lundi 13 novembre 2017 - par Philippe POINSOT

Les vrais et faux scandales

Paradise papers, Panama papers, affaire Weinstein, Dieselgate, Wikileaks, lanceurs d'alerte dans la santé... tout cela a été largement médiatisé pour susciter chez les "citoyens de base" une indignation, un dégoût voire une révolte ... ou un boycott ? Des politiques européens semblent découvrir l'ampleur de ces révélations - leur naïveté est déconcertante - , d'autres (nostalgiques de la Révolution d'Octobre 1917 ?) en prennent prétexte pour déverser par populisme ou démagogie mais aussi par égotisme leur haine du système capitaliste et énumérer des mesures radicales ; des femmes dénoncent leurs présumés harceleurs, souvent sous couvert d'anonymat. Sachons raison garder en ne mélangeant pas toutes ces "affaires sensationnelles". Mais en fait, quoi de neuf ?
- Il y a des affaires financières ("papers") ? elles sont tout à fait légales : aux pays de changer leur législation !
- Il y a des affaires de moeurs, frauduleuses ou de corruption ("gates") ? a-t-on déjà oublié l'affaire DSK ? dans le monde du cinéma, et ailleurs, n'entendait-on pas cette "réflexion" médisante : "elle a couché pour réussir" (la "promotion canapé") ? que la justice soit saisie et patientons !
 
Pendant ce temps, de véritables scandales perdurent :
- le climat est menacé mais ce n'est que l'atmosphère ; que dire de la pollution par nos produits chimiques des sols, des nappes phréatiques ou des mers et océans, ou encore de la menace d'extinction d'espèces végétales (déforestation) et animales (biodiversité) ? 
- les prisons sont surchargées et mal entretenues, le personnel manque ; que dire des maisons de retraite et autres centres de convalescence pour nos aînés qui accueillent 10 fois plus de monde ?
- etc.
 
Pourtant, des solutions existent, j'en ai écrit quelques-unes dans mon essai (*) largement boudé malgré mes courriers et courriels aux politiques et aux médias :
1) la fiscalité est à revoir : pourquoi distinguer la fiscalité des entreprises plutôt favorable (impôt sur les bénéfices) et celle des particuliers (impôt sur le revenu) ? C'est une volonté politique et non sociale de préserver les créateurs de richesses en imposant davantage les consommateurs de ces richesses. Une manière courageuse de rééquilibrer cette fiscalité serait d'imposer le chiffre d'affaire ("revenus" des entreprises) selon un quotient dit salarial (*), 
2) la TVA est aussi à repenser : plus de remboursement de TVA aux entreprises et aux particuliers (les médicaments),
3) le fonctionnement de l'UE et de la zone euro est à réformer avec un nouveau traité (réformant Maastricht) vraiment solidaire entre les membres signataires pour s'attaquer au problème potentiellement explosif des dettes (*). 
 
Notre société est basée sur une certaine mutualisation des risques (sécurité sociale) mais aussi sur le service public que l'on veut le plus performant possible, malgré le manque de moyens et de personnel. De deux choses l'une : ou bien nous exigeons toujours plus de solidarité et de service public, alors nous devons tous accepter de payer plus, pas seulement notre voisin "riche". Ou bien nous nous résignons à économiser (pas seulement l'Etat mais aussi les collectivités locales qui ne sont pas moins dépensières, toutes proportions gardées), rogner jusqu'à l'os sur les dépenses sociales (allocations en tout genre) mais aussi diminuer voire supprimer les subventions (associations, aides aux entreprises industrielles comme agricoles) et simultanément moins investir dans des infrastructures (entretien comme construction). L'Allemagne l'a fait : on voit le résultat sur l'école (encore souvent sans cantine) ou les autoroutes...
 
