mercredi 15 avril 2009 - par
Les victimes d’inceste en otage
Hadopi contre inceste ! La blogopshère bruisse du scandale, de cette atteinte grave portée aux victimes d’inceste. On ne saurait que se joindre à ce concert qui puise sa légitimité dans la défense de l’enfance. Mais, en regardant de près, on s’étonne de ce soudain surcroît de sollicitude à l’égard des victimes de maltraitance de l’enfance, d’inceste en particulier.
À peine cet article édité Pénalisation du crime d’inceste – suite, Jean-François Copé, président du groupe UMP, a « proposé de renoncer au texte sur l’inceste qui était prévu dans la semaine d’initiative parlementaire, à partir du 28 avril » afin de permettre la relecture de la loi Hadopi. Immédiatement l’opposition est montée au créneau pour dénoncer cette atteinte à la démocratie. Mais ce ne sera pas le scandale de cette législature. Les manquements à l’éthique, les symboles républicains bafoués, un président qui s’affiche avec arrogance comme chef de clan. Tout cela est si commun que l’on feint de s’y habituer.
Que sont donc les victimes d’inceste, les survivants de maltraitance de l’enfance ? Rien d’autre que des otages, des objets que l’on manipule au gré des circonstances, on est assuré qu’elles vous lècheront les bottes à la moindre miette d’attention qu’on voudra bien leur accorder. Elles sont conditionnées depuis l’enfance à se soumettre...
La blogosphère bruisse de clameurs de scandale devant ce mépris affiché pour une loi qui, enfin, pénalisait le crime d’inceste. Mais, combien s’en est-il trouvé pour soutenir, dire, débattre de la question de l’inceste et de la pédocriminalité intrafamiliale ? J’ai plutôt souvenir de protestations contre une surpénalisation qui serait la marque de cette gouvernance contemporaine. Ce n’est pas faux mais il arrive que l’on soit conduit à définir des limites et de revenir à des valeurs fondamentales. J’ai toujours tenu ce principe, pas celui d’une pénalisation outrancière.
L’unanimité est donc faite, désormais, autour de la proposition de loi de Marie-Louise Fort, gauche et droite se sont entendues pour en faire le fanion de leur combat d’opérette. Il n’y a pas de sens à cela puisque le Prince Talonnette en a décidé ainsi. Cette joute, aux règles parfaitement définies, fait partie de la comédie républicaine façon Quatrième Empire. À la place d’une loi sur la pénalisation de l’inceste, on aurait pu tout aussi bien mettre n’importe quoi : par exemple une loi sur l’interdiction faite aux chiens de pisser dans le caniveau. Ce n’est pas la pénalisation de l’inceste qui est importante, c’est que chacun, dans son camp puisse se livrer à un simulacre de démocratie selon des rôles définis par avance et orchestré par le Prince. Aurélie Filippetti, parlementaire affichée à gauche, abonde dans ce sens. En effet, dit-elle, toutes les victimes ne viennent pas clamer leurs souffrances ni encombrer les salles municipales de leurs lamentations. Beaucoup s’en sortent grâce au nouveau concept clef de la psychologie sarkozienne, la résilience. La résilience, c’est cette faculté singulière que certains métaux développent pour reprendre leur structure initiale après un choc. Faut pas être faible sous les cieux impériaux, faut être en acier ! On vous l’avait déjà dit. C’est d’ailleurs pour cette raison que Napo-Sarko IV recevra les rescapés de ce voilier pris en otage par les somaliens. Voilà un symbole fort pour cet homme épris du mythe gagnant-gagnant. Le Chef nous avait déjà annoncé qu’il méprisait les perdants, fussent-ils victimes d’un système entièrement voué à la prédation, à l’usage de la force pour soumettre ceux qui auraient la malchance de croire encore aux vertus de la fraternité et de la solidarité.
Attendons donc le prochain scandale de pédophilie, un fait divers qui mettrait en cause un parlementaire pris en flagrant délit de viol de ses enfants. Là ça va saigner et notre Chef déclarera, la main sur le cœur, qu’il faut en finir avec ces monstruosités. Une loi taillée sur mesure et pour ne rien changer sinon occuper les médias, sera soumise au parlement, manière de calmer le peuple, par ordre du prince talonnette. Il aura, à nouveau sauvé le monde, clouant a gauche la plus bête du monde qui, encore une fois, n’aura rien vu venir ! D’un côté, un clan fasciné par les démonstrations d’un chef de guerre entièrement centré sur son nombril, de l’autre une opposition qui n’a rien compris au sujet et qui se laisse ridiculiser. C’est normal, nous avons à faire à un pouvoir pervers et on ne réagit pas face au pervers comme face à un quelconque individu.
Pour redonner confiance et maîtrise de soi aux victimes, je leur conseille de faire comme le Chef : muscler leur périnée.
Une chronique à suivre : www.enfancedanger.com