jeudi 21 mars 2019 - par Carlo Gallo

Logique des privatisations : le cas des barrages hydrauliques

Au nom de l’ultralibéralisme, devenu religion dans l’Union européenne, se poursuit une politique de privatisations jamais connue dans l’histoire récente de notre continent.

Et la France est un des pays les plus marqués et traumatisés par cette politique. Après les autoroutes bradées sous Chirac aux milliardaires du sérail, après La Poste, l’EDF, la Régie Renault (où la participation de l’Etat se réduit de plus en plus)… après les rumeurs, qui sont en train de se concrétiser, sur Aéroports de Paris (avec son parc immobilier hors de prix) qui s’apprête à passer dans le privé, le massacre continue avec la privatisation – certes moins médiatique que les précédentes – des barrages hydrauliques.

En effet, en parcourant les pages internet du quotidien Libération j’ai trouvé un article signé Emma Donada dans lequel elle analyse cette question.

(https://www.liberation.fr/checknews/2019/03/12/est-il-vrai-que-l-europe-veut-forcer-la-france-a-privatiser-150-barrages-hydroelectriques_1711495)

L’auteur de l’article cité précédemment nous dit : « La Commission européenne a lancé une procédure d’infraction contre plusieurs pays dont la France « pour faire en sorte que les marchés publics dans le secteur de l’énergie hydroélectrique soient attribués et renouvelés dans le respect du droit de l’UE  ». En clair, la Commission demande à la France de respecter la mise en concurrence de ses concessions hydrauliques (barrages et usines), et de procéder à des appels d’offres. »

En encore plus clair : l’EDF contrôle 80% des aménagements hydroélectriques en France depuis les années qui ont suivi la seconde guerre mondiale. Les concessions arrivent à échéance et l’Etat français doit procéder à un appel d’offres car, entretemps, en abandonnant le statut de service public, en 2006, l’EDF est soumise aux règles communautaires néolibérales.

La question des privatisations est déjà une question cruciale dans l’organisation du travail et de la société. Au-delà, l’Union européenne avec sa politique néolibérale (notamment la Commission) est devenue le gendarme de l’application de ce néolibéralisme sauvage.

En cédant les barrages au privé par le truchement de la privatisation de l’EDF on privait déjà le pays d’un contrôle sur ses sources d’énergie. On vendait une partie des bijoux de famille aux milliardaires qui n’en demandaient pas tant, ou qui n’osaient pas en demander autant. Maintenant, en ouvrant les appels d’offres à tous les acteurs économiques, d’où qu’ils viennent, on risque de diluer encore davantage le contrôle de l’Etat sur cet outil industriel. Et quand on sait que le seul souci des opérateurs économiques privés est la rentabilité, on peut imaginer ce qui peut arriver à nos barrages… Tout récemment, nous avons assister à des catastrophes impliquant des outils de ce type, notamment au Brésil…

Cette Europe, tue finalement l’idée même de l’unification du continent dans le respect des différences et des particularités culturelles, linguistiques, etc de tous les Européens ; elle crée un homo europaeus standard, de type anglosaxon avec peut-être un ordolibéralisme à la sauce allemande, comme idéologie ; elle garantit finalement le festin des milliardaires… au besoin en faisant appel à la police et l’armée, si nécessaire, pour protéger le droit inaliénable du plus fort d’exploiter le plus faible ?

 



16 réactions


  • Esprit Critique 21 mars 2019 18:38

    Et dire qu’il suffirait simplement qu’un président français soit un minimum compétent et ait des couilles pour que l’Europe soit profondément rénovée et nettoyée en quelques mois !

    Un bon coup de poing sur la table , un coup d’épaule a Junker quand il est bien bourré, et il disparait de L’UE, et avec lui son paradis fiscal, et dans la foulée tout déménage … Je ne rêve pas , c’est parfaitement réalisable, très vite le premier qui bougera ne restera pas seul.


