Lettre ouverte à M. Guillaume Pepy relative à sa déclaration du 25 janvier 2011 à Bobigny
Monsieur,
Le 25 janvier 2011 à Bobigny, vous avez déclaré à peu près ceci : « La SNCF, même contrainte et réquisitionnée, a été un rouage de la machine nazie d’extermination... Elle a pris part à cette mécanique de l’inhumain... Je veux dire aujourd’hui la profonde douleur et les regrets de la SNCF pour les conséquences des actes de la SNCF de l’époque. En son nom, je m’incline devant les victimes, les survivants, les enfants de déportés, et la souffrance qui vit encore. »
L'ambigüité de votre discours m'interpelle et je me pose la question de savoir pour quelle(s) raison(s), vous avez fait ces déclarations tout-à-fait déplacées.
Il me paraît bon de devoir vous rappeler quelques petites choses :
1) Il y a quelques mois, la justice a débouté Monsieur Lipietz et consorts de leurs demandes en dommages et intérêts qu'ils escomptaient obtenir de la SNCF pour "complicité de crimes contre l'humanité", parce que ces faîts, produits sous la contrainte, ne relèvent pas de sa responsabilité.
2) Attaquer ainsi la SNCF, comme le fait remarquer Monsieur Serge Klarsfeld, "c’est diluer les responsabilités. Ceux qui sont responsables ce sont les Préfets et au-dessus d’eux (…) Pétain, Laval et Bousquet…". On peut y ajouter certains hauts-fonctionnaires zélés de l’Administration de Vichy.
3) Durant cette période trouble pendant laquelle la République Française s'est effacée devant l'Etat Français, les personnels de la SNCF ont payé un lourd tribu à l'occupant nazi. Près de 9.000 cheminots ont été tués, 16.000 blessés, environ 2.500 déportés dont près de la moitié ne sont jamais revenus. Les faits de résistance du personnel de la SNCF ont été salués par une oeuvre majeure de notre cinéma "La Bataille du Rail" de rené Clément.
4) Votre prédécesseur, Monsieur Louis Gallois, avait bien noté que le devoir de mémoire n'était pas un devoir de repentance.
Ce 25 janvier, votre discours a pris toutes les allures d'une "demande de pardon". Or, de ce qu'il ressort ci-dessus, celle-ci n'a pas lieu d'être.
Je me permets de vous rappeler que la conduite, pendant la 2° guerre mondiale, des personnels de l'entreprise que vous dirigez aujourd'hui, a amené cette société a être décorée de la Légion d'Honneur et de la croix de guerre 1945.
Je ne vois qu'une explication à votre (in)conduite que je trouve par ailleurs assez abjecte au regard de ce que je viens de mentionner, votre servilité face à quelques groupuscules et lobbies obscurs pour des contrats que vous souhaiteriez signer aux USA.
Il me parait donc nécessaire de vous rappeler que c'est le même genre de groupuscules et de lobbies qui étaient, durant cette même période, détenteurs de participations dans des entreprises américaines type IBM ou Rockfeller, qui ne se sont jamais excusées pour les contrats qu'elles honoraient fidèlement vis-à-vis du III° Reich, même si ceux-ci ont permis à ce reich de tuer plusieurs dizaines de milliers de citoyens américains.
Je me demande si, après votre diatribe totalement déplacée et mal-venue, vous aurez le courage de laisser votre place à une personne plus respectueuse de la mémoire de tous les citoyens français qui, défiant le régime nazi et son collaborateur de Vichy, l'ont payés de leur vie et souvent aussi de celle de leurs proches.
Je ne vous félicite pas pour vous être abaissé aussi bas.
Salutations,
Dogon
19 réactions
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dogon
28 janvier 2011 11:19
Merci à toi pour tes encouragements.
Je te conseille aussi un article publié hier, quand j’écrivais le mien, de Guylain Chevrier « SNCF et repentance : la colère d’un petit-fils de juifs déportés de France ».
J’ignorais qu’il y aurait concommitance mais je la trouve bienvenue.
@ bientôt -
jako
28 janvier 2011 11:27
Merci je viens de le lire, il est bien sourcé aussi.
Au delà de ce fait très important à mon avis c’est toute notre vieille République qui est aux enchères sur ebay, on vent des immeubles des terrains etc mais ce qui est plus grave encore on détruit le tronc commun de notre fameuse identité
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Polemikvictor
28 janvier 2011 12:15
Entre cela , l’affaire Stephane Hessel et quelques autres, on peut dire que le lobby juif occupe les médias......
Occuper dans le sens de donner beaucoup d’activité, bien evidemment !-
dogon
28 janvier 2011 12:27
Donner beaucoup d’activité, bien sur.
Mais aussi, prendre beaucoup de place.
