samedi 9 mars 2013 - par GHEDIA Aziz

Lettre ouverte à Louisa Hanoune

Il y’a quelques jours, le président du parti Jil jadid a fait une déclaration publique (publiée sur le site internet « le matindz  » et reprise ensuite par d’autres titres de la presse nationale) dans laquelle il demandait ni plus ni moins à ce que la porte-parole du Parti des Travailleurs, Louisa Hanoune en l’occurrence, soit auditionnée par la justice algérienne à propos des affaires de corruption ( liées à notre société pétrolière Sonatrach) dont la presse algérienne revient de façon récurrente ces derniers jours.

Cette déclaration publique de Soufiane Djilali (que tout le monde soutient à Jil Jadid) a été motivée par le fait que la porte-parole du PT, qui représente, en théorie, la masse des ouvriers et donc le prolétariat pour rester dans le langage des trotskistes, donne l’impression d’être au courant de pas mal de choses qui se trament dans le premier cercle du pouvoir. Il est clair que, contrairement à Jil jadid qui vient à peine de fêter le premier anniversaire de sa naissance officielle, le Parti des Travailleurs n’occupe pas que des strapontins dans les différentes institutions de l’Etat algérien. Par conséquent, ses représentants au sein de ces institutions pour peu qu’ils sachent tendre les oreilles et jeter des coups d’œil, même furtifs, ça et la, peuvent, sans peine, avoir de quoi alimenter la presse nationale en terme d’affaires de corruption, de manigances et de malversations de toutes sortes qui sont devenues monnaie courante dans l’Algérie de « fils de et de neveux de ». C’est dans ce sens, me semble-t-il, qu’il faut comprendre la missive du premier responsable de Jil Jadid. Cela n’a rien d’une attaque gratuite et personnelle de celle qui aurait pu être la « dame de fer » algérienne. De par les informations qu’elle semble détenir ou du moins qu’elle se targue de détenir, l’audition de Louisa Hanoune pourrait être d’un apport appréciable à la justice algérienne. Nous réitérons donc notre appel à la porte parole du PT pour qu’elle vienne éclairer notre lanterne, nous, qui sommes tenus dans l’ignorance crasse par un système arrivé, de toute façon, au bout du rouleau et donc en fin de règne. Mais, là où le bat blesse, c’est que, celle-ci se sentant peut-être acculée par un si jeune chef de parti qui n’a pas froid aux yeux et qui clame haut et fort ce que les autres « boulitiques » pensent tout bas, n’a pas trouvé mieux, pour sa défense, que de lancer des anathèmes sur un parti politique, qui a eu le courage de se mettre d’emblée dans le camp de l’opposition au pouvoir, en le traitant de « parti imaginaire ».

 Non, madame Louisa Hanoune, sur ce point-là, vous vous trompez sur toute la ligne et cela nous étonnerait beaucoup qu’il y’ait des gens, parmi les citoyens algériens qui suivent un tant soit peu les activités des différents partis politiques algériens, qui partagent votre opinion. Jil Jadid n’est point imaginaire. Il est réel et ne cesse, depuis qu’il a été agréé, de faire parler de lui. Il fait parler de lui parce que les idées qu’il prône et le projet de société qu’il compte proposer aux algériennes et aux algériens sont de nature à réconcilier l’algérien avec lui-même. Il fait parler de lui parce que chaque fois que l’occasion lui est offerte de dénoncer le mal sous toutes ses formes, il le fait sans aucun état d’âme. Et sans calcul politicien. Enfin, Il fait parler de lui parce que le mobile essentiel qui fait animer les hommes et les femmes qui y ont adhéré et ne cessent de le faire jour après jour n’est rien d’autre que l’instauration d’un véritable Etat de droit en Algérie. Devrais-je continuer encore à énumérer les faits qui font que Jil Jadid est un parti connu et reconnu par les algériens alors qu’il vient tout juste de naitre ? Non Madame, je préfère laisser le soin aux algériennes et aux algériens de les découvrir par eux-mêmes. Ainsi seront-ils ravis de découvrir et de savoir que dans leur pays, l’Algérie, Dieu merci, tout n’est pas pourri et que la nouvelle génération, notamment celle de Jil Jadid, est entrain de s’impliquer corps et âme pour qu’enfin le pays retrouve le chemin de la paix sociale et de la prospérité économique. 

