Lorsque Uncle Sam met les pieds en Tunisie
Pour une fois il ne sera question (assortis de quelques éclairages) que de faits et uniquement des faits rapportés par des médias locaux et même internationaux.
Tunis, mardi 30 décembre en tout début d’après midi. Selon une radio locale, citant des sources sécuritaires et diplomatiques, « le chef terroriste tunisien, Seifallah Ben Hassine Mokni alias Abou Iyadh, a été arrêté lundi à l'aube en compagnie de cinq autres islamistes extrémistes. » Très vite, et en boucle, la chaîne de télévision française d’informations en continu, France 24, diffuse la nouvelle.
En Tunisie toujours, sur les sites d’informations : « Abou Iyadh, chef d’Ansar Charia, organisation terroriste proche d’Al Qaïda, aurait été arrêté à Misrata, en Libye, par des forces spéciales américaines aidées par des unités sécuritaires et des citoyens libyens. » L'information est confirmée par le Ministère de la Défense tunisien. Aussitôt démenti par l’ambassadeur des Etats Unis. « Aucun soldat américain n’a participé à l’enlèvement de d’Abou Iyadh. » Pour sa part le gouvernement libyen, dit tout ignorer et ajoute « qu’il allait se renseigner ». L’avocat tunisien d’Abou Iyadh confirme toutefois la capture de son client qui était en fuite depuis l’attaque de l’ambassade des Etats-Unis à Tunis, le 14 septembre 2012, menée par ses adeptes. Il s’était dit-il,réfugié à Derna, en Libye, auprès de ses camarades d’Ansar Charia Libye.
Tunis encore et ce même 30 décembre. Un autre site d’informations en continu, « Tunisie Numérique » qui fait autorité dans le pays, relaie, un article publié la veille par le quotidien algérien « Achourrouk » qui démontre, photos à l’appui, (NDLR, l’une d’entre elles montre l’installation d’antennes paraboliques et celle d’un drone), la présence d’une base militaire américaine sur les frontières tuniso-algériennes. Grâce à des documents confidentiels, le journal dévoile la présence d’agents de la CIA, de soldats de l’Africom et de Marines sur le territoire tunisien. Présence concentrée sur quatre sites. Deux au sud tunisien situés entre Ben Guerdène et Médenine tandis qu’un autre se trouve à Zarzis, le tout à proximité des frontières terrestre et maritime entre la Tunisie et la Libye et le dernier sur le mont Châambi à Kasserine à la frontière avec l‘Algérie. Le Gouvernement tunisien dément et l’ambassade des Etats Unis se tait. (NDLR . Ce reportage pourrait accréditer une rumeur qui traversait le pays depuis quelques jours selon laquelle les Etats Unis avaient une base de ses Forces Spéciales dans ces régions. L’ambassadeur US avait catégoriquement démenti, alors que le Général yankee Rodriguez chef au Pentagone du département Africom avait été reçu par le premier ministre provisoire du gouvernement tunisien quelques jours auparavant. C’est dans ces régions montagneuses que récemment des combats très rudes s’étaient déroulés coûtant la vie à une quinzaine de soldats et gendarmes du pays. A noter également que la France entraîne et arme dans cette région des commandos professionnels payés… en euros)
Tunis Mardi soir. Suite à la capture annoncée du leader de la mouvance Ansar Chariaâ, Abou Iyadh, en Libye, l’ancien porte-parole du ministère tunisien de la Défense, déclare sur les ondes d’une radio locale que le terroriste ne sera probablement pas remis aux autorités Tunisiennes. « Impliqué, dit-il, dans l’attaque de l’ambassade américaine à Benghazi, perpétrée le 11 septembre 2012, ainsi que celle de Tunis trois jours plus tard font de lui un suspect qui sera jugé aux Etats Unis où il sera transféré en y étant accusé d’actions terroristes sur des sols américains. » (NDLR. Et pourtant sur le sol tunisien Abou Iyadh est impliqué avec son groupe Ansar Charia, dans les assassinats politiques de deux députés très populaires, nationalistes et laïcs convaincus, Chokri Belaid (6 février 2013), et Mohamed Brahmi (25 juillet 2013), ainsi que dans les attentats ayant ciblé la police et l'armée dans le mont Chaambi, à Goubellat et Sidi Bouamou. Ainsi que, vraisemblablement, dans la formation d’une milice violente les Brigades de Libération de la Révolution chargés de bastonner tout opposant au pouvoir islamiste ou aux salafistes)
Voilà pour la journée du 30. Silence radio en Tunisie comme partout ailleurs aux Etats Unis, comme en Europe et à fortiori aux Moyen et Proche Orient. Jusqu’à ce 31 décembre sur le coup de la mi-journée. Uniquement sur le site du quotidien tunisois d’expression française « La Presse », le plus fort tirage du pays où il est écrit que selon des sources sécuritaires bien informées, « l’émir de Ansa Chariaa devrait prendre la direction de la célèbre prison de Guantanamo pour y purger une partie d’une peine antérieure (30 ans), avant son extradition vers la Tunisie où, faut-il le rappeler, il était détenu, au temps de l’ancien régime, avant de bénéficier miraculeusement de la grâce présidentielle, au lendemain de la révolution. En tout cas, selon nos sources, il serait déjà interrogé soit en Amérique, soit à Guantanamo. »
Ailleurs, en guise d’informations, bouches cousues et multiples supputations.