 
(*) Philippe POINSOT de Dijon, auteur de l'essai "Le Plan C" ou "A la recherche des équilibres perdus", chez Mon Petit Editeur
cf. article du Bien Public du 09/07/2015 " Le salut de la Grèce viendra-t-il de Dijon ? ", lisible sur le site


7 réactions


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 13 novembre 2017 16:15
    « d’autres (nostalgiques de la Révolution d’Octobre 1917 ?) en prennent prétexte pour déverser par populisme ou démagogie mais aussi par égotisme leur haine du système capitaliste et énumérer des mesures radicales »

    Ce sont eux qui ont fait que

    « Notre société est basée sur une certaine mutualisation des risques (sécurité sociale »

  • Rincevent Rincevent 13 novembre 2017 16:20

    Bien d’accord avec l’auteur sur le traitement des nouvelles. Ça fait un moment déjà que j’ai le sentiment d’être submergé par des vagues continuelles d’infos dont les points communs tournent autour du sociétal et l’enfonçage de portes ouvertes. Ça a toujours plus ou moins existé, mais maintenant c’est mis sur le même plan que des sujets bien plus graves, voire au dessus.

    Compte tenu du fait qu’on a une capacité d’absorption qui n’est pas extensible à l’infini (le fameux temps de cerveau disponible de Mr Le Lay) à quoi mène ce bombardement médiatique, sinon à saturer nos récepteurs, rendant analyses et hiérarchisation des sujets plus difficiles avec, à la clé, une éventuelle lassitude, effectivement.


  • Xenozoid 13 novembre 2017 16:25

     le fonctionnement de l’UE et de la zone euro est à réformer avec un nouveau traité 


    allez voir arzen====>

  • Legestr glaz Ar zen 13 novembre 2017 16:45

    Une « réforme » des traités, cela se mérite. 


    Un double unanimité est requise. Nous avons plus de chance de gagner à « l’euro million » que de voir une double unanimité se dégager pour modifier les traités européens. D’aucuns sont des victimes innocentes de la légende de la « renégociation » et de « l’Europe sociale ». Il faut juste se poser la question de savoir « pourquoi l’UE est comme elle est  ? ». Ceux qui ont la réponse ont gagné !

    Et l’auteur d’écrire : « Pendant ce temps, de véritables scandales perdurent ». Et oui, il n’est jamais question des traités européens dans l’information « générique », jamais question du fonctionnement supranational de l’UE, dirigée par des personnes non élues mais aidées par pléthore de lobbies.

    Mais cette fin de semaine il y avait les « all blacks » et Teddy Riner. Tout allait bien !

  • Rincevent Rincevent 13 novembre 2017 16:49

    … mon essai (*) largement boudé malgré mes courriers et courriels aux politiques et aux médias… Je ne sais pas quel est votre qualification et votre parcours (votre bio sur votre site est vide…), mais dites-vous bien que nos décideurs ne manquent de rien, côté idées, rapports, prospectives, etc. Il suffit de voir la liste des collaborateurs des cabinets ministériels, véritable succursale du haut de la ‘’botte’’ de l’ENA, pour s’en convaincre.

    Ce n’est donc pas d’idées que manquent nos gouvernants, mais de volonté politique. Il est vrai que leur pouvoir réel pèse de moins en moins face au ‘’ marché’’, mais c’est bien eux qui ont fait passer des lois rendant cette situation possible.


  • gardiole 13 novembre 2017 17:46

    « ...imposer le chiffre d’affaire ( »revenus« des entreprises)... » Que je sache, CA et revenu ne sont pas la même chose. Si vos imposez le CA, vous plombez les bénéfices et vous risquez de provoquer des faillites.

    « ...plus de remboursement de TVA aux entreprises et aux particuliers (les médicaments),... » Un industriel ou commerçant paie ses matières premières, ses fournitures,... TVA incluse. Il verse au fisc la TVA qui a pesé sur ses propres ventes, déduction faite de celle qu’il a payée auparavant. C’est le principe de la TVA. Dans certains cas, cette déduction donne un résultat négatif, le commerçant doit déduire plus de TVA qu’il ne doit en verser. Le fisc lui rembourse l’excédent. Il y aurait d’autres cas ?
    Pas de remboursement de TVA sur les médicaments : vous allez vous faire aimer des assurés sociaux.


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