    • Matlemat Matlemat 21 mars 2019 22:19

      @Esprit Critique

      Le premier qui bouge il se fait defoncer, regardez la Grèce, quand la BCE arrête de livrer les billets de banque, c’est la ruée et l’effondrement bancaire.


    • Traroth Traroth 22 mars 2019 15:45

      @Matlemat
      La France n’est pas la Grèce. Nous avons déjà résisté seuls contre tous, et triomphé.


  • av88 av88 21 mars 2019 20:33

    Ceci est application du traité de Lisbonne dit TFUE qui gère le fonctionnement de l’Union Européenne.

    Article 106

    Paragraphe 2

    Les entreprises chargées de la gestion de services d’intérêt économique général ou présentant le caractère d’un monopole fiscal sont soumises aux règles des traités, notamment aux règles de concurrence, etc...


    Vous pouvez traduire « mise en concurrence » par « privatisation ».


    Les articles des traités ne peuvent pas être rénovés, modifiés etc.... car ils faut l’unanimité des 27 états membres pour les modifier.


    Seul l’UPR et le PRCF vous explique les contraintes de l’Union Européenne, c’est pour cette raison que les médias ne parlent pas de ces deux partis.


    Informez-vous, et même ne croyez pas ces deux partis, allez vérifier par vous -même, par exemple sur le site de l’Union Européenne.



    • CN46400 CN46400 22 mars 2019 10:44

      @av88
      L’UE n’applique, dans ce domaine comme dans les autres, que les directives approuvées à l’unanimité par tous les gouvernements, dont celui de la France....


  • Spartacus Lequidam Spartacus 22 mars 2019 10:14

    Les consommateurs ont tout a gagner que EDF ne soit pas un monopole.

    Confondre EDF et France pour faire pleurer dans les chaumières.

    La France a tout a gagner avec des privatisations bien au contraire.

    C’est juste un appel corporatiste a garder un anachronique concept d’entreprise semi-publique très mal géré et qui offre à des castes intéressées des avantages et privilèges qui n’ont pas lieu d’être.


    • CN46400 CN46400 22 mars 2019 10:40

      @Spartacus
      SVP où l’électricité était-elle moins chère qu’en France avant la privatisation d’ EdF ?


    • ninportequoi 22 mars 2019 14:30

      @Spartacus
      Vous êtes mal informé. Les barrages hydrauliques sont en fait très bien gérés. Dans l’ensemble des modes de production d’électricité, ce sont eux qui produisent l’électricité la moins chère, la plus écologique et la plus souple à l’usage.
      Je ne sais pas qui confond EDF et France, mais manifestement vous confondez l’intérêt d’une minorité d’actionnaire qui veut mettre la main sur cette pépite et l’intérêt général des Français.
      En enrichissant une minorité au préjudice de l’ensemble des Français, les privatisations créent une caste de privilégiés : celle des 1% qui progressivement en viennent à tout posséder. C’est cet avantage et ce privilège qui n’a pas lieu d’être.


    • Et hop ! Et hop ! 22 mars 2019 15:20

      @Spartacus

      Il y a 15 ans, quand EdF était encore un service public à 100 %:

      1.  Le prix de l’électricité d’EdF était le moins cher des pays d’Europe, 50 % en dessous du second ;
      2.  EdF était bénéficiare et rapportait de l’argent à l’État ;
      3.  Le personnel d’EdF assimilé fonctionnaire était bien payé avec beaucoup d’avantages sociaux, mais pas les grands dirigeants qui relevaient de la grille de la fonction publique ;
      4.  EdF assurait gratuitement des missions de service public comme la labelisation des logements (HPE), l’amélioration esthétique des réseaux, la recherche sur les énergies nouvelles, le mécénat en archéologie,
      5. EdF était techniquement une des entreprises les plus avancées du monde.
      6.  EdF finançait ses investissements par des emprunts obligatairezs d’État souscrits par les ménages français qui encaissaient les intérêts.
      7.  Les travaux et les fournitures d’EdF était exclusivement passés à des entreprise françaises, ce qui créait beaucoup d’emplois en France.