A l’origine, cette lettre ouverte qui vous est destinée se terminait ici. C’est sciemment que je la voulais la plus courte possible. Je la voulais claire et nette, sans langue de bois ni blabla creux et vide de tout sens. Malheureusement, le canard algérien auquel je l’ai envoyée n’a pas, pour des raisons que j’ignore, daigné la publier. Peut-être trouvait-il politiquement incorrect de ma part le fait de m’adresser ainsi à une femme, et ce, la veille du 8 mars ? Oui, je dois le reconnaître, le ton utilisé est assez ferme, mais, il faut l’admettre aussi, il est loin de l’agressivité verbale qui caractérise pratiquement toutes vos sorties médiatiques.

A chaque chose, malheur est bon, dit-on.

Ainsi, le fait que cette lettre n’ait pas été publiée sitôt envoyée me donne l’occasion et l’envie de revenir sur certains aspects de la question.

Vous me diriez, peut-être, que nous sommes dans un pays où la liberté d’expression commence à faire son chemin, et que l’homme (ou la femme) politique, pour convaincre son auditoire ou ses ouailles, est tenu(e) d’être intransigeant(e) sur certaines questions et doit, par conséquent, le faire savoir. Avec fracas s’il le faut. Soit. Je le comprends parfaitement bien. Et, c’est dans le cadre de cette liberté d’expression dont on commence à jouir que j’ai repris mon clavier pour vous dire tout de go que votre dernière intervention à propos de notre parti politique est condamnable. Qualifier un parti politique, Jil Jadid, qui, malgré son jeune âge sur la scène politique algérienne, est à la tête de quelques APC (au centre à l’est et à l’ouest du pays), de « parti imaginaire » relève de la cécité politique. Ou alors, ce parti politique, qui commence à percer et à intéresser toutes les couches de la société algérienne et pas seulement les ouvriers, vous effraie tellement, vous fait perdre les pédales, vous fait perdre le sens des réalités, et vous pousse, finalement, à dire n’importe quoi. Vous essayez alors, dans votre imagination, à le réduire à une entité négligeable, à « un parti imaginaire ». Ou bien alors, vous pratiquez la politique de l’autruche, essayant de ne pas voir qu’en Algérie, depuis les fameuses réformes politiques initiées par le pouvoir actuel, d’autres partis politiques ont émergé et peuvent, pour peu qu’on les laisse travailler dans le calme et la sérénité, damer le pion à tous ceux qui existent depuis la première ouverture du champ politique de 1989. L’existence de votre parti politique, le PT, depuis cette date a, certes, un avantage par rapport à Jil Jadid. Cela vous a permis, progressivement, de vous rapprocher du cercle du pouvoir, cela vous a permis d’être dans les arcanes du pouvoir. Et c’est en tant que telle que notre président du parti vous a interpelée. Son intention dans cette histoire était saine et il ne s’érigeait en l’avocat de personne parmi le trio incriminé dans les affaires de scandales et de corruption de notre mère nourricière, la Sonatrach. Alors, nous ne comprenons pas votre réaction disproportionnée, voire démesurée, vous poussant à jouer la vierge effarouchée en s’exclamant lors de votre dernière sortie médiatique « mais quelle mouche a-t-elle piqué la président de Jil jadid ? ». Ni mouche ni guêpe, Madame. Le président de Jil jadid a agi dans le cadre strict de notre slogan : « le devoir d’agir ».  




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