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paul
28 janvier 2011 13:19
Cette nouvelle affaire scandaleuse de repentance a pour premier objectif de salir un grand
service public français, la SNCF, que la politique actuelle de libéralisation désorganise totalement : même les voyageurs lui font des procès pour ses retards répétés .L’action du lobby qui utilise en permanence le sentiment de culpabilité lié à la Shoah ne fait aucun doute , comme l’action récente de S.Klarsfeld contre ce service de moins en moins public .
Cela montre que le terrorisme intellectuel ne s’attaque pas seulement aux personnes, comme
Hessel ,Céline ,E.Morin ,P.Boniface ,E.Enderlin, mais aussi à tout ce qui a fondé les solidarités
nationales depuis 1945 .
Il appartient à chacun d’en être conscient et de réagir .-
dogon
28 janvier 2011 13:31
Merci pour cette réaction, Paul.
C’est exactement dans cet état d’esprit que j’ai écrit cette contribution.
Content qu’elle vous plaise ainsi qu’à tous les autres lecteurs.
Ras-le-bol des polémiques mais, surtout, quand elles ne cherchent qu’à salir une page glorieuse de notre histoire.
sans ces hommes et ces femmes et leur engagement pour la liberté, beaucoup des niaiseux qui bavent aujourd’hui ne pourraient pas le faire.
Soit parce qu’ils ne seraient pas là, soit parce qu’ils n’en auraient tout simplement pas le droit.
Et dans ces niaiseux, je mets monsieur Guillaume PEPY et tous les soi-disant bien-pensants à l’état d’esprit tellement proche du fond de chiotte qu’ils ne savent pas de quoi ils parlent mais ça ne les empêchent pas de baver.
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Fergus
28 janvier 2011 13:52
Bonjour, Paul et Dogon.
Je ne crois pas que l’on puisse imputer à Guillaume Pépy une quelconque volonté de dénigrement de la SNCF. Il a d’ailleurs très largement traîné les pieds et beaucoup évoqué le passé résistant de l’entreprise dans les semaines passées avant d’en venir à cette repentance contrainte à for relent marketing.
Comme je l’écrivais en juillet dans un article intitulé Etats-Unis : la SNCF victime de lobbies juifs ? l’entreprise française doit en effet faire depuis des mois à des campagnes hostiles de la part de lobbies américains. Avec à la clé le risque très sérieux d’être écartée des appels d’offre californien et floridien dans un premier temps, et sans doute de ceux qui suivront dans le cadre du réseau étasunien qu’Obama veut promouvoir.
Impossible dans ces conditions d’être pédégé de la SNCF sans passer par cet odieux chantage. Pépy n’avait qu’une alternative possible : démissionner ou prononcer ce discours. Il a agi de manière pragmatique en sachant que ce discours aurait de toute façon été prononcé par son successseur sitôt nommé. Ainsi va la realpolitik appliquée au monde des affaires. On peut effectivement le regretter.
Cordiales salutations.-
dogon
28 janvier 2011 14:07
Bonjour Fergus,
Je me souviens bien de votre article qui m’avait « interpellé », pour ne pas dire scandalisé. Dans ce qu’il annonçait, évidemment, pas l’article lui-même.
Mais les choses ont évolué depuis.
Premièrement, je tiens de sources sures et corroborées mais, malencontreusement off, que des documents ont été mis à la disposition de monsieur PEPY lui permettant de faire taire ces lobbies. C’est ce à quoi je fais allusion dans mon avant-dernier paragraphe.
Deuxièmement, rien n’empéchait ce monsieur de faire allusion par la même occasion à toutes ces personnes qui se sont sacrifiées pendant cette période sombre de notre histoire et qui l’ont ainsi rendue moins sombre.
J’ai bien compris qu’il fallait qu’il en passe par de la realpolitik pour tenter de décrocher ces contrats (et rien n’est moins sur, malgré tout) mais il y a façon et façon de le faire.
Merci pour votre intervention qui me permet de préciser ces deux points et au plaisir de vous lire, vous aussi.
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Fergus
28 janvier 2011 16:36
@ Dogon.
Faire taire les lobbies, c’est possible, mais le mal est en partie fait aux Etats-Unis dans l’opinion. D’où, je pense, cet exercice de contrition mis en paroles par Pépy pour faire taire toute discussion Outre-Atlantique. Désolant effectivement dans la forme, mais il est clair, à mon avis, que Pépy y a été contraint, non seulement par les lobbies américains, mais peut-être également par l’Elysée qui ne veut pas courir le risque que la SNCF soit écartée des appels d’offre. L’annonce de contrats américains d’ici à la présidentielle pourrait être l’occasion pour Sarkozy de se faire mousser. Et Pépy est directement nommé par l’exécutif...
Bonne fin de journée. -
dogon
28 janvier 2011 16:50
Entièrement d’accord, Fergus.
Jusqu’où ne faut-il pas se prostituer pour « faire du fric ».
Ce que j’ai aussi trouvé répugnant est la gloriole qu’en a tirée Jacques Céliset. Ce méprisable personnage se fait de la pub facile et à bon compte sur les cadavres et le sacrifice de toutes ces personnes.
