Buttes Chaumont.
      Alors je sais pas s’ils dorment dans leur voiture, mais en attendant eux arrivent à tenir ces postes intenables, ils arrivent à se loger, et n’ont pas hésiter à déménager pour ces postes qui visiblement rebutent le francais de base.

      Donc ma question est : eux y arrivent ? pourquoi pas nos chomistes ?


    • HELIOS HELIOS 7 novembre 2019 22:29

      @titi
      .... ils y arrivent tout simplement parce qu’ils vivent a 10 dans 3 pieces en utilisant la rotation de lit... pour deux : un se lève, l’autre se couche !

      On a pas construit un pays « vivable » en 2000 ans d’histoire pour qu’un trou du cul nous demande de changer de trottoir pour bosser et imiter les couillons qui ont laissé leur dignité au fin fond de la brousse contrairement aux chomistes.


    • foufouille foufouille 8 novembre 2019 09:51

      @titi

      dans le bordelais, ils ont un matelas sur le sol pour 100 à 200€ car ils sont étrangers.

      sur paris, c’est une cave humide leur logement de 6m2.

      tu as aussi le bidonville ou la grosse ruine en campagne.

      ensuite, rentrez chez eux pour les légaux comme les bulgares qui dorment dans le camion : 150€ = un mois de vacances.

      le repas du midi ou le logement des vendangeurs est depuis longtemps sur la feuille de paye.

      le ticket resto existe aussi depuis longtemps.

      par logement, il faut comprendre décent et pas pourri avec loyer élevé.

      quand tu rentre du boulot et qu’il faut allumer le feu crevé ou faire fonctionner ta merde de fosse septique, etc ça donne pas envie de rester.


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