Mais qui et donc ce fameux Seifallah Ben Hassine Mokni alias Abou Iyadh ?
Un très jeune membre fanatique de la confrérie des Frères Musulmans qui, en Tunisie, donnera naissance à Ennhada, parti au pouvoir dans le pays depuis 2011. Sa seule lecture, le Coran et son seul sentiment, la haine de l’Occident. Après avoir erré un peu partout, notamment en Arabie Saoudite et au Maroc où il étudie les sciences économiques, sociales et juridiques (NDLR, excusez du peu), il rejoint les camps d’entraînement d’Al Qaïda en Afghanistan à la suite d’un séjour à Londres. Il y fonde avec un autre tunisien Tarek Maaroufi un Groupe de Combattants tunisiens à qui on devra entre autres délits, l’assassinat le 10 octobre 2002 du célèbre commandant pachtoun Massoud qui, quelques jours auparavant, était venu en France demander en vain de l’aide afin de mieux combattre Ben Laden. Il se bat en Afghanistan passe en Turquie où il sera arrêté et extradé vers la Tunisie (de Ben Ali) où il écope de 43 ans de prison. Là il aurait organisé l’attentat de la synagogue de la Ghriba à Djerba et télécommandé un groupe salafiste qui fut démantelé dans le sang sous l’ancien régime à Soliman non loin de Tunis.
(NDLR, suite de son parcours après la libération aveugle de tous les extrémistes religieux au lendemain de la Révolution. Abou Iyadh, avant de s’enfuir sans être inquiété après l’attaque de l’ambassade US, a été un temps caressé dans le sens du poil par le machiavélique leader d’Ennhada. Les sujets de ce leader rusé comme un renard, membres actuels du pouvoir, devront le quitter dans quelques jours. Aidés d’une poignée de laïc, ils n’ont néanmoins pas perdu leur temps. En deux ans ils auraient procédé « à 6036 nominations dans des postes politiques et administratifs, soit une moyenne de 9 nominations par jour » comme l’indique le site d’information local Kapitalis.)
Bonne nouvelle pour terminer en cette fin d’année. Elle ne concerne pas seulement la Tunisie. D’après l’AFP, après la classification des Frères Musulmans comme organisation terroriste, l’Égypte appelle les États arabes à appliquer un traité anti-terroriste dans le but de réduire l’impact des réseaux qui pourraient venir en aide à la confrérie. A noter que le traité en question a été ratifié par 18 des 22 membres de la ligue arabe. C’est de la responsabilité des signataires de mettre en application le traité , a affirmé à l’AFP le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty.
(NDLR, on ignore le nom des signataires et de ceux qui se sont abstenus. Parmi ces deriers on pourrait bien y trouver le Qatar principal bailleur de fonds du mouvement et non l’Arabie Saoudite à laquelle John Kerry en personne ainsi d’ailleurs que François Hollande ont reproché de soutenir l’Egypte dans sa chasse mortelle aux troupes de cet organisme maléfique.)