Pour Sarko, si ça se passe comme avec Khadafi ou d’autres (on parle de l’annulation du contrat des rafales avec le Brésil (cf. Le Nouvel Obs.)), j’aimerais bien que ça lui pête à la gueule juste avant les élections.
Son règne finirait comme il a toujours été, dans la compromission la plus vile, les magouilles à bas prix, le mensonge et la duplicité.
Au moins pourra-t’on y voir les limites de sa concussion de l’appareil d’état qu’il n’a de cesse de repousser.
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Peachy Carnehan
28 janvier 2011 13:59
Très bon complément à l’article publié hier par Guylain Chevrier.
Dogon, tu as envoyé cette lettre ouverte à Pepy ?
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dogon
28 janvier 2011 14:18
Merci Peachy,
J’écrivais cette contribution quand Guylain Chevrier a posté la sienne. Je me suis même demandé si je n’allais pas l’annuler pour ne pas faire doublon, la sienne étant aussi très bien documentée.
Mais comme la forme en était différente, je me suis laissé persuader par une amie de n’en rien faire. Aussi, la voici.
Pour l’envoi, je n’ai pas son adresse. Cette même amie m’a dit de l’envoyer ... aux syndicats de la SNCF.
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Mutamuta
28 janvier 2011 17:10
J’ai honte ! Ces serviles sont capables de toutes les bassesses et d’entrainer le peuple français dans leur lâcheté pour quelques sous. Les Américains n’ont qu’à faire fabriquer leurs TGV ailleurs s’ils ne sont pas honnêtes. Cela ne rapportera qu’aux actionnaires de toute manière.
Et la SNCF est bourrée de polytechniciens ! Ce n’est pas un corps qui s’honore de courber l’échine et de n’être pas capable de faire fonctionner correctement cette entreprise.
La seule chose qu’ils savent faire techniquement parlant est de faire concurrence à La Française des Jeux avec leur logiciel débile de loterie sur le prix des billets. Mais pour faire arriver les trains à l’heure et même les faire arriver tout court...Je me souviens du mépris d’un polytechnicien et de sa femme lors du mariage de leur fils, collègue informaticien, avec une autre de nos collègues. Ils n’ont même pas daigné saluer les collègues et amis des mariés et se tenaient à bonne distance : nous n’étions pas de leur monde. Pourtant, l’entreprise qui utilisait les logiciels que nous pondions fonctionnait bien, elle.
Être une « tête » ne garantit pas de ne pas être con ! -
Mutamuta
28 janvier 2011 17:19
On ne gagne jamais rien à être faible et lâche.
Pourquoi s’abaisser à faire des excuses qu’on n’a pas à faire ?
C’est justement en se montrant faible et servile qu’on attire le mépris et qu’on est écarté des entreprises honorables.-
dogon
28 janvier 2011 17:58
Bien d’accord avec toi, Mutamuta.
Deux ou trois petites choses qui m’interpellent dans cette histoire.
En premier, un proverbe : « Le poisson pourrit toujours par la tête ». Alors, quand on voit daans quel état est la « tête » de la France, il ne faut plus s’étonner de rien.
En deuxième, on ne gagne rien à se rabaisser. En effet et, de plus, il n’y a aucune garantie qu’avec ce baissage de culotte, la SNCF n’obtienne même qu’une fraction de ce contrat. Mais quand la « tête » donne l’exemple devant des Khadafi et autre Ben Ali, on ne s’étonne plus de rien.
Et pour finir, ce qui m’a le plus dégouté dans cette histoire, c’est de savoir qu’on s’est couché devant des lobbies ouvertement racistes en crachant sur la mémoire d français de toutes races et confessions qui ont lutté pour sauver le maximum de vie.
Ce qui nous renvoie au premier point.
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ddacoudre
28 janvier 2011 23:25
bonjour dogon
quand la SNCF pourra s’assoir dans le fauteuil d’un psychiatre alors cette repentance aura un sens, pour le moment ce n’est que du spectacle médiatique particulièrement honteux si le fin mots est un compromis pour des marchés, ce pouvoir instrumentalise déjà les faits divers, maintenant les drames historiques, je vais finir par croire que dans ce gouvernement il n’y a que des charognards tant ils se répandent sur les cadavres.
http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=87843cordialement.
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dogon
29 janvier 2011 00:58
Bonsoir ddacoudre,
Je ne pense pas que ce soit au personnel de la SNCF de s’assoir dans un fauteuil de psy. Ce serait comme s’il devait se confesser et donc se faire pardonner des actes héroïques de leurs anciens.
Pour la repentance, de ma part, c’est définitivement NIET.
Maintenant, pour le terme de « charognards », j’aquiesce. Mais ce n’est pas à l’entreprise qu’il faut l’adresser, car elle a toujours été jugée et donc reconnue innocente.
C’est aux politico/affairistes qui ont été élus et dirigent cette dictature molle dans laquelle nous vivons qu’il faut l’imposer.
Cordialement,
Dogon