      Donc tout le monde était bien servi : usagers, employés, Etat, environnement, protection des sites, développement technique, sécurité.

      Tout le monde sauf les marchés financiers : il n’y avait d’actions EdF en bourse, pas de dividendes versés à des actionnaires, pas d’endettement auprès des marchés internationaux.

      En vendant les concessions des barrages hydroélectriques au lieu de les renouveler gratuitement, les investisseurs vont augmenter les prix pour se rembourser, et ce seront les abonnés qui vont payer une deuxième fois un investissement qu’ils ont déjà payé.


    • Steph87 23 mars 2019 11:19

      @Spartacus
      Les voyous sont les seuls qui ont tout à gagner. Cela fait 40 ans qu’ils nous pillent.
      Le terme « corporatisme », gardes-le pour eux, ce sont eux qui sont organisés pour voler.
      Tu inverses le langage sans arrêt, c’est les privés qui gèrent très mal, ils sont criblés de dettes qu’ils mutualisent quand ça les arrange. Le socialisme que tu détestes est pour eux, nous nous avons le libéralisme dans la gueule.
      Va voir l’état du métro et chemin de fer anglais, va voir le système de santé us et arrêtes de déblatérer des mensonges, il n’y a plus que toi qui te croit.


    • Spartacus Lequidam Spartacus 24 mars 2019 14:37

      @CN46400
      Raisonner sur un prix politique et pas un prix de marché est absurde.

      Et on achète pas de l’électricité mais des taxes....
      Les investissement ne correspondent pas aux besoin des consommateurs, mais des intérêts politiques.
      Et l’endettement est un reste a charge qui devrait inquiéter.

      Regardez votre facture. On achète des taxes et de mauvais investissements irrationnels qui pénalisent les consommateurs.


    • CN46400 CN46400 24 mars 2019 17:56

      @Spartacus
      Les carburants pétroliers transportent encore plus de taxes que l’électricité et cela n’empêche pas de tenir compte du prix HT.... Quand aux « investissements irrationnels » je n’en vois pas de pires dans l’électricité que dans les produits pétroliers....


    • Spartacus Lequidam Spartacus 25 mars 2019 08:16

      @CN46400
      Les prix du carburant ne sont pas fixés par l’état.
      L’argent de Total ne nous met pas « caution », ceux de EDF oui.
      La SNCF nous a coûté 35 milliard cette année....
      Si c’était privé ça ne nous aurait rien coûté


  • leypanou 22 mars 2019 10:40

    La France a tout a gagner avec des privatisations bien au contraire

     

     : La France non, Spartacus et sa clique, oui.

    Quelle concurrence y-a-t-il quand vous prenez une autoroute ? Tout monopole de fait n’a pas de raison d’être privé. Combien ont mis les prétendants concurrents d’EDF sur l’infrastructure de distribution d’électricité ?

    La privatisation du gaz par exemple a été décidée pour faire plaisir à des gens invités au Fouquet’s du temps de N Sarkozy. D de Villepin n’a jamais voulu répondre au pourquoi de la privatisation des autoroutes. Le PS n’est jamais voulu revenir là-dessus, avec le grand courage au mieux qui le caractérise.


  • CN46400 CN46400 22 mars 2019 10:59

    Il n’y a pas qu’au Vénézuéla que peut exister un blakout. Le 10 janvier dernier, à 21h02, suite à importation provenant d’Allemagne d’énergie éolienne mal calibrée, la situation a été sauvée gràce aux barrages hydrauliques dont la production a pu être haussée instantanément de 9MW à 15MW. Les capitalistes privés vont-ils garder sous la pédale des MW pour prévoir ce genre de situation, plutôt que de les vendre, par avance, au plus offrant ?....


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