lundi 21 août 2006 - par Voris : compte fermé

Les temps de l’immédiateté

Notre époque a un curieux rapport avec le temps. Elle vit dans l’ « Ici et tout de suite ! » Le concept de Temps réel (appellation étrange : comme si le temps n’était pas réel !) a commencé dans l’entreprise par les systèmes informatiques et s’est étendu ensuite aux informations de la Bourse et de la météo pour les besoins de certaines professions. Aujourd’hui, l’exigence de l’information en temps réel est admise et s’impose partout, à toute la société.

L’information ne permet plus l’attente, elle doit être suivie immédiatement de l’image. La perte du le délai qui séparait les deux éléments ne permet plus de prendre le temps de donner une perspective historique de l’évènement, de l’éclairer de commentaires. On devance Noël et les anniversaires, on procure des avances sur l’argent de poche de son enfant.

L’image est le symbole même de l’immédiateté. La publicité excite le désir de l’appropriation immédiate. Fini le temps de la tirelire, des économies patiemment amassées en vue d’acquérir l’objet convoité. On souscrit un crédit et on achète ce que l’on désire, le désir ne pouvant souffrir de se prolonger.

Les nouvelles technologies sont l’autre grand vecteur d’immédiateté : commandes sur Internet, recherches rapides sur Google plutôt que dans les livres, photos numériques. Rien ne peut plus attendre : je choisis par préférence les jeux de grattage aux jeux de tirage. J’attends d’un médicament qu’il produise un effet instantané.

Nous voulons obtenir la page web en haut débit et désormais en très haut débit. Nous préférons l’e-mail au courrier mais l’adolescent est déjà passé à l’étape suivante en se connectant des heures sur la messagerie MSN. Une nouvelle addiction ou dépendance est née, celle de la soumission à l’urgence, à l’immédiateté.

Les dégâts sur le plan éducatif et donc des générations à venir peuvent être considérables. Le désir de l’enfant aussitôt comblé crée un monde d’illusion, du « ce que je veux peut venir tout de suite : une voiture, un métier... ». Le jeune est privé de réflexion et passe au geste violent : dans les pires des cas, vol, agression, déprédations.

La presse quotidienne ne se contente pas d’informer -l’acte d’information n’est pas source d’un pouvoir suffisant-, elle veut avant tout faire réagir pour ensuite mesurer son impact au travers de sondages instantanés. Les hommes politiques procèdent de même avec leurs déclarations dictées par l’immédiateté et les résultats qu’ils veulent rapides et visibles.

L’Homme recroquevillé sur son temps présent, oublieux du passé et sacrifiant son projet, voire même le devenir de ses descendants (environnement, dette publique) subit la tyrannie de l’immédiateté et abdique sa liberté de choix et le temps qu’il est nécessaire d’accorder à se choix essentiels.

Qui peut encore résister à la dictature de l’immédiateté sans passer pour un passéiste ou un marginal et de quels moyens de lutte dispose-t-on pour aller contre ce puissant courant ?

Mais tout n’est pas bon à jeter. Internet présente par bien des aspects des avantages considérables par la connexion rapide aux sources de connaissance et par les échanges "en temps réel" qu’il permet.



3 réactions


  • Skehl (---.---.253.212) 21 août 2006 17:30

    Sans internet et le haut débit et le web 2.0, que serait Agoravox ? ^^ :p


  • jean de castres (---.---.216.26) 22 août 2006 02:01

    On dit parfois que le bonheur c’est savoir arrêter le temps ! L’accélérer c’est peut-être bâtir son propre malheur !.....


Réagir